Le Wrap Up de la semaine de la dernière sortie de Bébel (semaine du 6 septembre 2021)
5 bullet points media et tech et NFTs
⌛: 6 min 50 sec
Malheureusement, la meilleure scène de Jean-Paul Belmondo des dernières années restera sa sortie des Invalides dont les amateurs du Professionnel apprécieront l’hommage, tant le personnage flamboyant de notre enfance avait disparu de notre actualité immédiate. On reverra avec plaisir en famille l’Homme de Rio dont le dialogue final est d’anthologie : “Ah! si tu savais, 3 heures pour venir de Viroflay … Quelle aventure!”
Au sommaire de cette semaine :
Verticalisé 🎛️ : Amazon se lance dans les TVs (et sa commande)
Communautarisé 👩👩👧👧 : un web toujours plus refermé sur soi ?
Défiée 🤖 : les enjeux de l’Intelligence Artificielle
Chamboulé 🕹 : le gaming vient changer la culture et la régulation
Revisitée 🎥 : Cruella, spinoff des Dalmatiens
Verticalisé 🎛️ : Amazon se lance dans les TVs (et sa commande)
⌛: 1 min 12 sec
Amazon (qui n’en est pas à son coup d’essai) vient d’annoncer que désormais il souhaite se frotter aux plus importants constructeurs avec deux nouvelles Smart TVs sous la marque Amazon, la Fire TV Omni Series et la 4-Series (à partir de 410$).
Les deux téléviseurs pour partie fabriqués par TCL (un des sous-traitants les plus importants du monde) seront prochainement sur le marché américain et incorporeront Fire TV, qui est l’OS d’Amazon qui agrège tout type de services. Il incorporera notamment l’assistant vocal Alexa. Ces TVs devraient dès l’allumage proposer d’appareiller directement son compte Amazon Prime pour profiter de l’expérience la plus complète.
Les équipes d’Amazon font valoir que les “smart TVs” n’ont pas apportés beaucoup de confort supplémentaire aux téléspectateurs, les interactions étant encore très frustres.
Avec les TV à la mode Amazon, connaissant les goûts des consommateurs, l’histoire pourrait être différente : les TVs devraient être en mesure de vous faire suggestion sur vos consommations de programmes vidéos (Netflix, Tiktok inclus!), votre musique (à travers les abonnements Prime) ainsi que le gaming (avec des intégrations avec la plate-forme de jeux vidéos par abonnement d’Amazon, Luna qui intègre elle-même Twitch).
La bataille pour la télécommande faisait déjà rage avec des accords entre les fabricants et Netflix pour intégrer directement le bouton comme touche à part sur la télécommande.
La bataille pour l’operating system avait donné une vraie longueur d’avance à un Google avec son AndroidTV où d’un seul coup, la navigation et les mises en avant des contenus étaient passées sous la coupe de la firme de Mountain View, sans que les fournisseurs d’accès à internet qui fournissaient aussi le service vidéo n’y trouvent à redire, compte tenu de l’économie substantielle qu’ils réalisaient en s’allégeant du coût de maintien et de développement d’un système d’exploitation propriétaire…
Le prochain front est donc désormais dévoilé : prendre la main sur les constructeurs de TV pour imposer encore un peu plus leur standard et orienter la consommation de demain des téléspectateurs.
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Communautarisé 👩👩👧👧 : un web toujours plus refermé sur soi ?
⌛: 1 min 20 sec
Twitter est le dernier à être rentré en lice dans une tendance qui se dessine de plus en plus visible à la communautarisation des plates-formes sociales.
Au delà du phénomène de profils de plus en plus fermées, c’est désormais dans les centres d’intérêt que le communautarisme frappe le plus : on déplorait il y a déjà plusieurs années, les filter bubbles des algorithmes des plates-formes qui finissaient pour ne vous proposer que des informations qui allaient dans le sens de votre façon de penser, désormais c’est bien volontairement que vous fermerez la porte à l’altérité de penser.
On ne peut pas vraiment dire que twitter était un paragon de démocratie apaisée où les opinions des uns ou des autres étaient respectueusement écoutées et débattues, mais on pouvait arriver à force d’obstination à se plonger dans des courants de pensée différents, à échanger presque paisiblement sur des divergences.
