Le Wrap Up de la semaine du gouvernement introuvable (semaine du 9 septembre 2024)
👙 : OnlyFans à nu - 🔟 : HB Netflix - 👑 : Coup d’Etat chez Mickey - 👩🎨 : Paris aime enfin Emily - 🎨 : We Are Here au Petit Palais
Michel Barnier détient désormais le record sous la Vème République du délai entre sa nomination et celle de son gouvernement, record précédemment détenu par Georges Pompidou.
Au sommaire de cette semaine du Wrap Up :
⏳ : Temps de lecture : 7 minutes 36 secondes
Dénudé 👙 : les chiffres d’OnlyFans expliqués
⏳ : 1 min 26 sec
L’analyse de Matthew Ball se répand déjà comme une traînée de poudre sur internet. Il y analyse les performances économiques impressionnantes d'OnlyFans, qui est une plateforme dédiée à l'économie des “créateurs”.
Fondée en 2016 et basée au Royaume-Uni, OnlyFans a généré 6,3 Md$ de revenus bruts en 2024, une croissance spectaculaire comparée aux petits 300 M$ enregistrés cinq ans plus tôt.
Bien que la plateforme repose majoritairement sur des abonnements payants, plus de 60 % des revenus proviennent désormais de transactions additionnelles (par ex des messages privés payants), montrant une évolution dans le comportement des utilisateurs.
Le succès d'OnlyFans est attribuable à plusieurs facteurs :
Une forte reconnaissance de marque,
L'arrivée de célébrités comme Cardi B ou DJ Khaled,
Un environnement réglementaire défavorable à la concurrence dans le secteur des contenus pour adultes.
De plus, des plateformes telles que Reddit ou Instagram servent de produits d’appel pour attirer des utilisateurs vers OnlyFans, contrairement à d'autres entreprises qui cherchent à conserver toutes leurs audiences en interne.
(et bien sûr et par dessus toutes ces raisons, le sexe, pardon je veux dire l’érotique !)
OnlyFans se distingue par un modèle économique très intéressant pour les créateurs, leur offrant 80 % des revenus, un taux bien plus élevé que ce qu'ils pourraient obtenir via d'autres canaux.
OnlyFans is slowly consuming the entire porn industry because creators and pornstars alike can make more money, in a safer way, while having greater autonomy and offering audiences experiences that feel more authentic, differentiated, and valuable.
Les créateurs ont ainsi collecté plus de 15 Md$ les 5 dernières années, avec une concentration, habituelle, des gains au sommet :
According to one 2020 research report cited by the Washington Post last year, the top 10% of accounts collected 73% of revenues [...], while the top 1% were 33%.
Malgré son modèle basé sur le navigateur (sans passer par les applications Google ou Apple qui prennent des commissions importantes, environ 30%), OnlyFans reste rentable, affichant un profit opérationnel de 649 M€ en 2023, avec une équipe réduite de 42 employés.
L’analyse conclut en explorant deux défis majeurs pour l'avenir de la plateforme :
la concurrence potentielle d'X (ex-Twitter) qui a levé l'interdiction de la pornographie (quelle mission de paix conduit donc Musk!);
l'impact de l'IA générative, qui pourrait redéfinir les relations asymétiques1 et offrir des créateurs virtuels plus authentiques et accessibles 24/7.
Décennal 🔟 : joyeux anniversaire Netflix
⏳ : 1 min 40 sec
Il s’agit d’un nouveau titre de presse (Sans doute), lancé par deux des frères Boccon-Gibod avec l’insubmersible Gérard Bonos, ancien directeur de la rédaction de Radio Classique. Le journal qui se veut un nouveau lieu du débat d’idées est allé chercher la fine fleur des “think tankeurs” français, et en particulier Philippe Bailly, fondateur du cabinet NPA Conseil qui revient pour son premier papier sur les 10 ans de Netflix :
Ainsi, il rappelle que la capitalisation boursière de Netflix dépasse désormais les 300 Md$, dépassant celle combinée de Disney, Paramount, Spotify et Warner Bros. Discovery. Ce nouveau succès souligne la transition plus que réussie vers le streaming avec notamment l’adoption massive des appareils connectés, changeant profondément les habitudes de consommation audiovisuelle.
L'un des principaux mérites de Netflix a été son anticipation du potentiel du streaming dès 2007, en abandonnant son business model historique de location de DVD pour lancer une plateforme de SVoD.
