Le Wrap Up de la semaine où we lost a Friend (semaine du 23 octobre 2023)
🗡️ the Netflix Effect - 🪞Google Maps-verse ? - 👯♂️ : le bon ménage entre presse et IA? - 👑 : Spotify ne veut plus payer le bruit - 🗿Gormley vs Rodin
Au sommaire cette semaine :
⌛️ Temps de lecture : 9 min 30 sec
Résilient 🗡️ : The Netflix Effect
⌛️ : 2 min 43 sec
Le dernier post de Scott Galloway dans sa newsletter No Mercy / No Malice revient sur le phénomène Netflix à l’aune de ses derniers résultats financiers qui ont agréablement surpris les marchés. Alors que l'année dernière, l'entreprise perdait 1 million d'abonnés par trimestre et avait perdu près de 75 % de sa capitalisation boursière, les choses ont bien changé : ses profits ont augmenté de 20% pour atteindre 1,6 milliard de dollars (loin est la période où on pronostiquait que la société ne pourrait jamais gagner d’argent) et elle a rajouté 9 millions de nouveaux abonnés à son compteur.
Les facteurs de succès de Netflix :
Adaptabilité : Depuis ses débuts comme service de DVD par courrier, puis comme agrégateur de séries, Netflix a évolué pour devenir un géant des contenus d'Hollywood, s'adaptant continuellement aux nouvelles technologies et tendances de fond, quand bien même il fallait se tirer une balle dans le pied ;
Diversification : L'entreprise a tôt investi massivement dans le contenu international, se protégeant ainsi contre les interruptions de la chaîne d'approvisionnement, comme récemment les grèves des scénaristes ou des acteurs aux États-Unis; 1
Financement audacieux : Netflix a utilisé la perception du marché de son statut d'entreprise tech pour investir massivement dans le contenu (valorisation de société de la tech pour lever des montagnes d’argent ou emprunter massivement) même au détriment de sa trésorerie, ce qui a fini par payer sur le long terme avec la réussite de son modèle de production ;
Tarification : Netflix sans convaincre tout le monde s’est lancé avec audance dans une différenciation de ses formules d’abonnement, augmentant de 15% le prix du premium mais en maintenant le tarif standard, permettant de faire rentrer de nouveaux utilisateurs qu’il n’aurait pas captés autrement;
Research has found that introducing lower-quality products actually increases sales of your higher-margin premium products. I was skeptical of Netflix advertising at first, but it may ultimately drive more users to the premium product.
Le cool factor : en touchant des foyers plutôt technolophiles, plutôt CSP+, sous-consommateurs traditionnels de TV, Netflix est devenu une force marketing en soi. En témoigne sa capacité à rendre cool les Échecs (Queens’ Gambit), la Formule1 (Drive for Speed), les années 1980 (Stranger Things) ou encore plus récemment la série Suits :
In addition, Netflix has diversified its library with a mix of original and licensed content. One of its more creative moves this year was approaching NBCUniversal to buy the rights to Suits. After debuting on Netflix this summer, the 2011 legal drama (featuring the divorcée who saved a prince from the horrors of Buckingham Palace) performed better than any original Netflix show this year. Scratch that — better than any show, period. Suits was the most streamed show across all platforms for three straight months this year, hitting the record for most-ever weeks at No. 1. This is the Netflix Effect in action: Take a solid series, reheat it, and make it the most consumed content on the planet.
Menaces et Opportunités
Menaces : TikTok et YouTube restent des concurrents sérieux, captant une part importante du temps d'écran, en particulier auprès des jeunes, au point que Netflix les mentionne explicitement dans sa lettre aux actionnaires comme un concurrent sérieux.
Opportunités : En augmentant ses prix et en générant 6,5 milliards de dollars de free cash flows cette année, Netflix reste une des réussites les plus éclatantes de l’audiovisuel, positionné pour continuer à investir dans de nouvelles opportunités et diversifier toujours davantage son contenu.
En somme, pour Galloway, Netflix a su non seulement survivre mais prospérer dans un environnement média en constante évolution grâce à des stratégies commerciales bien réfléchies. Sa réussite est moins une question de chance qu'un résultat direct de décisions audacieuses et d'une volonté constante de s'adapter et d'évoluer.
