Le Wrap Up light de la semaine où tous les Français sont sortis de Roland Garros au 2ème tour (semaine du 31 mai 2021)
5 bullet points : média, tech, culture
Au sommaire cette semaine :
Dopé 💉 : l’eSport propulsé par la crise du Covid
Mobilisée 📲 : la place des téléphones portables dans nos vies “onlife”
Identifié 🕵️♂️ : l’enjeu de l’identité pour les responsables marketing en 2021
Snackés 🌯 : quelques burritos pour la route
Engrangée 👨🌾 : la Halle au Blé devenue la Bourse de Commerce accueille la Fondation Pinault
Dopé 💉 : l’eSport propulsé par la crise du Covid
Photo by Florian Olivo on Unsplash
Dans un rapport, malheureusement non disponible, la boutique M&A AGC Partners a synthétisé l’état de l’industrie du eSport et les chiffres sont déjà édifiants lorsqu’ils sont pris séparément, mais là l’emballement est encore plus frappant :
Audience des spectateurs : la croissance devrait continuer d’ici 2024, partant de 474 M de spectateurs en 2021 à 577 M en 2024 (soit environ 7% de TCAM1), d’après NewZoo;
Les jeux mobiles continuent d’être la locomotive de cette croissance, le marketing des plates-formes de jeux en ligne en streaming permet de son côté d’élargir la base des gamers et des jeux testés et bien sûr le Covid est venu booster le tout (le nombre d’heures au Q2 2020 a DOUBLÉ pour atteindre 7,6 milliards et a continué à progresser les trimestres suivants).
Avec ce nouveau comptage, le sport se hisse, au global (car beaucoup de jeux en ligne diffèrent fortement les uns des autres en réalité), dans le top 10 mondial des disciplines « sportives » (à rang égal quasiment avec le Rugby et le Baseball!) avec seulement 17% de la population de gamers et 10% de la population connectée, laissant de belles marges de progression.
L’audience en termes de plateforme continue de se concentrer sur Twitch pour les 2/3 des sessions mais Youtube Gaming rattrape son retard avec une part de marché de l’ordre de 25%;
Le nombre de streamers (joueurs qui diffusent via une chaîne leurs parties de jeu) continuent de croître - même si le chiffre reste modeste vs. le nombre de téléspectateurs : ils sont désormais près de 8,5M en novembre 2020 vs. 3M en décembre 2019 !
La monétisation de l’eSport devrait passer la barre du milliard de dollars de revenus cette année (Newzoo) et continuer de progresser au rythme de 14% par an pour atteindre 1,6md$ en 2024.
Le revenu médian est encore faible ($5 par spectateur en moyenne) à titre de comparaison : 48 $ pour le football américain de la NFL et près de 32 $ pour la NBA;
Le sponsoring représente la majorité des revenus avec 59% suivie par les droits de retransmission (18%), les revenus des éditeurs de jeux (12%) et le merchandising et la billetterie (6%).
“On Friday, TSM, a competitive video game organization based in Los Angeles, announced that it was changing its name to TSM FTX — and getting paid $210 million over 10 years in the process. FTX, an up-and-coming Hong Kong-based cryptocurrency exchange, will foot the bill. The annual $21 million payment is larger than many deals corporations have struck with traditional sports teams in recent decades to have their names attached to stadiums and arenas. It is similar to recent transactions like Citibank’s deal with the Mets ($21 million per year), MetLife’s contract with the Giants and Jets (about $19 million per year) and the British bank Barclays’s agreement with the Nets ($20 million per year).”
So what ?
Longtemps considéré comme un sport de boutonneux pré-pubères par les marques, l’eSport est en train de devenir central pour comprendre les références de la nouvelle génération, même si les joueurs français restent plutôt masculins (seulement 53% d’après une étude de Médiamétrie, qui doit probablement inclure le casual gaming), pas nécessairement jeunes (moyenne d’âge de 40 ans!), et pas nécessairement tous surdiplomés. Les banques en tête suivis par les opérateurs telco se sont engouffrés dans cette brêche sans qu’on mesure nécessairement les retombées, en France, d’un tel sponsoring.
