Le Wrap Up "light" de la semaine où les Bleues ont perdu face aux Matildas (semaine du 7 août 2023)
🏀: l’Arabie Saoudite met 10 Md$ pour exister dans le sport mondial - 🧽 Tech: la parenthèse Gutenberg? - Bestof 🏆 : le numérique et la crise climatique - 📸: les Rencontres d'Arles de la photo
Au sommaire de cette semaine light :
⌛️ temps de lecture : 5 min 13 sec
Saoudoyés 🏀 : l’Arabie Saoudite met 10 Md$ pour exister dans le sport
⌛️ 2 min 9 sec
Le plus grand événement sportif de l’été n’est pas le Championnat du Monde d’Athlétisme ni la coupe du monde féminine de football, mais l’irruption de l’Arabie Saoudite sur le terrain du sport mondial :
Avec une dépense de 10 milliards de dollars dans le recrutement de joueurs, d'équipes et de ligues, le pays perturbe les terrains de golf et de football. De nombreux fans et politiciens occidentaux y voient une tentative de "sportswashing", une manière de détourner l'attention de leurs violations des droits de l'homme.
L'Arabie Saoudite, sous la direction de son dirigeant Mohammed ben Salmane (MBS), s’inspire en grande partie de ses voisins qataris et voit le sport comme un moyen de réinvestir les revenus pétroliers et d'encourager l’ouverture de son pays au monde (ou a contrario de présenter un profil plus moderne au reste de la planète).
L'investissement du pays dans ce domaine est d’ailleurs plus structuré que les investissements sportifs typiques :
In football it is paying for some of the world’s top players, including Karim Benzema, to play in a revamped domestic league. It controls Newcastle United, an English club, and may bid for the World Cup in 2030. In golf a Saudi-bankrolled tournament is merging with the pga Tour, America’s men’s circuit. The kingdom sponsors Formula 1, has deals in wrestling and boxing and is eyeing winter sports and e-sports.
D’ailleurs The Economist y voit plutôt des signaux encourageants :
MBS is a volatile strongman, but he is also overseeing some liberalisation, including of women’s rights. The spread of a globalised, consumerist, sporting culture may help Saudi Arabia shift social norms away from austere religious conservatism.
Cette tendance d'investissement dans le sport reflète d’ailleurs une tendance d'afflux de capitaux institutionnels dans le sport : avec plus de 100 milliards de dollars de fonds propres privés investis depuis 2020.
Une des motivations de fond de cet afflux de capitaux reste les changements à l’œuvre dans cette industrie comme d’autres : la capacité avec la transformation digitale à toucher directement le public1.
Bloomberg reckons 17 of Europe’s top 98 soccer clubs are now backed by sovereigns or institutional capital.
Ces décisions d’investissement de l’Arabie Saoudite sont ici critiquées pour deux raisons :
D'abord, en tant qu'acteur étatique avec d'énormes ressources, elle risque de déséquilibrer la rivalité entre les acteurs privés (ce que le Qatar avait déjà notablement entamé en ce qui concernait le championnat français).
Deuxièmement, son critiquable bilan en matière de droits de l'homme est source d'inquiétude pour beaucoup.
Cependant, malgré ces objections, selon ses bonnes habitudes pro-marché, l'article de The Economist conclut que mettre en place des restrictions d'investissement dans le domaine sportif, pour des raisons de sécurité nationale ou de moralité, serait une erreur.
In a turbulent world many fans see their teams as a source of pride and stability. But many forget that sport is also a business that is being disrupted. It needs to be open to new capital and fresh ideas….
Disruption can lead to improvements that bring in new fans. England’s Premier League broke off from the rest of the game in 1991 and is now one of the world’s most successful tournaments. India’s Premier League, launched in 2008, drew millions to Indian cricket. Formula 1 has found a younger audience in the Netflix show, “Drive to Survive” and direct-to-consumer streaming. Who knows what will come from Apple’s $2.5bn investment in streaming mls, America’s soccer league; or Qatar’s backing of Padel, a rival to tennis, with 25m players.
Effacée 🧽 : la parenthèse Gutenberg
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La Parenthèse de Gutenberg est un terme créé par le chercheur danois Lars Ole Sauerberg, professeur à l’université du Danemark du Sud, qui suggère que l'ère de l'impression, depuis l'invention de l'imprimerie de Gutenberg au milieu du XVe siècle jusqu'au tournant du millénaire, pourrait être considérée comme une simple parenthèse dans l’histoire de l’humanité.