🇫🇷 Selon Minted, la pub de Netflix reste encore faible en France : le faible nombre de profils “pubables” (600 0002) fait que l’offre publicitaire de Netflix est confrontée à un sacré problème de reach, sans compter son absence de mesure par Médiamétrie, sans compter sur le fait que l’offre de Netflix se concentre sur les gros annonceurs, se coupant de la “fat tail” des annonceurs TPE/PME qui font les beaux jours de Youtube ou Meta.
L’article met cependant en avant les atouts que la plateforme à offrir :
une audience beaucoup plus jeune que les chaînes de TV (31 ans en moyenne selon Netflix, contre plus de la cinquantaine pour la TV);
une consommation qui est importante sur écran de TV (60% du temps passé).
Parallélisés 🪞 : en route vers le Google Maps-verse?
⌛️ : 1 min 55 sec
Google ne cesse d'améliorer Maps en y intégrant toujours plus d'intelligence artificielle. Dernièrement, la firme a annoncé une série de fonctionnalités enrichies par le machine learning. La plus notable est sans doute "Immersive View", disponible dans certaines métropoles mondiales, y compris Paris. Cette fonction permet de visualiser en détail l'itinéraire prévu, que vous soyez à pied, à vélo, en voiture ou en transports en commun. Vous pouvez ainsi naviguer de manière interactive entre les différentes étapes de votre trajet, en réalité augmentée.
Pour ceux qui sont angoissés à l'idée de ne pas déchiffrer les panneaux le long d’un trajet, Google a une solution : une version améliorée de la recherche basée sur l'IA avec Live View. Cliquez simplement sur l'icône Lens et le tour est joué : vous êtes géolocalisé et guidé vers des ressources à proximité telles que des restaurants, des arrêts de bus, des restaurants, des bars, des magasins ou des distributeurs automatiques avec des repères que vous comprenez (finie la solitude du touriste au Japon ou en Grèce).
La carte elle-même fait peau neuve. Les détails architecturaux des bâtiments et les voies d'accès complexes sur les autoroutes seront plus clairement définis dans l'application. Cette mise à jour concernera le utilisateurs de divers pays dont les Etats-Unis, le Canada, la France et l'Allemagne.
Quant au moteur de recherche, il devient plus personnalisé. Vous pourrez bientôt chercher des destinations selon des critères très spécifiques, comme "parcs avec jeux d’enfants" ou "terrasses ensoleillées". Une innovation rendue possible grâce à l'analyse de "milliards de photos" partagées par la communauté d'utilisateurs de Google Maps. Idem pour les panneaux de limitation de vitesse que Google Maps ne décryptait pas jusqu’à présent.
En somme, Google Maps est en train de devenir bien plus qu'une simple application de navigation : c'est désormais un outil d'orientation et d'exploration enrichi par l'IA, conçu pour vous aider à vous frayer un chemin dans le labyrinthe urbain…
De là à imaginer que Google Maps est en capacité de faire naviguer un jumeau numérique dans le monde reconstitué, il n’y a qu’un pas. Lors de la conférence Google I/O en mai dernier, CNet avait déjà rapporté qu’on pourrait très prochainement avoir une sorte d’appstore de Google Maps dans lequel des éditeurs de jeux, des marques pourraient vous proposer des filtres d’AR pour couvrir votre “vision” du monde :
Google's new moves come with a bunch of partnerships already underway. Geospatial Creator tools will be supported in Unity and Adobe's Aero. A location-based Space Invaders game from Taito will map onto streets and buildings. Gap and Mattel are making an augmented-reality Barbie clothing pop-up that layers onto city streets. Quintar, a company that's already built AR into the PGA Tour app, tested live AR navigation through golf courses at East Lake Golf Club in Atlanta. Some experimental location-based AR street art using the new tools has already been made in Mexico City, London and LA.
Bref des “progrès” dont on pourrait imaginer profiter prochainement avec son Apple Vision Pro ou pourquoi pas de nouvelles Google Glasses…
Voici une courte vidéo Tiktok censée nous faire rêver sur ce monde fantastique à venir, à vous de juger si le rêve fait envie :
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Cohabité 👯♂️ : la presse avec l’IA?
