Le Wrap Up de la semaine où le Moyen Orient retient son souffle après l'attaque iranienne sur Israël (semaine du 15 avril 2024)
👾 : Hollywood converti au gaming - ⚖️ : Netflix veut autant de revenus pub que d’abo - 🤑 : la GenZ va bien - 💔 : les apps de dating ont tué les annonces amoureuses - 🎭 : Macbeth au Français
Au sommaire de cette semaine :
Equipubé ⚖️ : Netflix vise à terme autant de revenus pub que d’abonnement
Dépubliées 💔 : les apps de dating ont signé la fin des petites annonces matrimoniales
⏳ Temps de lecture : 8 min 3 sec
On commence par une petite pub maison :
Les jeunes et l’info, le débat :
Le jeudi 16 mai prochain, nous nous pencherons avec mon camarade Eric Lentulo sur 𝐋𝐞𝐬 𝐣𝐞𝐮𝐧𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐥’𝐚𝐜𝐭𝐮𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ : 🥱 𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞𝐫 ? 𝐐𝐮𝐞𝐥𝐬 𝐛𝐮𝐬𝐢𝐧𝐞𝐬𝐬 𝐦𝐨𝐝𝐞𝐥𝐬 ?
Pour le groupe Médias & Entertainement de l’ESCP, nous interrogerons Lou Grasser, Directrice du numérique Le Monde, Giuseppe de Martino, cofondateur et CEO du pure player Loopsider et Wallerand Moullé-Berteaux, cofondateur et CEO Le Crayon.
Les inscriptions se font ici. Le débat qui aura lieu dans les locaux du cabinet d’avocat Gide sera suivi d’un cocktail pour prolonger les débats.
Cinema-games 👾 : Hollywood se convertit à la culture gaming
⏳ : 1 min 52 sec
Ah, Hollywood et son amour toujours plus grandissant pour les jeux vidéo! Dernier exemple en date, la série Fallout (disponible en France sur Prime Video) adaptée du célèbre jeu vidéo.
Cette série est la preuve que les adaptations de jeux vidéo ont parcouru un long chemin depuis les échecs des années 90 comme "Street Fighter" et "Doom". Aujourd'hui, ces adaptations connaissent un succès commercial et critique retentissant.
Super Mario Bros fut le deuxième plus gros succès au box-office mondial en 2023 (et le premier en France ! devant Barbie, Astérix ou Oppenheimer!), ou encore The Last of Us, une série basée sur un jeu PlayStation qui a raflé plusieurs Emmy Awards en janvier (aussi sur Amazon).
Plus de 70 adaptations de jeux sont actuellement en développement pour le cinéma et la télévision, y compris des projets basés sur "Tomb Raider", "League of Legends", "Zelda", et "Minecraft".
Pour Fred Black d'Ampere Analysis, cet engouement s’explique par le fait que les studios de cinéma se lassent des comics, un matériau créatif jadis favori mais dont l'attrait semble s'essouffler avec des films Marvel de moins en moins réussis. Les jeux vidéo offrent une alternative séduisante avec une mine profonde encore peu exploitée de franchises, un public déjà très bien établi, des années de scénarios et un potentiel infini pour de déclinaisons et autres spin-offs.
Amazon Prime Video et Netflix, nouvelles venues à Hollywood, se sont jetées sur ces adaptations pour attirer des abonnés. Contrairement à des géants établis tels que Disney, ces entreprises possèdent un catalogue limité de propriétés intellectuelles et ont donc besoin de trouver de nouvelles sources de contenu original.
L'univers des jeux vidéo a également évolué de manière favorable. Le nombre de joueurs a explosé grâce aux smartphones et à la pandémie de covid-19, élargissant ainsi l'audience potentielle pour les adaptations cinématographiques. De plus, l'âge moyen des joueurs s'est élevé, rendant ces projets plus compréhensibles pour les producteurs d'aujourd'hui, souvent eux-mêmes générationnellement parlant, des joueurs du moins dans leur jeunesse.
