Le Wrap Up de la semaine de la chute de Bachar al-Assad (semaine du 2 décembre 2024)
💬 : LinkedIn moins politiquement correct - 🤖 : Amazon booste Alexa à l’IA - 🕵️♂️ : Le LA Times indique sa partialité - ⚖️ : TikTok bientôt interdit aux US - 🎨 : Pop Forever de Wesselmann
Au sommaire du Wrap Up de la semaine :
Disputé 💬 : LinkedIn plus controversé, moins politiquement correct ?
Régénérée 🦾 : Amazon dévoile une Alexa enrichie par l'IA générative
Débiaisé 🕵️♂️ : Le LA Times introduit un indicateur de partialité pour évaluer ses articles
Décisif ⚖️ : TikTok face à une interdiction imminente aux États-Unis
Éclatant 🎨 : 'Pop Forever' célèbre Tom Wesselmann et l'héritage du Pop Art
⏳ Temps de lecture : 7 min 11 sec
Si vous préférez tester la version audio de cette newsletter, essayez le rendu de la moulinette Google NotebookLM (cette semaine en 🇫🇷), le résultat est un peu bricolé mais se laisse écouter :
Disputé 💬 : LinkedIn plus controversé, moins politiquement correct ?
⏳ : 1 min 3 sec
Dans une tribune parue dans les Echos (Opinion), Matthieu Lebeau, associé chez Forward Global, souligne à quel point LinkedIn, longtemps CV en ligne puis bac à sable des cols blancs, est devenu le théâtre de nouvelles tensions idéologiques et réputationnelles.
Cette mutation, en partie accélérée par l’évolution d’autres réseaux comme X/Twitter après le rachat par Musk, révèle que même les plateformes les plus sérieuses et soit disant neutres ne sont pas à l’abri de batailles d’influence et de désinformation.
La plateforme attire désormais activistes et figures controversées, généralement pour faire le buzz et profiter d’un algorithme qui offre encore des possibilités de visibilité organique importante mais il semble que désormais l’influence change radicalement les enjeux pour les entreprises qui avaient commencé à investir ce réseau professionnel.
À côté des opportunités de rayonnement et de recrutement, LinkedIn devient donc un terrain miné pour la réputation, où des accusations de greenwashing, socialwashing ou diversity-washing peuvent émerger à tout moment.
Des campagnes de marque employeur, conçues pour renforcer la visibilité des entreprises, exposent souvent les employés de ces entreprises à des critiques virulentes, comme ce fut le cas par exemple lors de l’Insurance Week 2023, où des salariés se sont retrouvés en première ligne des attaques d’activistes climatiques.
LinkedIn enregistre également une hausse de la désinformation géopolitique (+15% en 2023 selon Graphika) et des tentatives d’espionnage. Ces risques, combinés à la perception de la plateforme comme un espace de confiance, amplifient les dangers pour les entreprises et les institutions publiques.
Face à ces défis, la tribune des Echos souligne la nécessité d’adopter une stratégie proactive : monitorer plus finement LinkedIn, mieux former les collaborateurs aux risques en ligne, et réorienter les initiatives de marque employeur vers des profils mieux préparés aux débats en ligne. Lebeau recommande également de privilégier une communication authentique et conversationnelle, éloignée des déclarations trop lisses et politiquement correctes souvent critiquées.
En résumé, LinkedIn ne serait plus un “sanctuaire”, mais deviendrait un champ de bataille informationnel. Les entreprises devraient donc s’adapter en conséquence pour protéger leur réputation dans cet écosystème complexe et changeant, tandis que la plateforme elle-même doit préserver ce qui faisait sa spécificité : des échanges constructifs nourris par l’expertise et le respect mutuel (peut être aussi du fait de l’identité véritable des participants).
Régénérée 🦾 : Amazon dévoile une Alexa enrichie par l'IA générative
⏳ : 1 min 19 sec
Amazon va lancer une nouvelle version d’Alexa, son assistant vocal, intégrant l’intelligence artificielle générative pour offrir des réponses personnalisées et en temps réel, notamment sur l'actualité.
La firme de Seattle envisage de collaborer avec des éditeurs de contenu pour alimenter cette version améliorée, prévue pour l’an prochain, via des accords de licence.
Actuellement, Alexa répond aux questions d’actualité en s’appuyant sur des sources comme Reuters ou encore le Wall Street Journal. Cependant, elle n'est pas conçue pour traiter des questions complexes ou des événements en direct, comme les résultats d’élections.
La prochaine version comblera cette lacune en utilisant des algorithmes plus avancés capables de fournir des réponses plus précises et adaptées aux besoins spécifiques des utilisateurs, basés également sur l’historique des utilisateurs.
Amazon teste déjà de nouveaux formats de réponses, mêlant textes et photos (les dernières enceintes évoluaient vers une interface graphique), mais exclut pour l’instant les vidéos génératives.
