Le Wrap Up "light" de la semaine où le glas a sonné pour Charlie Watts (semaine du 23 août 2021)
Quelques bullet points média tech NFTs avec une pointe de culture
Les Stones ont rendu hommage à celui qui fut pendant 48 ans le batteur du groupe. Un article intéressant de Marianne le qualifie de “plus mauvais des grands batteurs”, pour aller à l’encontre du concert de dithyrambes sur son génie. Voici le clip des Stones en son honneur :
Nouvelle édition en version light du Wrap Up cette semaine :
Co-streamé 🔀 : Comcast et Viacom s’allient dans le streaming vidéo en Europe
Post-globalisé 🌎 : Apple est-il au point d’inflexion de son succès ?
Clic and collecté 🌯 : quelques burritos pour la route
Clichés : l’exposition Jazz Power à Arles
Co-streamé 🔀 : Comcast et Viacom s’allient dans le streaming vidéo en Europe
⌛: 46 sec
L’Europe continuera-t-elle à regarder passer les trains du marché du streaming vidéo ? A part ProSieben qui s’est allié avec l’Américain Discovery en Allemagne (bonne pioche depuis le rachat par ce dernier de Warner Media en mai dernier), les principaux acteurs du marché européen sont américains et donnent lieu à tout un tas de configuration pour s’arroger ce marché.
Dernier avatar de cette lutte d’influences pour contre-carrer le champ libre de Netflix, Disney+ (respectivement 209 et 116 millions d’abonnés au dernier comptage1) et d’Amazon, l’alliance du cablo ComCast (avec sa plateforme US Peacock issue de NBC, mais aussi le rachat de Sky, présente au UK, en Allemagne et en Italie) et de Viacom (qu’on avait vu se lancer avec Pluto plutôt en version AVOD un peu partout, mais également les contenus CBS/Paramount dans l’escarcelle).
Cette nouvelle offre de SVoD, baptisé “SkyShowtime”, vise potentiellement 20 pays européens avec près de 90 millions de foyers avec un lancement attendu en 2022. Elle proposera un catalogue de 10 000 heures de programmes, dont des séries originales ainsi que des films inédits (voire). A priori pas de lancement en France, où Pluto et prochainement une offre payante baptisée Paramount+ devrait arriver, et de son côté Peacock compte bien venir faire valoir ses atours.
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Post-globalisé : Apple est-il au point d’inflexion de son succès ?
⌛: 2 min 8 sec
Pour les 10 ans de Tim Cook à la tête d’Apple, The Economist se fend d’un article synthétique comme il en a le secret, en cassant quelques clichés au passage.
Foin de Steve Jobs, Tim Cook si l’on se place du point de la création de valeur en bourse (what else?) est responsable de 80% de la création de la firme à la pomme, qui atteint désormais 2,5 trillions de dollars.. aucun chef d’entreprise n’a jamais créé autant de valeurs pour ses actionnaires depuis la création du concept de bourse au XVIIème siècle à Bruges.
A ce titre, elle symbolise avec éclat, la réussite du capitalisme global, grâce en particulier à son image de marque et sa politique d’innovation incessante.
Remarquons d’entrée qu’on fait usuellement rentrer Apple dans les GAFA, mais qu’elle s’en distingue nettement :
Elle est nettement plus vieille (fondée en 1977);
Principalement centré sur la vente de produits physiques;
Contrôlés par des investisseurs, pas par ses fondateurs ;
Largement plus mondialisé que la plupart de ses concurrents bg tech : plus que Alphabet, Amazon, Facebook, Microsoft, Alibaba ou Tencent.
Si l’on revient sur cette réussite éclatante, The Economist retient quatre facteurs principaux :
La chaîne logistique mondiale : Apple a construit un réseau de production mondiale avec en son centre la Chine avec des composants provenant de l’ensemble du monde environnant ; L’iPhone 13 qui sort le mois prochain devrait le premier mois se vendre à plus de 90 millions d’exemplaires…
Avoir réellement percé sur le marché chinois : ses ventes ont quintuplé en 10 ans, atteignant 60 Md$, plus que n’importe quelle autre compagnie occidentale. Près de 18% de ses consommateurs y sont situés;
Avoir établi durablement une part de marché record de 60% (sur le marché US) - l’article ne mentionne pas le taux de marge record, qui aurait mérité toute l’attention : la marque continue clairement de rivaliser avec les plus grandes marques du luxe mondial en termes de marge nette;
The last trend is tax avoidance. Thanks in part to legal structures using tax havens, Apple has made average cash-income tax payments of just 17% of pre-tax profits over the past decade…
L’article souligne qu’Apple pourrait au sommet de sa maturité avec là plusieurs facteurs d’inquiétude :
Réglementaire d’abord : La Chine dans le sillage de la politique nationaliste de Xi Jinping, pourrait appuyer la préférence chinoise pour les terminaux et impacter les volumes d’Apple; Les Etats Occidentaux semblent de leur côté faire montre d’un certain activisme en termes de régulation des monopoles tech (en particulier la fameuse Apple tax dans les Appstores);
Tim Cook a sur ces deux points commencé à bouger :
Il a relocalisé une part croissante de la valeur des terminaux aux Etats-Unis, non sans conséquence sur la marge;
Sur la question des attaques antitrust, Apple a engagé une bataille avec Facebook (et les demandes de renseignement des Etats) pour se poser en héraut de la privacy,.
