Le Wrap Up de la semaine du coup d'Etat au Gabon (semaine du 26 août 2023)
🛍️ : Amazon à Hollywood -💡 : le retour des Comptoirs IA - 👹 : l’alarme démocratique - 🤖 : la PI en question avec l’IA - 🐼 Monumental Ron Mueck à la Fondation Cartier
C’est la rentrée, bienvenu à tous les nouveaux lecteurs et à ceux qui ont fait une pause estivale, le Wrap Up reprend sa version originale.
Au sommaire de ce Wrap Up de rentrée :
⌛️ : Temps de lecture : 8 min 49 sec
Télé-achat 🛍️ : Amazon à Hollywood
⌛️ : 2 min 07 sec
Grève des scénaristes et des acteurs obligent, il est vraisemblable que nous allions voir dans les prochaines semaines, les effets de cette “interruption des programmes” frais.
Cependant, The Economist observe Amazon qui, tel un vilain dans James Bond1, devrait s’en sortir mieux que ses camarades et pour cause : son business de streaming Prime Vidéo est en plein boom.
En effet, bien que les créations originales d'Amazon reçoivent un accueil assez mitigé (sa dernière série "Citadel" à 300 M$ n’est pas rentrée dans le top10 du streaming), l'entreprise a développé un modèle économique qui repose sur plusieurs revenus : Amazon combine e-commerce, publicité et data pour transformer sa plateforme de streaming en un business à forte marge.
La publicité
Its ad revenue this year will be around $45bn, making up about 7.5% of worldwide digital advertising, estimates Insider Intelligence, a research company. It is already more than a third the size of Meta’s ad business, and growing fast. But whereas Google and Meta both have healthy video-advertising operations (through YouTube and Reels, respectively), Amazon’s inventory mainly consists of sponsored search results on its e-commerce site.
Ainsi, Amazon est un géant publicitaire mais n’a pas encore mis le poids du corps sur la publicité vidéo, graal économique. Or le géant de Seattle est assis sur de l’or en barre : la data consommateurs.
Avec ses données eCommerce (et magasins dans une moindre mesure avec Whole Foods), The Economist pense que le géant peut livrer aux annonceurs de la pub vidéo efficace et pourrait même faire croître au global le marché de la pub vidéo :
Advertisements on internet-connected television make up about a third of tv ad spending in America. As that share rises, a “pot of gold” awaits sellers of digital advertising, says a former Amazon executive. What’s more, points out Mr Lipsman, “When you introduce data, it transforms markets.” tv ads are reckoned to be among the most effective, but their impact is hard to measure.
As advertisers gain the ability to see how customers respond to their commercials, the TV advertising market, which is currently worth about $90bn a year in America, stands to grow, with the lion’s share of new business going to the companies that offer the best measurement.
La distribution
Sur Prime Video, Amazon ne fait qu’exposer ses créations d'Amazon, mais surtout distribue celles des tiers. L'entreprise prend ainsi une commission (entre 20% et 50% du revenu généré) à chaque abonnement secondaire ou vente TVOD, il réplique l’équivalent de son modèle de marketplace en eCommerce sur Amazon.com où les vendeurs tiers représentent les deux tiers des ventes, dans un schéma très rentable.
Le rebond
Enfin, la galaxie vidéo d’Amazon est plus étendue qu’on ne pourrait le penser :
Prime Video ($8.99 a month, or free as part of Amazon’s broader Prime membership), attracts some 156m monthly viewers worldwide—about as many as Disney+ and second only to Netflix.
Freevee, its free streaming service with ads, has another 40m or so.
Twitch, a live-streaming site it acquired in 2014, attracts around 35m visitors a day, mainly to watch video-gaming content.
Fire tv, Amazon’s range of internet-connected tv sets and streaming sticks, outsells every brand bar Samsung, with nearly 100m devices in use worldwide, according to TechInsights.
Et le but semble bien de faire venir et d’engager le consommateur potentiel dans l’écosystème Amazon. Donc peu importe le flacon pourvu qu’on est l’ivresse du consommateur : bien que sa part d’abonnés soit équivalente à celle de Disney+ (9% de pdm), les consommateurs Prime (et sans doute les autres) y passent plus de temps (70% de plus que Disney+ et même deux fois que sur Max (HBO et Warner)).