Les éditeurs partenaires verront leurs contenus attribués et seront rémunérés via des licences1. L’objectif est de s’associer à des partenaires nationaux et locaux pour enrichir Alexa. Ces collaborations s’ajouteraient aux flashes info, ces résumés d’actualité déjà proposés sur les appareils Alexa, parfois uniquement en audio (comme NPR ou le dernier bulletin France Info en France) ou en vidéo (Bloomberg).
Cette stratégie s’inscrit dans une tendance plus large où les éditeurs cherchent à monétiser leurs contenus via des partenariats avec différentes entreprises d’IA, face à la baisse des revenus pub et la perte de vitesse des abonnements. OpenAI, par exemple, aurait versé 16 M$ par an à Dotdash Meredith, et News Corp a signé un accord évalué à 250 M$ sur cinq ans.
L’enjeu pour les éditeurs est double : maximiser leur rôle dans l’entraînement des modèles d’IA pour revendiquer une protection juridique et monétiser leur contenu face à l’essor des assistants intelligents.
Alexa, déjà intégrée à des appareils comme les enceintes Echo ou les sonnettes vidéo Ring, pourrait peut être enfin devenir un canal majeur pour la consommation d’informations.
À suivre : la manière dont Amazon recrutera de nouveaux partenaires et intégrera ces contenus, tout en jonglant avec les défis liés au respect des droits d'auteur et à la qualité des réponses fournies par son assistant.
Peut être que le refresh apporté par l’intelligence artificielle, va permettre aux assistants vocaux connectés d’enfin prendre la place qu’on leur fantasmait il y a 5 ans…
Débiaisé 🕵️♂️ : Le LA Times introduit un indicateur de partialité pour évaluer ses articles
⏳ : 1 min 14 sec
Le propriétaire du Los Angeles Times, le milliardaire Patrick Soon-Shiong, prévoit de lancer en janvier un indicateur de partialité (un bias meter dans le texte), un outil destiné à mesurer et afficher les biais idéologiques des articles et opinions publiés par son journal.
Cet outil, inspiré de technologies développées dans ses entreprises de santé, vise à offrir une meilleure transparence aux lecteurs et à permettre un accès à des perspectives divergentes sur un même sujet via un bouton interactif.
L’objectif affiché : contrer le biais de confirmation et restaurer la confiance du public envers le journal, souvent perçu comme une "chambre d’écho" selon l’expression consacrée, c’est à dire une bulle d’opinions similaires qui se renvoient les unes aux autres.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où Dr. Soon-Shiong a déjà pris des décisions controversées, notamment en empêchant la direction éditoriale du journal d’annoncer son soutien à Kamala Harris lors de la dernière élection présidentielle.
Parmi les annonces, Soon-Shiong a également exprimé son intention de réorganiser le comité éditorial en intégrant davantage de voix conservatrices. Cette démarche a suscité de vives réactions parmi les journalistes et contributeurs du Times. Le syndicat du journal, le LA Times Guild, dénonce ces accusations de biais comme infondées et rappelle les strictes lignes éthiques suivies par l’équipe.
Par ailleurs, ces décisions de Dr. Soon-Shiong ont provoqué des départs, comme celui d’Harry Litman, chef de service des affaires judiciaires. Ce dernier, dans une lettre de démission publiée sur Substack, accusait le propriétaire d’adopter une ligne éditoriale favorable à Donald Trump, qu’il qualifie de “compromettante pour la démocratie”.
En somme, ce projet d’indicateur de biais reflète une tentative audacieuse mais contestée de redéfinir la ligne éditoriale du Los Angeles Times. Si l’intention de renforcer la diversité des points de vue semble louable, les critiques y voient une manœuvre risquant d’éroder l’indépendance journalistique et de polariser davantage le débat. Reste à voir si cette innovation saura convaincre dans un paysage médiatique déjà sous tension des lecteurs de revenir vers un journal qui afficherait la couleur.
Décisif ⚖️ : TikTok face à une interdiction imminente aux États-Unis
⏳ : 1 min 25 sec
TikTok se rapproche du moment de sa disparition aux États-Unis après qu’un panel de juges fédéraux a confirmé la loi qui exigeait que ByteDance, propriétaire chinois de l’application, la vende à une entreprise non chinoise avant le 19 janvier, sous peine d’interdiction sur le territoire américain.
Cette décision fait suite à des préoccupations croissantes sur le plan de la sécurité nationale concernant les liens de TikTok avec la Chine, qui, selon les responsables américains, pourrait utiliser l’application pour collecter des données sensibles ou diffuser de la propagande. Bien que des preuves concrètes n’aient jamais été publiquement partagées, la loi vise à protéger les utilisateurs américains des "immixtions étrangères".
