Le Wrap Up de la semaine où Microsoft a racheté Activision (semaine du 17 janvier 2022)
5 bullet points : média, tech, NFTs avec une pointe de culture à la fin
⏳: 8 minutes 47 secondes
Au sommaire cette semaine :
Jouable 👾 : Microsoft s’offre Activision Blizzard
Disputé 🤬 : le Web3 a-t-il un avenir ?
Série Prédictions 2022 🔮: 3/4 - les 5 prédictions médias de Kantar
Investis 🔬: les GAFAM à la recherche de leur pérennité
Trophéisée 🏆 : Eva Jospin au Musée de la Chasse et de la Nature
Jouable 👾 : Microsoft s’offre Activision Blizzard
⏳: 1 minute 13 secondes
Cette semaine l’actualité a été dominée par le rachat par Microsoft du plus gros éditeur de jeux en Occident, Blizzard Activision, pour 69 milliards de dollars cash.
Ce groupe, composé des éditeurs Activision, Blizzard et King, détient de puissantes licences telles que Call of Duty, World of Warcraft, Overwatch, Diablo ou Candy Crush et opère aussi bien sur consoles, PC et mobile.
Plus de 390 millions de personnes jouent chaque mois à l'une de ses productions. En 2020, le groupe avait réalisé un chiffre d'affaires de 8 milliards de dollars.
Cependant, pour le géant de Seattle (Redmond), ce rachat - sa plus grosse opération à date - est relativement indolore compte tenu de sa capitalisation boursière stratosphérique de 2 mille milliards.
L’article du Figaro détaille bien les dessous de l’affaire où le groupe qui avait repris son indépendance auprès de Vivendi en 2017 pour 10 Md$, en valait près de 72 Md à la fin de l’année. Cependant, des scandales sexuels à répétition sont venus ternir la réputation du groupe et de son CEO, alimentant les rumeurs d’un groupe à la culture d’entreprise toxique, faisant glisser la valeur du groupe à 40Md$.
Le CEO Bobby Kotick avance une autre version des faits. La vente de l’éditeur était inéluctable au vu du nouvel environnement concurrentiel du jeu vidéo. « Tencent, NetEase, Alibaba, Amazon, Apple, Google, Facebook, Netflix... La concurrence provient de gros acteurs qui ont bien plus de ressources que nous », énumère-t-il. « Nous sommes peut-être gros dans le jeu vidéo, mais nous évoluons dans un monde désormais différent. » Le PDG cite l’impossibilité de faire jeu égal avec ces titans de la tech dans des domaines comme l’intelligence artificielle, de deep learning ou le cloud.
Cette opération fera de Microsoft la 3ème plus grosse société de gaming dans le monde (par ses revenus) derrière Tencent et Sony, avec environ 10-15% de pdm.
Par ailleurs, certains voient dans ce renforcement dans le gaming un pas de plus de Microsoft pour prendre pied dans les métaverses.
En 2022, je voudrais dépasser avec le Wrap Up les 1 000 abonnés (528 à date).
Pour m’aider, faites-le découvrir à un proche et envoyez le Wrap Up de la semaine (le lien marche cette fois!) :
Disputé 🤬 : le Web3 a-t-il un avenir ?
⏳: 1 minute 38 secondes
La semaine dernière nous rapportions les doutes, voire les sarcasmes que nourrissaient Scott Galloway au sujet de la promesse de décentralisation, de démocratisation que les thuriféraires du Web3 portaient.
Cette semaine, Packy McCormick dans sa newsletter Not Boring (100K abonnés tout de même) lui donne la réplique.
D’entrée il souligne que le débat sur le Web3 se réduit à tort à un débat sur la centralisation - décentralisation (quelques outils utilisés par tous, dont la détention capitalistique est souvent concentrée par des fonds d’investissement en vue), alors que c’est selon lui un débat qui devrait porter sur le choix des technologies que permet le Web3.
Par la suite il s’attache à finasser autour de 4 arguments avancés par Galloway :
D’abord sur la définition de ce qu’est le Web3 : “Web3 is the internet owned by the builders and users, orchestrated with tokens.” il n’est pas spécifiquement en effet question de décentralisation, passons.
Ensuite sur la caractérisation de la concentration qui ne serait pas aussi importante que mentionnée, car dans les 2% qui détiendraient 72% des réserves mondiales de Bitcoin, le 2% en question contient également des acteurs comme les DEX (par exemple: Coinbase) qui représentent en tant que tel beaucoup d’individus; par ailleurs, autre approximation: le Bitcoin n’est pas le Web3, là encore on finaude.
La difficulté de mettre en place une organisation décentralisée au sein d’une DAO (Decentralized Autonomous Organization) en s’appuyant sur l’exemple raté de Constitution DAO : visiblement Prof Galloway aurait qualifié le tout de démarche amateur qui n’a pas trouvé son modèle alors que les initiateurs savaient ce qu’ils faisaient, dont acte..
