Le Wrap Up de la semaine où Mark Zuckerberg a retourné sa veste (semaine du 6 janvier 2025)
🤖 : Nvidia s'invite dans les parties de MMO - 🎙️ : la monétisation des podcasts - 🔮 : prédictions 2025 de Scott Galloway - 🚀 : levées de Mistral AI - 🎨 : Joseph de Ribera au Petit Palais
Au sommaire de cette semaine :
Accompagné 🤖 : L'avatar IA de Nvidia s'invite dans les parties de MMO
Transparent 🎙️ : Matthieu Stefani dévoile sa vision de la monétisation des podcasts
⏳ Temps de lecture : 5 min 49 sec
Si vous préférez tester la version audio de cette newsletter, essayez le rendu de la moulinette Google NotebookLM (cette semaine en 🇺🇸), les deux voix semblent s’être pas mal perfectionnés (et pas seulement parce qu’ils qualifient le Wrap Up de fascinant) :
Accompagné 🤖 : L'avatar IA de Nvidia s'invite dans les parties de MMO
⏳ : 1 min 8 sec
Nvidia, le géant des processeurs graphiques et grand gagnant de la révolution IA avec ses puces graphiques (GPU), a récemment dévoilé son dernier projet en intelligence artificielle : un avatar numérique capable d’accompagner en temps réel les joueurs dans les jeux. Cette innovation, présentée lors du CES 2025, représente un premier pas pour intégrer des assistants virtuels plus humains dans notre quotidien (numérique pour l’instant).
L'avatar, doté de capacités conversationnelles avancées, peut répondre à des questions en live dans le jeu, fournir des informations contextuelles et même exprimer des émotions à travers des expressions faciales réalistes. Cette technologie repose sur des modèles de langage sophistiqués et des algorithmes d'apprentissage profond, permettant une interaction fluide et naturelle avec les utilisateurs en temps réel.
Cependant, cette avancée soulève des questions sur la frontière entre l'humain et la machine. L'expérience d’un des journalistes de Techcrunch, qui s'est senti déstabilisé par la présence de cet avatar sur son écran, illustre le potentiel impact psychologique de telles technologies. La capacité de l'avatar à imiter les comportements humains avec une telle précision peut provoquer une sensation d'étrangeté, voire d'inquiétude, chez certains utilisateurs.
Nvidia envisage des applications variées pour cette technologie, notamment dans les domaines de l'éducation, du service client et du divertissement. L'objectif est de créer des interfaces utilisateur plus intuitives et engageantes, en réduisant le temps d'apprentissage et en améliorant l'expérience globale.
Toutefois, l'intégration de ces avatars IA dans notre quotidien pose des défis éthiques et sociétaux, desquels il sera sans doute question lors du “Sommet pour l’action sur L’Intelligence Artificielle” que la France devrait organiser au mois de février. La question de la dépendance à la technologie, de la protection de la vie privée et de l'authenticité des interactions humaines sont autant de sujets qui méritent une réflexion approfondie (sans pour autant être repoussé à des calendes grecques!).
Transparent 🎙️ : Matthieu Stefani dévoile sa vision de la monétisation des podcasts
⏳ : 1 min 28 sec
Matthieu Stefani, un des créateurs de podcasts les plus couronnés de succès en France avec Génération Do It Yourself et La Martingale, a partagé avec MindMedia sa stratégie de monétisation, en mettant l’accent sur des partenariats long terme avec un nombre restreint d’annonceurs.
Cette démarche, à contre-courant des approches classiques de publicité (au CPM), s’inscrit dans une volonté de maintenir, selon ses dires, “un haut niveau d'intégrité éditoriale” tout en assurant une rentabilité certaine.
Un modèle basé sur la qualité et la confiance
Après avoir cédé la majorité de l’agence digitale CosaVostra qu’il avait créé, Stefani s’est investi totalement dans la création de contenus. Ses podcasts, qui cumulent des millions d’écoutes mensuelles, s’appuient sur un modèle de sponsoring direct, valorisé à 90€ le CPM pour Génération Do It Yourself. Pour La Martingale, il favorise des partenariats saisonniers, comme avec Amundi, qui permettent d’allier contenu sponsorisé et transparence éditoriale.
Une approche premium
Stefani revendique un positionnement "premium", refusant le programmatique qui, selon lui, dégrade la qualité des collaborations publicitaires. Son indépendance lui permet de choisir ses annonceurs et de garantir une cohérence avec sa ligne éditoriale. Il n’hésite pas à refuser des montants importants, notamment de marques ou projets qui ne correspondraient pas à ses valeurs.
Des ambitions internationales
Selon lui, l’avenir de ses podcasts dépasse l’audio. Avec un accent mis sur la vidéo1, Stefani explore des opportunités telles que la syndication sur des chaînes TV (à la Inoxtag avec Kaizen et ses 40m de vues sur YouTube). Il mise également sur des formats diversifiés pour toucher une audience plus large, notamment via des plateformes comme YouTube ou LinkedIn.
