Le Wrap Up de la semaine du démarrage de la COP29 à Bakou (semaine du 11 novembre 2024)
🛡️ : les petits services de streaming - 🤨 : L’IA live lors de la réélection de Trump - 🎶 : Spotify et la musique générative - 📽️ : écouter un podcast sur Youtube - 🏟️ : Gladiator II, oui mais...
Au sommaire de cette semaine :
Epargnés 🛡️ : les petits services de streaming tirent leur épingle du jeu
Perplexe 🤨 : L’IA qui a tenté le live lors de l’élection de Trump
Renforcé 🎶 : les plans de Spotify entre musique générative et vidéo anti-YouTube
⌛️ Temps de lecture : 6 min 37 sec
Si vous préférez tester la version audio de cette newsletter, essayez le rendu de la moulinette Google NotebookLLM (en 🇬🇧), le résultat est encore surprenant :
Epargnés 🛡️ : les petits services de streaming tirent leur épingle du jeu
⌛️ : 1 min 22 sec
Alors que les géants du streaming comme Netflix ou Disney+ font la course en tête, les petits streamers spécialisés, comme Hallmark+ ou BritBox (ou en France TF1+/ M6+ ou Canal+), prouvent qu’il y a une place pour des offres plus modestes mais ciblées. Plutôt que de tenter de séduire un public de masse, ces plateformes misent sur des contenus affinitaires adaptés à des communautés spécifiques.
Hallmark+ illustre cette stratégie en se concentrant sur ses amateurs de programmes festifs et de feel-good (autant vous dire que vous y trouverez des films de Noël ad libitum). Comme l'explique John Matts, directeur général de Hallmark Media : « Nous n’avons pas besoin de produire du contenu qui plaise à tout le monde ». De même, BritBox, spécialisée dans les séries britanniques, séduit une audience fidèle avec une offre bien définie.
Selon une étude d’Antenna, les abonnements aux services de niche ont explosé : ils sont passés aux US de 24,5 M en 2022 à 51,4 M cette année. Ces plateformes affichent une croissance annuelle de 27 % en 2023, surpassant les leaders traditionnels du streaming. Cette dynamique s’explique par une approche plus ciblée et économique. Contrairement aux grandes plateformes qui visent des contenus « généralistes » coûteux, les streamers de niche comme AMC+ ou Shudder investissent prudemment, avec des coûts bien maîtrisés. On a l’impression qu’on nous refait le match chaînes TV nationales et chaînes du câble. Après tout, pourquoi ne pas garder ce distingo qui a fait ses preuveS.
Cependant, les défis restent nombreux pour ces petits streamers :
ils dépendent fortement de canaux de distribution comme Amazon Prime, où 60% des abonnements niche sont réalisés, contre seulement 9 % pour les grandes plateformes.
Par ailleurs, la volatilité des consommateurs de plus en plus enclins à annuler ou alterner leurs services, menace leur stabilité.
Pourtant, cette révolution des niches présente des similarités avec le modèle des kiosques à magazines : la presse spécialisée coexiste encore avec les géants de la presse, ces plateformes prospèrent en répondant à des passions spécifiques. Comme le résume Jonathan Carson, PDG d’Antenna : « Les intérêts pour les thématiques ont toujours existé, et ils ne disparaîtront pas. »
Perplexe 🤨 : L’IA qui a tenté le live lors de l’élection de Trump
⌛️ : 1 min 29 sec
Lors de l’élection présidentielle américaine, deux startups d’IA, xAI et Perplexity, se sont aventurées sur un terrain risqué : fournir des informations fiables en temps réel. Tandis que xAI, dirigée par Elon Musk, avec son chatbot Grok, s’est rapidement discréditée avec des erreurs flagrantes, Perplexity a impressionné par sa précision et ses insights pertinents, devenant une source alternative prisée face aux médias traditionnels.
Perplexity a lancé un hub d’information électorale avant l’élection, combinant cartes interactives et données actualisées en temps réel issues de Democracy Works et de l’Associated Press, les mêmes sources que Google utilise.
Contrairement à d’autres IA comme ChatGPT ou Gemini, qui ont évité les sujets électoraux pour éviter les « hallucinations » embarrassantes, Perplexity a pris le risque de s’imposer comme une source fiable, et cela a porté ses fruits.