Les jeux modernes offriraient ainsi un meilleur matériau pour les adaptations grâce à des scénarios complexes et des personnages bien développés (hum hum). Par exemple, Fallout et The Last of Us bénéficieraient de scripts relativement bien ficelés et de personnages déjà approfondis dans leurs versions jeu vidéo, ce qui rend les adaptations plus faciles pour le cinéma.
Cependant, toutes les adaptations ne rencontrent pas un succès fulgurant : Halo chez Paramount ou Resident Evil chez Netflix ont fait des flops.
Cependant, les grands succès au cinéma ont en commun qu’ils soient bien connus des non-joueurs (comme "Mario", "Sonic", ou "Angry Birds"), ou alors si captivants d’un point de vue artistique que leur origine numérique devient secondaire (les exemples précités).
En somme, pour les adaptations de jeux vidéo à Hollywood, c'est seulement le début d'une ère prometteuse. Les pixels cèdent la place aux acteurs, et les contrôleurs aux scénaristes, dans une fusion de plus en plus harmonieuse entre deux mondes de storytelling.
Mais ça bien sûr c’est avant que l’IA permette le passage du jeu vidéo directement au grand écran, sans passer par la case Hollywood…
Equipubé ⚖️ : Netflix vise à terme autant de revenus pub que d’abonnement
⏳ : 52 sec
Philippe Bailly dans son Digital Transformation Notepad revient sur la publication des résultats T1 de Netflix :
Netflix a enregistré une de ses plus fortes croissances hors covid avec l’addition de 9,3M de nouveaux abonnés payants nets. Le total mondial atteint 269,6 millions d’abonnés !
Le CA bondit de 15% pour atteindre 9,37 Md$ (ce sont des chiffres trimestriels) et le résultat net affiche un 2,33 Md$, il est loin le temps où les médias faisaient des gorges chaudes sur l’incapacité structurelle de Netflix a dégagé des bénéfices !
C’est la zone EMEA qui enregistre le plus d’abonnements avec +14,4M d'abonnés, portant leur total à 91,7 millions, juste derrière les US qui représentent toujours 31% des abonnés globaux.
La vraie info c’est qu’à partir de 2025, Netflix se paiera le luxe d’arrêter de communiquer aux marchés financiers, à ses actionnaires, le nombre d'abonnés et l'ARPU (revenu moyen par utilisateur), du moins de façon trimestrielle.
En effet, Netflix souhaite marquer les esprits sur l’importance donnée au développement publicitaire : le groupe ne donnera ainsi plus que les revenus régionaux globalisés.
Avec “seulement” 38M d'utilisateurs pour son forfait avec publicité, Netflix avoue que cette progression reste à la traîne de la croissance du groupe. Mais l’objectif est réaffirmé : Netflix veut atteindre une monétisation globale équivalente entre les offres avec et sans publicité.
Embourgoisée 🤑 : la GenZ va bien, merci
⏳ : 1 min 48 sec
Dans la quête continuelle de comprendre notre temps et donc les générations montantes, The Economist se penche dans un dossier spécial sur la génération Z, née entre 1997 et 2012.
Cette tranche démographique représente un cinquième de la population en Amérique et en Grande-Bretagne, et est encore plus prépondérante dans des pays jeunes comme l'Inde ou le Nigeria.
Souvent, le récit dominant nous peint un tableau plutôt sombre de cette génération, évoquant une jeunesse rendue misérable par l'omniprésence des smartphones et assaillie par des perspectives plus grises que celles de leurs aînés.
Beaucoup craignent en effet que les conditions de vie des enfants d'aujourd'hui soient inférieures à celles de leurs parents, exacerbées par des préoccupations allant du changement climatique à l'accès à la propriété.
Cependant, un regard plus nuancé et global révèle une image différente et, osons-le dire, plus optimiste. En effet, la majorité des 12 à 27 ans vivent dans des économies émergentes où, grâce à la croissance économique et à la diffusion des technologies, leur situation s'améliore notablement par rapport à celle de leurs parents : ils sont plus riches, en meilleure santé, mieux éduqués, et connectés. Cette jeunesse est majoritairement optimiste, tout particulièrement dans les pays émergents.
