Le Wrap Up de la semaine où Tsahal a causé la mort de 45 morts civils à Raffah (semaine du 27 mai 2024)
⚖️ : comment interdire Tiktok - 🌊 : Le Washington Post met le cap sur l'abonnement - 📇 : le nouveau métier de LLMO - 🎾 : le recours à la data change le tennis - 🖼️ : Yvon Lambert au Mucem
Au sommaire de cette semaine :
Tiraillé ⚖️ : du bon usage d’interdire Tiktok sous influence chinoise
Optimisé 🎾 : le recours au machine learning change la donne de Roland Garros
Partagées 🖼️ : la Collection Yvon Lambert à l’aune des collections du Mucem (Marseille)
⏳ Temps de lecture : 7 min 59 sec
⏱️ Si vous n’avez qu’une minute :
Le chinois Tiktok face au “hard power” américain ⚖️ : Aux US, le gouvernement impose un ultimatum à TikTok pour vendre ses intérêts à une entité non chinoise. TikTok réfute ces accusations en justice et tente maladroitement de mobiliser ses 170 M utilisateurs américains. Ce précédent législatif pourrait faire tâche d’huile.
Le WashPo en crise 🌊 : le vénérable Washington Post intègre l'IA et les outils pour créateurs dans sa stratégie pour renforcer ses abonnements face à un marché pub déclinant et anticipant une compétition des services d'IA dans la production de contenu.
LLM-O 📇 : l'émergence des modèles de langage de grande échelle (LLMs) remet en question la domination de Google en redéfinissant les stratégies marketing et en nécessitant le développement de nouvelles compétences du côté des marques pour optimiser leur référencement dans les chatbots.
Roland 🎾 : l'utilisation de l'IA (version prédictive) pour analyser les performances et stratégies des adversaires devient un outil crucial pour les joueurs de tennis à Roland-Garros, aidant à prédire les mouvements et optimiser les stratégies de jeu;
La Collection Yvon Lambert au Mucem à Marseille 🖼️ : dialogue entre les collections d'Yvon Lambert et celles du MUCEM, mettant en lumière des œuvres de Jean-Michel Basquiat, Nan Goldin, et Christian Boltanski en résonance avec la culture provençale et méditerranéenne. A voir.
⏳ Si vous avez 7 minutes 59 secondes :
Tiraillé ⚖️ : du bon usage d’interdire le réseau chinois Tiktok
⏳ : 2 minutes et 24 secondes.
Alors que l'avenir de TikTok semble incertain, les ramifications de la bataille engagée autour de l'application deviennent de plus en plus évidentes.
Joe Biden, en campagne pour sa réélection, tente de se montrer sous un nouvel angle humoristique sur TikTok, malgré les accusations d'essayer de bannir l'application.
Le gouvernement américain n'envisage pas une interdiction directe mais plus indirectement imposerait un ultimatum à TikTok : l'application doit être vendue à un propriétaire non chinois d'ici janvier ou elle sera fermée. TikTok est perçu par les autorités comme un outil aux mains du Parti Communiste Chinois, menaçant la sécurité nationale par le vol potentiel de données américaines et la diffusion de propagande contraire aux intérêts de la démocratie américaine.
Face à ces accusations, TikTok tente de réfuter pied à pied et porte l'affaire en justice, tout en essayant de mobiliser ses (nombreux) utilisateurs.
Ils contestent la possibilité de désinvestissement, citant la possibilité d'un blocage par la Chine, et affirment que le Congrès vise injustement uniquement TikTok, enfreignant ainsi le 1er amendement sur les droits à la liberté d'expression de ses 170 millions d'utilisateurs américains.
Selon l’ACLU (une organisation de défense des libertés individuelles), pour justifier de telles restrictions au nom de la sécurité nationale, il faudrait des preuves concrètes que TikTok représente une menace imminente et grave, ce que le gouvernement n'a pas démontré.
Les implications de cette lutte s'étendent bien au-delà de TikTok :
La loi envisagée permettrait au président des Etats-Unis d'ajouter d'autres entreprises à la liste, visant toute plateforme avec plus d'un million d'utilisateurs actifs mensuels aux États-Unis et au moins 20% de propriété étrangère provenant de pays jugés comme hostiles comme la Chine, l'Iran, la Corée du Nord et la Russie (et demain d’un réseau social européen?) ,
Ce pouvoir pourrait également toucher le domaine des jeux vidéo et d'autres services de messagerie : il est probable que d'autres pays utilisent l'exemple américain pour justifier des actions similaires, ce qui pourrait fragmenter encore davantage le world wide web que nous avons connu.
TikTok a également tenté de mobiliser ses utilisateurs, les incitant à contacter leur représentant au Congrès pour éviter la fermeture de l'application, ce qui a suscité une demande d'enquête de la part de la FTC sur la légalité de cette campagne de mobilisation (notamment sur le fait que des mineurs ont été mobilisés en violation des lois sur la protection des mineurs).