TikTok, utilisé par plus de 170 millions d’Américains, a tenté tous les recours conter cette loi en affirmant qu’elle viole le Premier Amendement et qu’elle cible injustement leur seule application.
Les juges ont cependant rejeté l’argument, jugeant la loi conforme et centrée sur des préoccupations légitimes de sécurité nationale. TikTok prévoit de faire appel près de la Cour Suprême, espérant un sursis ou une décision qui inverserait la tendance au bannissement.
Le futur de TikTok reste donc incertain. Le président élu Donald Trump qui avait à l’origine lors de son mandat de cette mise sous pression, a récemment exprimé un soutien vague à l’application (dont il est vrai qu’il a largement bénéficié lors de sa dernière campagne). Une solution pour sauver l’application pourrait impliquer des modifications structurelles ou une vente partielle qui satisferaient aux exigences de la loi. Cependant, des obstacles financiers et politiques majeurs, notamment les restrictions chinoises sur l’exportation de technologies, rendent une vente complexe.
Cette situation a suscité un débat intense sur la liberté d’expression, certains défenseurs qualifiant cette décision de "censure". D’autres experts estiment que la Cour Suprême pourrait geler la loi temporairement, offrant un répit à TikTok. Dans tous les cas, l’affaire soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre sécurité nationale, libre expression et le rôle des entreprises technologiques étrangères dans les sociétés occidentales.
En parallèle, des rumeurs de potentiels acquéreurs émergent, mais le coût estimé de l’application, plus de 200 Md$, et les contraintes réglementaires freinent les éventuels repreneurs (cette semaine, on apprenait que Frank MacCourt ferait une proposition de rachat de Twitter à 20 Md$). TikTok se retrouve donc à un carrefour où son avenir dépend autant des décisions politiques que juridiques.
Éclatant 🎨 : 'Pop Forever' célèbre Tom Wesselmann et l'héritage du Pop Art
⏳ : 1 min 26 sec
L’exposition Pop Forever consacre Tom Wesselmann, figure emblématique du Pop Art, tout en explorant l’héritage et l’évolution du mouvement.
Avec 150 œuvres de Wesselmann et 70 créations de 35 artistes de générations et horizons variés, elle retrace les racines dadaïstes du Pop Art jusqu’à ses incarnations contemporaines. Ce dialogue intergénérationnel met en lumière l’universalité et la pérennité de cette esthétique, au croisement de l’art et de la culture populaire (même si Wesselman reste au centre.)
L’exposition, organisée par la Fondation LV, présente des œuvres iconiques de Wesselmann, comme ses Great American Nudes, ses natures mortes monumentales et ses Sunset Nudes. Ces pièces dialoguent avec celles d’artistes majeurs comme Andy Warhol (Shot Sage Blue Marilyn), Roy Lichtenstein (Thinking of Him), ou Jasper Johns (Flag).
Le parcours souligne aussi l’impact du Pop Art sur les grandes problématiques socio-culturelles : les objets du quotidien devenant des symboles culturels, comme en témoignent l’urne Han revisitée par Ai Weiwei ou les œuvres monumentales de Jeff Koons.




À travers ces rapprochements, l’exposition illustre l’ambiguïté du Pop Art, à la fois critique et célébration de la société de consommation, de façon plus ambiguë que l’exposition Arte Povera dont on parlait ici la semaine dernière à la Collection Pinault.(Il est pour le moins cocasse que ce soit nos deux empereurs français du luxe qui portent à travers leur écrin respectif, des expositions qui moquent la société de consommation, ultime récupération mercantile).
Plutôt qu’une simple rétrospective, Pop Forever tente de remettre l’œuvre de Wesselmann dans une histoire plus large, en intégrant les racines dadaïstes (Marcel Duchamp) et en anticipant l’art mondialisé d’aujourd’hui. La diversité des matériaux et des supports – peinture, sculpture, vidéo, objets industriels – reflète une approche multiforme, où le Pop Art continue de jouer avec les codes.
Cette célébration du Pop Art, répartie sur les quatre étages de la Fondation, permet là-aussi d’exposer des œuvres immersives et spectaculaires de Wesselmann aux créations réalisées pour l’exposition. Pop Forever montre que la vitalité de ce mouvement, testant les limites de l’art à partir des canons consuméristes de la seconde moitié du XXème siècle.
J’ai été particulièrement touché par la toute dernière période de Wesselman (abstraction & sunset nudes, salle 10) qui montre comme souvent chez certains artistes, une forme de dépouillement et un retour à l’essence de leur geste artistique, des couleurs très primaires et un attachement minimaliste à la forme.
On attend de voir le pont d’or que va proposer Amazon aux éditeurs 🍿🍿🍿.
Merci! Écouté la version podcast, NotebookLM qui marche bien, même s'il pourrait être plus court.
Vraiment intéressant l'indicateur de partialité. 🙏Christian.