Le Wrap Up de la semaine des Convois de la Liberté (semaine du 7 février 2022)
5 bullet points : médias, tech, NFT avec une pointe de culture (à la fin)
⏳: 8 min 8 sec
Bienvenu aux 50 nouveaux abonnés du Wrap Up de la semaine. Dans le Wrap Up, on parle médias (France, US), tech (GAFA pour beaucoup et réseaux sociaux), des NFTs (mon nouveau projet Atlanticus Music tente une percée sur ce marché déjà embouteillé, pourtant encore à ses balbutiements) et j’essaie de profiter chaque semaine de l’offre culturelle invraisemblable qu’offre Paris pour relayer les expositions, représentations de théâtre auxquels j’ai la chance de pouvoir assister, pour inciter mes lecteurs à sortir et à profiter de ce qui se passe autour d’eux;
Au sommaire cette semaine du Wrap Up :
Générative 🎼 : Apple investit dans la musique générée par ordinateur
Volages 🧚♂️ : les abonnés des plates-formes de streaming jouent les filles de l’air
Fumeux 💨 : le métaverse est-il seulement un concept marketing ?
Burritos 🌯 : quelques autres news pour la route
Furtifs 🖼 : les tableaux de Whistler de la Frick Collection en visite à Orsay
Générative 🎼 : Apple investit dans la musique générée par ordinateur
⏳: 1 min 1 sec
A l’heure où l’art génératif bat des records de vente sous la forme de NFTs graphiques (PFP et autres collectibles), il était normal qu’il se passât des choses dans la musique par ordinateur.
Apple vient de faire l’acquisition d’AI Music, une startup qui utilise l’intelligence artificielle pour générer des bandes-sons personnalisées et de la musique adaptative d’après l’article de Bloomberg. AI Music a développé un moteur de “musique infinie” afin de répondre aux besoins de solution audio pour les marketeurs, éditeurs, professionnels du fitness et autres agences créatives, en puisant notamment dans des catalogues libres de droit.
On imagine aisément qu’avec l’étude des listes d’écoute des utilisateurs d’Apple Music, on arrive, non seulement à créer des playlists personnalisées comme le font Deezer avec son Flow ou Spotify qui complète vos playlists existantes, mais carrément à des morceaux personnalisés, sans parler des sessions de fitness où l’Apple watch avec son service Apple Fitness pourrait battre le tempo de la musique assortie à l’exercice en cours. Il est notable qu’Apple utilise déjà ce genre de services lorsque votre iPhone génère des mini-films à partir de votre flux photos.
Cette acquisition vient à la suite de celle d’un service de streaming de musique classique, Primephonic, qu’Apple entend intégrer dans Apple Music, et montre la volonté d’Apple de continuer à peaufiner son rôle dans la musique.
Volages 🧚♂️ : les abonnés des plates-formes de streaming jouent les filles de l’air
⏳: 1 min 32 sec
Il est entendu que la grande supériorité business de l’abonnement est de faire grimper en jouant sur la la durée, la lifetime value d’un consommateur de votre service. Toutes les applications digitales modernes y ont recours. Simplement avec le temps, le consommateur a appris (marginalement) à naviguer à travers les différentes offres et à bénéficier des mois de gratuité ou des abonnements sans engagement.
Le problème est particulièrement marquant pour les éditeurs de plateforme de streaming, qui ont connu deux années de croissance extrêmement fortes avec la pandémie et la démultiplication des offres de contenus généreuses. Avec la cru, la décru :
Le cabinet Deloitte prévoit qu’en 2022, « au moins 150 millions de souscriptions à la SVoD vont être annulées, avec un taux de “churn” de plus de 30 % dans certains marchés» . C’est beaucoup rapporté au nombre d’abonnés de 130 millions à Disney+ ou de 222 millions à Netflix. Et rapporté à un coût marketing d’acquisition d’abonné qui peut aller jusqu’à 200 dollars.
Aux Etats- Unis, marché qu’on peut désormais qualifié de mature, 80 % des foyers ont accès à la SVoD et le taux de «churn» est de 35%. Ce taux d’attrition oscille en Europe selon Deloitte, entre 7 %, pour la Belgique et 25% pour la Norvège (avec des taux de pénétration de Svod certes différents). En France, le marché de la SVoD (hors bouquet Canal+) a encore progressé de 17 % en 2021, à un peu plus de 1,5 milliard d’euros en valeur.
