Le Wrap Up de la semaine où les banlieues ont flambé (semaine du 26 juin 2023)
🤑 Tiktok Commerce - ⌚️ La convergence pub TV/Digital se fait attendre - 🤖 Compte rendu de la soirée Comptoir IA - ⛓️ Ubisoft retente la blockchain - 📺 Destination Arte.TV
Au sommaire de cette semaine :
Retardé ⌚️ : la grande convergence publicitaire TV Digital se fait attendre
Interactive 🤩 : dernière édition des soirées Comptoir IA avant l’été
Renaissant 🙊: Ubisoft retente les NFTs et la blockchain sans le dire
Destiné 📺 : Arte.TV s’invite dans la cour des grands du streaming
⏳ Temps de lecture : 7 min 48 sec
Vendu 🤑 : Tiktok sur les traces d’Amazon
⏳ : 1 min 4 sec
Selon Techcrunch, TikTok serait en train de tester une nouvelle section d'achat intégrée appelée "Trendy Beat" au Royaume-Uni. Cette section vend des produits présentés sous forme de vidéos, la nouveauté provient du fait que ces produits sont livrés et vendus directement par une filiale de ByteDance, la maison mère de Tiktok.
Ce "Trendy Beat" pourrait être déployé dans de nouveaux pays, comme le suggèrent les dépôts de marque le mois dernier. Cette nouvelle fonctionnalité souligne la volonté de marcher dans les pas des autres marques social ecommerce comme les Amazon Basics, Shein ou encore Temu.
Cette initiative baptisée projet “S” (pour shopping?) repose notamment sur la capacité de Tiktok d’identifier les produits qui cartonnent chez les autres pour les répliquer rapidement sous sa propre marque (ça vous rappelle quelqu’un ?).
The new feature sees TikTok looking to challenge retail companies like Amazon and Shein, as it indicates a shift from TikTok’s current e-commerce strategy, which is mainly represented through its TikTok Shop marketplace. With TikTok Shop, the company allows brands to sell their products directly within the app, but with this new feature, TikTok would be selling its own products.
Le potentiel marchand de la plateforme est déjà largement avéré par la phrase "TikTok made me buy it”, devenue le symbole de la capacité de l'appli à stimuler les achats impulsifs et passée dans le langage populaire des plus jeunes.
Il est intéressant de noter que ces initiatives se font alors que Meta semble réduire ses ambitions dans le domaine : Instagram a fermé son onglet Shop en janvier dernier et a annoncé par la suite réduire ses efforts sur le live commerce. Facebook de son côté avait mis fin à sa fonctionnalité Shopping en août dernier.
Retardée ⌚️ : la grande convergence publicitaire TV Digital se fait attendre
⏳ : 1 min 37 sec
Un article très complet de Minted1 sur la croisée des chemins des régies TV en France :
L'ère du "total video" les confronte à un défi inédit. Confrontées à la contraction des durées d’écoute individuel (encore plus marquées sur les cibles jeunes), les recettes publicitaires de la télévision linéaire sont sous pression (même si un renchérissement du Coût GRP semble tout aussi prévisible). L'évolution des habitudes de consommation et d’achat pub vers de nouveaux formats (catch-up, AVOD, FAST) les forcent à revoir leurs stratégies.
Premier impératif : réinventer la stratégie de programmation en conservant l'aspect linéaire tout en renforçant la présence sur d'autres points de contact (la “plate-formisation” prônée par Rodolphe Belmer chez TF1 va dans ce sens).
Ensuite, pour le fonctionnement harmonieux du marché, il est crucial d’harmoniser les outils de mesure pour mieux refléter la consommation réelle de contenus TV, désormais multi-écrans. Ces outils permettraient aux annonceurs d’approcher ce “reach massif” qui faisait (et fait encore) la gloire de la TV.
