Le Wrap Up de la semaine où Trump a joué avec les tarifs douaniers (semaine du 7 avril 2025)
🫥 : Musk, Dorsey ne veulent plus de PI - : le WashPo via micropaiement - 🌉 : Google + OpenAI sur le MCP d’Anthropic - 🗣️ : Spotify met 1 M€ dans les audiolivres - ⛏️ : du Charbon dans les Veines
Au sommaire de cette semaine :
Cancelled 🫥 : Musk et Dorsey veulent abolir la propriété intellectuelle
Micropayé : le Washington Post remet le couvert du micropaiement
Relié 🌉 : Google rejoint OpenAI dans l’utilisation du MCP d’Anthropic
Aèdisé 🗣️ : Spotify investit 1 M€ dans les livres audio en Europe
Intraveineuse ⛏️ : du Charbon dans les Veines au théâtre St Georges
⏳ Temps de lecture : 8 min 11 sec
Si vous préférez tester la version audio de cette newsletter, essayez le rendu de Google NotebookLM (cette semaine en 🇺🇸 malgré un prompt enjoignant à une version francophone) :
Cancelled 🫥 : Musk et Dorsey veulent abolir la propriété intellectuelle
⏳ : 1 min 55 sec
Supprimez toutes les lois sur la propriété intellectuelle ? Vraiment ?
Jack Dorsey, l’ex-CEO de Twitter devenu ermite, a lâché ce week-end une bombe idéologique sur X (ex-Twitter) : « delete all IP law ».
Elon Musk, en bon camarade libertarien, a aussitôt répondu : « I agree ». Une punchline en deux actes, qui suffit à embraser les débats autour de la propriété intellectuelle à l’heure de l’IA générative.
Guerre ouverte contre le droit d’auteur
Ce coup de gueule n’arrive pas par hasard :
OpenAI (cofondé, rappelons-nous, par Musk, mais aujourd’hui en procès contre l’association devenue entreprise à but lucratif), et d’autres poids lourds de l’IA, sont sous le feu de multiples plaintes pour avoir entraîné leurs modèles sur des œuvres protégées.
Pour Chris Messina (ex-Google), Dorsey n’a pas tout à fait tort : « des amendes automatisées pour atteinte à la propriété intellectuelle pourraient remplacer l’incarcération des pauvres pour détention de cannabis ».
C’est une jolie pirouette démagogique, mais sans doute pas suffisante pour calmer les créateurs.
Ed Newton-Rex, qui milite pour des IA « fair trade » via son ONG Fairly Trained, fustige une « déclaration de guerre totale aux créateurs ». L’écrivain Lincoln Michel enfonce le clou : « sans les lois sur la propriété intellectuelle, ni Jack ni Elon n’auraient pu bâtir leurs empires ». Et d’ajouter : « Ils détestent les artistes. »
“Créativité” contre “rente”
Dorsey précise sa pensée : il ne veut pas tuer la création, mais la libérer d’un système de redistribution inefficace, accaparé par des gatekeepers qui « prennent trop » pour « en reverser trop peu ».
Nicole Shanahan, avocate et ancienne colistière de RFK Jr. lors des primaires républicaines, s’insurge : « La propriété intellectuelle c’est justement ce qui sépare les œuvres humaines de celles de l’IA ! » Dorsey lui rétorque : « C’est la créativité qui nous distingue d’elle et c’est le système actuel qui freine cette distinction. »
Musk, fidèle à lui-même
Quant à Musk, son mépris des brevets ne date pas d’hier. En 2014, il promettait de ne pas faire valoir les brevets de Tesla si leurs utilisateurs agissaient « de bonne foi ». Promesse partiellement reniée plus tard face à Cap-XX… qui l’avait attaqué en premier devant les tribunaux. Bref, une posture plus qu’un dogme.
Entre provoc et doctrine
Ce n’est plus anecdotique : la frontière entre les saillies provocatrices sur X et la fabrique des politiques publiques a tendance à s’effacer (certains politiques se glorifiant d’être devenus des Memes sur internet ou s’exprimant en reprenant des memes populaires).
Musk, on s’en souvient, avait déjà rejoint l’administration Trump, à la tête d’un « Département de l’efficacité gouvernementale », le D.O.G.E., tout droit sorti d’un coin meme1 (le DogeCoin était une des cryptomonnaies dont il avait fait déjà la promotion).
Conclusion à ce stade ? Supprimer la propriété intellectuelle, ce n’est pas libérer la création, c’est ouvrir un boulevard à ceux qui peuvent déjà tout s’approprier. Le débat mérite mieux qu’une contribution de milliardaires en 280 caractères.
Micropayé 📲 : le Washington Post remet le couvert du paiement à l’article
⏳ : 1 min 31 sec
Le Washington Post rêve encore de réconcilier journalisme de qualité et modèle économique en ruines.
Cette fois, c’est le micropaiement qui revient sur le devant de la scène. Matt Murray, rédacteur en chef fraîchement débarqué, avait confirmé lors d’une conférence que la rédaction explorait activement ce vieux fantasme numérique : faire payer les lecteurs à l’unité, comme un distributeur automatique de scoops.
