Le Wrap Up de la semaine où le rapport Sauvé sur la pédophilie dans l'Eglise Catholique a été rendu publique (semaine du 4 octobre 2021)
5 bullet points : média, tech, NFT et une pointe de culture à la fin
Temps de lecture ⏳ : 6 min 39 sec.
Au sommaire cette semaine :
Chorégraphié 🕺 : Tiktok se lance dans les NFTs
Retransmis ⛹️♂️ : Unity change avec MetaCast la diffusion TV du sport
Cathodique 📺 : Sky lance son propre téléviseur
Locké 🔏 : comment faire d’un lecteur occasionnel un abonné fidèle ?
Brocardé 👿 : Facebook face au risque de démantèlement
Chorégraphié 🕺 : Tiktok se lance dans les NFTs
Temps de lecture ⏳ : 53 sec.
Après la plateforme Twitter qui met en place nombre d’initiatives dans la promotion de la crypto (possibilité de soutenir des twittos influents en BTC, authentification des comptes utilisateurs sur les places de marché NFT par le compte certifié Twitter), c’est au tour de TikTok d’emboiter le pas : la plateforme proposerait d’immortaliser certaines vidéos de leurs plus grands influenceurs-artistes sous forme de vente de NFTs.
Les premiers artistes pressentis pour essayer ce nouveau genre de NFTs sont Lil Nas X, l’ancienne petite amie d’Elon Musk, Grimes, Bella Poarch, Rudy Willingham ou encore l’influenceur marketing Gary Vaynerchuk.
Les raisons évoquées par TikTok sont le soutien des créateurs et leur faciliter la monétisation de leur communauté :
Inspired by the creativity and innovation of the TikTok creator community, TikTok is exploring the world of NFTs as a new creator empowerment tool. NFTs are a new way for creators to be recognized and rewarded for their content and for fans to own culturally-significant moments on TikTok.
La promesse pour les fans est clair : “own a moment that broke the internet”.
TikTok propose ainsi un site dédié pour les 6 premiers NFTs exécutés en collaboration avec des artistes plus connus pour leurs créations de crypto-art.
Reste à voir si cette initiative permettra de faire venir de nouveaux utilisateurs aux NFTs ou si cela n’intéressera que les personnes déjà très impliquées sur le sujet.
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Retransmis ⛹️♂️ : Unity change avec MetaCast la diffusion en TV du sport
Temps de lecture ⏳ : 60 sec.
On connaissait déjà les analyses tactiques au foot, où les commentateurs pouvaient décomposer en quelques secondes une phase de jeu et montrer sous différents angles le placement et les ouvertures d’une attaque.
Unity dont le game engine révolutionnait déjà les jeux vidéos et les séries (par exemple The Mandolorian avec les concurrents de Unreal Engine), vient d’annonceur le lancement de MetaCast, une génération en 3D et en temps réel des rencontres sportives, avec des niveaux de résolution très convaincants (près de 5 millions de voxels1 par seconde). Un premier test a été conduit avec les combats de l’UFC et le réalisme est assez bluffant :
La captation volumétrique se fait en collaboration avec Microsoft ou Canon mais Unity est vraiment le maître d’oeuvre du traitement, du rendering 3D et de la distribution sur plus de 20 devices différents des rencontres sportives (des versions test existent au rugby et au basketball).
Cette technologie temps réel est évidemment d’abord un avantage pour les consommateurs vidéos, qui bénéficient désormais de la mythique volonté démiurgique de jouer au réalisateur avec une possibilité de points de vue infinis (les traits du visage donnent encore plus de réalisme à ces vidéos), c’est une aubaine également pour les coachs qui peuvent atteindre un degré de précisions dans leur analyse post match.
Une question non traitée est la propriété des droits: ici les choses se font en bonne intelligence avec les organisateurs des compétitions, mais demain qui empêchera à partir de la captation volumétrique de retransmettre les rencontres sportives sans en avoir acheté les droits ?
Cathodique 📺 : Sky lance son propre téléviseur
Temps de lecture ⏳ : 1 minute 22 sec.