La finalité du Web3 qui serait de mettre à bas la régulation et les institutions existantes, grâce aux smart contracts et autres DAOs : là aussi bien que Packy McCormick se défend d’incarner ce point de vue, il tente de montrer qu’au contraire A16Z dont il est un des advisors, regorge de conseils pour les gouvernements sur la façon dont ils devraient s’y prendre pour réguler le monde de la crypto.
Au final, une défense un peu faible du Web3, sans doute a-t-il été personnellement touché de voir ses propos caricaturés, l’auteur s’attache beaucoup à la forme et aux arguments souvent caricaturaux que prend Galloway.
Cependant, les points soulevés par le polémiste mériteraient sans doute une véritable argumentation pro domo sur ces différents sujets passionnants : quelles promesses réellement pour le Web3 derrière la hype? Sommes-nous à l’orée d’une révolution technologique ? Comment empêcher les mêmes mécanismes de prédation capitaliste d’entrer en jeu (pour faire court : étouffer la concurrence) ? Comment démocratiser réellement ce secteur d’activité ? Autant de questions à suivre dans les prochaines semaines, prochains mois.
Série Prédictions 2022 🔮: 3/4 - les 5 prédictions médias de Kantar
⏳: 2 minutes 24 secondes
La firme d’études et de conseil Kantar publie chaque année un rapport riche sur les tendances des médias pour l’année à venir.
Cette année la firme, anciennement filiale à 100% du groupe de communication WPP, retient 5 tendances :
Le streaming vidéo
Aujourd’hui, 65% des consommateurs regardent quotidiennement deux heures ou plus de contenu payant en streaming !
Autant dire que le secteur va rester extrêmement dynamique avec :
les plates-formes vont continuer d’investir massivement (voir sur ce sujet l’article du Figaro sur la surenchère des acteurs);
les producteurs de contenus pourraient du fait de cette concurrence accrue, commencer à obtenir des droits de négociation plus élevés qu'auparavant (rappelons les plates-formes payent bien mais s’arrogent souvent la totalité des contenus qu’elles achètent)
Les plateformes liées au sport et à l’e-sport pourraient également connaître un envol, le mode de consommation se diffusant à d’autres types de contenus.
Le regroupement des plateformes pourrait, lui, se poursuivre, alors que dans le même temps, les offres d’abonnement unique seraient amenées à se raréfier.
L’e-commerce va être chamboulé par la disparition du cookie
Les annonceurs et les commerçants vont devoir composer avec la disparition du cookie et avec lui la capacité de tracer indépendamment l’efficacité de leurs campagnes digitales, cette révolution est susceptible de renforcer encore un peu plus le duopole Google Facebook.
Il est vraisemblable selon Kantar :
qu’aucune solution ne viendra aussi efficacement remplacer les cookies ;
que les mesures panels vont retrouver des couleurs;
que Google - Facebook devant des comportements aussi marqués par leur position de marché vont voir se multiplier les attaques et les appels à la régulation du marché de la publicité en ligne ;
Une « nouvelle approche des données »
Avec la croissance du e-commerce et de la vidéo en ligne, la publicité digitale devrait représenter 58% du marché publicitaire mondial en 2021, contre 48% en 20191.
Il va devenir selon l’institut d’études, primordial d’accroître l’acuité de ses connaissances clients (avec de la first party data), de ses capacités créatives (en temps réel) et d’une veille concurrentielle qui s’est trouvée floutée par le digital.
Les indicateurs de mesure élémentaires tels que le CPM, la couverture et la fréquence resteront la colonne vertébrale des outils de media planning. Mais les agences media se différencieront en perfectionnant ces outils grâce à de nouveaux items tels que l’efficacité media pour une marque spécifique, la réceptivité des consommateurs aux formats publicitaires, et les attributs de personnalité offerts par chaque marque media.
Reconsidérer le marketing à la performance
Souvent privilégiées pendant le contexte de crise sanitaire, ces stratégies de basculement vers les médias digitaux ROIstes ont occupé le devant de la scène avec une explosion des investissements pour la vidéo en ligne, les campagnes d’influence ou la mise en ligne hâtive de sites ecommerce (d’où sans doute le développement faramineux du social commerce) ont vu aussi leurs coûts d’acquisition explosés sous l’effet d’une concurrence accrue et de taux de transformation en baisse.
En 2022 :
les annonceurs auront une exigence de connaissances intimes des comportements de leurs clients en temps réel, quitte à confier leurs données First Party à leurs agences pour les enrichir rapidement (quid du RGPD?)
La question de la présence des marques dans les métaverses se fera plus pressante pour innover sans cesse, tout en essayant d’éviter les fautes de carre de la fausse hype;
De nouveaux comportements des consommateurs et de leurs attentes après le contexte sanitaire du Covid19
Commodité, valeur, durabilité et innovation seront ainsi particulièrement recherchées par les acheteurs, exigeant en retour des marques toujours plus d’investissements dans les outils et les créations.
