Le Wrap Up de la semaine où la France a remporté la médaille d'or des sports collectifs (semaine du 2 août 2021)
Quelques bullet points média, tech avec une pointe de culture
Chers lecteurs, pendant la traditionnelle pause estivale le Wrap Up continue, mais de façon allégée. En vacances, on décroche et on flâne. Vous trouverez pour les 4 prochaines semaines deux (ou trois) articles par semaine, histoire de ne pas perdre totalement le contact.
Au sommaire de ce Wrap Up light :
Eventé 🌬️ : Netflix en perte de vitesse ?
Terrassé 🌍 : un astrophysicien recadre Musk sur la “terraformation” de la planète Mars
Croqué 🎩 : Saki caricature la gentry britannique
Eventé 🌬️ : Netflix en perte de vitesse? (et ça n’est pas grave)
Un journaliste de Wired, Kate Knibbs, s’est levé un matin et a décidé d’écrire un article “contrarian”1 contre Netflix. L’article s’échine à souligner à quel point Netflix qui est si dominant dans le streaming vidéo pourrait perdre de sa superbe, notamment la perte de son statut de marque iconique, au profit de ses concurrents qui montrent les muscles en termes de fraîcheur et de “coolitude” des formats proposés.
Sa thèse est simple : Netflix se fait attaquer :
sur le front du premium par HBO Max, Disney+ et Apple+ : ils peuvent et doivent faire montre de plus d’ambitions éditoriales pour se distinguer de l’écrasant leader;
et sur la longue traîne, des concurrents gratuits financés par la pub (AVOD) permettant de consommer du contenu de relative qualité sans abonnement.
Les dernières productions des concurrents de Netflix n’auraient désormais plus rien à lui envier et des critiques les ont même jugées supérieures; sans parler d’Amazon qui rachète la MGM pour alimenter ses tuyaux à contenus, alors que Netflix resterait un streamer avant d’être un producteur.
After years secure in its position as the “it” streaming service, Netflix has, at least temporarily, lost the quality-control crown to HBO Max… But it also might be so big it doesn’t need the zeitgeist, anyways.
Cependant les Cassandre veulent bien admettre que la comparaison ne vaut que pour les Etats-Unis où sa part de marché vient d’afficher pour la première depuis longtemps, une baisse, car à l’international, le gérant de Los Gatos continue d’être sans rival aucun…
So What ?
La journaliste fait surtout reposer son avis sur sa consommation personnelle de la plateforme, alors qu’on a déjà souligné à quel point Netflix n’avait pas besoin comme un broadcaster, de poursuivre, pour satisfaire ses annonceurs, une stratégie du plus petit dénominateur commun. La firme peut se payer le luxe de poursuivre des grosses niches grâce à :
la puissance de sa data ;
la profondeur de son catalogue propre;
L’enjeu numéro 1 étant pour un système d’abonnement, de donner au consommateur l’impression d’avoir le plus grand catalogue capable de potentiellement le satisfaire pour le garder abonné le plus longtemps possible (antichurn).
Terrassé 🌍 : un astrophysicien recadre Musk sur la possible “terraformation” de la planète Mars
L’astrophysicien Louis d’Hendecourt, directeur de recherche émérite au CNRS, a publié cette semaine une tribune dans le Monde ($) pour s’attaquer aux ambitions affichées par Elon Musk pour SpaceX de “coloniser la planète Mars”, qualifié de “Don Quichotte d’un nihilisme planétaire, adulé par l’ignorance et la crédulité d’une société en totale déconnexion avec la réalité scientifique.”
Au-delà de l’aspect passablement énervé par la hype entourant le serial entrepreneur à succès (avec rappelons-le : Paypal, Tesla, SpaceX), le scientifique s’attache à ramener sur terre, quelques idées reçues qui rendent totalement fantaisiste la possibilité de vivre sur Mars :
La colonisation de Mars prônée par Musk suppose que la planète soit habitable de manière durable pour nous, êtres humains, et ceci bien évidemment grâce à la présence d’un environnement souvent surnommé la biosphère, un nom particulièrement signifiant et qui ne s’applique en ce moment qu’à une seule planète, la nôtre.
Pas d’eau : les quelques traces de glace ne viennent pas compenser le fait que l’eau en est partie dans sa grande majorité il y a 3,3 milliards d’années;
Pas d’atmosphère : “avec sa faible gravité, Mars est tout simplement incapable de retenir une atmosphère”, Mars est désormais une planète morte (si ce terme signifie quelque chose);
Pas de possibilité d’y développer des cultures vivrières, la planète est essentiellement basaltique et ne connaît pas trop de terres arables;
Pas de champ magnétique, protecteur d’un rayonnement cosmique féroce ;
Des températures qui feraient prendre le sommet de l’Everest pour un sauna tropical ;
Sans tectonique des plaques contrôlant le cycle du dioxyde de carbone sur Terre.
Le réquisitoire paraît assez fondé, on aurait aimé connaître un peu mieux les arguments du patron de SpaceX pour continuer de poursuivre ce rêve extra-terrestre, arguant notamment de la nécessaire migration de l’humanité pour survivre à la crise climatique, sur laquelle le chercheur souhaiterait que l’attention soit portée en termes de défi scientifique plutôt que sur les élucubrations de notre “Tony Stark” contemporain.
En complément de cette tribune, si vous vous intéressez aux questions spatiales, il faut lire la série de Frédéric Filloux sur ces sujets sur son blog Monday Note dont la dernière édition crédite largement la culture de l’expérimentation d’Elon Musk pour réaliser des améliorations déterminantes dans le domaine de l’exploration spatiale.
Croqué 🎩 : Saki caricature la gentry britannique
Saki est le nom de plume d’un écrivain anglais peu connu, Hector Hugh Munro, né en Birmanie (britannique) qui après une enfance malheureuse sous la férule d’une éducation puritaine, écrivit des nouvelles, pleines d’esprit et de mordant contre la société édouardienne (1901-1910) de son époque.
Il en résulte un recueil (réédition récente) qui vous rappelle cette évidence que la littérature peut aussi être pleine d’humour et de méchante finesse, sans mauvaises intentions.
Il mourut à 43 ans après s’être engagé, bien que trop âgé pour être conscrit, pendant la Première Guerre Mondiale et mourut sur le champ de bataille en France. Ses derniers mots auraient été : “Eteignez moi cette foutue cigarette.” Quelle ironie.
la traduction littérale, contrariant, ne rend pas totalement compte de ce terme anglo-saxon qui souligne aussi la capacité à aller à l’encontre du courant dominant de pensée.