Mercredi dernier, Twitter a annoncé l’arrivée de Communities où les utilisateurs pourront dorénavant choisir des groupes fermés où échanger entre “pairs”.
La source d’inspiration est clairement celle des forums reddit (les sub/reddit) ou les groupes Facebook (j’ajouterais les réseaux sociaux secondaires comme Discord qui n’ont pas vraiment de place publique et qui ne sont que l’agrégation de channels auxquels on adhère).
Ce mouvement avait déjà été amorcé sur Twitter par la création des listes et des topics (en #) qui remontaient dans l’interface principale, mais la présence était faible, l’engagement est ici avec Communities beaucoup plus prononcé.
C’est en fait une modularité plus forte qui est offerte aux utilisateurs de twitter : choisir qui aura le droit de voir, de répondre à ses tweets, c’est donner le change à ceux qui accusent le réseau d’être un hébergeur complaisant de toutes les haines recuites : on peut imaginer que peu d’utilisateurs finalement rentreront vraiment dans cette dynamique, mais il sera alors plus dfacile d’opposer aux attaques, que les utilisaters avaient le pouvoir de paramétrer leur feed twitter pour ne pas s’exposer à la haine ordinaire et qu’ils ne l’ont pas fait.
Personnellement, j’abonde dans le sens de l’article de Quartz qui vante la richesse et la diversité de Twitter, peu de médias permettent de passer d’une actu politique, à un tweet humoristique, en passant par une exégèse de la musique du XIIème siècle, à une photo dénonçant #SaccageParis, il faut certes consommer le réseau avec parcimonie, mais cela viendrait à manquer si Twitter se balkanisait de trop.
Défiée 🤖 : les enjeux de l’Intelligence Artificielle
⌛: 48 sec
Très bonne (et courte) synthèse du rapport par le Blog C’est Pas Mon Idée (généralement orienté innovation bancaire) du fameux Gartner Group qui applique fréquemment à différentes technologiques sa grille d’analyse du Hype Cycle : quelle maturité pour une nouvelle technologie ? qu’est ce qui est au sommet de sa hype et probablement de ses fausses promesses? et qu’est ce qui a passé ce stade pour rester dans la durée et influencer durablement notre futur ?
Cette fois-ci c’est l’intelligence artificielle qui est passé au tamis et 4 enjeux se détachent pour le Gartner Group :
la transparence et la responsabilité des intelligences artificielles :
Il leur faut donc rapidement s'atteler à intégrer systématiquement et sérieusement les notions de confiance, de transparence, d'auditabilité, d'équité et d'éthique dans les initiatives.
la mise en oeuvre défaillante des projets qui impliquent de l’intelligence artificielle : beaucoup d’initiative, peu de transformation en projets pérennes et beaucoup de temps d’implémentation. Mise en cause : un ownership de ces projets peu clair et une gestion de projets approximatives.
Paradoxalement, les deux derniers enjeux portent sur la variété des projets que l’IA devrait traiter (le champ est trop restreint visiblement).
et par une approche plus ciblée avec de la data riche et en petite proportion par rapport à l’approche initiale de big data aux données disparates et… touffues
Chamboulé 🕹 : le gaming vient changer la culture et la régulation
⌛: 1 min 52 sec
Tyler Cowen a toujours des idées intéressantes : l’économiste américain, aux idées libertariennes, commet cette semaine une tribune pour Bloomberg dans laquelle il développe l’idée que le gaming et ses jeux sont autocentrés et n’empiètent que très marginalement sur les autres pans de la société, mais compte tenu de leur vélocité, de se développer hors sol.
Cet état de fait est censé avoir deux répercussions majeures : d’une part dans la culture où les gamers se détacheraient de l’écheveau commun pour vivre en autarcie dans leur univers :
Games break that continuity. Typically a game is a closed system that requires a lot of time and attention to achieve mastery, thereby encouraging specialized consumption. It is easy to become a world-class performer in a game without knowing much about the broader culture. By the same token, most of today’s cultural experts know very little about gaming, and they get on just fine. The worlds of culture and gaming are largely separate.