Actuellement, les différences entre le digital et la télévision linéaire en matière de définition du contact publicitaire et de métriques d'audience sont une source de confusion pour le marché. Challenge que les régies pub sous l’égide du SNPTV2 ont décidé de bousculer en basculant (enfin début 2024) elles-mêmes en CPM (avec le risque d’effacer les notions de répétition et de couverture).
Cependant, elles n’arriveront pas à faire le big bang de la convergence TV - Digital Vidéo :
Si Youtube ne reste accessible que via les interfaces DV 360 qui ne devrait s’ouvrir qu’en 2025 sous les coups de butoir de la commission européenne et de son Digital Marketing Act;
Le Digital Marketing Act (DMA) y remédiera sans doute puisqu’il s’attaque à la pratique du “self preferencing” et pourrait, ce faisant, contraindre Google à ouvrir Youtube aux autres DSP. Mais le calendrier reste encore flou.
Si les régies ne font pas évoluer leurs offres ET leur interface pour répondre aux besoins des agences médias qui trouvent encore la gestion des campagnes publicitaires TV trop chronophage (surtout compte tenu des niveaux de marge faible pour les agences sur la TV qui reste sous loi Sapin de transparence des prix et des marges, sans remise annuelle).
Dans l'ensemble, bien que l'évolution technologique du marché publicitaire soit inévitable, elle nécessite également un changement d’habitude chez les acteurs du marché, tant du côté des agences que des régies (toutes deux relativement silotées sur leur mode d’achat).
Interactive 🤩 : dernière édition des soirées Comptoir IA avant l’été
⏳ : 2 min
Mercredi soir dernier, c’était le dernier meetup Comptoir IA chez Urban Linker avant la pause estivale. Ces rencontres toujours enrichissantes ont offert une série de discussions passionnantes et stimulantes, centrées sur les récents développements de l'IA :
Toujours une petite revue d’actualité : la fonctionnalité Zoom Out sur MidJourney 5.2, ainsi qu'à une démonstration du déploiement de Bard en autofill dans Google Sheets.
"Our new 'help me organize' capability in Sheets automatically creates custom plans for tasks, projects, or any activity that you want to track or manage — simply describe what you’re trying to accomplish, and Sheets generates a plan that helps you get organized.
Marie Lathoud nous a fait découvrir Imki. Ayant travaillé sur l'IA depuis plusieurs années, la société a récemment mis en place de "l'immersivité générative" au sein du Théâtre Antique d'Orange (la ville). Cette prouesse technologique a suscité un vif intérêt et une appréciation pour l'innovation.
Dans une démonstration étonnante, Brian Giannini a montré en direct comment (no)coder une application mobile en utilisant seulement quelques prompts sur ChatGPT, même si quelques ajustements restent nécessaires pour nettoyer les codes.
Un autre sujet clé de la soirée a été l’IA responsable. Adnane Lahbabi a partagé des idées précieuses pour contrecarrer les prédictions catastrophistes sur l'IA, celles poussées par les "Doomers" (néologisme intéressant). Il a illustré nos biais cognitifs humains visibles dans les comportements de l'IA, notamment avec deux cas plutôt comiques :
l’analyse des mélanomes par l’IA : le jeu de données pour apprendre était biaisé, les dermatologues en cas de présomption de mélanome malin mesuraient sa taille, et les clichés communiqués à l’IA pour lui enseigner comportaient pour la plupart une règle sur le cliché. Par déduction, l’IA a fini par se dire que la présence d’une règle sur un cliché de mélanome était un fort indicateur du caractère cancéreux…
Dans un autre cas, l’IA devait maximiser ses points dans un jeu vidéo de course de bateaux. Sauf que l’IA a vite compris que pour atteindre ce but, il valait mieux rester dans une zone permettant de gagner des bonus que de s’efforcer de finir chaque tour en tête ! (démo ici dans le jeu CoastsRunners 7)
La soirée a également été marquée par le lancement officiel de la formation Passeport IA. Elle permet une introduction complète à l'IA via des vidéos sur une durée de quatre heures, avec un accès à une communauté Discord pour l'apprentissage continu et un avatar personnalisé en cadeau.