Le hub proposait des cartes électorales classiques, un tracker des Swing States et des graphiques actualisés chaque minute. Ces fonctionnalités, bien qu’empruntées aux médias traditionnels, ont permis d’assurer une navigation fluide et familière pour les utilisateurs. Cependant, tout n’était pas parfait : des bugs mineurs ont été signalés, mais corrigés.
En termes de génération de contenu, Perplexity a fourni des réponses prudentes mais généralement correctes. Bien que moins analytiques qu’un commentateur sur CNN ou que l’iconique aiguille du New York Times, les réponses étaient adaptées au temps réel, avec peu d’hallucinations. Par exemple, lorsqu’il s’agissait d’analyser l’avancée de Kamala Harris dans les Blue States, l’IA a brièvement confondu sondages et résultats, mais l’information restait pertinente (heureusement que les deux furent proches cette fois).
Malgré ce succès, Perplexity reste sous les feux de la rampe mais pour de moins bonnes raisons : le moteur d’IA s’attire des critiques pour son utilisation des données des médias sans partenariats de partage de revenus clairs (Le même NYT lui a envoyé un courrier “cease or desist” . Bien qu’elle cite ses sources, la startup entre cependant en concurrence directe avec des médias, devenant une destination autonome pour les utilisateurs.
Cette première expérience d’IA appliquée à une élection pose un jalon important. Alors que l’exactitude restera un enjeu clé, Perplexity semble en avance sur la concurrence, ouvrant la voie à une nouvelle ère de consommation d’informations.
À l’avenir, il faudra compter avec les moteurs de synthèse des IA lors de ces grands moments de démocratie.
Renforcé 🎶 : les plans de Spotify entre musique générative et vidéo anti-YouTube
⌛️ : 1 min 43 sec
Spotify explore les possibilités offertes par l’intelligence artificielle générative pour enrichir son catalogue de contenus et optimiser l'expérience utilisateur. Gustav Söderström, CTPO de Spotify, partage la vision stratégique de l’entreprise dans une conversation approfondie avec la newsletter Big Technology.
L'IA est vue pour la plateforme de musique, comme une “extension des outils créatifs”. À l’image des synthétiseurs des années 1980 ou des stations audionumériques, les outils d'IA permettraient à davantage de personnes d'accéder à la création musicale. Bien que la plateforme annonce accueillir de la musique générée par IA si elle respecte la législation, elle ne prévoit pas de produire elle-même ces contenus.
Söderström estime que la musique purement générée par IA peut satisfaire certains usages utilitaires (musique d’ambiance, bruit blanc), mais que l’identification humaine à des artistes réels reste essentielle pour des genres où l’émotion et l’histoire de l’artiste priment (ouf…)
Spotify a également intégré l’IA dans ses podcasts, en expérimentant des animateurs IA capables de fournir des dialogues dynamiques. Cette approche vise à enrichir l’expérience utilisateur et à offrir des formats engageants (un peu à la Google NotebookLLM). Cependant, Söderström précise que l'IA doit rester un outil pour les créateurs, non un substitut, sans vraiment préciser comment distinguer le bon grain de l’ivraie. Par ailleurs, des “moyens significatifs” seraient consacrés à la découvrabilité des contenus longs, via des formats courts édités automatiquement et des flux d’aperçus vidéos.
Depuis ses débuts, Spotify s’est appuyé sur les playlists pour affiner ses recommandations. Aujourd’hui, grâce aux LLMs, Spotify ambitionne de transformer ses recommandations en une véritable relation interactive avec l’utilisateur. L’IA DJ (que nous avions évoquée ici) en est un bon exemple, avec des commentaires personnalisés enrichis par des données contextuelles. À terme, Spotify souhaite permettre aux utilisateurs de dialoguer directement avec ces recommandations pour affiner leurs préférences.
Enfin, Spotify regroupe musique, podcasts et audiobooks dans une seule application, par stratégie et pour simplifier l’expérience utilisateur. Cette approche facilite la découverte croisée (ex. : une interview d’auteur liée à un audiobook) et capitalise sur la distribution pour acquérir et fidéliser des utilisateurs.
On apprenait par ailleurs cette semaine dans les Echos, que Spotify lançait une grande initiative dans la vidéo pour contrecarrer Youtube (enfin presque car avec 600 M d’utilisateurs la plateforme est encore loin des 2,5Mds d’utilisateurs de la filiale de Google.)
