Le Wrap Up de la semaine de la condamnation de Marine Le Pen en 1ère instance (semaine du 31 mars 2025)
⚖️ : Apple condamné sur l'ATT - 💍 : Le Monde / Télérama + Max - 📚 : Barnes & Nobles revend des... livres - 👯♂️ : Amazon sur les rangs pour Tiktok USA - 🌷: une promenade à Bagatelle
Au sommaire de cette semaine :
Condamné ⚖️ : Apple repris en France sur l'ATT et sa politique anti-cookie
Social-shoppé 👯♂️ : Amazon sur les rangs pour racheter Tiktok USA
⏳ Temps de lecture : 7 min 52 sec
Si vous préférez tester la version audio de cette newsletter, essayez le rendu de la moulinette Google NotebookLM (cette semaine en 🇫🇷), les deux voix mangent parfois les mots et certaines phrases sont étonnamment ternes :
Condamné ⚖️ : Apple repris sur l'ATT et sa politique anti-cookie
⏳ : 1 min 38 sec
Apple, chevalier blanc de la vie privée… mais seulement pour ses propres écuries
Nouvelle passe d’armes entre les géants américains de la tech et les régulateurs européens. Cette fois, c’est Apple qui passe par la case condamnation : 150 M€ d’amende infligés par l’Autorité française de la Concurrence pour abus de position dominante dans la publicité ciblée.
En cause : le fameux dispositif ATT (App Tracking Transparency), lancé en 2021 et présenté comme un parangon de vertu en matière de protection des données. Sauf qu'à y regarder de plus près, cette transparence semble surtout opaque… pour les autres.
Deux poids, deux fenêtres
Le cœur du problème ? Une asymétrie bien sentie : pour ses propres services, Apple ne demande qu’un simple clic à l’utilisateur pour activer la publicité personnalisée. En revanche, les applications tierces doivent faire le grand écart réglementaire, avec deux consentements distincts – un pour ATT, l’autre pour le RGPD – rendant le parcours utilisateur plus fastidieux, voire décourageant.
Résultat : moins de données récoltées, donc moins de revenus publicitaires pour les développeurs tiers, particulièrement les petits éditeurs.
L’Autorité dans son jugement, dénonce un préjudice économique "certain", causé par cette complexité artificielle qui pénalise en particulier les 9 000 entreprises de l’écosystème français des médias et de la pub en ligne.
L’Autorité de la concurrence estime que le dispositif mis en place par Apple « pénalise tout particulièrement les plus petits éditeurs », qui « dépendent en grande partie de la collecte de données tierces pour financer leur activité ».
Apple, quant à elle, campe sur ses positions, arguant que le système ATT est « clair, équitable, et soutenu par les consommateurs et les défenseurs de la vie privée ». À condition, semble-t-il, d'être du bon côté.
La régulation à géométrie politique
Cette décision française s’inscrit dans une vague plus large de remises en question du pouvoir des GAFAM en Europe : Apple est aussi visée en Allemagne, Italie, Roumanie et Pologne. De quoi agacer Washington. En février, l’administration Trump a brandi un mémorandum promettant des représailles contre toute sanction "discriminatoire" envers les firmes US. Une posture qui illustre bien que, derrière l’ATT, se joue aussi un bras de fer géopolitique.
Benoît Cœuré, président de l’Autorité française de la concurrence, tempère : « Nous appliquons simplement le droit, comme le font les autorités antitrust américaines ».
En filigrane, c’est surtout le Digital Markets Act européen qui inquiète côté Américain – ce texte contraignant qui vise à rééquilibrer les règles du jeu numérique, et dont les premières applications par la Commission sont attendues prochainement, histoire de ne pas enterrer la hache de guerre commerciale.
Fiancés 💍 : Le Monde et Télérama s’associent au service de streaming Max
⏳ : 1 min 44 sec
C’est une première mondiale et elle est française : un géant du streaming s’allie à des acteurs de presse nationaux.
Warner Bros. Discovery, via sa plateforme Max vient de conclure un partenariat inédit avec Le Monde et Télérama. Objectif : proposer des offres couplées mêlant séries à succès et contenus journalistiques de qualité. Un pari sur la convergence des usages, à l’heure où l’attention se monnaye à la minute.
À partir du 3 avril, deux formules seront disponibles pour le public français :
Max Basic (avec pubs) + Le Monde : pour 14,99 €/mois, les abonnés auront accès aux grandes séries d’HBO (The White Lotus, House of the Dragon, The Last of Us, etc.) ainsi qu’aux articles, podcasts, vidéos et newsletters du quotidien.
Max Basic + Télérama : une version davantage "culture & critiques", à 6,99 €/mois.
Derrière ce package : une stratégie gagnant-gagnant. Le Monde, fort de ses 650 000 abonnés et millions de lecteurs en ligne, y voit une opportunité d’enrichir son offre, de fidéliser davantage et de toucher de nouveaux publics, notamment plus jeunes.