Grâce à de premiers accords stratégiques avec les grands studios, Netflix a constitué rapidement un catalogue incontournable (celui de Starz), tout en développant des contenus originaux (rappelez-vous Orange is The New Black et House of Cards), devenant ainsi leader incontesté avec désormais près de 280 M d’abonnés dans le monde.
Tout dominant qu’il fut, Netflix a connu un passage à vide début 2022 avec une première baisse d'abonnés, provoquant la panique sur les marchés (après l’euphorie Covid si l’on peut dire). Sa capacité à ajuster sa stratégie, notamment en mettant fin au partage gratuit de codes d'accès et en lançant des abonnements payants pour les "passagers clandestins", a permis de rétablir la situation.
Autre tournant majeur, Netflix a introduit la publicité dans ses offres en novembre 2022, permettant d’élargir son public avec des tarifs plus attractifs. Bien que la mise en œuvre ait rencontré des défis, notamment en termes de commercialisation et de couverture publicitaire2, ce changement ouvre un nouveau flux de revenus pour le géant du streaming.
En s’aventurant sur le terrain des droits sportifs avec le catch de la WWE et le football américain de la NFL, Netflix se positionne encore davantage face aux diffuseurs traditionnels et prépare son futur en se concentrant non seulement sur le nombre d’abonnés, mais aussi sur le volume total d’écoute (la part d’audience).
Cela pourrait influencer le choix de ses programmes, poussant vers des contenus plus fédérateurs et grand public. Netflix doit désormais faire face à une concurrence accrue, non seulement des acteurs globaux du streaming qui ont montré les dents, mais aussi des chaînes locales qui, elles aussi, ont pris le virage du numérique.
La compétition dans l’univers du streaming est loin d’être terminée, et Netflix continue de redéfinir les contours de cette industrie en constante évolution.
ps : TF1 a réussi à entrer dans le Saint des Saints et réalisé un super reportage sur les coulisses de Netflix.
Renversé 👑 : Coup d’Etat au Royaume de Mickey
⏳ : 1 min 20 sec
Le New York Times revient sur la lutte intestine qui a eu lieu au sein de Disney et a donné ce coup de théâtre du retour aux affaires de l’ancien Bob Iger, l'ancien PDG, après avoir intronisé la larme à l’oeil son successeur désigné, Bob Chapek.
Few feuds among top executives have ever reached the level of intensity and bitterness of the one between Mr. Iger and his handpicked successor. Mr. Iger has called hiring Mr. Chapek for the top job the worst mistake of his career.
Chapek, promu à la tête de l'entreprise en 2020, a rapidement réalisé que sa position était précaire. Bien qu'Iger ait officiellement quitté son rôle, il est resté influent en tant que président exécutif et directeur créatif, créant une dynamique de double direction. Ce partage du pouvoir a mené à une lutte ouverte entre les deux hommes, aggravée par la gestion de la pandémie de Covid-19, la fermeture des parcs à thème et la crise du streaming.
Iger, qui fut une des figures les plus emblématiques de Disney, n’a jamais réellement cédé les rênes à Chapek, limitant son autorité et critiquant publiquement ses décisions. Ce dernier, manquant de l’aura charismatique de son prédécesseur, s’est retrouvé isolé au sein de l'entreprise, accumulant les critiques. Les tensions entre Iger et Chapek sont devenues de plus en plus visibles, exacerbées par des divergences sur des sujets stratégiques comme le streaming, le rôle de la créativité dans l'entreprise et la gestion des talents.
En novembre 2022, après plusieurs crises internes, notamment une communication mal gérée sur les pertes de la division streaming et une querelle avec l'actrice Scarlett Johansson, Chapek est limogé par le conseil d'administration. Iger revient alors au pouvoir, marquant ainsi l'échec retentissant de la transition. La saga met en lumière non seulement la difficulté de succéder à un leader aussi influent qu'Iger, mais aussi les erreurs du conseil d’administration de Disney dans la gestion de cette succession.
En fin de compte, cette rivalité entre Iger et Chapek restera gravée dans l’histoire comme un échec majeur de gouvernance, avec des répercussions importantes sur la réputation et la stabilité de Disney, de quoi faire une bonne série…
Parigot 👩🎨 : les Parisiens désormais fans d’Emily in Paris ?
⏳ : 1 min 27 sec
Cette semaine, The Economist revient sur la relation ambivalente entre les Parisiens et la série de Netflix censée représenter la vie d’une Américaine dans un Paris fantasmé…
Avouons-le : Emily in Paris a d'abord suscité l’indignation en France lors de sa sortie en 2020, raillée pour ses clichés grossiers et son intrigue superficielle.