Profitabilité : il est possible qu’elle pourrait s’éroder dans les années à venir et les initiatives d’Apple pour packager des services d’abonnement récurrent (dans la santé et la vidéo) promettent tout de même des lendemains confortables (ces derniers représentent déjà 21% des ventes!) ;
Apple is still about beautiful design and flawless manufacturing, but it also wants to be a trusted intermediary in a toxic and unruly digital sphere, able to charge handsome fees. And it will continue to try to invent a new generation of hardware—iGlasses or iCars, say—that can supplement the iPhone as the gateway to Apple’s world.
Clic and collecté 🌯 : quelques burritos pour la route
⌛: 1 min 36 sec
Levée de fonds dans la blockchain Music : 3LAU (le DJ Justin Blaud) a annoncé vendredi avoir levé 16 M$ pour son projet de NFT2, Royal, où il ouvre clairement la voie à ce que les NFTs commercialisés sur cette plateforme ouvrent droit à recette. En mars dernier, 3LAU avait commercialisé son dernier album, Ultraviolet, en NFT, les ventes rapportant quelques 20 M$ en quelques heures.
NFT toujours : la folie spéculative autour du pixel art semble avoir atteint un nouveau sommet avec les CryptoPunks dont le total de valeur échangée sur ces 10 000 avatars a dépassé le milliard de dollars. Après l’annonce de Visa qui a annoncé avoir fait l’acquisition d’une de ces figures pour 150 K$, le cours s’est littéralement envolé, et le moindre avatar coûte désormais au minimum 450 K$. Compte tenu du format de cet art qui est en 16 bits, ça fait cher le pixel :
Netflix teste ses jeux mobiles sur Android en Pologne : nous en en parlions il y a quelques semaines, Netflix veut aller vers le gaming par abonnement. Premiers jeux testés : deux versions de Stranger Things qui datent déjà d’il y a quelques années, Stranger Things: 1984 and Stranger Things 3.
Podcast très intéressant de début août avec Scott Galloway qui interviewe un certain Josh WOLFE du fonds LUX Capital (à partir de la 13e minute), qui a une thèse d’investissement qui tourne essentiellement autour des innovations scientifiques avec des applications militaires. Ce sont un peu des thèses d’investisseur professionnel (donc un peu bullshit), mais quelques idées très intéressantes :
“directional arrow of progress” : détecter les tendances de long terme, comme par exemple les interfaces homme-machine : d’abord le toucher, puis le visuel, enfin la voix.
“half life of technology intimacy” (l’idée que la technologie s’est progressivement rapproché de notre corps au fil de l’histoire de l’informatique : du laptop au mobile puis désormais les wearables)
Les opportunités dans l’espace ? les considérer comme l’industrie du rail mais verticalement —> le tourisme, le réseau de gares, le transport de fret, la démultiplication l’externalisation de nos industries polluantes dans notre environnement spatial immédiat, …
La Science est le nouveau terrain de rivalité entre les grandes puissances, et Lux Capital recherche les outils qui vont venir nourrir cette rivalité, ce que Josh Wolfe appelle “The Tech of Science”.
Le Mirror World (rendre notre environnement immédiatement lisible pour les machines afin de le numériser) vs. les Métaverses (recréation de la réalité avec une très haute fidélité);
La surmédiatisation du quantum computing;
Application de l’intelligence artificielle aux simulations
Création de capacités de laboratoires mutualisées pour les laboratoires pharmaceutiques à la façon d’AWS;
Clichés 🎷 : l’exposition Jazz Power à Arles
Miles Davis
⌛: 49 sec
Sur les bons conseils d’une amie, je suis allé, pour la première fois, une journée à Arles pour les Rencontres de la Photographie qui durent jusqu’au 26 septembre. Une journée permet de couvrir une grande partie des expositions dissiminées dans les artères charmantes de la petit Rome des Gaules, j’ai particulièrement apprécié l’exposition Jazz Power à la Croisière.
Oscar Peterson
L’exposition s’attache à explorer le fonds photographique du magazine Jazz Magazine, magazine commencé en 1954 par Rose et Eddie Barclay (oui cet Eddie Barclay) pour mettre en avant la musique jazz et ses créateurs, ses interprètes à une époque où la Ségrégation battait son plein et allait encore durer 13 ans aux Etats-Unis. D’emblée, la jeune équipe de la revue se fait l’apôtre des emprunts musicaux et des échanges culturels. Le mensuel devient rapidement le terrain d’expérimentation et de prise de position des deux rédacteurs en chef, Frank Ténot et Daniel Filipacchi (oui ce Filipacchi), amis fougueux et ambitieux fascinés par le jazz et la contre-culture afro-américaine.
Duke Ellington
Le magazine contribua à faire connaître les plus grands jazzmen et jazzwomen de cette époque (Ella, Billie et Nina en particulier) au public français, à construire également la légende qui entoure ces artistes, et à électriser les foules avec cette figure du jazzfan qui déferlera dans les salles de concerts. Les photos sont sublimes et l’interprétation à la fin de l’inimitable Nina Simone de Stars vous fait dresser les poils sur la peau :
à ce sujet, plusieurs analystes ont fait la projection d’un dépassement de Netflix par Disney+, voir ici.
si vous nous lisez depuis quelques semaines le concept devrait commencer à vous être familier. NFT = Non fungible tokens, la possibilité d’émettre des certificats d’authenticité sur des biens digitaux (mais pas seulement).