John-Edwin a révélé le projet MyMemory sur lequel il travaille qui utilise l'IA pour créer un centre de ressources partagées personnalisé et serverless.
Alexandre Lavallée, quant à lui, a continué à montrer son intérêt pour bidouiller des IA génératives entre elles. Cette fois c’était pour réaliser du #QRCodeArt via à MidJourney (et deux/trois autres briques).
On a aussi parlé des découvertes de Vivatech dont la startup Pluralisme du groupe Lexbase, une solution d'indexation speech-to-text des déclarations des personnalités politiques pour suivre très finement les temps de parole des différentes tendances politiques et le contenu de ces contenus.3
Après cette soirée palpitante, les programmes reprendront à la rentrée. Nous attendons avec impatience de voir quels nouveaux développements passionnants l'IA nous apportera lors de la prochaine rencontre du Comptoir IA à la rentrée.
Renaissant 🙊 : Ubisoft retente les NFTs et la blockchain sans le dire
⏳ : 48 sec
Ubisoft ne lâche pas l’affaire : après différentes tentatives très mal reçues par sa communauté de joueurs autour des NFTs, l’entreprise n’abandonne pas l’idée de continuer à tester des game plays utilisant ce qui ressemble à une blockchain, mais chut! … sans le dire, elle préfère parler d’”Experimental”, mais elle utilisera bien la blockchain Oasys4 pour minter et diffuser et échanger les NFTs liés probablement aux items de jeux. Les tentations du Play-to-Earn sont toujours vivaces (on se rappelle de la folie autour d’Axie Infinity au plus fort du bulle-market NFT).
Saluons le courage de l’éditeur d’Assassin’s Creed, Ubisoft sera l'un des premiers studios AAA au monde à s'immerger complètement dans ce monde avec ce nouveau titre Champion Tactics (bande annonce ici). Les joueurs anti-blockchain ont rapidement fait savoir, de façon virulente, qu’ils étaient opposés à cette dérive de l’industrie.
L’article de GameRant sur le sujet conclue fort justement :
Really, whether the blockchain has any future in the industry will ultimately come down to whether or not it can be utilized in a game that players actually want to play. Champions Tactics may be the last word on this, or it may just be the prototype that is built on top of in the future.
Destiné 📺 : Arte.TV s’invite dans la cour des grands du streaming
⏳ : 2 min 18 sec
Une fois n’est pas coutume, pas de recommandation culturelle pour cette semaine, mais une recommandation générale : regardez Arte.tv !
Les Echos reviennent cette semaine sur le succès grandissant d’Arte.TV, qui pourrait réussir (mais aussi parce qu’elle poursuit cette stratégie avec persistance depuis 2015) à s’imposer comme LA plateforme de destination gratuite de la vidéo en France (voir plus haut la nouvelle stratégie de TF1 sur la plateformisation).
Qu’on en juge par les chiffres du succès d’Arte.tv :
En cinq ans, le nombre de ses vidéos vues a été multiplié par quatre, pour atteindre les 2 milliards en 2022, soit 387 millions d'heures de visionnage. Une envolée tirée notamment par les séries télé qui forment désormais une part prépondérante de l'audience d'arte.tv (36 % des vues), devant les documentaires (29 %), le cinéma (16 %), l'information et les magazines (15 %). Le fruit d'une intuition gagnante.
On objectera qu’Arte bénéficie d’un budget de fonctionnement 300 M€, fourni par une fraction de la TVA, avec une quasi-absence de publicités (uniquement des campagnes d’intérêt général et du sponsoring essentiellement pour les cases cinéma ou séries).
On objectera aussi qu’Arte a pu en premier proposer une offre de streaming de cinéma car en sa qualité de chaîne franco-allemande elle n'ayant pas les mêmes contraintes réglementaires que les pure players français.
