Le Wrap Up de la semaine où l'Iran a démantelé sa police des moeurs #Mahsa (semaine du 5 décembre 2022)
5 bullet points sur les médias, la tech, les NFTs avec une petite recommandation culturelle à la fin
⌛️ Temps de lecture : 8 min 38 sec
Au sommaire de cette semaine :
Eduquée 👩🏫 : l’app Duolingo sur le chemin de la profitabilité
Helvétisé 🖇 : le difficile chemin de Twitter vers la super app
Repenti 🙈 : la pub sur Netflix se voudra différente
⌛️ Temps de lecture : 1 min 42 sec
Lors de sa première prise de parole publique1, la présidente monde de la régie publicitaire de Netflix, Jeremi Gorman, a demandé un peu de patience sous forme de mea culpa, aux acheteurs médias pour laisser au temps au géant du streaming de s’adapter à la mesure TV et aux modes d’achat de cette dernière.
“The way that we launched the business is not representative of what we want the future of the business to be. It’s just been so quick that we wanted to ensure that we had the most standard units and that we are getting into the standard measurement business. I think we have a really big opportunity to be that middle [between linear and connected TV].”
Le “rêve” qu’entretient Gorman serait de faire de Netflix un lieu aussi iconique pour les créations publicitaires que le sont Times Square à New York, Pically à Londres, la mi-temps du Super Bowl ou le Golden Spot de la Coupe du Monde de football, ou l’après JT de 20h de TF1 le dimanche soir, rien de moins.
Ces emplacements ultra premium seraient, d’après elle, des lieux vers lesquels les gens seraient spontanément attirer car les publicités qui y sont diffusées sont “si bonnes, en phase avec l’actualité, si pertinentes, si attirantes”.
La publicité a démarré sur Netflix le 3 novembre dernier et Gorman a rassemblé intentionnellement, une équipe à la fois de personnalités de la pub digitale et de la TV, issues de Snap, d’Amazon, de Google, de TikTok, de GroupM, NBC ou encore de Disney, afin de “faire se rencontrer ces deux modes de pensée”.
Elle souhaite néanmoins passer par les fourches caudines de la mesure TV, avec des partenariats initiés avec le BARB (le Médiamétrie UK), Nielsen (qui fait référence dans la mesure de l’audience aux US), IAS ou DoubleVerify.
Dans un discours bien connu, elle a battu en brèche le fait que les spectateurs étaient réticents à la publicité en général mais plutôt à la publicité mal adressée en particulier.
Elle s’est également montrée ouverte à “très très long terme” à de la publicité contextuelle (c’est à dire ciblée en fonction du contexte de diffusion).
En outre, elle a ajouté qu’elle allait diversifier ses formats publicitaires au delà des 15 et 30 secondes de la première phase d’expérimentation, en permettant des formats de 10-20-40 secondes de trouver également leur place, tout comme elle souhaitait localiser au maximum les expériences publicitaires en fonction des pays de diffusion.
Enfin, elle a glissé que Netflix avait déjà recours à l’intelligence artificielle pour identifier dans les épisodes les meilleurs moments pour l’insertion desdites publicités.
En 2022, je m’étais fixé l’objectif, avec le Wrap Up, de dépasser les 1 000 abonnés. Grâce à votre aide, c’est désormais chose faite. Je réfléchis désormais à la suite :
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Eduquée 👩🏫 : l’app Duolingo sur le chemin de la profitabilité
⌛️ Temps de lecture : 37 sec
Lancée en 2012, l'application de langue gamifiée DuoLingo s'est transformée d'un projet de doctorat en une entreprise cotée de 500 personnes qui a maintenant pour mission de faire des profits.
L'application, qui considère des sites comme TikTok et Netflix comme ses concurrents, compte aujourd'hui environ 15 M d'utilisateurs quotidiens, +51 % sur un an et 3,7 M d'abonnés payants. Le CA de cette année devrait dépasser les 365 M$.
L'entreprise gagne actuellement de l’argent par le biais d'achats in-app, sur des sujets complémentaires aux langues comme la lecture et les mathématiques, et d'un test d'anglais en ligne à 49 $ qui se veut le nouveau TOEFL, désormais accepté par plus de 4 000 institutions éducatives. Ce seul test a rapporté près de 25 M$ l'an dernier.
Petit détail amusant : Luis von Ahn, le cofondateur de Duolingo, a inventé l'outil d'authentification web CAPTCHA, qu'il a donné gratuitement à Yahoo, et reCAPTCHA, qu'il a vendu à Google.
Helvétisé 🖇 : le difficile chemin de Twitter vers la super app
⌛️ Temps de lecture : 1 min 32 sec
Les fins observateurs d’Elon Musk décèlent en filigrane et au gré des présentations qui ont fuité les intentions du magnat au sujet de Twitter, que ce dernier souhaiterait construire un Twitter 2.0 ou TwitterX qui serait “une super app”.