Cela résume bien la dualité d'Amazon dans le monde du streaming : ses émissions peuvent ne pas briller par leur qualité (Amazon sera le 2nd investisseur en programmes cette année derrière Netflix), mais son modèle économique est ren-ta-ble. À terme, ce sont peut-être ces choix stratégiques qui feront d'Amazon le grand gagnant des streaming wars.
PUB : Avec la rentrée, sonnent le retour des conférences que j’ai le plaisir d’animer avec Eric Lentulo du groupe Médias de l’ESCP (avec nos amis d’HEC et de l’ESSEC) :
🎙️ le 12 septembre prochain, c’est dans l’enceinte de la Maison de la Radio, que nos développerons le thème : L’audio à l’ère du podcast, de l’audiobook et de l’IA !
🍸S’il n’y avait qu’une raison de venir c’est de pouvoir participer au cocktail qui aura lieu dans l’un des plus beaux points de vue sur Paris : le dernier étage de la tour de Radio France.
Au délà de la plaisanterie, pour discuter du sujet, 3 invités on ne peut plus pointus :
🌟 Lorenzo Benedetti, CEO de Paradiso Media, studio de podcasts spécialisés (fiction, docu et jeunesse)
🌟 Constance Parpoil, Editorial Lead Europe chez Storytel, un des leaders européens de l'audiobook
🌟 Erwann Gaucher, Adjoint à la direction des antennes et de la strat éditoriale de Radio France
Édifiant 💡: le retour des Comptoirs IA
⌛️ : 1 min 10 sec
Mercredi dernier, j'ai eu la chance d'assister à la rentrée de Comptoir IA, événement organisé par Nicolas Guyon. Le lieu était un véritable melting pot de passionnés, du néophyte à l'expert chevronné.
Voici les points saillants de la soirée :
1️⃣ Actualités de l'IA
📸 L’IA a généré plus de 15 milliards de photos générées depuis l'année dernière, égalant 150 ans de production photographique !
Une belle cartographie de l'IA française produite par Résonance (VC) entre couches applicatives, d'infrastructure et fondamentales (Mistral, Poolside, ...) montre que la France n’est pas en reste dans la course mondiale :
2️⃣ Comment Lancer un Avatar de Marque en 15 Jours ?
Gilles Guerraz, créatif et patron d’une agence vidéo, a brillamment décrit comment il a orchestré en moins de 15 jours un événément reposant sur un avatar IA en combinant différents outils IA comme ChatGPT et Dall-e2 et une ribambelle d’autres pour la voix, le générique de fin et le fine tuning nécessaire.
3️⃣ Worldcoin : Un Ami-Ennemi à garder à l'oeil
On en reparlait la semaine dernière dans le Wrap Up, Worldcoin mené par Sam Altman, le patron d’OpenAI, laisse perplexe avec ses deux casquettes, proposant d’un côté de scanner votre iris pour authentifier “l’humanité” des acteurs en ligne qui publient du contenu, tout en participant (voire menant) avec OpenAi le front de la prolifération des contenus générés artificiellement, le pompier pyromane en somme. Deux Orbs étaient disponibles sur place pour scanner les iris des plus courageux/inconscients.
4️⃣ Le "Function Calling", prochaine étape de l’UI de l’IA
Brivael Le Pogam de la société Argil partage la réflexion sur les développements interfaces d’IA, une des clefs du succès soudains de ChatGPT : il donne une nouvelle perspective avec l'émergence du "Function Calling" dont il pense qu’elle marquera la fin des interfaces graphiques d’utilisation des IA. On leur donnera le contexte et elles reconstitueront toutes seules les requêtes d’API sur les différentes intelligences disponibles (une sorte de Zapier2 de l’IA).
5️⃣ Booster sa Candidature avec l'IA
L’équipe de PasseportIA a fait une bonne démo sur l’utilisation de l’IA dans un processus de recrutement : comment ultra-personnaliser son CV et une lettre de motivation en fonction de la description du poste visé (et modifier son CV à la volée).
Le prochain meetup aura lieu le dernier mercredi du mois :
Infox 👹 : l’alarme démocratique
⌛️ : 2 min 05 sec
Fabrice Epelboim en scrutateur rigoureux des internets, a repéré ce reportage édifiant sur YouTube :
En 10 minutes, l’auteure de ce reportage retrace dans “CounterCloud” comment, fin 2022, elle a monté une officine de désinformation et de déstabilisation des démocraties à deux personnes, en 4 mois et 400 dollars !
