Le Wrap Up de la semaine où le Soudan a sombré dans la guerre civile (semaine du 17 avril 2023)
Au sommaire de cette semaine :
Contracyclique 📈 : la fréquentation des cinémas comme indicateur de la crise ?
Flashbackés 😇 : Angels in America parle de Sida à la Comédie Française
⌛️ Temps de lecture : 5 minutes 30 secondes
Bridgé 🌉 : Worldcoin, un projet reliant IA et crypto
⌛️ : 1 min 7 sec
La tech fut bousculé ces deux dernières années par deux innovations : d’un côté, la vogue de la blockchain, des NFTs, des métaverses de l’an dernier avec sa promesse de décentralisation et de l’autre côté, le wunderkind des dernières semaines : l’IA.
A la vue de cette vidéo des possibilités d’aide à la conception qu’Unreal Engine 5.2 permet de réaliser dans Fortnite, il n’est pas interdit de penser que les futurs mondes immersifs qu’on nous promettait pourraient trouver une réalisation grâce à l’intelligence artificielle.
Cependant, un autre projet pourrait voler la vedette: il est initié par le même Sam Altman, le patron d'OpenAI (voir l’interview dont nous parlions il y a quelque deux semaines) avec le projet “Worldcoin” : il est très vraisemblable que nos médias digitalisés (old, new et réseaux sociaux) vont dans les prochains mois être inondés de contenus nouveaux, avec un corollaire néfaste : la prolifération des deep fakes (infox).
Les effets de cette prolifération vont sans doute pousser à trouver de nouvelles façons de responsabiliser les émetteurs de contenus avec ou sans IA, par la loi ou par l’autorégulation.
Pour résoudre ce dilemme difficile de concilier la vie privée et ordre public, Sam Altman a le projet ambitieux de certifier l'identité numérique "décentralisé" de chacun1. Décentralisé étant ici employé pour indiquer qu’il ne nécessiterait pas la garantie d’un Etat, quelque soit sa forme, pour stocker les données anthropomorphiques et donc la garantie de l’identité numérique de l’utilisateur, avec le scan de son iris, partie de nos anatomies réputée très difficilement imitable.
Ce projet viendrait selon The Big Whale de boucler une levée de fonds de 100 M$ et a émis son propre token pour rémunérer les premiers participants au scan de leur iris.
Pour continuer d’avoir un avis nuancé sur ce nouveau projet, il convient aussi de rapporter que Worldcoin dans son exécution pose d’autres questions éthiques importantes : en particulier celui des populations de pays en voie de développement, utilisées comme cobaye pour tester les scans d’iris.
Contracyclique 📈 : la fréquentation des cinémas comme indicateur de la crise ?
⌛️ : 48 sec
Le box office américain serait revenu au niveau de 2019, d’avant la pandémie. Quartz y voit la corrélation surprenante entre crise économique et fréquentation des salles de cinéma aux États-Unis.
During the last eight recessions, box office sales increased six times over. The 2020 covid-19 induced recession was the outlier—movie theaters had to be empty to stop the spread of the airborne disease.
Loin de s'effondrer sous le poids d’une conjoncture économique difficile, le cinéma semble plutôt prospérer en ces temps incertains. Pourquoi donc le grand écran séduit-il autant alors que les Etats-Unis traversent des moments agités ?
Quelques premières explications :
le cinéma est évidemment un divertissement refuge : il permet de fuir un quotidien difficile;
le cinéma est un divertissement relativement abordable (environ 10$ par billet): en comparaison avec d'autres activités culturelles ou de loisirs, notamment les concerts de musique2, le cinéma est une option relativement économique;
L'industrie du cinéma elle-même s'est adaptée à la conjoncture en proposant des films liés au contexte. Les scénarios tendent à refléter les préoccupations du moment, abordant des thèmes tels que la solidarité, la résilience et l'espoir;
Enfin, le renouveau des salles de cinéma et les innovations technologiques (4DX, Dolby Surround) contribuent également à l'attrait d’une expérience renouvelée pour le Septième art.
Désenclavée ⛓️ : la crypto progresserait en France
⌛️ : 1 min 24 sec
Deux études sont venues apporter du baume au cœur des entrepreneurs Web3 cette semaine :
Les cryptos percent en France ?
La première étude provient de l’ADAN qui a missionné KPMG pour mettre en avant la pénétration croissante du Web3 en France (et ailleurs dans le monde) :
Près d’un français sur 10 possède des cryptos, et plus d’un quart pourrait en faire l’acquisition dans les années qui viennent. Cela représente une hausse notable de 20% par rapport à l’étude précédente.
D’autres statistiques tout aussi intéressantes viennent émailler le rapport :
la détention de crypto-monniaes: 53% via un wallet custodian, 36% par leur propre wallet et 11% utiliseraient les deux systèmes ;
les parts de marché des principales plates-formes d’acquisition : 39% pour Binance, 28% pour Coinbase, 20% pour Revolut et 13% pour Lydia;
Statut d’achat de crypto-monnaies et de NFT :
Les marques persistent à tester les NFTs?
La seconde vient d’un dossier recensant 315 marques qui ont lancé 526 projets dans le Web3 au cours des 12 derniers mois. McDonald's, Playboy, Adidas, Gap, Volkswagen Group et d'autres ont activement investi dans des projets Blockchain, NFT et Metaverse.
La plupart des sociétés mentionnées dans ce rapport de NFT Tech (une agence de conseil marketing) ne sont pas des nains : elles ont une capitalisation boursière supérieure à 1 Md$. La conclusion est plutôt optimiste : l'adoption massive des technologies Web3 serait peut-être plus proche que nous ne le pensons.
