Le Wrap Up de la semaine où plus de 100 Somaliens ont trouvé la mort dans un double attentat djihadiste (semaine du 31 octobre 2022)
5 bullet points média, tech, NFTs avec une pointe de culture à la fin
⌛️ : temps de lecture 7 minutes 47 secondes
On aurait certes pu trouver des nouvelles plus réjouissantes pour reprendre le rythme hebdomadaire du Wrap Up mais il m’a semblé important à ma petite échelle, de rappeler que toutes les vies se valent et que la catastrophe face à laquelle les habitants de Mogadiscio font face depuis dimanche de la semaine dernière vaut bien nos morts à nous. Alors pour plus d’informations sur cet attentat sanglant, vous pourrez trouver des informations ici, là ou encore ici.
Retour à nos programmes habituelles, au sommaire de cette semaine :
Mass-marketés 📢: les platesformes sociales vont-elles booster l’adoption des NFTs?
Mouvementé 📹 : Twitter pourrait faire revivre la plateforme vidéo Vine
Imité 🐸 : Joan Mitchell sous l’emprise des Nénuphars de Claude Monet
Intelligible ✍️ : comment écrira-t-on en 2030 avec l’IA?
⌛️ : 4 minutes 44 secondes
Dans une magnifique livraison de la newsletter In Bed with Tech écrite à 6 mains par Benoît Zante, Marie Dollé et Quentin Franque, les trois défricheurs des nouvelles tendances regardent d’un peu plus près ce que nous réservent les toutes dernières évolutions de l’intelligence artificielle en matière de Copy Writing.
Au moment où la Silicon Valley, encore en pleine gueule de bois de la bulle NFT, bruisse de toutes parts sur les investissements sur les prochaines technologies d’intelligence artificielle (Jasper fondé en 2021 lève 125 M$ pour une valorisation de 1,5 Md$, Stable Diffusion a annoncé son tour de “seed” la semaine passée à 101 M$), il est intéressant de voir qu’une floraison d’outils se construit sur les impressionnantes librairies disponibles que sont GPT-3 (OpenAI dans laquelle Microsoft a investi1) ou encore son concurrent côté Alphabet-Deepmind (Gopher) ou encore côté Méta, avec OPT.
Mais encore plus intéressant, malgré l’apparente facilité de générer un texte cohérent à partir de quelques mots de déclenchement (“prompt” disent nos amis outre-atlantique), il se développe en outre, un vrai savoir-faire de mise en œuvre par des humains de chair et d’os :
“Je me dis que peut-être que dans quelques mois, le rédacteur qui sera capable de faire des prompts sur un GPT-3 ou ses successeurs, je pense qu'il aura une sacrée longueur d'avance”
Grégory Florin, Head of SEO Marmiton / Doctissimo / Auféminin, cité dans le mémoire “Quelle place pour l’intelligence artificielle dans la production et la diffusion de contenus?” présenté cette semaine à Sciences Po par Olivier Martinez.
Au delà de ces arguties, les trois auteurs tracent leur propre cartographie de ces technologies pour nous aider à y voir clair :
1ère étape : Scaler la production de contenus
Il s’agirait ici de générer des textes à la volée pour des besoins de SEO essentiellement, sans y ajouter une cohérence ou une lisibilité, approche qui pourrait bientôt être sanctionnée par les mêmes moteurs de recherche que cette technologie cherche à tromper, un peu la course à l’illusion.
2nde étape : augmenter l’humain et booster sa créativité
Avez-vous toujours rêvé d’écrire un livre avec Kafka, Austen ou encore Dostoïevski ? C’est ce sur quoi travaille Laika. La start-up de Copenhague utilise une combinaison de modèles propriétaires spécifiques et du bon vieux GPT-2 pour offrir une bibliothèque de modèles pré-réglés basés sur des écrivains et philosophes célèbres (libres de droit évidemment)
Gageons que nous allons voir une floraison de découvertes d’oeuvres “jusqu’alors inconnues” de grands auteurs, trompant même les meilleurs spécialistes de ces classiques… (cette approche vaut également pour sa propre prose à laquelle on peut entraîner l’IA, pour peu qu’on lui fournisse suffisamment de lignes d’écriture de son propre crû).
Là où cela devient franchement excitant, c’est quand cette technologie devient un “sparring partner” de nos propres élucubrations ou réflexions, comme semble le vouloir la startup SudoWrite qui propose de vous aider à développer vos propres idées à travers un bon questionnement. On imagine avec des vertiges ce que pourraient donner demain des floors entiers de créatifs échangeant avec leur alter-ego intelligent dans un jeu de ping pong intellectuel entre la machine et l’homme !