C’est dans ce contexte de croissance qui commence à ralentir après deux années folles, que le comportement d’abonnés par intermittence prend toute sa place. Pour le contre-carrer, il va falloir être malin :
soit rendre le désabonnement plus compliqué1;
soit continuer d’attiser les appétits de consommateurs avec la prochaine série événementielle (on a vu la semaine dernière à quel point cette consommation de séries phares pouvait être de courte durée). On comprend mieux les retours à des diffusions sur un rythme d’un épisode par semaine pour étirer la durée d’abonnement.
Autre technique utilisée : le bundle, qui permet de compenser les faiblesses temporaires de l’un des services à la demande par le catalogue de l’autre, ou de faire appel à différentes parties prenantes de la cellule familiale.. A ce titre, l’article des Echos indique que la stratégie de Canal d’agrégateur d’offres SVOD porterait ses fruits.
Enfin dernière carte dans la manche, l’ouverture de programmes au financement par la publicité…
Fumeux 💨 : le métaverse est-il seulement un concept marketing ?
⏳: 2 min 12 sec
A en croire cet article du New York Times, Google a raison : on compte plus de 51m d’occurrences du terme “métaverse” et pourtant la définition qu’en donne le moteur de recherches sonne juste : “un monde fictionnel” et cela pour plusieurs raisons :
The metaverse is currently stalled by :
a lack of infrastructure (the hardware and software aren’t ready yet);
a monopolistic approach to platform development (the metaverse is likely to require more openness and collaboration);
and a lack of clear governance standards (some experts want to avoid reinscribing the pitfalls of social media).
On est donc en droit, devant tant de lacunes de se demander, si le métaverse sera autre chose qu’une fiction marketing ou “s’incarnera” un jour.
L’idée qui a pris corps dans les premières années des “autoroutes de l’information” (le terme apparaît la première fois dans le roman de Neal Stephenson en 1992, “Snow Crash”) était restée à l’idée de concept fumeux, mais la pandémie et la bascule du nombre croissant d’interactions en ligne accréditent l’idée d’un univers virtuel dans lequel nous passerions de plus en plus de temps (nous passerions déjà 44 ans du temps de nos vies devant un écran…) :
Now, one poll estimates that at the current level of technological consumption, the average American will spend up to 44 years of his or her life staring at a screen.
Certains professionnels d’internet soulignent que l’idée fait son chemin dans l’imaginaire collectif et devient de plus en plus concrète pour le grand public. A mesure que cette idée progresse, les géants de la tech fourbissent également leurs armes pour y prendre une place importante et anticipent en premier lieu, la partie hardware qui permettra d’accéder à cet univers virtuel.
Facebook a tôt racheté le fabricant de casque Oculus (2014), le fabricant de montres poignets qui transmet nos ondes cérébrales pour déclencher des actions sur ordinateur (CTRL Labs), et enfin s’est même rebrandée au milieu d’une tempête médiatique sur son activité de réseau social, en Meta pour dire aux journalistes et scrutateurs de regarder ailleurs (d’aucuns accréditent cependant l’idée d’un vrai virage stratégique).
Microsoft qui investit depuis de nombreuses années sur les casques de réalité augmentée Hololens, a décidé de se renforcer dans les contenus : le groupe de Redmont avait déjà racheté Minecraft, puis en septembre 2020 Bethasda (Doom, Fallout, Quake…) et enfin la semaine dernière a pris le parti d’accélérer encore dans cette direction et de racheter un des principaux éditeurs de jeux vidéo, Activision Blizzard (Call of Duty et les casual games de King.com). Apple de son côté travaillerait à un casque de VR. Seul Alphabet semble un peu en reste de ce côté-là. Quant à Amazon, son lien se bornerait aujourd’hui au média Twitch qui retransmet les rencontres de gaming (et pas que cela).
Les experts s’accordent sur le fait qu’à long terme, avec la progression des interfaces graphiques et des débits de données, l’avènement du métaverse semble assez inéluctable.
Avec un aspect crucial qu’il convient d’adresser au fur et à mesure de l’émergence de ces nouveaux environnements sociaux : quelle régulation voulons-nous alors même que les changements induits par les réseaux sociaux n’ont pas fini d’être réglés :
This is a question few were asking in the early 2000s. “We’re 15 years into the social media era,” Mr. Ball, the metaverse expert, said, “and there are a lot of problems from exactly that transition which remain unsolved. Data rights, data security, data understanding, radicalization, disinformation, platform power, platform regulation, unhappiness.” Without strategic reforms, he added, “those problems will become harder” in the future.