Finalement, c’est Sky qui aura le premier dégainé : on attendait Apple, Free a pendant quelques temps caressé l’idée de produire son propre écran de TV pour intégrer dans un produit unique la TV et l’abonnement aux contenus.
Longtemps les “cablo-opérateurs” ont amélioré leur marge en louant aux abonnés les décodeurs qui permettaient de recevoir les programmes, mais ils s’étaient arrêtés aux seules Set-Top Boxes. Sans doute, les départements stratégie des groupes médias ou telco estimaient ne pas apporter suffisamment de “facteurs différenciants” pour justifier un bundle hard et software.
Sky avait tôt fait le premier le pari de remonter la chaîne de valeur en faisant l’acquisition d’un fournisseur d’accès internet (en 2005, le petit opérateur EasyNet pour 211 m£), ce FAI est aujourd’hui le 3ème du marché avec 17% de pdm.
Sky, désormais propriété de l’américain Comcast, va plus loin et propose à partir d’octobre au UK, son propre téléviseur. Le Sky Glass sera doté d’un écran Quantum Dot 4 K Ultra HD, technologie capable de produire plus d’un milliard de couleurs, et embarquera six hautparleurs et un caisson de basse intégrés, permettant de générer un son audio Dolby Atmos.
Un des autres éléments mis en avant par ce lancement est le fait de donner la primauté à la diffusion par IP et d’intégrer la box dans le téléviseur, tout cela avec un seul fil à brancher. La fusion attendue de la TV et d’internet se produit un peu plus à travers ce produit hybride. Finie la parabole qui était la fierté et le signe distinctif de Sky.
Cette annonce montre aussi la volonté de Sky d’aller plus loin dans l’expérience utilisateur et la collecte des données2. Le pouvoir de prescription de Sky et de sa marque pourront sans doute lui permettre de mettre un pied sur ce marché qu’on nous dit déclinant mais qui persiste à se renouveler en Europe Occidentale (en France, ce sont, Covid oblige, près de 5M de postes vendus en 2020).
Julien Boyreau faisait remarquer qu’il manque quelques add-ons de l’expérience TV : la caméra vidéo aurait permis de faire du téléviseur, un vrai outil communiquant (Sky avait déjà son propre assistant vocal avec l’intégration de la fonctionnalité de commande vocale).
Locké 🔏 : comment faire d’un lecteur occasionnel un abonné fidèle ?
Temps de lecture ⏳ : 1 minute 17 sec.
Il est désormais entendu que, compte tenu de la captation de revenus publicitaires par les plates-formes qui détiennent les données sur les utilisateurs, le véritable enjeu de survie de la presse passera par la capacité de faire progresser les abonnements (près de 58% de progression d’abonnements pour les éditeurs sondés entre 2020 et 2019).
C’est un autre fait établi que pointe l’International News Media Association : la majorité des abonnés seront des lecteurs qui picorent (light readers).
Retaining light readers — “casual, infrequent, and picky consumers of news” — are key to a viable subscription business.
Cependant là où le bât blesse : les lecteurs occasionnels ne suivront pas des schémas de consommation connus par les marketers qui sont plutôt à ranger dans la catégorie des gros lecteurs.
Alors qu’une partie du temps des équipes des titres de presse est substantiellement passée sur la conquête, le nerf de la guerre se joue autour de la rétention des “lecteurs épisodiques” dont les attentes sont différentes : 45% des abonnements du NYT de l’année viendraient des mots croisés et des recettes de cuisine…
L’INMA formule quelques recommandations clés pour viser ce public clé :
Fabriquer du contenu pour les lecteurs légers / les late adopters : ce contenu pourra également satisfaire les gros lecteurs, alors que l’inverse est sans doute faux.
Privilégier les abonnements longs pour rentrer dans les usages courants des utilisateurs : près de 42% des abonnés ne se connectent pas tous les mois, ces abonnés “zombies” doivent être surveillés comme le lait sur le feu, car c’est de là que vient la rentabilité future du titre. L’onboarding des nouveaux abonnés (leur indiquer tout ce à quoi ils ont droit) et des politiques de test découverte longs afin de créer une habitude sont deux leviers efficaces.