Derrière ce terme abscons et fantasmé, on retrouve les ambitions partagées par nombre d’acteurs de la tech occidentaux de reproduire le succès d’un WeChat en Chine. En d’autres termes d’unifier au sein d’une seule app, les fonctions financières, gaming, réseau social et e-commerce que le Camarade a réussi à imposer comme LE système d’exploitation mobile au sein de l’Empire du Milieu.
Launched in 2011, WeChat rode the wave of Chinese smartphone adoption. Today it boasts 1.3bn users and stunning ubiquity. Adding payments, e-commerce and gaming capabilities on top of its messaging platform made the app wildly popular. The launch of “mini programs”, the millions of third-party applications which exist within WeChat-proper, in 2017 cemented the platform as the real operating system of the Chinese internet.
L’article de The Economist souligne à quel point cette stratégie sera semée d’embuches : d’une part, nombre d’acteurs ont nourri les mêmes ambitions. En Asie du Sud-Est, Grab joue des coudes avec GoTo (résultat d’une fusion entre Gojek, un Uber sud asiatique et Tokopedia, un Amazon indonésien), on assiste également aux ambitions affichées de l’homme le plus riche d’Inde, Gautam Adani, de développer également une super app, et plus près de nous, ce sont les initiatives d’un Meta à travers WhatsApp, Microsoft ou d’un Walmart, sans compter la tentative avortée l’an passé de Paypal2 qui a fait une offre sur Pinterest pour 45 Md$.
Mais ce qui risque le plus de contrecarrer les plans du milliardaire libertaire, c’est l’existence même des AppStores, et celui d’Apple en premier lieu :
The greatest impediment to super-apps are, unsurprisingly, app stores. Apple, which makes more than half of America’s smartphones, is the incumbent gatekeeper to the country’s eyeballs. It guards this position jealously, and with good reason. The total fees it collects from its app store are not disclosed but are thought to make up a large chunk of a services segment with revenues of $78bn a year. This infrastructure, including a remarkably successful run in the payments business since the launch of Apple Pay in 2014, is the closest thing America has to a true super-app.
La charge de la semaine passée de Musk contre l’Apple Tax est peut être le premier jalon de cette nouvelle stratégie :
Chamboulée 🎶 : la tiktokisation de la musique
⌛️ Temps de lecture : 2 min 50 sec
On connaissait déjà l’impact de la rémunération au delà des 30 premières secondes d’un morceau sur Spotify sur la structure même des morceaux de musique contemporaines (le rappeur Lorenzo s’est d’ailleurs payé un beau coup de pub la semaine dernière en jouant avec cette règle pour son nouvel album).
Un article du New Yorker détaille (très) longuement comment la musique est en train de se fondre dans la vidéo comme un genre à part entière, dans lequel indubitablement MTV, Youtube et surtout dernièrement Tiktok ont été les contributeurs majeurs, en s’émerveillant de ce nouvel univers qui émerge des profondeurs de la science algorithmique de Tik Tok :
Mainly, though, the TikTok algorithm relies on the “signals” harvested from your responses to your “For You” feed: likes, comments, and the length of time you watch a video before swiping to the next one, by flicking your fingers up the screen. Every action, or lack of one, tells the A.I. something about your level of “engagement”—the caviar of social metrics. A user who swipes through thirty fifteen-second videos, say, provides the TikTok algorithm with many more signals than YouTube gets from a user who watches one seven-and-a-half-minute video on its platform. Those signals, in turn, allow the TikTok algorithm to home in more closely on your private desires. After a couple of hours of swiping, TikTok users get bespoke recommendations that make other feeds feel off-the-rack. “The TikTok algorithm knows me better than I know myself” is a Gen Z utterance I heard often in my reporting.
L’article tout en revenant sur la révolution digitale et les modifications économiques induites, s’attache surtout à voir le nouveau palier franchi avec la plateforme chinoise:
Now music is meeting a kind of metaverse, in the form of the rapidly evolving platform of sound, video, social media, and marketing that is TikTok… On a distribution platform, a song’s owners are paid per stream, but on TikTok there is no set royalty structure in place, and it provides only negligible income, a growing point of tension with the music industry…
In 2018, the chief digital officer at the Warner Music Group, Ole Obermann, (now chief of Tik Tok music) likened user-generated videos, on which creators spend many hours, to the mixtapes people made back in the day—“the ultimate form of fandom,” he said. To me, he described TikTok as a combination of elements of Top Forty radio, music television, and streaming: “There has never been anything that can get a song hooked in your head the way TikTok does it.”
