Le Wrap Up de la semaine où l'armée birmane a refait parler d'elle (semaine du 8 février 2021)
5 bullet points média, tech et société
Au sommaire cette semaine :
L’invité du Wrap Up 🛬 : Gilles Chetelat sur une place possible pour les marques sur ClubHouse
Intégré 🔗 : Facebook empiète sur Salesforce
Déforesté 🌳 : l’empreinte du Burger 🍔
Régalien 🤴 : Amazon teste sa propre monnaie au Mexique
Virtualisé 🌀 : le retour du commencement des Métaverses
L’invité du Wrap Up 🛬 : Gilles Chetelat sur une place possibles des marques sur ClubHouse
Je propose ce moi-ci à un ami lecteur du Wrap Up de venir écrire ici sur une tendance ou une expertise de la semaine passée.
Le second invité à se prêter à l’exercice est Gilles CHETELAT, fondateur de l’application Clind (ne suis pas actionnaire) qui réinvente “le bookmarking pour les lifelong learners.” J’ai eu la chance de rencontrer Gilles lorsque j’essayais de lui acheter sa précédente startup, Sticky Ads. Sa gentillesse et son professionalisme ont fait que nous sommes restés en contact. A lui la parole :
Pour l’instant, après quelques semaines sur Clubhouse (voir le Wrap Up de la semaine passée), j’ai l’impression qu’il y a encore très peu de marques visibles, vraiment très peu.
Est-ce une opportunité pour les marques?
Ma réponse spontanée à la question est clairement oui, j’élabore en quelques points :
Une bataille virtuelle est déjà en marche sur Clubhouse pour faire émerger non pas des marques mais bien de nouvelles personal brands autour des influenceurs audio, appelés « modérateurs » dans Clubhouse.
Car c’est bien de la prise de “followers” dont il est question : c’est un peu l’indicateur unique de succès qui semble être mis en avant dans cette nouvelle app sociale lancée en mars 2020 aux Etats-Unis.
Si vous vous demandez pourquoi ClubHouse connaît une croissance exponentielle de son usage, je vous recommande la lecture de l’article « Opportunities in consumer social » dans la newsletter d'Erik Torenberg.
Force est de constater que ClubHouse cumule tout les ingrédients qui font un succès:
Le réseau est participatif (vous n’avez qu’à lever la main ✋)
les rooms “live” rassemblent des groupes sociaux verticaux autour d’un thème : ceci permet de créer une atmosphère de confiance, un entre-soi bienveillant (même si j’ai assisté à quelques débats enlevés où le modérateur devait s’employer à user de son statut de modérateur).
Clubhouse devient ainsi une nouvelle opportunité de gagner un statut social.
Pour les marques, il y a peut-être une killer feature :
La remise au goût du jour de la notion de TAAS (Total addressable attention space) que nous traduirons par le temps total d’attention. C’est encore mieux que la part de voix, chère aux marques, car elle prend en compte également le temps partagé du multitasking.
Certes, ce n’est peut-être pas si nouveau car la radio existe depuis plus d’un siècle. La nouveauté réside plutôt dans le mariage de l’audio et du social en live.
Clubhouse est un réseau social bien particulier :
Il ne s’adresse pas forcément aux plus jeunes qui consomment beaucoup de vidéos (TikTok, Instagram, YouTube) ;
L’audience est pour le moment très Business et Tech en France et … 100% propriétaires d’iPhone (car l’app n’est pour le moment disponible que sur iOS). Il y a donc déjà au moins une marque qui tire bénéfice de Clubhouse: Apple. En voulant inviter des amis à rejoindre Clubhouse (car il faut être invité), certains m’ont répondu songer à passer sur iPhone pour tester !
Concernant le profil d’audience, il est pour le moment Digital Native / GenY et plutôt Business et Tech. Un terrain de jeu rêvé pour une marque qui chercherait à adresser cette cible d’early adopters tech.