Oublier le funnel de conversion, il faut désormais penser boucles d’engagement : c’est par des actions marketing complexes et répétées que la conversion opérera. Des technologies notamment sur mobile se font de plus en plus fines pour adopter un pricing dynamique en fonction du parcours utilisateurs.
Brocardé 👿 : Facebook face au risque de démantèlement
Temps de lecture ⏳ : 1 minute 22 sec.
Mauvaise période pour Facebook qui voit s’amonceler les mauvaises nouvelles et les déconvenues dans les médias.
D’une part, le réseau social leader subit les avanies techniques de son infrastructure conduisant à un blackout de ses réseaux pendant plusieurs heures (des plaisantins se sont amusés à dire que c’était pour empêcher de nouvelles révélations désagréables de sortir…).
D’autre part, le réseau social est sous le feu des critiques : du Wall Street Journal qui a mis au jour les dérogations aux règles de Facebook auxquelles avaient droit près de 6 millions de personnes, au témoignage de la sonneuse d’alerte, Frances Haugen, qui livre à quel point la nocivité que provoquent les différentes apps de Facebook, et d’instagram particulièrement, est connue des équipes mais qui n’ont pas pris suffisamment d’actions énergiques pour la corriger.
Frédéric Filloux sur son blog dresse un constat accablant et arrive à la conclusion que le groupe dirigé par Mark Zuckerberg ne parviendra à se réformer de lui-même, et que la coercition vigoureuse des pouvoirs publics est nécessaire (“Facebook devrait être euthanasié?”)
En cause plus fondamentalement : le fait que Facebook :
à travers son machine learning, se repaît des vices de nos comportements humains;
que le management a montré sa défaillance;
à travers le board, a manqué de contrôler sa propre action (notamment en raison des droits de vote spéciaux que Zuckerberg s’est attribué);
et ultimement l’insolente rentabilité de la société (43% de rentabilité opérationnelle ce dernier trimestre).
Il esquisse deux remèdes :
la transparence : le professeur de droit à Stanford, Nate Perslily, est même allé jusqu’à proposer un projet de loi pour la divulgation des données personnelles agrégées, tant il considère que Facebook a une des plus fines compréhensions des comportements de nos sociétés contemporaines ;
Réduire la monétisation de l’engagement (sans pour autant réduire la monétisation de l’audience, nuance) : pour y parvenir, et à plus long terme, il faudra dépassionner les débats sur Facebook en restreignant nombre de fonctionnalités qui les encouragents (taille du nombre de participants aux groupes Facebook, primauté donnée au commentaire polémique, …)
Mais il conclut, néanmoins son billet, par un fort scepticisme vu le faible niveau de compréhension de nos gouvernants sur ces questions cruciales de civilisation .
En bonus et en rapport (mais pas exclusivement) avec l’intitulé de ce Wrap Up au sujet de la faillite morale de l’institution, je vous conseille l’écoute du toujours instructif Répliques d’Alain Finkielkraut sur l’avenir du Catholicisme en France : comment une religion qui occupait une place prédominante dans notre paysage culturel et politique (93% des enfants nés dans les années 60 étaient baptisés dans les 3 mois suivant leur naissance) a pu décliner au point de devenir culturellement insignifiante (30% de baptisés dans les 7 premières années de leur vie, sans évoquer le taux de Français pratiquant, aux environs de 7% de la population).
mot valise reprenant : volume et élément, qui est à la 3D ce que le pixel est à la 2D.
A titre de comparaison, en France, près de 20% du temps de TV allumée (49 minutes par jour) n’est pas consacré à la TV : Jeux vidéo, VoD/SVoD, DVD, guide des programmes, plateformes vidéos, films et photos personnels, applications Smart TV… D’où l’intérêt pour un broker de datas de suivre au plus près les usages du “téléviseur”.