⌛️ : 2 min 16 sec
David Caswell est un spécialiste qui collabore au Reuters Institute sur le journalisme digital. Dans un article très complet publié cette semaine, il explore, sans surprise, le rôle croissant de l'intelligence artificielle (IA) dans le domaine du journalisme en soulignant comment une collaboration intelligente pourrait se mettre en place dans les rédactions :
Ces dernier mois, les rédactions se sont familiarisées avec les capacités de ChatGPT, la génération automatique de texte, et les questions entourant l'utilisation de l'IA dans leur travail.
Elles ont ensuite publié des déclarations décrivant comment elles entendaient aborder l'utilisation de l'IA dans leurs flux de travail, mais peu d’entre elles ont encore pris des mesures concrètes pour l'appliquer de manière systématique.
Après avoir interrogé plus de 40 organisations de presse, des médias numériques en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique latine, aux grands acteurs mondiaux aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe, l’auteur distingue plusieurs approches, appelées à ne pas être exclusives :
Les stratégies axées sur l'efficacité cherchent à améliorer l'efficacité des étapes existantes de la production de nouvelles (sommairement : résumé ou réécriture dans un style plus simple!)
tandis que les stratégies axées sur l'expansion visent à créer de nouveaux produits et à toucher de nouveaux publics grâce à l'IA : réseaux sociaux, multi-versionning, nouveaux médias (audio ou vidéo);
La stratégie de la démarcation éditoriale3 qui cherchera à se différencier à outrance pour subsister ;
Des stratégies techno-éditoriales : développer des systèmes d’information centrés sur les news, produits qui pourraient ressembler plutôt à des outils de data-vizualisation de larges bases de données qu’à des produits traditionnels d’infos4 ;
Des stratégies précautionneuses
soit cherchant en premier lieu à entraîner leur propre modèle : l’auteur brocarde cette approche car la trouvant inopérante au niveau de réussite que les NORMALS ont atteint avec les LLMs :
A proprietary model built on the same transformer architecture as most current LLMs will still hallucinate, even if the entire training corpus is accurate, and a news organisation is unlikely to match the efforts underway by technology companies aimed at making language models more accurate.
soit surfant sur le succès de ChatGPT pour élaborer un chatbot reposant sur les archives du journal en question : au-delà de l’inadéquation du chatbot comme modalités d’accéder aux infos, la faiblesse de la base de données risque de générer trop de “Je ne sais pas” pour que cela soit tolérable pour un utilisateur ;
L'article se poursuit en évoquant les défis organisationnels, notamment l'évolution des écosystèmes d'information et la nécessité d'une familiarité accrue avec l'IA pour les professionnels du journalisme :
The common objective for almost all news organisations in navigating the coming AI-induced transformation is, bluntly, continued relevance.
Royaux 👑 : Spotify changerait son mode de rémunération des artistes ?
⌛️ : 55 sec
C’est l’info que révélait Music Business World mardi dernier : après l’expérimentation Deezer / Universal (dont le Wrap Up parlait ici), c’est autour de Spotify de frapper fort.
Spotify is planning to make significant changes to its royalty payout model in Q1 2024 – with the intent to move USD $1 billion in royalty payments over the next five years to ‘legitimate’ artists and rightsholders.
En résumé, Spotify veut arrêter de payer pour le bruit, soit celui de la non musique, soit celui d’artistes tellement confidentiels qu’ils ne dépassent pas quelques dizaines de streams par mois.
On retiendra trois aménagements car le modèle de pay per stream reste la référence :
Introduction d’un seuil minimum de streams annuels avant qu’un morceau ne génèrent des royalties sur Spotify – avec la volonté d’arrêter de rémunérer une partie de morceaux représentant précédemment près de 0,5% du pool de royalties - c’est la fin de la règle des 30 secondes qui déclenchaient droit à rémunération; L’objectif des dirigeants est d’exclure tous les morceaux qui ne rapportaient que 50 centimes par mois … économie attendue : 40 M$ par an !