Un réseau de créateurs
Stefani aspire à bâtir un écosystème “global” autour des créateurs de contenus via Orso Media, une régie qu’il a cofondée. Ce projet vise à multiplier les opportunités de collaboration et à professionnaliser davantage un secteur du podcasts vidéo en pleine croissance.
Son approche incarne une approche hybride et assez à part de l'économie des créateurs. En tentant de concilier authenticité, transparence et innovation, il trace une voie à imiter pour les autres podcasteurs et les entrepreneurs dans les contenus.
Audacieux 🔮 : Les prédictions 2025 de Scott Galloway
⏳ : 55 sec
Scott Galloway, dont nous avons régulièrement parlé ici, a dévoilé comme chaque année, ses prédictions pour l'année 2025. Ces insights couvrent un large éventail de tendances sociétales, économiques et technologiques.
Voici les plus marquantes :
L’IA, l’IA, l’IA
The AI ecosystem is settling into three layers: applications (Duolingo, Netflix, Tesla), AI models (Anthropic, Gemini, OpenAI), and infrastructure (AWS, Google Cloud, Nvidia). Two companies dominate. OpenAI has doubled its annualized revenue to $3.4 billion in the past six months. And its ChatGPT accounts for 56% of premium LLM subscriptions, i.e., people pulling out their credit cards. Over the past 12 months, Nvidia has reported $96 billion in revenue — 4x its 2022 total. I look at peer-reviewed research to evaluate whether a technology is enduring: Nvidia chips are cited in 19x more research than those of its competitors combined. For two companies to dominate a technology this early is extraordinary.
Selon lui, ça sera META qui va tirer son épingle du jeu en raison de sa distribution (9/10ème des personnes sur internet sont sur une des applications de Meta) et de son accès immodéré au langage (même si on nous sérine que les LLMs sont à présent bien entraînés).
Retour du nucléaire
Galloway prévoit un regain d'intérêt pour l'énergie nucléaire, qu'il qualifie de solution indispensable face à la crise énergétique mondiale (We the French knew it somehow…). Selon lui, les technologies nucléaires modernes sont sous-utilisées en raison d'une opinion publique négative à l’égard de ces technologies.2
One nuclear reactor produces the equivalent of 800 wind turbines, or 8.5 million solar panels.
L’habitude à prendre en 2025 : les drones (en temps de guerre)
A successful drone strike can yield a 100,000% return (e.g., $400 drones routinely destroy $4m tanks).
Plate-forme 2025 : Youtube
Non pas Netflix, mais Youtube qui avec un budget de contenus de … 0 dollar a réussi à se hisser à la première place des chaînes de TV aux US avec une part d’audience de 10% du public américain.
Media de l’année ? les podcasts
C’est la première fois que ce medium revient à ce point sur le devant de la scène (voire la monétisation du 1er podcasteur français, Matthieu Stefani plus haut).
Of the estimated 3.2 million pods, 600k put out content each week, and I estimate only 600 are economically viable.
La prédiction de Galloway est que les revenus pub des podcasts augmenteront de 20% en 2025 (aux US!). L'audience continuera également de croître et l'ARPU, comme ceux de Meta et Alphabet, augmentera considérablement à mesure que les annonceurs découvriront que c'est là que les jeunes consommateurs se rendent.
L'évolution du capitalisme
Il anticipe une montée des critiques envers le capitalisme classique, avec une attention accrue portée à l'éthique et à l'impact environnemental. Les grandes entreprises devront adopter des stratégies plus transparentes et responsables pour répondre à ces nouvelles attentes (voyons voir).
Concentration accrue des Big Tech
Avec l’arrivée de Trump au pouvoir, Galloway anticipe une moindre régulation anti-concentration des big techs, ouvrant la voie à une consolidation encore plus forte des géants technologiques (pour rappel la Cour Suprême a validé l’intention d’aller au bout de la loi qui a voté, quand bien même Donald Trump à l’initiative . Il s'attend à ce que ces entreprises renforcent leur influence dans les secteurs de l'éducation et de la santé, deux domaines qu'il considère comme des opportunités de croissance majeures.
En conclusion, Galloway nous invite à regarder au-delà des évidences et à anticiper des changements structurels majeurs dans nos sociétés.
Valeureux 🚀 : bilan des levées de Mistral AI
⏳ : 1 min 26 sec
Les augmentations de capital sont le nerf de la guerre pour les startups ambitieuses comme Mistral AI, créée en mai 2023. Ces opérations, bien qu’apparemment simples, redistribuent pouvoir, profits, et perspectives aux actionnaires. L’histoire de Mistral AI est un cas d’école en matière de levées de fonds rapides et impressionnantes. Maddyness revient avec le professeur de finances à HEC, Etienne Krieger, sur son parcours.