La télévision restera la vedette, mais les plans reposeront moins sur un seul canal média et seront plus efficaces.
2022 sera une année exceptionnelle pour le sport, avec notamment les Jeux olympiques d’hiver de Pékin, la Coupe du Monde de football au Qatar et l’Euro de foot féminin.
Investis 🔬: les GAFAM à la recherche de leur pérennité
⏳: 1 minute 57 secondes
Les Géants de la tech n’ont jamais valu autant d’argent en bourse, et pourtant ils nourrissent chacun dans leur coin la peur du lendemain : ils n’ont jamais autant investi à la recherche de leurs relais de croissance (ensemble leurs investissements totalisent 280 milliards de dollars l’an dernier, soit 9% de l’investissement privé américain!), ni autant empiété sur leur territoire respectif (un doublement depuis 2015 à 40% aujourd’hui d‘activités communes).
L’originalité de leur démarche tient au fait qu’ils sont hantés par les exemples des titans du passé et qu’ils sont déterminés à ne pas disparaître à leur tour : US Steel, Standard Oil, Fairchild Semiconductor, IBM, Nokia autant de noms qui ont chacun atteint des sommets de profitabilité et de puissance et qui ne sont aujourd’hui que l’ombre de leur grandeur passé, quand ces firmes n’ont tout simplement pas disparu1.
Le futur est complexe à prédire (je ne vous refais pas la phrase de Pierre Dac), cependant nos géants de la tech s’accordent à décrire un monde dans lequel le téléphone mobile ne sera plus le moyen d’accéder à internet ou aux univers virtuels. Les casques de VR, les voitures autonomes ou l’ordinateur quantique sont vus comme les pioches ou les pelles de la prochaine révolution tech, quand ils ne s’attachent pas carrément à d’autres segments de l’évolution de l’humanité comme la conquête spatiale ou la recherche génétique.
L’idée principale derrière ces recherches effrénées est de continuer à tirer parti des énormes effets réseaux dont elles jouissent aujourd’hui et pouvoir les déployer dans le futur : la base de consommateurs (voire les abonnés Prime) pour Amazon, le parc de devices pour Apple, le monopole sur le search et la vidéo gratuite en ligne pour Alphabet, les logiciels bureautique et une partie du jeu vidéo pour Microsoft ou les réseaux sociaux pour Meta/Facebook. (Sans évoquer également pour Amazon, Google et Microsoft dans leur course dans le Cloud Computing).
La suspicion de la part des gouvernements et des consommateurs est que ces GAFAM profitent de ces bases installées et de la data qu’ils en tirent pour nourrir des avancées en termes d’intelligence artificielle difficilement rattrapables par la suite.
Pourtant la concurrence existe aujourd’hui : Epic Games, Nvidia, Tesla, chacune dans leur domaine, donnent du fil à retordre à ces géants. Les VCs ont investi 621 milliards de dollars dans des start-ups pour être rachetés ou dépassés - pourquoi pas ?- ces acteurs. Un élément que l’article ne mentionne est également la montée de la tech chinoise. Par ailleurs légalement, l’antitrust américain réfléchit à mettre en place une réglementation qui empêcherait ces acteurs de rentrer sur de nouveaux marchés, la directive européenne du Digital Markets Act permettrait aux Autorités de Concurrence de mettre une présomption de position dominante sur les marchés sur lesquelles les GAFAM exercent leur activité ex-ante et ainsi de s’autosaisir de leur cas.
The Economist, en bon magazine libéral qu’il est , s’inquiète de cette montée de la régulation et préfère miser sur le fait que le futur n’est prédictible et que le scénario le plus probable est que ces acteurs endormis sur leur rente de marché, ne parviennent pas à correctement identifier le futur.
Trophéisée 🏆 : Eva Jospin au Musée de la Chasse et de la Nature
⏳: 44 secondes
Une exposition dirons-nous intéressante … Eva Jospin a trouvé sa matière signature avec le carton, qu’elle décline sous les aspects les plus surprenants. Au-delà de la marque artistique, c’est surtout la marque artisanale qui impressionne le plus, à quel point elle arrive à faire parler la matière et lui donner ses aspects de bois, de forêts broussailleuses, de décorations grotesques ou encore de voûtes renaissantes.
Les œuvres viennent émailler les différentes salles du Musée de la Chasse et de la Nature, rénové pendant 2 ans et rouvert depuis juillet 2021, qui justifie à elles seules la visite par son mélange avant-gardiste d’œuvres traditionnelles mettant en avant la cynégétique, les animaux, les scènes de chasse et d’œuvres contemporaines qui interrogent notre rapport à la nature et à des pratiques marquées aujourd’hui par la cruauté, souvent avec humour.
Réservation indispensable tant que la capacité du musée est réduite et aujourd’hui soumise à une forte régulation de trafic liée au Covid.
De fait, Alphabet et Apple dépassent à présent les ratios de chiffre d’affaires sur PIB que représentait la Standard Oil quand elle fut démantelée au début du XXème siècle.