Le reportage, que je vous conseille, est très cut (au point qu’on se demande si ça n’est pas un fake lui-même, simulant la création d’une usine à fakes, l’officine en question n’ayant jamais officié en ligne), il se conclut sur les potentiels remèdes pour contrer ce déconcertant et facile minage de notre bien commun, l’information publique.
L’auteur est certes pessimiste : il n’y en a pas de solutions toutes faites. Il y a plusieurs petites rivières qui vont contribuer à tenter de résoudre le problème (peut-être) :
Responsabiliser les réseaux sociaux (vaste sujet)
Réguler l'IA (sans tuer l’innovation ? là encore épineux, Washington convoque les principaux acteurs pour réfléchir à ce sujet, mais quid des modèles en open source3 qui n’offriront pas le même contrôle centralisé?)
Développer de la tech pour la détection des cas frauduleux d’infos générés par IA (course de vitesse, sans fin apparente4)
Développer l’esprit critique vis à vis de ses sources d’information (vraie tarte à la crème sur le “rôle de l’école”, des parents etc…)
(Un cinquième solution : avoir recours à WorldCoin? non je plaisante5).
Dans la même veine, c’est The Economist frémit déjà pour les prochaines élections américaines et voit mal comment elles ne vont pas être pourries par l’IA. Rien de nouveau sous le soleil, le mensonge, la tromperie et la dissimulation font malheureusement partie de l’arsenal des politiciens en campagne, mais la nouveauté vient bien sûr de la prolifération que permet l’IA (deepfakes, ultraciblage et bots) et l’absence d’identification des contenus.
What could large-language models change in 2024?
One thing is the quantity of disinformation: if the volume of nonsense were multiplied by 1,000 or 100,000, it might persuade people to vote differently.
A second concerns quality. Hyper-realistic deepfakes could sway voters before false audio, photos and videos could be debunked.
A third is microtargeting. With AI, voters may be inundated with highly personalised propaganda at scale. Networks of propaganda bots could be made harder to detect than existing disinformation efforts are. Voters’ trust in their fellow citizens, which in America has been declining for decades, may well suffer as people began to doubt everything.
Les régulateurs US réfléchissent déjà à étendre le champ de l’endorsement (reconnaissance du soutien du candidat à une campagne payé par ses partisans) aux publications digitales.
Quand on voit le niveau du débat des Primaires Républicaines et comment 8 candidats sur 9 (Trump n’ayant pas participé) ont nié l’origine humaine du réchauffement climatique, on se dit qu’effectivement qu’on n’a pas besoin d’IA pour se fourvoyer…
Toutefois, The Economist se veut rassurant : il souligne d’une part qu’en fait il est très difficile de faire changer d’avis un électeur et que bien souvent, il a déjà son opinion avant de les confronter à l’analyse ou aux faits; d’autre part, et on reconnaît bien le libéralisme du magazine, comme tous les partis se saisiraient de ces outils de désinformation, cette prolifération s’annulerait en quelque sorte et retour de la balle au centre.
The American presidential campaign of 2024 will be marred by disinformation about the rule of law and the integrity of elections. But its progenitor will not be something newfangled like Chatgpt. It will be Mr Trump.
Artificialisée 🤖 : la propriété intellectuelle en question avec l’IA
⌛️ : 1 min 34 sec
We invented performance rights for composers and we decided that photography - ‘mechanical reproduction’ - could be protected as art, and in the 20th century we had to decide what to think about everything from recorded music to VHS to sampling. Generative AI poses some of those questions in new ways (or even in old ways), but it also poses some new kinds of puzzles - always the best kind.
Benedict Evans se penche dans un billet de blog sur la notion de propriété intellectuelle, une des victoires de la révolution française, sous l’influence de Beaumarchais notamment, pour faire reconnaître la paternité des œuvres de l’esprit.
L’Intelligence Artificielle sans surprise vient quelque peu chambouler cela. On en parlait déjà avec Jeff Jarvis qui pense que nous allons sortir de la parenthèse Gutenberg et que nous allons revenir à des formes de transmission culturelle plus collective, comme ce qui prévalait auparavant.