Le 15 juin prochain, j’aurais le plaisir d’animer avec mon camarade Eric LENTULO, un webinar du groupe "ESCP Media & Entertainment" avec pour invité Laurent-Eric Le Lay, directeur des Sports France Télévisions.
Nous y parlerons sports et médias bien sûr, esport et perspectives du secteur sous les coups de boutoir des GAFA (sans doute aussi un peu des rapprochements tv en cours).
Pour s’inscrire, il faut le faire sur le site des ESCP Alumni : ➡ ici
Identifié 🕵️♂️ : l’enjeu de l’identité pour les responsables marketing en 2021
Après le knowledge graph à la base de Google2, après le social graph3 popularisé par Facebook, d’une certaine façon à travers l’interest graph que permet d’une certaine façon Twitter en fonction du contenu consommé, on peut en savoir beaucoup sur ses consommateurs passés ou futurs à travers ce portrait chinois.
Pour aller au delà, on pourrait considérer le sujet de l’identité comme le coeur de la connaissance clients, et cette recherche est évidemment au coeur de la quête de sa compréhension par toutes les directions marketing de la terre.
Pour aller plus loin que la simple adresse email ou postale, les marketeux ont besoin de comprendre et étudier leurs cibles marketing, ses comportements, les traces qu’elles laissent sur la toile et en dehors (géolocalisation à l’appui). Et pour cela, ils ont besoin de … datas.
La multitude des devices utilisés ou la typologie d’accès aux données (walled garden, inscriptions volontaires et bases abonnés) sont autant de modalités différentes d’accès à ces données et la montée des préoccupations autour de la détention et du traitement ont conduit nombre de réglementations nationales à poser des gardes fous sur le rapport à ces données : recueil du consentement à la collecte et au traitement, durée de conservation, agrégation assurant une forme d’anonymat.
Digiday propose quelques graphiques qui résument bien l’enjeu de l’Identity Graph :
So what ?
Il est clair, et c’est déjà très largement achevé dans nombre de sociétés ayant pignon sur rue, que toutes les entreprises doivent devenir, à leur façon, des « data companies ». Elles doivent mettre en place des mécaniques de connaissance fine de leurs clients, de leurs attentes. Aucun levier n’est à exclure, de la construction d’une base de données en propre (malgré l’investissement ruineux que certaines ont réalisé dans une DMP4 propre), à l’extrapolation déterministe d’après des données … de bon vieux panels.
Mobilisée 📲 : la place des téléphones portables dans nos vies “onlife”
Si je m’écoutais, je citerais Marie Dollé et sa newsletter In Bed with Tech toutes les semaines dans le Wrap Up. Cette semaine, cette scrutatrice imperturbable de l’impact du numérique sur nos vies souligne l’utilisation décalée des fonctionnalités du téléphone.
Elle concentre ses recherches en particulier sur les utilisations sensorielles des fonctionnalités du téléphone : de la fonction haptique du téléphone portable à la lumière du flash, en passant par le rendu des textures, en attendant demain, pourquoi pas, d’incorporer les données physiologiques dans l’expérience mobile (l’accélération du rythme cardiaque) ou d’utiliser les capacités calorifères ou de refroidissement du téléphone à des fins thérapeutiques ou culinaires… sky is the limit.
Elle cite dans son édition de la semaine, plusieurs applications qui font déjà un usage riche et particulièrement … bizarre des fonctions :
Aglet, le Pokémon go de la basket qui invente ce néologisme charmant d’onlife (pour désormais fusionner le off et le online) et qui utilise les données météo du monde réel pour modifier les modalités du jeu online ;
Luminate utilise la lumière du téléphone en mode stroboscopique pour altérer votre état de conscience ;
Poparazzi, sorte d’instagram qui rend impossible la prise de selfie et qui vous transforme en paparazzi des personnes de votre entourage, là encore en utilisant les vibrations du téléphone pour reproduire le déclic d’un appareil réflex ;
iVibrate qui propose différents modes de vibration de votre téléphone selon que vous recherchez à détendre un muscle endolori ou à vous procurer un plaisir disons plus solitaire…
So what ?