Le fantasme a de l’âge, mais la tech n’a jamais vraiment suivi. Entre les seuils bancaires US et des process de paiement d’un autre temps, les micropaiements n’ont jamais vraiment décollé, sauf peut-être en Chine où l’écosystème WeChat a tout avalé (ou dans nos boulangeries post-covid). Mais ne nous laissons pas arrêter par un “détail” comme l’économie des paiements.
Le test grandeur nature
Le Post a donc lancé un modèle “flex” — comprendre : accès temporaire à l’info, sur 7 jours. Une sorte de “location de journalisme” pendant les pics d’actu : élections, résultats sportifs voire pourquoi pas, au hasard crise financière internationale.
Un moyen habile d’attraper les “butineurs de l’info” sans leur coller un abonnement à 100$/an. Selon le Post, cela fonctionne.
Mais derrière ce test, il y a le vrai sujet : le journal cherche son modèle de survie (le papier a perdu 77 M$ l’an dernier.
Récemment ont été tentés : abonnements sur des verticales lifestyle avec WP Ventures, abonnement pour les professionals WP Intelligence, création d’un pôle événementiel…
Dans les couloirs, ambiance salle des marchés
En interne, le titre connaît un peu la valse des dirigeants. Départs en série, tensions sur la ligne éditoriale, et un actionnaire très présent. Murray assure que Bezos est “100% engagé” dans le soutien au titre et “très attaché” au nouveau slogan “Democracy Dies in Darkness”. Tout changement est “désagréable mais nécessaire”, répète-t’il. Prélude indispensable à tout plan de départs volontaires qui se respecte.
Micropaiement ou micro-panique ?
Le micropaiement semble donc revenir comme une solution miracle tous les 5 ans. La question, c’est : est-ce que les gens veulent vraiment payer pour lire un article isolé, ou est-ce qu’ils veulent juste ne pas avoir à s’abonner à tout ?
Reste qu’au jeu de la survie du journalisme américain, le Washington Post tente un nouveau geste. Moins d’idéologie, plus de tactique. Un peu de flexibilité pour garder la tête hors de l’eau.
Et qui sait, peut-être qu’un jour, un bouton “Débloquer cet article pour $0.49” sauvera la presse libre.
Relié 🌉 : Google rejoint OpenAI dans l’utilisation du MCP d’Anthropic
⏳ : 1 min 45 sec
Promis, on va parler de MCP sans vous endormir. Allez, ne zappez pas tout de suite.
Je sais : “Model Context Protocol”, ça sonne comme une punition de fin de trimestre pour élèves en école d’ingénieur.
En réalité, c’est un élément clé du futur de l’intelligence artificielle : imaginez un monde où chaque assistant IA — qu’il soit ChatGPT, Claude, Gemini ou Roger — parle une langue commun pour se connecter à vos outils pro : Slack, Google Drive, Notion… Le MCP, ça serait justement cette langue commune, ce standard universel qu’on attendait sans le savoir.
Si vous préférez les métaphores technos : le MCP pour les IA, c’est un peu le HTML des agents intelligents. Ou un SDK standard qui leur évite de galérer à comprendre comment accéder à vos fichiers sans tout casser.
Plutôt pratique quand on ambitionne de déléguer son agenda, ses emails, son code, et bientôt peut-être bientôt ses décisions de carrière, à ces charmantes petites entités numériques autonomes.
Et là où ça devient savoureux, c’est que les trois géants qui se livrent une guerre de tranchées sans merci dans l’IA — Google, OpenAI et Anthropic — viennent de tomber d’accord pour adopter le modèle d’Anthropic. Oui, tous ensemble. Sans procès, sans rachat hostile, sans tweet passif-agressif. Un petit miracle.
Quand les agents se mettent d’accord
Google a donc annoncé cette semaine qu’il intégrerait le MCP dans ses modèles Gemini et son kit de développement. OpenAI avait déjà fait de même fin mars, en promettant une intégration future dans ChatGPT. Le protocole, mis en open-source par Anthropic fin 2023, permet aux agents d’IA de se connecter facilement aux systèmes d’entreprise — un cauchemar habituel pour les développeurs — et de travailler efficacement dans des environnements sécurisés.
Anthropic ne s’est pas contenté d’un joli PDF explicatif : l’entreprise a livré des serveurs préconfigurés pour les outils les plus utilisés. Une sorte de trousse de secours pour les IA à destination des entreprises.
Le consensus improbable
Demis Hassabis, PDG de Google DeepMind, le dit avec ce flegme propre aux chercheurs de Cambridge : « MCP devient rapidement un standard ouvert pour l’ère de l’IA agentique. » Traduction : tout le monde s’en sert, et si vous ne vous y mettez pas, vous êtes un dinosaure.
D’autres acteurs comme Block, Replit, Codeium ou Sourcegraph l’ont déjà adopté. Le tout dans une ambiance étonnamment open-source, presque hippie si on oubliait un instant les milliards en jeu.
Et maintenant ?