Dans son ouvrage "The Gutenberg Parenthesis", le journaliste américain Jeff Jarvis explore cette thèse et ses implications possibles, notamment la transformation des institutions culturelles par la technologie numérique. La principale est le fait que la notion d’auteur disparaisse au profit d’une culture commune, comme l’était un peu la culture de l’oralité qui précédait :
Digital technology would transform our cultural institutions by undermining their core foundation: the intellectual property and moral authority bound up in individual authorship. The future of knowledge production would be collective and collaborative – entailing, in essence, a return to the oral tradition of the world before print.
Jeff Jarvis est une des sommités, reconnu pour ses analyses profondes et réflexions sur le changement culturel induit par la technologie numérique sur notre société et notre compréhension du monde.
Jarvis prend le lecteur par la main et l’emmène dans un voyage à travers l'histoire de l'imprimerie, soulignant les changements majeurs intervenus: la naissance du roman, la diffusion de la Bible à l’Europe entière, puis plus tard: l'avènement de l'électricité, la photocomposition.
Il se penche également sur l’avenir de la chose écrite, convoquant des penseurs reconnus dans ce domaine comme Marshall McLuhan et Hannah Arendt et propose des solutions d’organisation de nos sociétés pour acter de ce changement d’époque et pour que l’information conserve son utilité, son rôle social.
Il souligne l'importance de conserver ce qui était bon et utile2 dans les structures de contrôle de l'ère analogique et appelle à des cadres flexibles pour la supervision, la collaboration entre les entreprises technologiques, les régulateurs et la société civile.
A print culture built on linear narrative and the sequential ordering of content is gradually giving way to something altogether more chaotic…
“To fight to eradicate bad speech is a distraction,” he writes. “In the history of Gutenberg’s age, what worked instead was the creation and expansion of institutions dedicated to nurturing, supporting, and sharing the best of what came of print: editing, publishing houses, criticism, and expansion of libraries and disciplines of humanities and arts in universities and schools.”
Jarvis offre, en tout cas à travers la recension de son livre, une perspective rafraîchissante et optimiste, même si l'idée d'une collaboration entre les gouvernements et les big techs peut sembler un brin idéaliste.
Best of 2023 🏆 : le numérique et la crise climatique
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En mars dernier, nous parlions d’écologie et de numérique à la faveur d’un rapport sur ce secteur par l’ADEME, quelques données clés :
Le numérique représente 2,5 % de l’empreinte carbone nationale; soit 17,2 Mt CO2eq ;
Environ 80% de l’empreinte carbone provient des supports et de leur fabrication (En 2020, 800 M de devices en France!). Les 20% restants sont liés à la consommation de data que nous en faisons ;
L’empreinte du numérique ne tient pas seulement du carbone mais aussi pour beaucoup des métaux et les minéraux rares qui connaîtront leurs pics de disponibilité avant 2050 ;
L’empreinte des smartphones est surtout liée à la courte durée moyenne d’utilisation (2 ans et demi, et 3 ans pour les tablettes) et à leur renouvellement fréquent ;
Sans action pour limiter la croissance de l’impact environnemental du
numérique, son empreinte carbone pourrait tripler entre 2020 et 2050 ;
Les scénarios pour la transition écologique sont disponibles dans l’article.
Clic-claquées 📸 : les Rencontres d’Arles 2023
⌛️ 44 sec
Epuisante journée aux Rencontres d’Arles, on en ressort éreinté, déshydraté mais … content. Certes, cette abondance de photos, cette orgie de clichés pourrait nuire à la qualité ou conduire à une expérience dégradée, mais les limites physiques du visiteur (et de sa famille compatissante) finissent pas avoir raison des ambitions de tout voir, tout savoir. Demeure une forme de persistance rétinienne qui vous ravie pour les jours suivants.
On en repart le coeur content, les yeux rassasiés et l’imaginaire débridée.
Pêle-mêle et sur les conseils avisés d’expertes qui nous ont précédées, je vous recommande de :
(re)découvrir Saul Leiter au Cloître St Trophime,
de vous laisser (ou non) convaincre de l’intersenctionnalité des combates photographes féminines nordiques à l’Eglise Sainte Anne (Soesterskap);
de voir le réalisateur Wim Wenders user du polaroïd dans les années 1970 à la manière dont on utilise nos smartphones pour shooter à tout va aujourd’hui;
de découvrir le fonds photo du musée Reattu sur les bords du Rhône,
ou l’indétrônable Diane Arbus à la fondation Luma dans l’immeuble encore tout neuf qui l’abrite.
Les expositions durent certaines à Arles jusqu’au 24 septembre.
En ayant de moins en moins recours aux diffuseurs nationaux (cf. l’arrivée de Lionel Messi dans le foot US et l’intéressement inédit mis en place par Apple TV avec le joueur sur l’augmentation des abonnements à cette discipline sur la plateforme).
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