Reste à imaginer les prochaines étapes du développement sensoriel de vos apps, sur quels autres sens allez-vous jouer pour améliorer l’expérience de votre client ?
Snackés🌯 : Quelques burritos pour la route
je regroupe ici sous cette appellation de burritos (merci Paul), quelques news suffisamment intéressantes pour être citées, insuffisamment pour valoir un bullet point à elle toute seule :
Twitter lance Twitter Blue son service par abonnement alors que la pub compte pour 86% des revenus de Twitter au Q1 2021, le service lancé au Canada et en Australie pour respectivement 3,49 dollars canadiens and $4,49 dollars australiens par mois. Parmi les fonctionnalités : la possibilité d’éditer ses tweets, un mode lecture, la personnalisation de l’icône twitter sur son bureau. Pas très ébouriffant, on attend un peu plus des KOLs qui passeront en payant une partie de leurs contenus pour voir si le paiement est la voie.
Les chaînes opérées par ABC aux Etats-Unis ont basculé leur mode de commercialisation de la part d’audience à l’impression, une tendance destinée à se répandre dans les petites audiences (NextTV);
Dans une interview à Reuters, le CEO du groupe allemand ProSiebenSat1, Rainer BEAUJEAN, a répondu dans un bel exercice de langue de bois à la question des rapprochements européens, qu’il était conscient de l’attrait du marché allemand pour des acteurs internationaux, qu’il poursuivait une claire stratégie en standalone pour le moment (notamment axé sur la diversification en direction de l’ecommerce et du dating!), mais qu’il étudierait toutes les options sur la table tout en soulignant que “des synergies de coûts seraient quasiment impossibles à atteindre dans le cadre d’un rapprochement international.”
Engrangée 👨🌾 : la Halle au Blé devenue Bourse de Commerce accueille la Fondation Pinault
A l’heure où le Centre Pompidou poursuit son internationalisation en annonçant une implantation à Jersey City près de New York à l’horizon 2024, c’est le mouvement inverse qu’a amorcé François Pinault en décidant de relocaliser une partie de sa collection personnelle à Paris après lui avoir fait des infidélités à Venise (la fameuse Douane de Mer chère à Jean d’Ormesson, et avant elle, le Palazzo Grassi).
Le reportage d’Arte permet de préparer, en se frottant les mains, la visite du lieu revisité par le prix Pritzker, Tadao Ando et de l’exposition Ouverture dont certaines des oeuvres exposées ne dureront que le temps de l’ouverture, ayant été réalisées en cire qui marqueront ainsi le passage accéléré du temps.
Le reportage commencé en 2016 permet de comprendre la genèse et le geste architectural voulu par le milliardaire “anticonformiste” très impliqué à chaque étape de la conception de “son” musée parisien avec ce savoureux « je n’aime pas le côté granuleux du béton, je préfère quand c’est lisse, c’est à lui de s’en démerder, traduisez ! » lancé à l’architecte tout en euphémisme. Sans doute lost in translation 😏.
TCAM : taux de croissance annuel moyen;
Google a dessiné une cartographie du savoir en “crawlant” avec ses robots le web : il a répertorié initialement les liens entre les pages de texte et “l’autorité” de certaines pages (le PageRank) en observant le comportement des internautes (à travers son moteur de recherche, son navigateur chrome, voire en fonction des cookies déposés deci delà) : adéquation entre la recherche google de l’internaute et le temps passé sur la page;
Fait de cartographier les relations d’un individu avec ses proches en utilisant les connexions d’un réseau social ; on arrive ainsi à bien établir les personnes avec lesquelles nous interagissons le plus, nous partageons des intérêts communs ou celles au contraire avec lesquelles nous n’entretenons qu’une relation distante etc…
data management platform : plateforme de gestion des données personnelles;
Le documentaire Arte est un incontournable de l’année