Plus de 20 000 demandes de brevet ont été déposées auprès de l’organisme américain en charge des brevets au cours des 12 derniers mois pour des technologies propriétaires NFT, Crypto ou Metaverse que les marques aimeraient utiliser pour se démarquer de leurs concurrents.
Ce rapport court comprend 37 pages de :
15 raisons pour lesquelles les marques utilisent Web3.
Calendrier trimestriel des initiatives des marques
Applications de marques
Des exemples de cas d'utilisation dans le monde réel
Plongées approfondies dans la mode et le sport
Liste de A à Z des marques présentes sur Web3
La décentralisation ne convenant pas à tout le monde, il est évident que toutes les marques citées ne vont nécessairement pas "réussir" dans le Web3. Des erreurs vont être commises, en particulier sur l’épineuse question de la cible prioritaire à laquelle s’adresser : cryptocool ou grand public?
D’un côté, on cible une proto-communauté existante (les chiffres même pour les plus grands projets restent relativement faibles en termes absolus), peut être avant gardiste, de l’autre, un marché profond mais dont l’adoption laisse encore à désirer. Tout le paradoxe bien connu du “crossing the chasm”.
Avides 🤑 : Free se lance à son tour dans l’AVOD
⌛️ : 1 min 22 sec
Free vient de lancer OQEE Ciné, un nouveau service d’AVOD destiné à ses abonnés Freebox TV (7,2m d’abonnés haut débit fin 2022), pour un accès gratuit à plus de 300 films et séries, le service vient on top de son service OQEE lancé en même temps que la box Pop en 2020, qui intégrait un service de TV à la Molotov : des chaînes en live et pour certaines leur service de replay;
Free avec OQEE Ciné complète donc l’offre en lançant son service d’AVOD (Advertising video on demand), disponible sans surcoût pour les abonnés Freebox ayant le service TV inclus.
Le service donne accès à plus de 300 films et séries en illimité, parmi les titres de catalogue (c’est tout le principe) : Limitless, Le chasseur de primes, Faster avec au moins une tête d’affiche et même blockbuster du fond des armoires : Rencontre du troisième type, Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne.
Pour l’instant, les premiers retours d’abonnés sont très positifs et pour cause, peu ou pas de publicités pour venir interrompre les longs métrages.
Les professionnels de la profession du cinéma avaient ferraillé pendant des années pour limiter les interruptions publicitaires dans les longs métrages diffusés sur les chaînes de TV, pour que finalement les diffuseurs obtiennent le droit d’insérer, rendez vous compte, une troisième coupure publicitaire dans les oeuvres.
L’histoire ne dit si cette digue a sauté en ce qui concerne les films à la demande intégralement financés par la pub.
Dans la même thématique, on apprenait dans les Echos qu’aux US, Netflix se dit très satisfait de son lancement publicitaire avec cette information notable : l’ARPU3 de l'abonnement réduit avec pub est supérieur à celui du pur abonnement (nécessairement limité au prix de cet abonnement).
Côté publicité, le spécialiste de la vidéo par abonnement se dit satisfait de son nouveau tarif réduit en contrepartie d'une exposition des abonnés à de la publicité. « Aux Etats-Unis, par exemple, notre tarif avec publicité a un revenu total par abonné plus grand que pour notre service de base », assure le groupe.
Ce qui ne va pas manquer de susciter encore plus d’envie pour l’AVOD ou les FAST.
Flashbackés 😇 : Angels in America parle de Sida à la Comédie Française
⌛️ : 50 sec
C’est une reprise, mais une reprise qui ne désemplit pas.
Arnaud Desplechin avait déjà adapté à la Comédie Française, Angels in America, ce presque grand classique de Tony Kushner (un grand dramaturge mais également scénariste prolifique, auteur des films de Munich, Lincoln, le remake de West Side Story de Spielberg et de son dernier film les Fabelmans).
Angels in America passe pour être désormais un classique, pièce démente de 7 heures en deux parties (le Millénaire approche / Perestroïka) qui raconte la désillusion des années 80, heurtées de plein fouet par l’apparition du Sida dans la société new yorkaise, entre Reaganisme, fin de la Guerre Froide (dont on a oublié la bouffée d’espoir qu’elle a fait naître en disparaissant) et premiers espoirs de la tri-thérapie (AZT) sur fond de désagrégation du milieu newyorkais, les anges et les fantômes du passé apparaissent épisodiquement dans cette période toute millénariste entre espoirs et perditions. La pièce fut également adaptée en série de 6 épsiodes sur HBO avec Al Pacino dans le rôle titre de l’avocat véreux Roy Cohn.
L’adaptation est ramenée ici à 3 heures avec un casting toujours virtuose, dans lequel Michel Vuillermoz (Roy Cohn) et Clément Hervieux-Léger (Prior Walter) sont bluffants par leur interprétation, mention spéciale pour Dominique Blanc qui multiplie les rôles dans cette pièce entre rabbin, général bolchévik, docteur, conseiller du Président et Ethel Rosenberg (l’espionne condamnée pour espionnage à la chaise électrique).
Représentation jusqu’au 14 mai :
c’est à dire sans qu’une autorité soit garante de cette certification avec les abus de contrôle qu’on peut facilement imaginer.
le JDD consacrait de même un article au phénomène de l’inflation des billets de concerts : https://www.lejdd.fr/culture/pourquoi-les-concerts-sont-si-chers-134968 ($)
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