L’autre répercussion serait sur la régulation des gouvernements. Observant qu’un certain nombre d’activités régulées dans la vie réelle s’y développent, il remarque qu’il sera ardu pour un gouvernement (démocratique) de réglementer cet univers (l’exemple chinois sur les 3 heures autorisées pour les jeux tend à démontrer, cela reste à prouver, que cela serait plus facile pour un gouvernement autoritaire) :
Plenty of trading already takes place in games — involving currencies, markets, prices and contracts. Game creators and players set and enforce the rules, and it is harder for government regulators to play a central role…
Just as gaming has outraced the world of culture, so will gaming outrace U.S. regulatory capabilities : encryption, the use of cryptocurrency, the difficulties of policing virtual realities, varying rules in foreign jurisdictions and, not incidentally, a lack of expertise among U.S. regulators.
Dans la perspective des très annoncés métaverses, l’auteur prédit que le gaming va “avaler” d’autres institutions ou en créera des versions concurrentes, créant ainsi l’avénement du post-Etat (qu’il appelle le vrai post-modernisme).
A titre personnel, je trouve que cette vision, on l’a dit très libertarienne, est contredite par la persistance de l’Etat, qui, bien que ce modèle a perdu de sa toute puissance, n’en demeure pas moins la structure d’organisation dominante de nos sociétés depuis 2000 ans (pour paraphraser De Gaulle).
Certes, de plus en plus d’indices indiquent que la révolution technologique que nous vivons, va immanquablement remettre en cause, ses modalités, mais les Etats ont notamment face aux crypto-monnaies, montré qu’ils n’étaient pas prêts à se laisser dépouiller de leurs prérogatives régaliennes (voir à ce titre les avatars du Libra, la monnaie virtuelle de Facebook).
Si rendre justice est contesté par l’autorégulation des plates-formes sur la liberté d’expression, si lever des impôts est de plus en plus détourné par les optimisations fiscales, si réguler les secteurs sensibles comme celui de la finance est challengé par la DeFi1, les Etats n’en sont pas encore à être défiés sur le terrain militaire (sauf à considérer que les combats cyber desquels les hacks de grande ampleur sont un des hotspots, sont la nouvelle forme d’engagement). Ainsi, le monopole de la violence légitime pourrait rester l’ultime facteur de maintien de notre format étatique.
Revisitée 🎥 : Cruella spinoff des Dalmatiens
⌛: 1 min
J’ai eu le plaisir d’aller voir dans une des rares salles parisiennes qui joue encore le film de Disney, Cruella. Comme avec les bons Pixar, le film permet de contenter à la fois les petits et les grands.
Emma Stone y tient le rôle titre de Cruella, avec la maestria qu’on lui connaissait déjà dans La La Land, elle est confrontée à la non moins magistrale Emma Thompson, délicieuse de méchanceté, qui joue une Baronne digne de Meryl Streep dans Le Diable s’habille en Prada. Le réalisateur Craig Gillespie s’était déjà illustré avec l’excellent film sur l’affaire Tonya Harding (mais si! souvenez-vous la patineuse qui avait agressé sa rivale Nancy Kerrigan) dans I, Tonya. Il embarque avec lui dans la distribution un acteur qui monte, Paul Walter Hauser qu’on avait déjà trouvé fantastique dans l’Affaire Richard Jewell de Clint Eastwood (qui nous replongeait dans l’attentat lors des JO d’Atlanta en 1996).
Dans Cruella, les très nombreuses références au Swinging London des Années 60 et 70 sont un régal, tant musicalement avec la bande-son émaillée des titres phares des Rolling Stones, que vestimentairement parlant avec des pièces de haute couture tout droit sorties du sketchbook de Viviane Westwood ou d’un Yves Saint Laurent.
Le Masque et la Plume avait diversement apprécié, trouvant que les emprunts punk et rock relevaient de la facilité et qu’in fine, Disney globalisé oblige, on n’allait pas au bout de la cruauté du personnage. Il est vrai que dans les 101 Dalmatiens on en était resté, à l’époque, à l’horreur absolue de vouloir se constituer un manteau constitué du pelage des innoncents chiots.
Je vous laisse juger sur pièce, j’y ai passé un excellent moment.
La DeFi pour Decentralized Finance est l’un des champs les plus prometteurs de la blockchain qui affiche l’ambition de se passer d’autorités centralisatrices, pour redonner de la liberté aux utilisateurs sans aval.