On le devine : les agents IA sont la prochaine frontière, et ils auront besoin de standards communs pour collaborer, apprendre, s’améliorer. Le MCP pourrait bien devenir l’infrastructure invisible de cette révolution.
Et vous ? Vous venez de lire un article sur un protocole. Bravo.
Aèdisé 🗣️ : Spotify investit 1 M€ dans les livres audio en Europe
⏳ : 1 min 38 sec
Spotify veut donner de la voix aux livres audio en France
Spotify monte le son côté livres audio : la plateforme suédoise investit 1 M€ pour développer la production de contenus audio-littéraires en Europe, avec une attention particulière pour la France et les Pays-Bas.
Objectif ? Rattraper Audible, le mastodonte d’Amazon qui capte aujourd’hui les deux tiers du marché français, fort de 800 000 titres disponibles, dont 20 000 en français.
Depuis octobre, Spotify propose en plus à ses abonnés premium français 12H d’écoute de livres audio par mois. Cette offensive n’est pas anodine : elle s’inscrit dans une stratégie d’expansion au-delà de la musique, sur fond de rentabilité trouvée depuis 2024. Et cette fois, plutôt que de simplement distribuer, Spotify veut produire.
Produire, mais pas enfermer. L’investissement soutiendra une centaine d’éditeurs français — parmi eux, Audiolib (Hachette/Albin Michel), Lizzie (Editis), Écoutez Lire (Madrigall), Librinova ou encore le micro-éditeur Lettre Zola. Bonne nouvelle pour le secteur : les titres financés ne seront pas exclusifs à Spotify et pourront être sur les autres plates-formes d’écoute, un geste surprenant.
La rémunération ? Proportionnelle au temps d’écoute, un modèle déjà éprouvé dans la musique. Ce choix est permis par la solidité financière nouvelle de Spotify, qui se permet de « rogner sur ses marges » pour attirer les créateurs.
Si le Suédois revendique des accords confidentiels avec chaque maison, il assure prendre sur ses marges - ce qu’il est en moyen de faire, étant devenu rentable en 2024 - pour rémunérer les ayants droit en fonction du temps d’écoute des livres audio.
Voix humaine ou IA, à la carte. La nouveauté, c’est aussi la manière de produire. Spotify accepte désormais les livres audio générés par IA via ElevenLabs, capable de transformer n’importe quel texte en discours fluide, dans 32 langues. Librinova a déjà adopté cette techno. Mais que les amoureux des voix chaleureuses se rassurent : les éditeurs peuvent opter pour une narration humaine.
Cette incursion n’est pas qu’une lubie culturelle : c’est une vraie stratégie d’acquisition. Spotify veut élargir son offre pour séduire de nouveaux abonnés premium, notamment en France où sa pénétration est encore modeste comparée aux États-Unis ou à l’Europe du Nord.
Contrairement à Audible, qui facture 9,95€ par mois pour un seul livre, Spotify parie sur une logique d’écoute illimitée en temps, bien plus adaptée aux explorateurs sonores.
En somme, Spotify ne se contente plus de jouer des playlists : il veut écrire sa partition dans l’univers du livre audio. Et ça commence avec des euros, de la data, un soupçon d’IA… et beaucoup de chapitres à écouter.
Intraveineuse ⛏️ : du Charbon dans les Veines au théâtre St Georges
⏳ : 55 sec
Jolie pièce qui se joue au théâtre St Georges, avec mon remarquable camarade, Julien Ratel.
En 1958, à Noeux-Les- Mines, petite ville minière du Nord de la France, Pierre et Vlad sont les deux meilleurs amis du monde.
Ils partagent tout leur temps en creusant à la mine, en élevant des pigeons-voyageurs et en jouant de l’accordéon dans l’Harmonie locale, l’orchestre dirigé par Sosthène “boute en train-philosophe de comptoir”, personnage central de cette petite sphère joviale et haute en couleurs malgré la présence sur les corps, dans les corps et dans les têtes de la poussière du charbon.
À partir du jour où la jolie Leila vient jouer de l’accordéon dans l’orchestre, le monde des deux meilleurs amis en sera quelque peu bouleversé.
Derrière cette comédie romantique, c’est toute la réalité de notre monde industriel qui ressurgit, avec ses conditions de travail innommables qui fédérait la classe ouvrière contre les patrons, la santé détérioré des ouvriers, l’arrivée des immigrés pour casser les grèves.
La mise en scène est fluide constituée de petites saynètes occupant intelligemment tout l’espace de la petite scène de la Nouvelle Athènes.
Le spectacle s’arrête bientôt (le 26 avril), mais peut être qu’un succès à l’une des cinq nominations aux Molières 2025, changerait la donne (meilleur spectacle dans un Théâtre Privé, meilleur metteur en scène et auteur : Jean-Philippe Daguerre, meilleure comédienne dans un second rôle et meilleure révélation féminine).
Un meme coin, memecoin ou meme token (litt. « pièce/jeton de mème ») est une cryptomonnaie basée sur un mème Internet, ou qui a pour origine une caractéristique humoristique, ironique, une blague ou image virale sur internet. Ces actifs numériques sont considérés comme particulièrement volatils et spéculatifs. Source : Wikipedia