Burritos 🌯 : d’autres news pour la route
⏳: 1 min 32 sec
Renoncer c’est choisir, eh bien pas dans le digital où l’on peut se payer le luxe parfois de rajouter des items sur des listes qui se veulent limitées. Cette semaine d’autres actualités ont retenu mon attention :
La plateforme de streaming vidéos met en avant qu’il s’agit d’une nouvelle possibilité de “monétiser le travail des créateurs” 😏.
Le groupe de crypto-finance dirigé par CZ (pour Changpeng Zhao) a annoncé avoir investi près de 200 M$ pour renflouer le titre de presse américain, avec une volonté affichée d’en faire un des premiers titres de presse économique orientés vers le Web3. L’opération financée sous la forme d’un SPAC, appelé à être coté au NYSE.
Le dirigeant dont la fortune personnelle est estimée à près de 100 Md$ aurait déclaré : « Les cryptomonnaies ne sont plus seulement une industrie verticale de niche. C’est la couche de base qui finance de nombreuses autres industries. Investir à la fois dans le nouveau et l’ancien et créer des passerelles avec la crypto ».
La CNIL a annoncé mettre en demeure les sites français qui utiliseraient Google Analytics, sans toutefois les nommer. Selon elle, le transfert des données sur les serveurs de Google n'est pas suffisamment encadré (La CJUE avait mis en avant le risque que les services de renseignement américains accèdent grâce au Cloud Act aux données personnelles transférées aux États-Unis, si les transferts n’étaient pas correctement encadrés), et enfreint le RGPD.
C’est un petit séisme dans le web européen, car les puissants services d’analytics de Google sont utilisés gratuitement par la quasi totalité des sites internet.
J’ai toujours pensé que l’éducation était l’avenir des médias. Précédée par le Washington Post qui précédemment possédait des éditions scolaires, la BBC ouvre la voie en TV avec son programme online baptisé BBC Maestro, “Let The Greatest Be Your Teacher.”
Accessibles exclusivement en Europe, les cours de BBC Maestro sont vendus généralement à un prix fixe de 80 livres (soit 95 euros) pour chaque formation qui s’étend sur une vingtaine d’heures de cours avec des personnalités du petit et du grand écran. BBC Maestro traite pour l’instant des thématiques cours de cuisine, d’écriture, de dramaturgie (avec Helena Bonham Carter), mais aussi d’éducation des animaux domestiques, d’œnologie, de paix intérieur ou de business.
Furtifs 🖼 : les tableaux de Whistler de la Frick Collection en visite à Orsay
⏳: 1 min 13 sec
Pour les amoureux de New York, une visite à la Frick Collection s’impose comme un passage obligé. Le “Jacquemart André” de Manhattan héberge certains des plus fameux tableaux de la Renaissance européenne et de l’époque Baroque (Holbein, Velasquez, Vermeer, Le Titien …) et des pièces également marquantes dans un décor conçu à dessein d’héberger les magnificences de la collection d’Henry Clay Frick.
Aussi c’est revivre un peu de cette atmosphère, lorsque le Musée d’Orsay se fait prêter et expose sept tableaux d’un des premiers maîtres de la jeune nation américaine, James McNeill Whistler. Le peintre qui a passé une partie de sa vie en Europe et tout particulièrement en France, y bénéficiera d’une reconnaissance précoce (non sans effort de sa part, on le verra) et pourra donner à voir un style misant sur l’harmonie des formes et des couleurs. Proche des poètes symbolistes, il sera un remarquable arrangeur n’hésitant pas comme c’est le cas sur cette Symphony in Flesh Color and Pink: Portrait of Mrs. Frances Leyland de choisir un provoquant “portrait de dos” dans une robe qu’il aura lui-même confectionnée pour l’occasion.
On a profité aussi de cette visite pour profiter des derniers jours de l’exposition de la Collection Signac, qui eut le bon goût de se faire payer en partie en nature par son galeriste, en obtenant des tableaux … qui étaient pour une grande partie de la même mouvance pointilliste que lui.
On découvrira le beau paysage d’Avignon (ci dessus) et un peintre de la même époque peu connu, Louis Valtat, qui rappelle Cézanne (dont Signac avait également, excusez du peu, quelques exemplaires dans sa collection personnelle).
on se souvient encore de l’abonnement Canal Plus qui avait réussi à imposer à ses abonnés un abonnement annuel résiliable seulement à la date anniversaire, ou du Monde qui imposait la résiliation par courrier, autant de pratiques qui ont eu du mal à perdurer dans le monde digital moderne.