La série a été, à juste titre, critiquée pour offrir une vision idéalisée et déconnectée de la réalité parisienne. Pourtant, avec la sortie de la quatrième saison, il semble que le vent soit en train de changer : la série figure désormais parmi les plus regardées en France sur la plateforme Netflix. L’hebdomadaire tente expliquer ce changement d’attitude :
Tout d’abord, l’utilisation croissante de la langue française dans les dialogues donne une dimension plus authentique à la série. Auparavant, les personnages français parlaient souvent en anglais, mais désormais, des scènes en français ajoutent une certaine crédibilité, notamment avec le personnage de Sylvie, incarnée par Philippine Leroy-Beaulieu.
Ensuite, la série aborde des thèmes plus contemporains, comme par exemple la question du harcèlement sexuel à travers une intrigue #MeToo, touchant une corde sensible auprès du public jeune, en particulier les femmes qui rejettent les comportements masculins autrefois tolérés.
Bien que l’intrigue de la quatrième saison n’apporte que peu de nouveautés, mis à part une aventure à Rome et un rival américain pour Emily, la série reste une ode à Paris.
Si les Parisiens se plaignent souvent des désagréments de leur ville – transports bondés, travaux, rats, #saccageParis – Emily in Paris rappelle à quel point la capitale française fascine toujours.
Comme l’ont montré les Jeux Olympiques, Paris captive par ses ponts, ses boutiques de luxe et ses boulangeries pittoresques. Ainsi, même si la série est considérée comme superficielle, elle redonne aux Français un regard neuf sur leur propre ville, ce que finalement adorent les Français : se regarder dans le regard des autres.
L'enthousiasme croissant pour la série n'est cependant pas sans inconvénients : les lieux de tournage, comme la Place de l’Estrapade, sont désormais envahis par les touristes en quête de selfies, et des restaurants comme Terra Nera sont devenus des destinations prisées, inréservables. Malgré ces petites nuisances, "Emily in Paris", avec son charme léger et insouciant, semble avoir trouvé une place dans le cœur des Français et dans celui de l’office de tourisme de la ville..
Présent 🎨 : We Are Here au Petit Palais
⏳ : 1 min 10 sec
L'exposition We Are Here qui se tient au Petit Palais jusqu’au 17 novembre, marque une première pour cette institution municipale qu’est le Petit Palais en accueillant des artistes majeurs du Street art.
Cette initiative, accessible gratuitement, propose un dialogue audacieux entre l'art urbain et les collections permanentes du musée très tournées vers le XIXème siècle, dans un cadre qui respire l'histoire et l'architecture néo-classiques (mais qui recèlent également de véritables pépites!).
Treize figures incontournables du mouvement, parmi lesquels Shepard Fairey (Obey), Invader, D*Face ou encore Seth, investissent les lieux avec des œuvres monumentales et inédites.
Leur travail s'étend à une installation spectaculaire de plus de 200 œuvres réunies dans la Salle Concorde, clin d’oeil aux grands Salons artistiques du XIXème, et en particulier le Salon des Refusés qui fut hébergé un temps au Petit Palais.
La scénographie impressionnante de la salle plonge le public dans l'univers vibrant, un brin contestataire, du Street art, mouvement qui prend désormais sa place assumée dans une histoire de l'art souvent vue comme institutionnelle.
Le titre de l'exposition, "We Are Here" (ou "On est là" en français), fait bien sûr écho à des slogans de luttes sociales et incarne des valeurs d’affirmation de cette communauté.
Avec ce genre d’exposition, l’ambition est de continuer de placer Paris sur la carte dans la reconnaissance artistique de ce mouvement.
L'exposition ne se cantonne pas à l'installation d'œuvres spectaculaires, elle crée en dispersant certaines d’entre elles dans le musée, un vrai dialogue entre les artistes et l’histoire, invitant les visiteurs (et certains qui ne seraient certainement pas venus spontanément) à redécouvrir le musée sous un nouveau regard.
Ball parle de relations parasociales, c’est à dire des relations unilatérales, dans lesquelles une personne étend son énergie émotionnelle, son intérêt et son temps, et l'autre partie, le personnage, ignore complètement l'existence de l'autre. Les relations parasociales sont plus courantes avec des célébrités, des organisations (telles que des équipes sportives) ou des stars de la télévision.
Les publicitaires regardent toujours de près le % de la population qui est couverte par un média et regarde ce que communiquer sur ce média apporte comme couverture utile (ie supplémentaire) de sa population cible.