Le Wrap Up de la semaine où Jeff Bezos nous a quittés - provisoirement (semaine du 19/07/2021)
5 bullet points sur l'actualité médias, tech, société avec une pointe de culture
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Temps de lecture total : 9 min 27 sec
Est-ce que l’ouverture (que j’ai loupée) des Jeux Olympiques de Tokyo qui donne au Wrap ce tropisme ludique ? Est-ce l’approche des vacances qui nous donne envie de tout voir au prisme du jeu ? toujours est-il que votre newsletter est, cette semaine, très orienté sur le gaming.
Au sommaire cette semaine, donc :
Spaculée 🤑 : floraison de SPACs dans les médias
Mobilisé📱 : le jeu vidéo est pour moitié sur petit écran
Illimitée 🔄 : la folie du jeu Axie Infinity, le jeu NFT
Insurgé 😡 : le Directeur du Point se paye Google
Empilées 📚 : quelques lecture d’été
Spaculée 🤑 : floraison de SPACs dans les médias
⏳Temps de lecture : 2 min 5 sec
La semaine passée, Les Echos titrait sur la levée d’un nouveau SPAC à la Bourse de Paris, baptisé I2PO, soutenu par la famille Pinault (qui après son investissement dans Brut connaît un retour de flamme pour les médias), une ex-dirigeante de WarnerMedia, Iris Knobloch qui en prend la direction et Matthieu Pigasse s'associent pour créer I2PO.
Avec 250 M€ de levée, l’objectif est clairement affiché : trouver des cibles dans les secteurs des médias et du divertissement, des cibles a priori sous-valorisées ou peu liquides, qu’un SPAC, simple véhicule d’investissement, reprendra avec de la dette. Les cibles sont pour I2PO comprises entre 500 M€ et 2Md€ et seront de facto cotées.
Le marché européen est encore très fragmenté dans le divertissement. I2PO veut se positionner en leader capable de valoriser certains « trésors extraordinaires » de la création culturelle qui souvent ne dépassent pas encore les frontières d'un pays et devenir un « one stop shop » pour les plateformes américaines.
Précurseur, Mediawan avait débuté son parcours sous la forme d’un SPAC (avec l’apport, déjà, de Matthieu Pigasse, Pierre-Antoine Capton et de Xavier Niel) avant d’être retiré de la cote après le rachat d’AB, et a poursuivi une stratégie de build-up1 très centrée sur les sociétés de production.
Les SPAC en Europe sont encore balbutiants, alors que c’est depuis deux ans une frénésie de levées de fonds aux Etats-Unis, atteignant la capitalisation totale de 174 Md$ levées2 pour 550 véhicules d’investissement. Ces sociétés doivent néanmoins rendre l’argent au bout de 2 ans si elles ne trouvent pas de cibles.
La difficulté réside dans les cibles disponibles. En France, les groupes NRJ ou (jusqu’à une date récente) Lagardère étaient cités comme cibles potentielles. Cependant, le rôle des pouvoirs publics et de la réglementation ajoutent d’importantes difficultés.
Universal Music, à l’occasion de sa mise en vente par Vivendi devait permettre à un SPAC de rentrée au capital à hauteur de 10%, finalement, c’est le milliardaire à l’origine de ce SPAC, qui investira en direct, le conseil d’administration ayant refusé la proie.
De l’autre côté de l’Atlantique, les SPACs spécifiquement média se sont multipliés souvent emmenés par une personnalité. Parmi les cibles, Vice Media a failli être racheté dans ce cadre-là et Buzzfeed a confirmé fin juin vouloir suivre cette route avec un SPAC nommé 890 Fifth Avenue Partners. BuzzFeed a prévu de faire par la même occasion l’acquisition de Complex, un social média couvrant le divertissement et organisant des événements.
Un des concurrents de Buzzfeed, Group Nine, avait pris (nous en parlions ici) de lui-même, l’initiative de lever des fonds pour s’acquérir lui-même à travers un SPAC et en motivant cette action par la quête de cibles de croissance externe que la levée allait permettre.
Encore avant hier, l’ancien patron de CBS, Joe Iannello, annonçait lancer son propre SPAC à 300 M$. A croire que si, à Manhattan, à 50 ans, on n’a pas lancé son SPAC, on a raté sa vie…
Pour en savoir plus sur les SPACs : le podcast La Story fait bien le tour de la question.
Mobilisé📱 : le jeu vidéo est pour moitié sur petit écran
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Temps de lecture : 58 sec
Les Echos sous la plume de Nicolas Richaud sont revenus cette semaine sur l’accélération des éditeurs de jeu sur le mobile, en particulier à travers de nombreuses acquisitions d’éditeurs.