Pour atténuer l’étourdissement qui nous saisit avec ces perspectives, les auteurs s’échinent à pointer également les limites de ces modèles aujourd’hui et qui tordent le coup au fantasme de la machine toute puissante :
Le coût : le développement des modèles devient vite extrêmement élevé dès lors qu’on veut produire des milliers d’articles ;
La régulation, et en particulier environnementale, de ces modèles se fait de plus en plus entendre (avec différentes tentatives pour intégrer également le coût d’entraînement en CPU de ces données - GPT3 aurait incorporé 175 milliards de mots pour atteindre son niveau);
L’éthique. D’une part, on souligne souvent que l’IA s'entraîne sur des données issues d’internet, elles-mêmes produites avec des biais sur les questions de racisme, de genre, d’opinions politiques (sans parler des problèmes de copyright)… D’autre part, l’avenir de l’IA writing tient évidemment au fait de produire du contenu sans être détectable… Cela ouvre un nouveau champ d’IA qui est la détection du recours à des IAs, une passionnante course en avant.
(oui l’image de cet article a été elle-même générée par l’AI de Stable Diffusion avec la phrase suivante : A young professional reading through an entire library at the speed of light)
Mass-marketés 📢: les platesformes sociales vont-elles booster l’adoption des NFTs ?
⌛️ : 7 minutes 47 secondes
Devant l’apparent marasme du marché des NFTs, il est surprenant de voir que chaque semaine qui passe un nouvel acteur des big techs annonce intégrer la vente et la revente de NFTs.
Tiktok avait été un des premiers à tirer lorsque en août 2021, en plein bull run des cryptos, il avait indiqué que les utilisateurs pourraient aller piocher dans le catalogue d’Audius pour illustrer musicalement les vidéos au sein de son application.
Twitter de plus en plus gagné par la folie NFT, avait eu en janvier dernier, l’ingénieuse idée, pour favoriser l’adoption de son système payant, Twitter Blue, de rendre possible l’affichage de son PFP NFT (seulement sur Ethereum) dans un losange en photo de profil, distinct ainsi du reste des utilisateurs (c’était bien sûr avant qu’Elon Musk décide de faire de Twitter Blue un des piliers de sa nouvelle stratégie).
Instagram avait indiqué regarder le phénomène de près et déclaré en mai que pour les profils US et les collections les plus connues, pourraient suivre un chemin similaire en créant un nouvel onglet pour les créateurs certifiés avec leur galerie de NFTs à vendre.
Apple et Méta n’étaient pas en reste :
le premier veut simplement aider à l’adoption massive des NFTs, en jouant sur la corde de la confiance de ses utilisateurs (qui confient déjà à la firme à la pomme, énormément de leurs données personnelles) pour proposer simplement qu’Apple Pay permette de régler des NFTs sans quitter l’application du développeur. Apple n’oubliant pas au passage de proposer de prendre une commission de 30% comme à son accoutumée.
Certains créateurs, peu sensibles à la dimension de la perpétuation de la centralisation d’Apple que le Web3 promet d’abattre, voient plutôt dans cette annonce, une fantastique opportunité pour que le grand public ait accès facilement à leurs NFTs, faisant le calcul que le volume ainsi gagné compenserait très largement l’Apple Tax qui se mettrait en place.
Méta de son côté, toujours à son affaire sur Horizon Worlds, propose de mettre en place une marketplace au sein d’Horizon (son univers immersif), où les créateurs et Méta se partageraient les montants ainsi des ventes de bien virtuel, ainsi commercialisés (sans oublier de prélever de son côté 47,5% du montant des ventes…).
Cette semaine Twitter et Instagram semblent vouloir passer la seconde :
Twitter a annoncé qu’il serait désormais possible d’afficher dans son flux twitter des NFTs à vendre en provenance de 4 places de marché (Rarible (multichain), Jump, Dapper Labs (Flow) et Magic Eden (Solana))
Instagram lui emboîte le pas en mettant en avant un toolkit à destination des créateurs pour créer des NFTs directement à l’intérieur d’Instagram (sur Polygon pour l’instant). De façon assez surprenante, Instagram a annoncé ne pas prélever de commission sur les ventes ainsi réalisées (bon on va dire qu’avec l’Apple Tax ça risquait de se compliquer les choses).