Marie Dollé de son côté apporte sa pièce à l’édifice, en questionnant l’art du portrait, où il n’était jamais uniquement question du modèle mais aussi de son auteur.
Ben Evans challenge donc la notion d’imitation : entre la “cover” libre de droits, dont Youtube est peuplé, et le pastiche, les critères d’appréciation d’une copie sont compliqués, mais il cherche à élever le débat (sans y répondre) : il se demande comment nous réussirons à trouver un consensus sur ce qui est permis et ce qui ne l’est pas (par exemple les samples dans le rap sont désormais une pratique très largement acceptée).
En se penchant sur la vraie rupture introduite par OpenAI, “l’imitabilité” au coeur de la démarche du modèle de Transformer6.
One way to think about this might be that AI makes practical at a massive scale things that were previously only possible on a small scale. This might be the difference between the police carrying wanted pictures in their pockets and the police putting face recognition cameras on every street corner - a difference in scale can be a difference in principle. What outcomes do we want? What do we want the law to be? What can it be?
But the real intellectual puzzle, I think, is not that you can point ChatGPT at today’s headlines, but that on one hand all headlines are somewhere in the training data, and on the other, they’re not in the model… The training data is not the model. LLMs are not databases… This isn’t supposed to be an oracle or a database. Rather, it’s supposed to be inferring ‘intelligence’ (a placeholder word) from seeing as much as possible of how people talk, as a proxy for how they think.
Monumental 🐼 : Ron Mueck de nouveau à la Fondation Cartier
⌛️ : 1 min 11 sec
La Fondation Cartier fait des paris sur les artistes : on y avait notamment vu Fabrice Hyber ou la photographe Graciela Iturbide. Le sculpteur australien Ron Mueck y a été révélé au public français en 2005, Mueck revient avec une 3ème exposition majeure dans ce lieu.
Un retour particulièrement attendu : les œuvres de Mueck sont rares, l’artiste peut prendre jusqu’à deux ans pour en produire une nouvelle à force d’itérations, de prototypages et maquettes, compte tenu de la monumentalité de sa production qui est la marque de ce sculpteur moderne.
La pièce majeure de cette exposition est "Mass" (2017) : imaginez une centaine de crânes humains gigantesques, de la taille chacun d’un enfant de 7 ans. Commandée par la National Gallery de Victoria en Australie, cette œuvre gigantesque a été spécialement reconfigurée pour l'espace de la Fondation Cartier. Le titre, "Mass", est un jeu de mots en soi qui évoque autant la masse d’une foule que la messe religieuse en anglais, la vie et la mort en somme.
Mueck est connu pour son réalisme saisissant, mais "Mass" et les autres œuvres montrent une volonté de s'éloigner de la pratique qui l’a fait connaître. Mueck veut désormais se concentrer sur la forme, la composition et le mouvement, offrant une “expérience plus brute et essentielle”.
Avec des œuvres allant du minuscule au monumental, Ron Mueck continue d'interroger notre relation au corps et à l'existence, presque au sens pascalien, de la juste mesure de l’homme. Il réussit à nous confronter à des sujets universels, tout en surprenant par sa capacité à se réinventer.
On apprend par hasard, avec les introductions flash de l’exposition (20 minutes), qu’il fut fils de commerçants de jouets et de poupées ! et que sans avoir suivi un parcours académique, il travailla dans le cinéma pour le producteur du Muppet Show et d’autres émissions de TV pour la jeunesse mettant en scène des personnages réalistes. On n’en a jamais fini avec l’enfance.
Amazon a fait l’acquisition des studios MGM qui ont en catalogue la plupart des films de 007…
Comme le modèle de Meta (Facebook), Llama, ou encore Stability Diffusion pour les images.
La future IA de Google, Gemini, veut introduire un filigrane dans les images générées synthétiquement, invisible à l’oeil nu et qui agisse comme un watermark sur ses images. La technologie s’appelle SynthID.
Lors du Comptoir IA de mercredi (voir plus haut), les représentants de WorldCoin ont précisé ce fait-là : Worldcoin se veut une preuve d’humanité MAIS reste anonyme, donc pas le passeport numérique pressenti, il ne sera probablement pas possible d’aller chercher un utilisateur qui aura publié du contenu généré par l’IA.
le T de transformer dans GPT : generative pre-trained transformer.