Le Wrap Up de la semaine où Sorare a levé 680 M$ (semaine du 20 septembre)
5 bullet points media, tech, nft et culture
⏳ : 6 min 35 sec.
Au sommaire cette semaine :
Encartée 🃏 : la levée de fonds historique de Sorare, startup crypto française
Nourrissant 🤱 : la difficile démocratie interne du newsfeed de Facebook
Palmé d’or 🤲 : Amazon licencie sa techno de reconnaissance corporelle à des lieux de concert
Disciplinés 🙇♂️ : les influenceurs virtuels plus obéissants aux desiderata des marques
Optionnel 📷 : la collection Thomas Walther du MoMA au Jeu de Paume
Encartée 🃏 : la levée de fonds historique de Sorare, startup crypto française
⏳ : 2 min 20 sec.
C’est entendu : les levées de fonds ne sont pas le meilleur indice de prédiction d’un succès futur et la couverture médiatique des startups en fait souvent l’ultime indicateur de performance de ces sociétés.
Pour ce qui est de Sorare, qui a annoncé une levée record pour la “French Tech”, les plus sceptiques y verront la confirmation que les NFTs, les cryptos ne sont qu’une bulle reposant sur du vent (des cartes à jouer vraiment ?). Les plus enthousiastes y verront la confirmation que le monde financier (sous entendu les Venture Capitalists) commence à saisir correctement l’impact de la crypto sur le monde réel.
Qu’on en juge par les chiffres pour Sorare : plus de 200 M$ de volume d’affaires en 20211, une dépense par utilisateur de 111 $ par mois, 600 K joueurs inscrits dont 150 K actifs en septembre, 3 ans d’existence, rentable 30 salariés (much more to come). Non, vraiment il se passe quelque chose dans le monde du divertissement, des fans et des Non Fungibles Tokens. On reprend ?
Sorare est au croisement de :
la passion pour le foot;
les cartes à collectionner (on cite souvent Panini mais il faut plutôt regarder du côté des cartes Pokemon - que ma génération n’aura déjà peu ou pas compris);
du fantasy football (une pratique qui nous paraissait toute Américaine jusqu’à ce que Mon Petit Gazon - MPG pour les intimes- montrent que les Français aussi pouvaient passer des heures à jouer au sélectionneur et se faire se rencontrer des équipes de football virtuellement)
et évidemment de la capacité des NFTs (ethereum dans le cas présent) à rendre rares et donc collectionnables des objets numériques a priori reproductibles à l’infini.
« Quand on a vu ce nouveau standard, on s’est dit que ça allait changer la manière de posséder des choses. Les êtres humains ont toujours collectionné des objets, et là on peut le faire de manière numérique, c’est juste énorme », résume l’un des fondateurs, Nicolas Julia.
Le principe est d’émettre des cartes de joueurs de foot sous le maillot de leur club (les contrats sont passés avec les ligues ou les clubs qui ont les droits de représentation des joueurs (qui touchent en retour une commission sur les ventes) et de faire évoluer les “pouvoirs de la carte” en fonction des performances du joueur et de l’équipe dans le monde réel des rencontres sportives hebdomadaires.
Ce qui excite tant les appétits financiers, c’est de penser que Sorare arriverait à reproduire la belle histoire aux Etats-Unis où le sport business est roi avec ces sports si particuliers que sont le basket US (NBA Topshots a déjà montré un chemin avec ses NFTs de “moments marquants” de l’histoire du basket US), le Football Américain (sous le pavillon de la NFL) ou encore le Baseball ou le Hockey, sans évoquer la place qu’occupe le sport universitaire localement. Un des obstacles à ce développment (et qui expliquent en partie les montants levés) est ce que Sorare a réussi en partie sur le football, à savoir signer des exclusivités avec beaucoup de clubs de renommée mondiale, et qui est si difficile à reproduire par la suite sur d’autres sports.
Cet argent levé devrait aussi permettre un développement des fonctionnalités du site (aujourd’hui différentes ligues en fonction des performances de rencontres à 5 joueurs “encartés” contre 5)
Certaines cartes uniques donnent déjà accès à des championnats spéciaux aux récompenses particulièrement alléchantes, sous forme d’argent ou de cartes uniques. Les NFT permettent également de créer des ponts entre le physique et le numérique. En Espagne, le vainqueur d’une compétition peut se voir offrir la visite d’un club ou des places pour un match… et pourquoi pas de dîner en tête à tête avec “l’une de ses cartes”.
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Nourrissant 🤱 : la difficile démocratie interne du newsfeed de Facebook
⏳ : 2 min 16 sec.
Facebook a de nouveau fait parlé de lui cette semaine avec deux nouvelles, qui prises à part choqueraient, si elles n’étaient pas dans le droit prolongement de scandales, d’erreurs, de tromperies successives d’une des firmes les plus importantes du monde dont l’impact sur la formation de l’opinion de nos démocraties est important.
Malgré une propension du système américaine à toujours préférer l’autorégulation à l’immixtion des pouvoirs publics dans le fonctionnement des entreprises, on a du mal à voir comment l’entreprise fondée par Mark Zuckerberg pourrait se dépêtrer du rôle compliqué de régulateur de la liberté d’expression. La mise en place de plusieurs dizaines de milliers de régulateurs de contenu (souvent externalisés et soumis aux pires atrocités que l’on peut poster sans grande assistance psychologique) n’y a pas changé grand chose, la machine Facebook et l’immense flux d’interactions qu’elle génère chaque jour prête toujours le flanc à la critique.