“The power that a foreign adversary has with that app was underscored by their influence campaign,” he says. TikTok denies these allegations and says the calls were from “voting-age people”.
Cette affaire est intéressante, et met d’ailleurs en lumière d’autres pratiques comme celles de la France en Nouvelle Calédonie où le réseau chinois a été vu comme suffisamment un instrument de “propagation des troubles insurrectionnels à l’ordre public”1, suffisamment pour justifier d’en couper l’accès pendant plusieurs jours sur l’île, sans que l’émoi en métropole devant une telle privation ne soit considérée comme attentatoire aux libertés démocratiques (hormis un recours devant le Conseil d’Etat débouté).
Malmenés 🌊 : les médias face aux sociétés d’IA
⏳ : 1 min 50 sec
Les médias sont pris entre deux fronts : d’une part, un marché pub faiblissant et d’autre part, une remise en cause de la contribution journalistique à travers la montée en puissance de l'intelligence artificielle. Pour répondre, ils se concentrent sur la poursuite de leur stratégie d’acquisition d’abonnés.
Lors de la présentation stratégique du plan stratégique du Washington Post, "Build It", la semaine dernière, le nouveau PDG, Will Lewis, a mis les abonnements au cœur du modèle d'affaires du journal.
Toutefois, il n'a pas précisé qui seraient ces abonnés, tant en termes de cibles socio-demo que de centres d’intérêt.
Le nouveau plan inclura :
une offre premium appelée "Memberships",
un abonnement pour professionnels nommé "Post Pro",
un produit d'abonnement grand public "Post+"
et une option de paiements flexibles destinée à un public plus occasionnel.
La présentation a détaillé les efforts tactiques pour accélérer la croissance du titre, incluant l'amélioration de la stratégie SEO, l'exploitation de l'IA et des outils pour créateurs, ainsi que le développement d'événements en direct.
Cependant, peu a été divulgué concernant les nouveaux territoires éditoriaux et les relais de croissance en termes d’abonnés du journal.
Les données indiquent que la croissance des abonnements aux publications digitales ralentit, les éditeurs peinant à remplacer les churners (ceux qui ont interrompu leur abonnement). Pour le Post, le grand défi réside dans l'identification de sa nouvelle audience, une tâche toujours en cours.
Le journal a perdu 77 M$ l'an dernier et ses revenus totaux ont chuté de 12% depuis 2021, avec une baisse de 14% des revenus numériques… L'audience a chuté elle de 50% depuis 2020.
D'autres, comme le New York Times, ont développé leur offre d'abonnements en ciblant un positionnement éditorial clairement démocrate avec des contenus d'opinion et des services adjacents aux news tels que recettes de cuisine et petits jeux casual. Le Wall Street Journal s'est, quant à lui, renforcé auprès des professionnels du business.
Malgré les défis, le Washington Post bénéficie de la patience de son propriétaire, le multimilliardaire Jeff Bezos. D'autres entreprises, comme CNN — dont la maison mère Warner Bros. Discovery est en difficulté financière — doivent innover avec moins de ressources.
Mark Thompson, PDG de CNN, avait esquissé une stratégie d'abonnement CNN+ mettant en avant ses vedettes dans des domaines éditoriaux clés tels que le climat et la santé, mais la lenteur d’évolution de la structure semble rendre difficile toute mise en œuvre rapide des changements.
Ces titres historiques ne seront pas seuls : Vox.com a annoncé un nouveau modèle d’abonnement la semaine dernière, tout comme Axios et Puck, qui base entièrement son activité sur un plan de membership.
Indexée 📇 : l’émergence du LLMO
⏳ : 1 min 28 sec
Dans le marketing digital, l'avènement des grands modèles de langage (LLMs) font augurer une nouvelle ère où la suprématie de Google pourrait être remise en cause.
Google, qui capte encore 91% de ce marché de 50 Md$, pourrait voir son hégémonie ébranlée. Les LLMs, tels que ChatGPT ou Bing Copilot, offrent une expérience aux utilisateurs basée sur des réponses directes plutôt que des liens, ce qui pourrait redéfinir les stratégies marketing qui reposait sur le search.
Les marketeurs doivent désormais surveiller comment leurs marques sont représentées dans les réponses des LLMs, évaluer la fréquence et la nature de ces mentions, et mesurer leur visibilité face à la concurrence.
Ceci implique le développement de nouvelles métriques et processus adaptés à cette technologie. Par exemple, lorsqu'une requête pour les meilleurs vélos pour débutants est posée, les résultats diffèrent entre les différentes plateformes, mettant en lumière des recommandations spécifiques sans que l'utilisateur ne visite aucun site web de marque.
Cette nouvelle ère annonce l'émergence de l'optimisation pour les LLM (LLMO), similaire à l'optimisation pour les moteurs de recherche (SEO) mais adaptée aux spécificités des LLMs qui privilégient la rapidité et la précision des réponses à partir de contenus divers (textes, images, vidéos). La capacité d'un site à être facilement indexé par les LLMs devient donc cruciale.