On le voit les différentes plates-formes testent différentes formes d’intégrations des NFTS : la très grande majorité cherche à tirer partie des flux de transaction déjà existants et n’offre in fine qu’une vitrine supplémentaire, certes de taille conséquente - ils ont l’audience- aux places de marché de NFT avec une intégration facilitée. Instagram tente même de convertir ses créateurs existants à la commercialisation de NFTs, mais aucune n’a vraiment intégré de quelle façon elle pourrait directement intégrer les NFTs dans l’essence de leur modèle, cela ne saurait tarder…
Contrariés 😡 : les Français et l’info
⌛️ : 52 secondes
“La France compte 50 millions de sujets, aurait dit De Gaulle, sans compter les sujets de mécontentement.”
Les Français, qui comme n’importe quelle nation démocratique, ont fait de l’accès à l’information le poumon de leur démocratie, mais ils entretiennent malgré tout un rapport ambigu, selon un sondage Ipsos pour la plateforme d’abonnement presse Cafeyn.
Dans la version rose cela donne cela :
Dans la version un peu plus ombragée, un rapport de Reuters avait mis en février dernier, en avant que les Français se défiaient de plus en plus des sources officielles de presse, plaçant la France à la 41ème place sur 46 pays étudiés en termes de confiance.
La presse locale et régionales est celle qui s’en sortait le mieux en termes de crédit accordé avec près de 58% de confiance.
En termes d’usages, ils varient bien sûr en fonction des générations et de leur habitude de consommation des médias :
Mais les pratiques divergent d’une génération à l’autre : alors que 58% des 60-65 ans s’informent via les journaux, seulement 35% des 18-24 ans passent par les titres de presse. Au contraire, ils sont 62% des moins de 25 ans à s’informer à travers les réseaux sociaux, et 40% à utiliser les sites de streaming.
(oui cette illustration est également le fait de Stability Diffusion : a frenchman reading the newspaper Le Monde on his mobile)
Mouvementé 📹 : Twitter pourrait faire revivre la plateforme vidéo Vine
⌛️ : 43 secondes
Avouons-le, génie ou trublion, on a du mal à suivre ce que souhaite réellement faire Elon Musk de Twitter (Techcrunch a tenté de suivre le train des annonces depuis qu’il a pris les rênes de la société il y a dix jours entre : le licenciement de l’équipe dirigeante, les licenciements massifs d’employés par email, le déploiement de Twitter Blue à 8$ par mois pour garder une forme de visibilité et se débarrasser des bots, la vente de NFTs, le déménagement du siège social à Austin - pour le climat et sans doute les avantages fiscaux associés).
Axios Media croit de source sûre que l’homme le plus riche de la planète souhaite mettre l’accent, pour rebooster les revenus financiers, sur le format roi de la monétisation publicitaire, la vidéo.
Pour ce faire, il compte faire revivre pour la fin de l’année, le réseau social parallèle à twitter, Vine qui avec son format de 6 secondes avait donné le coup d’envoi à une nouvelle génération de vidéastes créateurs. Le réseau avait fermé ses portes en 2016 après 4 années d’expérience (non sans avoir tenté de le vendre).
Imité 🐸 : Joan Mitchell sous hypnose des Nénuphars de Claude Monet
⌛️ : temps de lecture 1 minute
La grande œuvre de la fin de la vie de Monet, les Nymphéas (qu’on peut sans fin admirer dans le magnifique cadre de l’Orangerie des Tuileries) rencontra dans les années 1950 aux États-Unis un écho très important auprès des peintres américains de l’expressionnisme abstrait.
Dans ce contexte du « Monet Revival », la peintre Joan Mitchell participe en 1957 et 1958 à des expositions consacrées à la notion d’ « impressionnisme abstrait », terme inventé par son amie Elaine de Kooning (la femme du peintre).
Le rapprochement des deux artistes s’est renforcé par l’installation de Joan Mitchell en France à partir de 1968, à Vétheuil, dans une propriété proche de Giverny, même si l’artiste a toujours revendiqué une totale indépendance artistique.
L’exposition actuellement à la Fondation Louis Vuitton qui compare l’influence de Claude Monet sur Joan Mitchelle est doublée d’une Rétrospective dédiée à l’artiste américaine, par laquelle le parcours commence pour se familiariser avec le style de l’artiste américaine qui fit date dans ce mouvement artistique de l’abstraction.
L’oeuvre de Mitchell est comme tout le mouvement abstrait difficile d’accès et l’on est obligé de s’accrocher à des émotions provoquées par la vision de ces oeuvres de grand format (les quelques explications d’une conférencière à l’accent quebécois viendront également donner du piquant à cette rétrospective absconse).
La portée du maître de l’Impressionisme et le magnétisme de ses toiles les plus tardives constituent néanmoins un parallèle intéressant avec l’oeuvre de Mitchell et de ses contemporains.
attendons nous à voir débarquer GPT3 dans Word sous peu, prévient l’article de In Bed with Tech