Pénaliser les distributeurs de musique (labels inclus) qui se faisaient surprendre à manipuler les streams de morceaux qu’ils avaient uploadés ; jusqu’à présent les DSPs ne risquaient pas de sanctions, désormais les retenues sur royalties risquent de monter en flèche ;
Introduire une durée d’écoute minimale pour tous les morceaux de bruits non musicaux - l’approche est plus soft ici que Deezer qui vise dans son accord avec Universal Music, à exclure les bruits de l’assiette de rémunération de la plateforme;
Certains, comme Mark Muligan, minimisent cette évolution en dénonçant que si les majors se plaignent de la baisse relative de leurs revenus liés au streaming, la faute incombe probablement à la diversification des abonnés des plates-formes vers des artistes moins connus /plus de nouveaux espoirs de la musique que par le passé, le problème est donc du côté des parts d’écoute plus que de la distribution des royalties :
Between 2019 and 2022, artists direct streaming revenue grew by 130% while the majors grew by 58%. Long-tail artists are growing their share of ear (even accounting for the fact that algorithms are not neutral agents). In 2022, artists direct accounted for 8% of global streaming revenue and at current trajectory would reach 10% by 2025. Consider that WMG’s share was 16% in 2022, and it becomes clear just how significant the long-tail pool is.
Brut 🧱 : Antony Gormley au Musée Rodin
⌛️ : 1 min 08 sec
Dans le cadre feutré du Musée Rodin, Antony Gormley, sculpteur britannique, nous invite à réfléchir sur le corps humain et l'espace qui l'entoure.
Sous le titre “Critical Mass”, l’exposition prend possession littéralement des lieux : du jardin aux salles d'exposition et même à la galerie des marbres. S’instaure un dialogue entre ses œuvres “néocubistes” avec celles du maître incontesté de la sculpture, Auguste Rodin.
La pièce maîtresse, "Critical Mass II," est une armée de soixante sculptures humaines, disséminées entre la salle d’exposition et le jardin. En mettant en scène douze postures humaines, Gormley joue avec les contradictions et les absurdités de nos conditions terrestres.
À l’intérieur, le spectacle est aussi percutant. Des corps empilés, jetés au sol, accrochés aux murs comme des vestiges d’une humanité fragilisée. Un petit rappel des artistes contemporains qui jouent avec les amoncellements de mannequins de mode en plastique.
L'exposition met également en lumière des "Insiders", des figures en marbre dans la galerie des marbres, et d’autres œuvres qui dialoguent avec les chefs-d’œuvre de Rodin à l'intérieur de l'hôtel particulier central.
Pour les férus de processus créatif, l'exposition offre un coup d'œil dans les coulisses du travail de Gormley et ses méthodes de collaboration, comparables à la production collective de l’atelier de Rodin. On découvre également des études et des moules en plâtre de Gormley côtoyant des maquettes de Rodin, sans oublier plus de 200 carnets de l'artiste, un fascinant trésor révélant quatre décennies d'idées et d'observations.
Au final, cette exposition est une rencontre entre deux artistes, certes inégaux, mais qui questionnent tous les deux la représentation humaine, comment insuffler du vivant dans l’inerte. Une bonne occasion de retourner au Musée Rodin !
A ce titre, certains analystes ont regretté la fin de la grève qui pénalisait plus fortement les concurrents de Netflix et qui signifie pour l’avenir des coûts de production US plus élevés.
Chiffre sujet à caution, du fait des multiples profils attachés à un compte, donc l’offre pub n’aurait pour l’instant attiré que 240-300 K abonnements, en nette progression mais toujours insuffisante pour détourner les annonceurs de leurs habitudes de consommation;
Some examples of familiar forms might include:
proprietary news gathering using special access or special skills;
audience trust gained from well-demonstrated verification and validation processes;
richly contextual content produced from archives or from deep familiarity with subject matter;
or perhaps a commitment to systematic coverage of particular subject domains using narrowly customised stories, such as local coverage or climate reporting.
Ces produits à forte valeur ajoutée nécessiteraient d’être financés par des abonnements aux prix très élevés;