Dans les pays riches, les perceptions négatives persistent, bien que la réalité soit plus rose qu'on ne le pense : les jeunes de la génération Z qui travaillent bénéficient d'une demande croissante de main-d'œuvre et d'une croissance salariale supérieure à celle des générations précédentes. Ils investissent aussi davantage dans des domaines porteurs comme les sciences, l'ingénierie, et la médecine, délaissant progressivement les humanités de leurs aînés.
Certes, le coût de l'immobilier reste une véritable épine dans le pied, mais la forte croissance des salaires permet à cette génération de mieux épargner. Sur le plan professionnel, ils disposent d'un pouvoir de négociation sans précédent : n'hésitant pas à changer de travail pour de meilleures opportunités ou à privilégier un équilibre de vie plus sain, quitte à faire des pauses plus fréquentes, une situation encouragée par le télétravail déployé à grande échelle lors du COVID.
Sur le front social et politique, leur supposée préoccupation pour le changement climatique peut potentiellement promettre des actions étatiques plus vigoureuses à mesure que leur poids électoral croît.1
Malgré une réduction des comportements à risque comme les soirées arrosées et la promiscuité, cette génération semble également très exposée à des niveaux plus élevés d'anxiété et de dépression, peut-être en partie due à une plus grande information sur les questions de santé mentale.
Quant à l'impact des réseaux sociaux sur le bien-être mental, le débat fait rage, bien que la causalité directe reste à prouver. Néanmoins, il est vrai que la prise de conscience semble grandissante et une évolution des habitudes sur les réseaux sociaux reste possible : les jeunes privilégiant désormais des interactions plus privées et mesurées dans des groupes de conversation privés, s’éloignant de la pratique impudique des générations précédentes sur Facebook ou Instagram.
Dépubliées 💔 : les apps de dating ont signé la fin des petites annonces matrimoniales
⏳ : 2 min 4 sec
J’inaugure ici autant pour des raisons professionnelles que personnelles, une série de posts sur le dating, la solitude contemporaine et leur impact sur la société. Stay tuned…
Ah, les petites annonces des cœurs solitaires, une tradition de la presse vieille de trois siècles qui, hélas, semble décliner inévitablement vers un crépuscule romantique, victime de l'ère numérique et de ses applications de rencontre.
La persistance de cette pratique illustre combien la quête de l'amour et de la connexion reste profondément ancrée dans l'expérience humaine, même si les moyens d'y parvenir évoluent avec le temps.
À l'époque de Jane Austen (l’article vient de The Economist), un gentleman comme Darcy pouvait se permettre d'être exigeant, cherchant une partenaire avec des « yeux fins », une « connaissance approfondie de la musique », et un esprit enrichi par une « lecture intensive ». Mais si l'on en croit les petites annonces de l'époque, les exigences étaient bien plus spécifiques, voire impitoyables pour les esprits contemporains, demandant par exemple une silhouette non obèse, une dentition impeccable, et un teint clair et pur.
Les petites annonces romantiques, bien qu'aussi brèves qu'un haïku, révélaient avec une franchise parfois brutale les critères de recherche de l'âme sœur dans le monde occidental des XVIIIe et XIXe siècles. La Révolution Industrielle a accéléré cette tendance, engendrant non seulement des produits en masse, mais aussi une solitude de masse.
Les migrants arrivant à Londres par centaines de milliers se retrouvaient souvent isolés dans la foule, poussant certains à chercher l'amour via des petites annonces, un moyen de filtrer la masse des prétendants à l'aide de critères précis allant du poids à la forme des chevilles.
L'évolution des annonces reflète également les changements culturels en matière de relations sentimentales. Si, au début, elles étaient directes et pratiques (un veuf en 1832 cherchait une femme pour s'occuper des cochons pendant qu'il travaillait), elles ont graduellement adopté un langage propre à leur époque, chaque période développant son propre code. Par exemple, à l'ère du Second Empire, les annonces étaient empreintes d'une mièvrerie rigide, tandis que la Belle Epoque voyait les « filles célibataires » chercher simplement des « copains ».