Les débuts prometteurs
Avec un capital social initial modeste de 15 000 € et une valorisation post-money de 240 M€ deux mois après sa création, Mistral AI a attiré l’attention à la suite de l’engouement des investisseurs pour l’IA. La première augmentation de capital de 105 M€ a permis aux fondateurs de multiplier par 9 000x la valeur initiale de leurs actions (de 0,01 € à 90 €). Résultat : les investisseurs détenaient déjà 43,8 % de la société, diluant les fondateurs à 56,2 % du capital.
Ensuite, les chiffres ont continué de donner le vertige :
Décembre 2023 : 385 M€ levés, valorisation post-money de 1,86 Md€, action à 553,50 €, soit un 6,15x.
Juin 2024 : 600 M€ levés, valorisation de 5,8 Md€, action à 1 550 €, soit un 2,8x.
Les fondateurs, initialement seuls maîtres à bord, ne contrôlent plus désormais que 40% du capital (contre 60 % pour les investisseurs). Une dilution calculée mais inévitable dans la stratégie d’hypercroissance poursuivie.
Complexité croissante
Si les chiffres impressionnent, les coulisses sont tout aussi stratégiques. Plans de stock-options, obligations convertibles, et opérations de « partial cash-out » (vente partielle d’actions par les fondateurs) viennent compliquer le paysage. Ces mécanismes, nécessaires pour attirer talents et fonds, diluent néanmoins l’ensemble des actionnaires (nous ne reviendrons pas sur le cas problématique du rôle de Cedric O, ancien ministre du Numérique, devenu responsable des affaires publiques de la jeune startup et dont les parts valent désormais plusieurs millions…)
Un contexte ultra-compétitif
Pour mettre en perspective, Mistral AI reste une étoile montante face à des géants comme OpenAI, qui a levé 6,6 Md$ en octobre 2024 sur une valorisation de 157 Md$. L’écart cependant illustre la démesure d’un secteur en plein bouleversement industriel et la relative petitesse des acteurs européens face aux mastodontes américains… (Par ailleurs l’entrée des fonds US Lightspeed et A16Z montrent aussi la relative françitude de cette jeune startup, soutenue, on l’aura compris, à bout de bras par les pouvoirs publics français).
Caravagesque 🎨 : Joseph de Ribera au Petit Palais
⏳ : 1 min 8 sec
Le Petit Palais à Paris présente jusqu’au 23 février 2025, la première rétrospective française dédiée à Jusepe de Ribera (1591-1652), maître du baroque espagnol ayant fait toute sa carrière en Italie.
Intitulée "Ribera : Ténèbres et lumière", l'exposition réunit plus d'une centaine d'œuvres, incluant peintures, dessins et estampes, provenant de collections du monde entier (nombre des chefs d’oeuvre avaient déjà été aperçus lors de l’exposition au Louvre issu du musée napolitain Capodimonte en 2023). L’exposition ici retrace les étapes clés de la carrière de Ribera, depuis ses années formatrices à Rome jusqu'à sa période extrêmement prolifique à Naples, où son art a atteint une maturité remarquable.




Ribera est reconnu pour son utilisation magistrale du clair-obscur, influencée sans doute par le Caravage (ils se seraient croisés une fois), et pour son réalisme saisissant.
Ses œuvres capturent avec intensité la dignité du quotidien, tout en explorant des thèmes religieux et philosophiques profonds. Cette exposition offre une occasion unique de découvrir l'évolution stylistique de l'artiste et son impact sur l'art baroque.
Vous pourrez admirer ses chefs-d'œuvre tels que "Le Jugement de Salomon" ou "Le Reniement de Saint-Pierre", illustrant la maîtrise de Ribera dans la représentation des émotions humaines et des scènes dramatiques. L'exposition met également en lumière des œuvres moins connues, révélant la diversité et la profondeur de son répertoire artistique (un combat de gladiatrices, une femme à barbe, et même une vue de Naples).
Nocturnes les vendredis et samedis offrent une ambiance propice à une immersion totale dans l'univers de Ribera.
En tant qu'amateur, je vous recommande vivement cette exposition qui célèbre l'œuvre d'un artiste majeur du XVIIe siècle, vous ne serez pas déçu. Une occasion rare de plonger dans l'intensité et la profondeur de l'art baroque, en plein cœur de Paris (il y a encore pour quelques jours à l’autre bout du spectre l’exposition We Are Here sur le graffiti).
Jusqu’au 23 février.
A ce titre, je vous conseille le making of / wrap up de son périple aux US l’été dernier assez remarquable en termes d’édition :
Cependant, la plupart des experts s’accordent sur le fait que la seule énergie nucléaire ne saurait suffire à régler nos problèmes d’approvisionnement énergétique décarboné.