C’est Electronic Arts qui mène la danse avec les rachats successifs de Playdemic (1,4Md$) et d’un peu avant, de Glu (2,2 Md$). Ces rachats viennent souligner l’accélération de cette branche du jeu vidéo : désormais avec plus de 90 Md$ de revenus pour 2020 (d’après NewZoo), la seule qui perpétuera cette croissance en 2021 après une année 2020 record sur tous les fronts, le jeu mobile ne laisse pas indifférent les big 4 (Electronics Arts, Ubisoft, Activision et Blizzard) qui ne sont pas nécessairement rompu au modèle économique dominant : le free to p(l)ay.
Il faut dire que sur consoles et PCs , les revenus viennent encore en grande partie de la vente du jeu (vendus entre 60 et 80 € le jeu), même si les biens virtuels y sont de plus en plus présents. L’envie de profiter de la dynamique du marché asiatique et le succès de Call of Duty Mobile (500 M de téléchargements, 1 Md€ de revenus!) ont achevé de les convaincre. Le phénomène Pokemon Go a généré de son côté près de 5 Md$ depuis son lancement, dont 2020 année record avec 1,2 Md$ en raison de la remarquable vitesse d’adaptation de Niantic de son gameplay au confinement.
Illimité : la folie du jeu Axie Infinity, le jeu NFT
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Temps de lecture : 3 min 13 sec
Ils sont actuellement environ 600 000 joueurs (dont 60% de Philippins). Le processus d’inscription est d’une complexité à rebuter le plus motivé des gamers.
Pour commencer à jouer et à “entraîner votre Axie”, il vous faudra ensuite acheter un “Axie” dont le prix le plus faible est de 293 euros3… et pourtant : il s’inscrit un nouveau joueur toutes les 5 secondes …
En avril, la plateforme de jeu, Axie Infinity, puisque c’est d’elle dont il s’agit, affichait un revenu de 670 K$, en juillet nous en sommes à 120 M$ (cent vingt millions) et ça n’est pas fini !
Ca n’est pas la plus forte croissance jamais vue pour un jeu (Fortnite, Honor of Kings ou encore Pokemon Go ont marqué les annales), pourtant les perspectives économiques font tourner les têtes : le CA pourrait atteindre le milliard dès cette année, alors que la plateforme ne prend qu’une petite commission de 4,25% pour tout achat réalisé sur sa place de marché ou sur la conversion ETH - AXS.
L’originalité provient du fait que la plateforme a dès le début décidé d’asseoir l’économie du jeu sur la liquidité des avatars, à travers les NFTs. La monnaie AXS reposant sur la blockchain permet d’acheter, de revendre les avatars, les attributs de combat et aussi ce que les développeurs imaginent et qui contribuent à enrichir l’écosystème (achat de terrains, commissions sur l’achat / revente d’avatars qui permettent de générer de nouveaux avatars, à élever et à mettre dans le jeu4).
La redistribution aux joueurs est très forte, au point que certains Vietnamiens et Philippins ont décidé de quitter leur emploi pour se mettre à plein temps à Axie Infinity5.
Packy McCormick a écrit un article extrêmement complet sur le sujet du Play To Earn, il y souligne à quel point Axie rabat les cartes du gaming :
Axie operates an entirely new kind of model -- Play-to-Earn -- enabled by the blockchain. Unlike a traditional Free-to-Play model, in which developers sell to players, or a Roblox-like model, in which the developer intermediates transactions, Axie Infinity is player-to-player.
Play-to-Earn is a new model that “rewards players for the time and effort they spend both playing the game and growing the ecosystem.”
Axie has a 100% player-owned, real money economy. Rather than selling game items or copies, the developers of the game focus on growing the player to player economy and take small fees to monetize. Axies are created by players using in-game resources (SLP & AXS) and sold to new/other players. The holders of the AXS token are the government that receives tax revenues. Game resources and items are tokenized, meaning they can be sold to anyone, anywhere on open peer-to-peer markets.
Unlike traditional models, in Axie’s Play-to-Earn model, 95% of the revenue goes to the players.
Le Covid a bien sûr provoqué une forte accélération du nombre de joueurs, et aussi de personnes tentées d’y trouver des revenus de complément, voir sur ce sujet, le documentaire sur Youtube qui montre la puissance du phénomène dans une ville des Philippines :
Let’s pause. This is wild. The proceeds from NFT auctions are going to scholarships to support people in developing countries who want to earn a living by playing a Free-to-Earn, NFT-based game in the Metaverse. If I had written that sentence eighteen months ago, you would have looked at me like I was crazy.
Là où cela devient encore plus fou, c’est lorsque Sky Mavis, l’organisation derrière Axie Infinity a décidé en juin 2020, de créer sa propre “chaîne latérale”6 sur la blockchain Ethereum : le Ronin. Le succès a été au rdv avec le développement du jeu, actuellement Axie a généré le plus de revenus parmi les applications qui fonctionnent sur la blockchain.