Le ton des annonces a également évolué, passant de demandes directes à une ironie auto-référentielle. Dans des publications comme la London Review of Books, on pouvait lire des annonces décalées, comme celle d'un individu se décrivant sexuellement comme « plutôt un Suisse » ou une femme de 29 ans listant parmi ses hobbies « pleurer et détester les hommes ».
Aujourd'hui, alors que les applications de rencontres comme Tinder ont remplacé peu à peu les petites annonces, certaines choses restent constantes, comme le montrent les recherches sur les applications modernes. Les études montrent toujours une hiérarchie des valeurs inversées : les femmes recherchent encore et toujours la richesse, le statut social et la taille du compagnon idéal tandis que les hommes privilégient les femmes jeunes, minces et éduquées, mais pas trop spirituelles, la "sagesse" étant toujours apparemment indésirable…
Cette transition vers le numérique ne signifie pas la fin de la quête de l'amour, mais plutôt une évolution de ses mécanismes de représentation de soi. Le “courrier du coeur” nous rappelle que, bien que les méthodes changent, le désir fondamental de connexion, d'amour et, parfois, d'un peu d'ironie dans la recherche de l'âme-sœur reste une constante universelle.
Vue 🎭 : La pièce écossaise à la Comédie Française
⏳ : 1 min 29 sec
La Comédie-Française a donné carte blanche à Silvia Costa, une disciple de Romeo Castellucci qui s’illustre actuellement avec Bérénice au Châtelet, elle met en scène une version radicale de la tragédie de Shakespeare, Macbeth2.
L'adaptation, condensée autour de huit acteurs au lieu d'une trentaine habituellement, permet de focaliser l'attention sur les figures clés, notamment les trois sorcières qui scellent le destin de Macbeth (Noam Morgensztern) dès le début de la pièce avec une prédiction d’accession au trône d’Ecosse.
La mise en scène de Costa met l’accent sur la brutalité des luttes de pouvoir et la paranoïa des puissants : le premier meurtre du roi Duncan par M., poussé par une Lady Macbeth (Julie Sicard sur le fil du rasoir) inaugure une cascade de violence.
Le couple royal, pris dans un tourbillon de culpabilité et de visions hallucinatoires, sombre collectivement dans la corruption du pouvoir et la dégradation morale. La metteuse en scène soulignera le caractère inexorable et presque absurde de leur chute, en l’absence de descendance pour assurer la survie de la lignée.
Le décor minimaliste et les couleurs dominantes – rouge, noir et blanc – créent une atmosphère oppressante qui renforce la tension dramatique, avec des éléments visuels frappants comme une couronne immense suspendue ressemblant à l’anneau du Seigneur des Anneaux, ou des changements de scène noirs gothiques. Costa utilise la scène pour manipuler le temps et l'espace, basculant les personnages de moments de contemplation sombre à des instants de désespoir accablant.
Ce spectacle est une réussite visuelle, plongeant le public dans les abysses de la nature humaine (selon l’expression du traducteur Yves Bonnefoy). Cependant contrairement à Bérénice, la fidélité au texte de Shakespeare, sans embellissements superflus, permet au moins aux mots de résonner avec clarté.
Cette interprétation de « Macbeth » à la Comédie-Française n’est pas une partie de plaisir, elle cherche plutôt à confronter les spectateurs avec la réalité brutale de l’appétit de pouvoir. Elle témoigne de la vision artistique d’une Silvia Costa qui apporte une dimension esthétique et textuelle riche.
Eteins-toi, éteins-toi, brève chandelle !
La vie n'est qu'une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et s'agite une heure sur la scène
Et qu'ensuite on n'entend plus ; c'est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, Et qui ne signifie rien.
A titre personnel, je suis relativement sceptique sur cette idée reçue que les jeunes générations seraient toutes converties à l’écologie, les parties d’extrême droite peu enclins à se pencher sur l’écologie ayant également une forte base de soutien dans les plus jeunes générations.
MacBeth est au Royaume-Uni et aux Etats Unis frappé de malédiction, les acteurs évitent de prononcer son nom et préfère utiliser la périphrase la pièce écossaise.