A l'automne 2020, un nouveau pas est franchi, déterminant, avec la décision d'acheter les droits de séries pour les diffuser seulement sur arte.tv. Alors que la pandémie de Covid bat son plein, cette nouvelle offre, inaugurée avec la collection « British décalé », installe pour de bon la marque dans l'univers du streaming, avec sa patte bien particulière, originale et haut de gamme.
« Si arte.tv est la plateforme hype du moment, on le doit d'abord à notre ligne éditoriale », relève Bruno Patino, qui a succédé à Véronique Cayla en 2021 à la tête d'Arte France.
… Près des deux tiers de ce qui est proposé sur arte.tv n'a rien à voir avec ce qui est diffusé à l'antenne », arte.tv offre 40 programmes nouveaux chaque jour, une nouvelle série par semaine, près de 1.000 concerts et spectacles par an et près de 480 coproductions européennes tous genres confondus…
Sans compter le succès des séries originales, une stratégie de production de contenus propres amorcés au début des années 2010. Cette stratégie très netflixienne a permis d’installer Arte.tv à part, jusqu’au succès considérable d’En Thérapie, diffusée début 2021, la première saison de Nakache / Toledano a sur les contrecoups du Bataclan rencontré un autre trauma, celui de la pandémie et du confinement, invitant toute la France ou presque à s'asseoir sur le divan du Dr Dayan (Frédéric Pierrot) pour y déposer ses angoisses.
Au total, les deux saisons ont cumulé plus de 100 millions de vidéos vues sur arte.tv. Un record et de loin. « On n'a pas compris ce qui nous arrivait, tout le monde en parlait, il y a eu un avant et un après », se souvient Bruno Patino.
Bien sûr, se pose la question de la réplicabilité de ce modèle assez unique dans le paysage médiatique français (pardon franco-allemand), dans lequel le social n’est pas en reste non plus :
Cette percée programmée dans la fiction se retrouve sur les chaînes sociales. « Nous proposons à tout moment 8500 programmes (!), contre près de 5.000 il y a cinq ans, tous types de formats et nous n'avons jamais peur d'innover tant que l'on respecte les critères d'exigence et de qualité du groupe…
Nous ne comptons pas moins de 22 millions d'abonnés sur nos chaînes sociales où les 18-35 ans sont majoritaires ce qui a permis de rajeunir l'âge moyen de notre public à 55 ans5 tous vecteurs confondus (antenne, plateforme, chaînes sociales). »
Accès gratuit même si Minted est accessible sur abonnement.
Le syndicat national de la publicité TV qui regroupe les principales régies TV.
La Legaltech Pluralisme a pour objectif de superviser en temps réel l'application de la loi sur le pluralisme (Loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication) en analysant le contenu et le temps de parole des candidats lors d'une élection française. L'analyse couvre l'ensemble des médias - télévision, radio, internet.
Le Groupe Lexbase, en collaboration avec son partenaire en intelligence artificielle, Magic Lemp, a développé une série d'algorithmes (reconnaissance faciale, labiale, vocale, speech to text, analyse sémantique NLP/NLU, etc.) permettant de retranscrire et qualifier le discours d'une personnalité politique. L'ambition est claire : combiner technologies de pointe et analyse rigoureuse pour décrypter l'influence des personnalités politiques dans les médias.
C'est un pas vers un dialogue plus équilibré et plus informatif dans l'arène politique, qui sert à la fois les acteurs politiques, les médias et le public. Un triple salto technologique, juridique et démocratique, chapeau bas !
Oasys est une blockchain entièrement décentralisée, zero gas fee pour les jeux vidéos. Elle a déjà établi des partenariats avec les studios Square Enix, SEGA et Bandai namco.
Il reste donc un peu de marges de ce côté-là.
Je suis fan d'Arte aussi, leur stratégie est claire, portée par des choix francs et elle nous rend collectivement meilleurs. Une belle longévité !