Télérama, avec ses 6 millions de visiteurs mensuels, crédibilise un peu plus son rôle de boussole culturelle dans un univers où les contenus et les plates-formes pullulent.
Pour Warner Bros. Discovery, l’alliance va bien au-delà du coup de com. En France, Max était déjà disponible via Canal+ et Amazon Prime. Cette initiative traduit une volonté de distribution maximale via des partenaires solides, plutôt que l’obsession d’exclusivité à la Netflix. Un modèle que l’entreprise compte répliquer au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie d’ici 2026.
Guillaume Coffin, vice-président de Warner Bros. Discovery pour la France, résume bien la manœuvre : agréger les meilleurs contenus, éditoriaux et audiovisuels, pour proposer une "expérience incomparable". Traduction : faire cohabiter Daenerys de Game of Thrones et une enquête du Monde sur les retraites, ou binge-watcher The Last of Us avant de lire une critique acide de Télérama sur la série.
En filigrane, cette offre hybride illustre un changement d’ère. Face à la saturation de l’attention, les acteurs médias doivent trouver de nouveaux canaux de distribution et renforcer leur proposition de valeur.
Reste tout de même quelques interrogations, les journalistes garderont-ils leur libre arbitre dans la surface qu’ils accorderont dans leur critique aux séries “maison” de Warner, et garderont-ils leur objectivité ?
Cette combinaison n’est pas la première fois qu’un groupe de vidéo premium tente de bundeliser son offre avec une offre presse : on se souvient des initiatives de Canal dans un premier temps avec Cafeyn, puis avec l’outil maison Pass Presse de Prisma (depuis disparu) et enfin avec L’Equipe, qui fait pleinement sens sur les abonnés foot. Cependant, là l’éditeur presse semble bien incentivé à faire en sorte que leurs abonnés souscrivent à la plate-forme.
Bookés 📚 : Barnes & Nobles se recentre sur les livres
⏳ : 1 min 38 sec
Il fut un temps où Barnes & Noble ressemblait plus à un supermarché qu'à une librairie : bouteilles d’eau, jeux de société, gadgets électroniques… tout sauf des livres. Tentant de concurrencer Amazon sur son terrain numérique, l’enseigne s’était égarée, pariant sur sa liseuse Nook et rêvant de devenir un Apple bis.
Résultat : perte d’identité, chute des ventes, fermeture de magasins et crédibilité en berne. Mais depuis 2019, un vent de renouveau souffle sur la chaîne.
À l’origine de cette renaissance : James Daunt, le libraire britannique derrière le sauvetage de Waterstones. Recruté après le rachat de Barnes & Noble par le fonds Elliott Management (rachat pour un montant de 683 M$), il a entrepris une métamorphose discrète mais radicale. Exit les gadgets, retour aux livres.
Littéralement. Fini les rayons “Histoire mondiale” classés par auteur, les promotions payantes des éditeurs ou les gadgets hors sujet. À la place, une curation locale et pointue, avec une forte autonomie des points de vente à la manière des librairies indépendantes.
Résultat : après des années de stagnation, l’enseigne a ouvert ou rouvert 57 magasins en 2024, pour atteindre environ 650 points de vente.
En 2025, 60 autres ouvertures sont prévues. Et, même si les résultats financiers restent confidentiels (l'entreprise n’étant plus cotée), Daunt affirme désormais que l’entreprise “gagne bien sa vie”.
L’autre moteur de cette résurrection : BookTok, la communauté littéraire de TikTok. Depuis l’essor du mouvement en 2021 – année record pour les ventes de livres imprimés d’après l’institut Circana – elle a dopé les ventes des genres romance, fantasy ou thrillers auprès des jeunes publics.
Barnes & Noble en profite en organisant des soirées de lancement à minuit et en vendant des éditions exclusives, véritables trophées pour les lecteurs influencés par les réseaux.
Barnes & Noble hopes to capture some of the magic. Its bookstores offer “exclusive editions” of new releases, which BookTokers “trophy” on their shelves. The firm’s outlet in Manhattan’s Union Square hosts midnight book-release parties for BookTok favourites. They have drawn the sort of crowds last seen for “Harry Potter”.
Mais tout le monde ne se réjouit pas de ce retour en grâce. Si Daunt affirme éviter d’ouvrir près des librairies indépendantes et considère Amazon comme le vrai adversaire, certains, comme Allison Hill de l’American Booksellers Association, craignent que cette expansion cannibalise les acteurs plus petits (Barnes & Nobles avait été dans un monde pré-Amazon accusé, la bête noire des libraires indépendants).
Barnes & Noble ne veut plus être un ersatz d’Amazon ni un grand bazar culturel. En se réaffirmant comme librairie de vieux livres papiers avant tout.
Social-shoppé 👯♂️ : Amazon sur les rangs pour racheter Tiktok USA
⏳ : 1 min 47 sec
C’est un twist business à la sauce numérique : alors que Trump vient de repousser sa date de limite de cession des activités TikTok US, Amazon dégaine une offre de rachat de dernière minute.