Vu que c’est justement la cible de ma startup Clind, une app qui permet de sauvegarder pour plus tard et prendre des notes sur vos articles préférés, nous avons testé la semaine passée et je dois dire que l’expérience a été extrêmement positive. Pourquoi?
Notre événement “Clind House: recommandez vos meilleurs podcasts” (ce sera les livres ce lundi à 12h30) nous a permis :
de nous rapprocher de notre public, sur un temps long et nuancé, propice à l’exploration et à la discussion ;
d’avoir de vraies interactions de qualité avec une audience d’influenceurs de la pensée ;
de cumuler + de 100 participants sans trop de push pour attirer du monde pour un premier test ;
d’observer que les échanges sont vraiment bienveillants sur Clubhouse ;
de vérifier que le coût de production est aussi simple que d’appuyer sur un bouton.
En bref, cela contribue à construire un halo de communication autour des thèmes qui rassemblent nos utilisateurs sur Clind (reco d’articles, livres, podcasts).
Ce qu’il faudrait peut être améliorer pour attirer plus de marques:
Avoir la possibilité de créer des comptes de marque;
Mettre en place des clics to action (CTA) vers une marque;
Pouvoir toucher les utilisateurs Android. Apple c’est bien mais cela n’est pas tout le monde.
Au final, Clubhouse est quand même déjà très satisfaisant, même si on comprend que ça n’est pas pour toutes les marques.
Vu la qualité de l’expérience et la viralité (on dépasse déjà les 10m d’utilisateurs), je comprends pourquoi le fonds Andreessen Horowitz a investi 100m$ sur une valorisation de 1 Md$.
Chez Clind, en tous cas, on va poursuivre l’expérience. Et vous?
📆 Nouvelle session de Debrief du Wrap Up ce lundi 15 février à 19h sur Clubhouse
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Intégré 🔗 : Facebook empiète sur Salesforce
Intéressant point de vue dans cet article du Journal du Net sur le poids grandissant de Facebook dans le CRM client.
En effet, après le rachat pour 1 Md$ de la startup Kustomer et le bruit fait autour des changements de CGV de Whatsapp, il est intéressant de se pencher sur l’intérêt grandissant de Facebook pour fournir toujours plus de services aux marques (tout en gardant la propriété des datas utilisateurs, un peu comme Monsanto et les semences stériles).
En effet les changements de CGV qui ont commencé à faire souffler un vent de panique sur le caractère privé des informations échangées sur Whatsapp, permettent d’illustrer la volonté de Facebook de dire aux entreprises qui sont les destinataires des 175 M de messages qui leur sont expédiés tous les jours, si ces utilisateurs achètent in fine les produits desdites marques, et ainsi d’affiner toujours un peu plus le ciblage publicitaire sur Instagram et Facebook (et bientôt Whatsapp puisqu’on nous y promet aussi de la publicité).
Au-delà d’une volonté de diversifier ses revenus essentiellement publicitaires, Facebook en voulant vendre des prestations de marketing client croque un morceau du gâteau de Salesforce, Microsoft Dynamics 365 et autres Hubspot :
"Facebook -Kustomer deviendrait une plateforme marketing multicanale idéale pour tous les chefs d'entreprises", résume Pierre Harand, le patron de fifty-five en France.
A terme, cela permettrait à Facebook d’indiquer à ses clients TPE / PME si leurs campagnes d’emailing sont plus ou moins efficaces que leurs achats display sur Facebook ou que leur campagne vidéo sur Instagram, avec le doute lancinant d’un Facebook, juge et partie, déjà épinglé pour l’imprécision des données fournies, souvent en faveur de Facebook…
Cependant, les fantasmes de l’omniscience de Facebook sont à nuancer légèrement, comme le fait l’article, en soulignant qu’en dehors des Etats-Unis, la révolution du CRM via messagerie instantanée n'a pas vraiment eu lieu, les entreprises peinant à l’instar de la fausse bonne idée des chatbots, à répondre instantanément aux clients.