…
During the pandemic, however, signing acts on the basis of social-media presence alone became the norm among the majors—your phone was the club—and the practice has persisted even as live shows have returned. Some music professionals say, with sadness, that if forced to choose between an artist with good numbers on social media but so-so music and one with great music but lacklustre “socials,” they’d have to choose the former. Chioke (Stretch) McCoy, a veteran manager of top hip-hop acts, told me that he would always favor the artist’s talent over the data, but he added that while TikTok was great for music it was not necessarily great for musicians, whom labels are treating as if they are as disposable as their songs.
On le comprend : comprendre et craquer l’algorithme de Tiktok devient absolument vital pour tout aspirant artiste sur la plateforme :
But how does the algorithm launch viral trends on TikTok? Machine learning is a form of A.I. that identifies patterns in data and makes predictions and recommendations based on them. Because of the complexity of their calculations and the sheer volume of data they ingest, the exact workings of powerful A.I.s like TikTok’s are difficult to comprehend. Still, there are theories about TikTok’s algorithm. The batch theory holds that the algorithm shows new content to small batches of users around the world, and, if a video gains traction somewhere, the app sends the video to a larger batch of users, and then a still larger one. Within the batch theory, there are more theories about how a video gains traction in the first place. Some hold that the ratio of likes to views is the key metric. For others, it’s whether people stay with a video to its end. Some combination of all these factors is probably at play. TikTok itself has confirmed aspects of this on its Web site, but without much granularity. There is no shortage of YouTube videos or Reddit threads probing the mysteries of the recommendation algorithm for users who suspect that it is being periodically tweaked by ByteDance engineers.
Vu 🖼 : une rétrospective Walter SICKERT au Petit Palais
⌛️ Temps de lecture : 1 min 31 sec
Il est toujours étrange de “découvrir” un artiste classique : on se demande si on n’est pas passé à côté lors de son éducation culturelle et artistique, ou si tout bonnement comme cela arrive de plus en plus souvent, cet artiste n’est tout simplement tombé dans l’oubli et qu’un curateur aventureux a entrepris de le sortir de l’oubli et de lui rendre ses lettres de noblesse.
C’est un peu le sentiment qu’on éprouve à visiter l’exposition consacrée par la Tate Britain et le Petit Palais, à Walter SICKERT (1860-1942), dont la commissaire de l’exposition, Delphine Lévy, directrice générale de Paris Musées, décédée en 2020, s'emploie à souligner les audaces de SICKERT qui s'attachent successivement au portrait, aux scènes de Music Hall alors considéré comme un milieu sale et indigne de figurer dans des tableaux, puis au réalisme (en particulier la représentation des nues désérotisées et sombres3). Il peindra aussi l'ennui de scènes bourgeoises d'intérieur mais également de très belles scènes d'extérieur colorées (la Cathédrale de Douai, les bains de Mer ou la Basilique Saint Marc).
Le peintre aux origines diverses (danois par son père, anglais par sa mère, élevé en Angleterre) aura tout au long de sa vie le goût de se travestir et de choquer, brouillant ainsi les pistes et les styles.
Avec de nombreux séjours en France, il sera très influencé par la scène artistique parisienne et devient un proche d’Edgar Degas, Jacques-Émile Blanche, Pierre Bonnard (auquel il ressemble par ses tableaux parfois dilettantes et mal achevés), Claude Monet (l’emprunt à la Cathédrale de Rouen pour peindre les différentes phases de la Cathédrale de Douai est manifeste) ou encore Camille Pissarro. De retour en Angleterre, il montera différentes écoles de peinture à Londres, prenant soin de s’en affranchir après quelques années.
C’est surtout principalement pour son influence que Sickert est resté dans les mémoires : le goût pour le nu et les scènes d’ennui de la vie quotidienne marquera certainement un Lucien Freud après guerre ou encore Francis Bacon, et il y a du Edgard Hopper dans nombre de ses tableaux. A la fin de sa vie, il posera les bases de l’art graphique en détournant des photographies en noir et blanc de la presse qu’il agrandira en de nouveaux tableaux en changeant les fonds et les textures (il appellera le procédé des Echoes), un procédé décrié par les tenants de l’orthodoxie picturale, mais qui fera le triomphe d’un Andy Warhol des années plus tard.
Mediatel Events’ The Future of TV Advertising Global conference
On se souviendra que Musk avait fondé en 1999 une banque en ligne alors appelé X.com qui deviendra par la suite PayPal et qui sera par son rachat par eBay, l’origine de la première fortune de Musk.
une légende urbaine, qui perdure aujourd’hui, voit en lui le véritable meurtrier Jack l’Eventreur. La reine du polar, Patricia Cornwell, dépensera, soit disant, jusqu’à 6 millions de dollars pour conduire des tests ADN, peu concluants.