Le Wrap Up de la semaine où le gouvernement tricolore d'Olaf Scholz a été annoncé (semaine du 21 novembre 2021)
5 bullet points: médias, tech, société et culture
⏳ temps de lecture : 5 min 20 sec
En introduction, et pour m’excuser un peu d’un Wrap Up cette semaine assez peu médias, tech et NFT, je ne résiste pas au plaisir de vous partager cette vidéo de Cyprien Norman au sujet des plates-formes de streaming vidéo en France : les personae des différentes plates-formes sont très bien trouvés.
Déjà 4,8m de vues auprès d’un public qu’on suppose dans la cible, ça peut être dommageable pour ceertaines, pas de doute : l’influence marketing est déterminant sur certains produits numériques.
Au sommaire de cette semaine du Wrap Up :
Virtuose 👯♀️ : la vidéo nourrit la musique qui nourrit la vidéo…
Tendue 💪 : les autorités chinoises montrent les muscles face à Tencent
Débattu 🎙 : trois éminences débattent du quinquennat de Macron
Retrouvées 🎞 : les Illusions Perdues
Exposée 📷 : Vivian Maier au Luxembourg
Virtuose 👯♀️ : la vidéo nourrit la musique qui nourrit la vidéo…
⏳ temps de lecture : 45 sec
Spotify a annoncé mardi dernier créer un “hub” où les fans de séries (des pays anglo-saxons essentiellement) pourront écouter les bandes originales officielles, les playlists et les podcasts relatifs aux contenus de Netflix.
Ce hub est le second du genre après la création d’une première expérience avec le Hub Disney en 2019.
A travers cette initiative et la précédente, on voit Spotify aller de plus en plus souvent lorgner du côté des séries et de l’entertainment pour nourrir l’attractivité à l’égard des nouveaux utilisateurs et la rétention des anciens.
Dans la même veine, cette même semaine, Spotify annonçait vouloir expérimenter pour ses vidéos musicales, un format qui ressemble à s’y méprendre à celui de Tiktok : celui d’un feed vertical permettant aux utilisateurs de zapper ou de liker lesdites vidéos (ce feed reposerait sur la fonctionnalité vidéo Canvas qui permettait déjà de voir les clips en format vertical).
Sérendipité toujours, Jean-Michel Jarre plaide dans le Journal du Dimanche pour la construction d’un métavers français musical :
Avec une attention particulière portée au son. Quentin Tarantino et David Lynch affirment que le son et la musique, c'est 50% d'un film. Je dirais que dans les mondes virtuels, c'est beaucoup plus.
La boucle est bouclée.
Arrivé(e) ici par hasard 🛋 ? Recevez le Wrap Up chaque semaine en laissant votre mail ici :
Tendue 💪 : les autorités chinoises montrent les muscles face à Tencent
⏳ temps de lecture : 1 min 35 sec
La Chine a suspendu cette semaine la capacité pour Tencent (WeChat, QQ, les plus grosses apps de gaming, 10% d’Universal Music) de mettre à jour ses apps existantes et d’en lancer de nouvelles sans passer par un examen de 7 jours par le gouvernement chinois… Cette mesure temporaire jusqu’à la fin de l’année trouve sa justification dans la volonté de vérifier que Tencent se conforme bien aux nouvelles lois relatives à la limitation de la collecte de data des utilisateurs (le PIPL est souvent considéré comme le RGPD chinois).
Sans interdire WeChat, la même semaine, 9 entreprises publiques chinoises ont demandé à leurs employés de supprimer leurs conversations groupées professionnelles sur le réseau. Elles estimaient que WeChat n’était pas suffisamment sécurisé.
C’est sans aucun doute, un nouvel épisode de la tentative de Pékin de mettre au pas le premier groupe digital chinois, à travers une mesure de conservation temporaire.
Il est curieux de voir et intéressant de voir comment les deux super puissances américaine et chinoise, tentent de réguler leurs champions nationaux, alors qu’ils constituent de part et d’autre, de formidables instruments de soft power.
Aux Etats-Unis, un article de The Economist (“in Tech We Don’t Trust”) explique bien l’approche de l’équipe Biden sur la régulation de la tech, et en premier lieu à l’égard de Facebook (désormais Meta) : Biden n’a pris que peu de positions officielles sur le démantèlement de tel ou tel GAFAM, cependant par les nominations qu’il a faites aux postes clés de son administration sur les sujets de régulation et d’antitrust, il ne fait pas de doute qu’il est résolu à corriger les errements de l’administration Obama qui s’étaient par trop acoquinés avec les intérêts des big techs de la Côte Ouest. Sans doute, son approche passera par plus de régulations opérationnelles que de procès retentissants d’Antitrust. Pour l’aider dans cette tâche, il se murmure qu’après le containment de la Chine, c’est le second sujet sur lequel les Républicains et les Démocrates s’accordent : il faut réguler la Big Tech.