Toute proportion gardée, ce mouvement de Facebook ressemble à la tentative réussie de Google Analytics qui proposait aux sites internet de connaître le comportement de leurs utilisateurs, tout en proposant de rapprocher ces informations des achats médias sur Adwords…
Déforesté 🌳 : l’empreinte du Burger 🍔
Amis amateurs de produits carnés, si vous voulez continuer de profiter en toute bonne conscience de votre burger préféré, passez votre chemin.
L’article de Quartz revient nous mettre le nez sur une vérité bien connue : les ravages de l’élevage de bétail dans la déforestation, avec ici mais avec des chiffres. S’appuyant sur le rapport de l’ONG WRI, on y apprend que les principaux suspects de la déforestation sont dans l’ordre : le bétail, l’huile de palme, le soja et le cacaoyer (avec une atténuation véritable pour l’huile de palme devant les campagnes internationales de sensibilisation).
Les ONGs ont sciemment choisi de mettre la pression sur les filières food et du cuir pour enrayer cette tendance, avec un certain succès puisque près de 500 distributeurs, négociants et transformations de nourriture ont adopté des mesures communes pour soutenir les agriculteurs qui font pousser leurs récoltes sans déforester. Près de la moitié de ces initiatives auraient eu un impact à ralentir le mouvement et à améliorer les conditions des populations concernées. De quoi prendre le menu XXL non ?
Régalien 🤴 : Amazon teste sa propre monnaie au Mexique
Raphael BLOCH de l’Express revient dans un passionnant thread sur Twitter, sur le lancement de la monnaie numérique d’Amazon, en test actuellement au Mexique :
On y apprend que pour Amazon cette initiative permettrait de :
faire des économies sur les frais bancaires de transaction (de plusieurs millions chaque jour) ;
proposer du crédit à la consommation à ses clients ;
fidéliser un peu plus leur clientèle avec un porte-monnaie libélé en Amazon-coin et un programme de cahs-back intéressant ;
L’article dans l’Express remet cela dans le contexte des tests conduits par des banques centrales de mettre en place leurs propres crypto-monnaies sans doute dans une volonté de ne pas abandonner le droit régalien de “frapper monnaie” à nos mastodontes de la tech. (Si on se souvient bien, c’est notamment Ant Financial qui s’est vu mettre au pas par les autorités de Pékin jugeant que son dirigeant, Jack MA, avait été trop critique des banques chinoises dans sa volonté de promotion de sa filiale de paiement).
Les crypto-monnaies émises par les Etats permettent de tester ces nouvelles formes fiducières avec du cryptage, de paiement pair à pair sans intermédiaire et pourquoi pas de la décentralisation avec la blockchain, même si pour l’instant la question du pilotage de la masse monétaire reste un sujet éminément politique.
Virtualisé 🌀 : les Métaverses rendues possibles par la 5G
C’est une tribune du début de l’année de Wired du fondateur de Roblox, David Baszucki, sur les Métaverses1 mais qui garde toute son importance. Le sujet est passionnant :
We will see a shift in the way people play, work, learn or simply hang out in 2021. Some of this connection will move into the Metaverse, a digital place where people seamlessly get together and interact in millions of 3D virtual experiences.
Il y expose sa vision à la fois prophétique et un peu, admettons-le, autoréalisatrice (pour plus de données sur le phénomène Roblox, lire Scott Galloway) sur ce phénomène de métaverse en pleine accélération, en particulier dans le domaine culturelle, en raison de l’urgence pour les marques d’entertainment et pour les artistes de tester de nouveaux formats et de façons de toucher leur public, avec un aspect immersif supplémentaire.
Compte tenu de la densité en termes de data des environnements VR, de la nécessaire faible latence (le temps de réaction) pour accentuer le sentiment de réalité et son ubiquité (du moins dans les grandes villes), les Métaverses pourraient en fait être l’application idéale pour montrer l’utilité de la 5G, dont le Maire de Grenoble a pu se demander à quoi elle pourrait bien servir à part regarder du porno dans les ascenseurs.
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