Axie Infinity pour la première fois permet à travers son jeu, de convertir des milliers de personnes non initiées tous les jours au fonctionnement de la blockchain, et pourrait se construire rapidement une machine pour peser dans la cryptoéconomie.
Packy McCormick extrapole en fin de son article, les possibles extensions d’abord, sur le contenu : comme tout jeu surpuissant, il est probable qu’il soit rapidement adapté en série ou en film par un Netflix ou un studio US; Ensuite, il semble que les développeurs soient déjà dépassés par les demandes des joueurs et consentent à faire évoluer le jeu vers une plateforme ouverte à de nouvelles formes de jeux, comme Roblox a déjà pu le faire, simplement la commission est bien moindre (4,25%);
Si vous avez un peu de temps, je vous encourage fortement à lire le long et riche article Not So Boring sur ce phénomène :
Disclaimer : je n’ai pas acheté (encore) d’AXS.
Insurgé 😡 : le Directeur du Point se paye Google
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Temps de lecture : 54 sec
Un homme s’est levé : Etienne GERNELLE, directeur du Point, a écrit une belle tribune sur Google et ses comportements monopolistiques, sans complaisance, avec beaucoup de pédagogie et même une pointe de courage quand on mesure à quel point la Presse est devenue dépendante du moteur de recherche (pour son audience digitale, pour ses revenus publicitaires et prochainement avec “Subscribe with Google” pour ses abonnements numériques).
Il y décrit les réunions ubuesques qu’il a eues avec les représentants de Google en France et à l’étranger, quand ces derniers tentent d’offrir sous forme de nouveaux services ce que la chose jugée d’un procès auprès du Conseil de la Concurrence impose à Google de négocier de bonne foi.
Gernelle se place sous l’égide des politiques anti-concurrence dans ce qu’elles ont de plus beaux, les principes de saine et juste concurrence :
Les monopoles « sont incompatibles avec notre forme de gouvernement », disait le sénateur Sherman, à l'origine de la célèbre loi antitrust américaine de 1890, celle qui a mené notamment au démembrement de la Standard Oil en 1914. « Si nous n'acceptons pas qu'un roi gouverne notre pays, nous ne devrions pas accepter qu'un roi gouverne notre production, nos transports ou la vente d'aucun bien de première nécessité », précisait Sherman.
Must read comme on dit à Mountain View.
Empilées 📚 : quelques lectures d’été
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Temps de lecture : 1 min 38 sec
Ah ! le moment délicieux de faire sa valise et de piocher dans sa pile de livres pour en emmener « juste » quelques uns en vacances… N’apprend-on jamais ?
Je partage avec vous les centaines de pages qui vont m’accompagner cet été sur les routes. Je ne saurais vous les conseiller car je me garde de recommander ce que je n’ai pas encore lu (au contraire de Pierre Bayard), mais voici un rapide aperçu en guise d’inspiration.
On y trouve :
L’autobiographie de Phil Knight, le fondateur de Nike (FR), seul livre business;
Peu de livres récents, à l’exception d’Hedi Kaddour, l’auteur du mémorable Waltenberg qui nous transporte ici dans la Rome Impériale du règne finissant de Domitien ;
J’aime bien les liens invisibles entre les livres : à la suite de la lecture du Colibri de Sandro Veronasi cet hiver, j’ai eu envie de lire Docteur Jivago dont il est question dans le roman ;
Laurent Binet m’avait beaucoup plu avec son Hhhh sur Himmler, je double avec cette uchronie : Civilisations. Que se serait-il passé si les Indiens d’Amérique avaient eu la poudre avant les Européens et nous avaient alors colonisé, plutôt que l’inverse… ;
Année De Gaulle en 2020 et Napoléon en 2021 obligent, le Patrice Gueniffey compare les similitudes et dissemblances de ces deux Grands Hommes ;
A défaut de lire Vie et Destin (1200 pages), je partirais avec ce petit opuscule de Vassili Grossman;
Et vous ? à quoi ressemble votre pile de vacances ?
fait d’agréger des entreprises aux métiers proches, afin de générer des synergies de revenus ou de coûts importants, justifiant les primes payées sur le prix d’acquisition des sociétés.
la valorisation de ces SPACs aux US a quasiment fondu de moitié.
Aux Philippines, des universités d’Axie se sont montées avec des bourses où des joueurs prêtent leur Axie à des étudiants pour qu’ils les développent et avec le gain réalisé puissent s’acheter leur propre Axie
avec une limite cependant : un Axie ne peut se reproduire que 7 fois et nécessite un nombre croissant de potions (SLP) pour y parvenir.
ils auraient ainsi quadruplé leurs revenus quotidiens par rapport à leur ancien emploi.
side chain