Cette correction passera par des limitations tatillonnes (“rule making”) pour lesquelles la FTC par exemple a des marges de manœuvre discrétionnaires, parmi lesquelles : la collection d’informations sur les enfants, la capacité de partager les datas entre différents services d’une même entreprise, une présomption de position dominante pour les groupes dépassant 600 milliards de capitalisation boursière (suivez mon regard!) entravant encore davantage l’acquisition de sociétés innovantes du secteur.
“Rule-making presents a bigger risk to the tech companies than traditional antitrust lawsuits, which get all the attention,” says Mr Gallant.
Deux pays, un système…
Débattu 🎙 : trois éminences débattent du quinquennat de Macron
⏳ temps de lecture : 55 sec
Personnellement, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut de samedi dernier qui avait invité Marcel GAUCHET et Jean-Louis BOURLANGES pour débattre du quinquennat d’Emmanuel Macron.
La conversation intelligente (peut-être un peu trop entre soi par moments, au point de se permettre des raccourcis discutables) permettait d’éclairer plaisamment les enjeux de la Présidentielle qui vient, à l’aune :
d’une part de l’évolution politique de Macron au cours de son quinquennat (où la Primauté de l’économie s’est vite retrouvée confrontée aux réalités sociales et sociétales d’un pays qui se lamente sur son sort1);
et d’autre part, des tensions qui parcourent la société française (en particulier les crispations identitaires autour du wokisme à gauche et des débats concernant l’immigration à droite).
J’ai regardé l’ascension d’Emmanuel Macron comme un événement plutôt positif puisqu’il faisait un juste constat sur l’impasse où nous menait inexorablement un système d’alternance afonctionnel. Je suis déçu car, force est de constater, que nous en sommes au même stade au terme de ce quinquennat : l’état moral de la France va mal. Pour les uns, c’est un signe de folie car les Français n’apprécient pas la réalité de leur destin assez positif et, pour les autres, ce malheur doit être pris au sérieux. Aujourd’hui, nous n’avons pas davantage de perspectives de ce marasme. (Gauchet)
Pour aller plus loin, lire aussi l’interview de Jérôme Fourquet dans l’Express qui tente de mettre des mots sur les maux de la société française.
Retrouvées 🎞 : les Illusions Perdues soulignent la permanence des canards
⏳ temps de lecture : 41 sec
Merveilleux film de Xavier Giannoli, inspiré par la seconde partie des Illusions Perdues d’Honoré de Balzac, les comédiens à l’exception de quelques scènes qui sonnent un peu fausses, sont fabuleusement mis à l’image et l’atmosphère du Paris de l’époque est, on l’imagine, admirablement rendue.
Ce qui frappe pour les gens de médias, dans le roman de Balzac, c’est la description minutieuse de la montée en puissance de la presse populaire, qui malgré la censure et grâce à l’invention des rotatives, va devenir le média de l’époque
Elle fera l’opinion culturelle (en particulier décidant du sort des seuls divertissements de l’époque qu’étaient les livres et les pièces de théâtre des Grands Boulevards) et politique;
Elle va faire naître la société de consommation à travers la diffusion massive de la réclame.
Impermanence des techniques de diffusion, permanence des mouvements humains : on y voit la diffusion de fausses nouvelles (les “canards”2) comme élément central de la prospérité des journaux, le risque de corruption des journalistes par des intérêts commerciaux puissants et la concentration des médias comme nourrissant les appétits financiers.
Exposée 📷 : Vivian Maier au Luxembourg
⏳ temps de lecture : 45 sec
Très très belle exposition au Musée du Luxembourg sur l’une des plus grandes photographes américaines du XXème siècle, Vivian MAIER.
La rétrospective au Luxembourg est l’une des premières de cette envergure et les 140 clichés permettent d’appréhender le style Maier à travers ses photos de rues prises sur le vif et son art du portrait social.
Vivian Maier, née en 1926 à New York d'une mère française et d'un père d'origine autrichienne a travaillé toute sa vie comme garde d'enfants dans des familles de New York puis de Chicago. Parallèlement, elle a pris des dizaines de milliers de photos, essentiellement dans les rues de ces deux villes. Elle n'a pas vu beaucoup de ces images qu'elle n'a pas pu développer et tirer. Elle n'a montré ses photographies à personne et on ignore si c'est par choix ou par manque d'opportunités. Le mystère de cette femme ballottée entre la France et les Etats-Unis, qui a eu peu de contacts hormis les familles qui l'employaient comme nounou reste grand.
sur le même thème lire dans The Economist de la semaine passée l’article Aux Larmes Citoyens qui décrivait les lamentations de notre pays sur son déclin que l’hebdomadaire britannique s’échinait à relativiser.
qu’on pourrait opportunément reprendre pour remplacer les infox.