Cette semaine deux faits sont venus brouiller un peu plus cette volonté de réforme.
La première est la mise à jour par la Wall Street Journal, d’un programme X-Check destiné aux célébrités et qui circonvenaient aux règles que Facebook a fixé pour les commun des utilisateurs de ses plates-formes. Le point de départ était l’idée que lorsque les stars étaient prises en défaut, il fallait les exonérer du traitement habituel de mises en garde - suspension, car dès lors les vitupérations des intéressés et de leurs fans contre Facebook prenaient des dimensions gigantesques.
D’une part, ce programme a connu une prolifération hors de contrôle du top management, concernant in fine près de 6 MILLIONS de célébrités et de personnalités politiques, créant de graves inégalités entre candidats à une même élection (généralement locale) suivant que l’un des impétrants était tenu de respecter les règles de Facebook et l’autre pas.
D’autre part, sans doute plus grave, que Facebook a semble-t’il délibérément menti à son “Oversight Board”, cette instance que la société a elle-même institué (au coût de fonctionnement de 130 M$ par an) pour trancher les arbitrages les plus délicats.
“Given this week’s revelations I can’t help but wonder what else Facebook has failed to disclose, and whether the Oversight Board can trust Facebook’s responses,” Corynne McSherry, the legal director of the digital rights group Electronic Frontier Foundation told Quartz.
L’autre événement de la semaine est la décision de Facebook de globalement arrêter de s’excuser de ses mauvais agissements et de mettre en avant dans votre newsfeed davantage d’informations vantant les bienfaits et les mérites de … Facebook. Ce projet structuré par le management prend le nom d’Amplify :
For years, Facebook confronted crisis after crisis over privacy, misinformation and hate speech on its platform by publicly apologizing. Mr. Zuckerberg personally took responsibility for Russian interference on the site during the 2016 presidential election and has loudly stood up for free speech online. Facebook also promised transparency into the way that it operated…
… In January, executives held a virtual meeting and broached the idea of a more aggressive defense, one attendee said. The group discussed using the News Feed to promote positive news about the company, as well as running ads that linked to favorable articles about Facebook…
Facebook also started cutting back the availability of data that allowed academics and journalists to study how the platform worked.
Résumons d’un côté, Facebook semble ne pas dire exactement la vérité aux instances qu’elle a instituées pour trancher les sujets sensibles de liberté d’expression sur la plateforme, et de l’autre, elle mène une opération de “communication” sur les bienfaits que la plateforme prodigue, utilisant sa propre plateforme, et devenant plus opaque sur son propre fonctionnement.
Il faut dire que Facebook ne s’est jamais embarrassé d’un slogan moralisateur à la google comme “don’t be evil”.
Palmé d’or 🤲 : Amazon licencie sa technologie de reconnaissance corporelle à des lieux de concert
⏳ 46 sec
La technologie AmazonOne qui permet les paiements rapides par simple reconnaissance des paumes des mains des consommateurs dans ses magasins physiques AmazonGo vient de connaître un nouveau développement cette semaine : la tech serait testée dans un amphithéâtre du Colorado.
Amazon cherche ainsi à démontrer que sa technologie serait plus efficace et rapide que les QR codes ou les billets dans une carte sans contact actuellement en vigueur (quand ce ne sont pas les bons vieux billets papier).
Des experts de la vie privée ont fait remarquer qu’Amazon ne chercherait pas tant à gagner de l’argent avec ce déploiement (peu probable) qu’à rassembler un peu plus de données (si possibles) sur ses consommateurs et leurs habitudes de consommation.
Disciplinés 🙇♂️ : les influenceurs virtuels plus obéissants aux desiderata des marques
Visiblement certaines marques, excédées des retombées négatives des agissements de leur égérie influence, opteraient de plus en plus pour les égéries virtuelles.
Disponibles 24/24, beaucoup plus disciplinés que leurs alter egos réels, ne vieillissant pas, jamais malades, certaines égéries virtuelles aux dizaines de milliers de followers (🤦♂️) comme Rozy en Corée du Sud, cumuleraient jusqu’à une centaine de contrats de sponsoring.
Nous avions annoncé la semaine dernière que Netflix publierait une série de posts sur son approche de la décision sur les produits tech, voici le deuxième billet publié : qu’est-ce qu’un A/B Test ?
Optionnel 📷 : la collection Thomas Walther du MoMA au Jeu de Paume
⏳32 secondes
Ca n’arrive pas souvent, mais il arrive qu’on passe à côté d’une exposition. Ce fut mon cas avec cette longue exposition, qualifiée d’exceptionnelle, au Jeu de Paume : le fonds photo de la Collection de Thomas Walther (essentiellement du noir et blanc) du MoMA y est exposé.
Eh! bien, le résultat en était plutôt plat et décevant : les élucubrations des surréalistes découvrant les possibilités de montage farfelu de la photo semblent déjà vues et faiblement sources de surprises, les autoportraits des photographes de la génération montante d’avant guerre donnent l’impression d’un entre-soi et d’une fascination pour le selfie avant que le terme ne rentre dans notre vocabulaire.
Seules les séries sur le corps des sportifs qui fait irruption dans le photojournalisme et la série sur la ville dans les années 30 pris comme symbole de la modernité triomphante vaut à mon sens le détour :
Sorare ne comptabilise en CA qu’une fraction de ce volume de transactions se passant sur son site, et ne prend pas de commissions (pour l’instant?) sur les opérations de revente (dite secondaires) entre utilisateurs.