Une étude de Harvard a démontré que l'introduction d'une "séquence de texte stratégique" sur une page de produit peut significativement augmenter la probabilité que ce produit soit recommandé par un LLM. Cette nouvelle pratique pourrait révolutionner la façon dont les informations sont optimisées pour influencer les LLMs.
En parallèle, l'impact de la technologie des LLMs sur le marché du travail est également un sujet brûlant. Si certaines craintes existent concernant la réduction des postes traditionnels en SEO, l'évolution vers des postes en LLMO, nécessitant une adaptation continue et le développement de nouvelles compétences, est vue comme une opportunité d'emploi prometteuse. Les professionnels du marketing devront devenir des experts en LLMO, gérant la représentation de marque à travers diverses plateformes de LLM et s'adaptant à une technologie en constante évolution.
La révolution des LLMs dans la recherche et le marketing digital n'est pas seulement une évolution technologique; elle annonce une transformation profonde des méthodes de travail et des stratégies marketing, tout en ouvrant la voie à de nouvelles perspectives professionnelles dans un futur proche.
Optimisé 🎾 : le recours au machine learning change la donne à Roland Garros
⏳ : 1 min 18 sec
Roland-Garros et l'IA ? cette dernière (dans sa version prédictive) devient une alliée de plus en plus importante pour la préparation des joueurs qui cherchent à maximiser leurs performances en tirant parti des données de plus en plus fines à leur disposition. Infosys AI Videos, l'outil phare présenté dans l'article de la Tribune du Dimanche, permet aux joueurs d'analyser en profondeur les stratégies et les faiblesses potentielles de leurs adversaires en exploitant des données vidéo enrichies et personnalisées.
Ces informations sont disponibles via l'application Paris Players, spécialement conçue pour Roland-Garros, où elle a été largement adoptée, comme l'illustre son utilisation intensive lors de l'Open d'Australie.
Le service, lancé il y a cinq ans, s'est constamment enrichi, intégrant des innovations qui permettent désormais aux joueurs de prédire les mouvements de leurs adversaires grâce à des indicateurs tels que la position du corps. Ces outils d'analyse permettent également de réviser des échanges spécifiques, posant la question cruciale : faut-il servir croisé ou opter pour une stratégie différente dans le deuxième set ?
Ces technologies offriraient des avantages tangibles, comme l'augmentation de 5 à 10 points par match, un atout significatif dans ce sport où chaque point peut déterminer l'issue d'une rencontre.
Cette utilisation stratégique de la data est d'autant plus pertinente que le tennis, traditionnellement moins enclin à intégrer des données statistiques comparé à des sports comme le baseball, commence à reconnaître cette valeur.
L'article souligne également les défis associés à l'adoption de ces technologies. Les entraîneurs, comme Warren Pretorius, fondateur de Tennis Analytics, critiquent parfois l'utilisation fragmentée et superficielle des données qui, selon lui, devraient être exploitées de manière plus systématique et approfondie pour réellement transformer les stratégies de jeu.
En conclusion, l'intégration de l'IA dans le tennis ouvre des perspectives prometteuses pour les joueurs et leurs équipes, mais elle nécessite également une adaptation culturelle et technique pour exploiter pleinement son potentiel. Sans oublier, qu’il paraît difficile dans un sport qui ne tolère pas (sauf en Coupe Davis) de coaching pendant les matches.
Partagées 🖼️ : la Collection Yvon Lambert à l’aune des collections du Mucem (Marseille)
⏳ : 59 sec
L'exposition "Passions partagées" au MUCEM à Marseille incarne un dialogue entre deux collections : celle d'Yvon Lambert, offerte à l'État, et celle du Mucem, musée des cultures méditerranéennes. Cette rencontre est axée sur l'héritage culturel de la Provence et la Méditerranée, régions qui ont façonné l'existence du célèbre marchand d'art Yvon Lambert (basée à Avignon).
Né en 1936 à Vence, Yvon Lambert a été immergé dans un environnement riche en influences artistiques, ayant côtoyé des figures telles que Henri Matisse et Paul Cézanne. Il a débuté sa carrière comme galeriste et collectionneur passionné, s'associant avec des artistes contemporains alors méconnus et forgeant des liens d'amitié et de collaboration créative. Cette proximité avec les artistes a non seulement enrichi sa collection personnelle, mais aussi permis une compréhension intime de l'art contemporain.
En 2012, Lambert fait une donation remarquable à l'État, renforçant le fonds d'un grand musée d'art contemporain à Avignon. Cette générosité se reflète également dans son intérêt pour les objets d'art populaire, témoignages de la culture provençale, qui trouvent un écho dans les collections du Mucem.
L'exposition met en lumière des correspondances entre art contemporain et art populaire. Parmi les artistes exposés figurent Jean-Michel Basquiat, Nan Goldin, et Christian Boltanski, dont les œuvres dialoguent avec 150 pièces issues de la collection du Mucem.