L’information, révélée par trois sources proches du dossier, a de quoi faire hausser les sourcils : le géant du e-commerce aurait adressé une lettre d’intention aux autorités américaines… mais les acteurs en coulisses ne semblent pas la prendre très au sérieux.
L’offre d’Amazon arrive en plein bras de fer géopolitique. La loi votée l’an dernier oblige ByteDance, la maison-mère chinoise de TikTok, à céder ses activités américaines sous peine d’interdiction.
Le couperet devait tomber en janvier, mais Donald Trump — dans un geste aussi contradictoire que calculé — a repoussé la date fatidique à ce samedi 5 avril. Ce, malgré la validation unanime du texte par la Cour suprême, le Président avait argué que l’identification d’un repreneur était imminente.
Le timing d’Amazon fait donc penser à un coup de poker plutôt qu’à une stratégie mûrie. D’autant que TikTok répète ad libitum qu’il n’est pas à vendre, et que Pékin bloquerait de toute façon toute cession stratégique à un groupe étranger (en vertu d’une loi votée en Chine).
Techniquement, Amazon a déjà des liens avec TikTok :
la plateforme est devenue un canal majeur de recommandation produit, et beaucoup d’influenceurs orientent leur audience vers Amazon, en échange d’une commission.
Le TikTok Shop, concurrent d’Amazon, a beau monter en puissance, une partie de l’infrastructure repose encore sur des services fournis par le géant de Seattle. Ce dernier avait même tenté de copier TikTok avec une fonctionnalité baptisée Inspire, intégrée dans son app. Un four. Retirée en 2024.
Amazon n’est pas le premier à flairer le filon. En 2020, Microsoft et Walmart s’étaient déjà positionné déjà tenté leur chance.
Cette fois, des profils plus fantasques se sont mêlés à la danse : Frank McCourt (le propriétaire de l’OM), le milliardaire au patriotisme numérique assumé, Jesse Tinsley, fondateur d’une boîte de paie, et même Zoop, dirigé par le fondateur d’OnlyFans (!), associé à une fondation crypto, ont déposé leur candidature en mode hackathon. J’avais parlé la semaine dernière des projets de l’IA Perplexity pour une reprise également.
En coulisses, une solution alternative consisterait à contourner la vente directe à un seul acteur en élargissant le tour de table à des investisseurs américains (Oracle, Blackstone…), mais sans garantie de conformité légale.
Au final, cette affaire ressemble de plus en plus à une tragédie numérique à l’américaine : un bras de fer entre souveraineté, business et buzz.
Amazon, dans ce jeu d’ombres, fait une apparition spectaculaire mais tardive, sans grande chance de rafler la mise.
À ce stade, l’histoire de TikTok aux États-Unis reste un feuilleton aux rebondissements imprévisibles — la prochaine saison dira si Trump décide de s’asseoir sur la loi votée par le Congrès.
Suspendue 🌷: une promenade dans le jardin de Bagatelle
⏳ : 1 min 5 sec
Quoi de mieux aux beaux jours du printemps que de suspendre nos visites muséales pour profiter des rares espaces verts qu’offre la capitale : ce dimanche j’ai eu la chance de profiter de la quiétude et de la floraison de cet espace méconnu de nombreux Parisiens.
Le Parc de Bagatelle dans le Bois de Boulogne est né sous la Régence, d’un pavillon construit par le Maréchal d’Estrées sur une dépendance du château de Madrid. La peu farouche Maréchale en fit un haut-lieu de libertinage.
Le comte d’Artois l’acquiert en 1775, et parie avec sa belle-sœur, la Reine Marie-Antoinette, de le rebâtir en 60 jours, pari tenu par son architecte Bélanger qui établira les plans en une nuit, le lieu sera par la suite surnommée la “Folie d’Artois”.
Le château prit le nom de Bagatelle, c'est-à-dire babiole, par allusion ironique à son coût 3 à 4 millions.




L’Écossais Thomas Blaikie aménage le parc à l’anglaise dans un style dit anglo-chinois, très en vogue à l'époque. Cette mode est liée à l'arrivée en Europe d'images de pagodes en provenance de Chine mais reflète également une réaction face au rigorisme un peu classique des jardins à la française.
Propriété de Lord Hertford depuis 1835, puis de son fils adoptif, Sir Richard Wallace (le fameux mécène des fontaines parisiennes du même nom), le parc s’étend désormais sur 24 hectares.
Il est doté d’une Orangerie, d’un portail monumental du côté du Bois et, depuis son acquisition par la ville de Paris, en 1905, d’une fameuse roseraie renommée aux 12 000 espèces.
Ce weekend les plantes bulbeuses étaient de sortie et accueillaient le printemps : jonquilles, tulipes et autres crocus venaient enchanter la vue des grandes étendues du parc.