Dès janvier, la plateforme proposera un programme de rémunération pour créateurs basé sur les vues de vidéos, tout en supprimant les publicités pour ses abonnés premium sur les podcasts vidéos.
Avec déjà 300 000 podcasts vidéos et des initiatives comme la diffusion de clips musicaux dans 85 pays, Spotify cherche à attirer créateurs et utilisateurs en investissant massivement, notamment via des contrats à plus d’un million de dollars pour débaucher des talents de YouTube.
Vlogcastés 📽️ : pourquoi donc écouter un podcast sur Youtube
⌛️ : 1 min 03 sec
Pour mieux comprendre les effortds de Spotify dans la vidéo, il suffit de voir comment Youtube déjà présent dans le streaming musical, est devenu le leader inattendu des podcasts... en vidéo (l’autre pied sur lequel la firme suédoise tente de marcher).
Avec 31 % des auditeurs hebdomadaires de podcasts aux États-Unis, il dépasse désormais Spotify et Apple, selon Edison Research. Une révolution rapide, née en grande partie pendant la pandémie, où l’on a vu exploser les enregistrements Zoom et une soif de connexion humaine transformée en visionnage.
Daniel Ek, PDG de Spotify, ne cache pas son étonnement : "C’est devenu une affaire de vidéo." Car YouTube ne se contente pas d’héberger des podcasts ; il les transforme en expériences visuelles engageantes. Les créateurs optimisent leurs contenus pour la plateforme, ajoutant caméras, sets, et ring lights.
Pourquoi ? Parce que l’audience est là... et l’argent aussi. YouTube, grâce à son modèle de partage des revenus publicitaires, offre des incitations financières convaincantes. Résultat : ne pas proposer de version vidéo, c’est laisser de l’argent sur la table.
Cette dynamique modifie profondément l’industrie. Historiquement consommés en multitâche – en conduisant ou en faisant la vaisselle –, les podcasts deviennent des shows à part entière. Notamment pour la Gen Z, qui préfère regarder ses podcasteurs favoris sur écran, que ce soit un smartphone ou une télévision connectée. D’après une étude d’Edison, 84 % des jeunes de 13 à 24 ans ont déjà consommé des podcasts en vidéo.
Face à la réaction de Spotify, YouTube peut dormir sur ses deux oreilles : son algorithme redoutablement addictif. Commencez un podcast, et la plateforme vous en suggère d’autres sans fin, un mécanisme qui pousse à la surconsommation.
Circassien 🏟️ : Gladiator II, etiam sed ...
⌛️ : 1 min
Bon, on va se l’avouer d’entrée : Gladiator II n’est pas la recommandation culturelle de l’année. On n’a pas grande fierté à la mentionner dans le Wrap Up au même titre que Regain de Giono ou l’exposition Figures des Fous au Louvre, mais il y a un plaisir certain à aimer les films de gladiateurs.
Je ne prends pas le temps de vous narrer l’intrigue du film qui tient en un décalque du premier Gladiateur de 2000 déjà de Ridley Scott (désormais 86 ans) et avec Russell Crowe qui avait marqué son époque et ressuscité le genre du peplum à Hollywood.
Je ne m’attache pas à relever les 7 erreurs historiques, car tout y est à peu près faux (voir ce drôle article dans Libé). Là où le Monde y voit un triste film viriliste et plein d’hémoglobine (certainement présente), les Echos s’attachent à reconnaître au réalisateur britannique, une vision crépusculaire des Empires (rappelons les deux derniers films de Ridley Scott : le Dernier Duel sur la chevalerie finissante ainsi que le vilipendé Napoléon). L’allusion à l’empire américain affleure lorsqu’il s’agit de déplorer les dérives décadentes du régime face aux nobles idéaux premiers de la République romaine.
Tous soulignent le jeu d’acteur de Denzel Washington qui tire avec maestria son épingle du jeu, avec une bonhommie traitresse presque shakespearienne. Autre mérite incontestable : la reconstitution d’une Rome et de son forum romain au IIème siècle de notre ère, entre splendeurs et misères, tout en images de synthèse.
Pour le reste, un bon spectacle qui aurait gagné à adopter un parti pris, plutôt que la copie du premier opus.