Le Wrap Up de la semaine où le COVID a cessé d'être une urgence de santé public à portée mondiale (semaine du 8 mai 2023)
📺 la distribution TV rebattue - 🎢 : Disney en demi teinte - 👑 : la nouvelle CEO de Twitter - 🧑⚖️ : quelle technologie pour maîtriser l’IA? - 🖼️ : Warhol x Basquiat à 4 mains
Au sommaire de cette semaine :
Contrastés 🎢 : Disney annonce des baisses d’abonnés sur fond de bons résultats
Couronnée 👑 : Linda Yaccarino prend la suite de Musk à la tête de Twitter
Collaboratif 🖼️ : Warhol x Basquiat à 4 mains à la Fondation LV
⌛️ Temps de lecture :
Dévoilée 🤫 : la nouvelle bataille de la distribution TV
⌛️ : 1 min 8 sec
Emmanuel Crego connaît la TV : après avoir notamment monté le pôle Développement de TF1 Pub, il s’en est allé monté une agence et est désormais le Directeur Général de Values.Media. Dans un article dans Minted, il raconte la nouvelle bataille de la distribution TV autour de la TV connectée (84% des TVs seraient aujourd’hui reliés à internet).
Cela a plusieurs conséquences :
les services digitaux viennent donc faire irruption dans le pré carré des diffuseurs traditionnels (on en parlait au sujet de Youtube TV la semaine passée);
les télécommandes deviennent un terrain de bataille disputé pour faciliter l’accès au “service de médias audiovisuels à la demande” (SMAD) de chacun ;
Les box des opérations FAI sont elles-mêmes menacées puisque les confortables revenus du triple play1 ont tendance à laisser la place au seul abonnement internet (les services TV étant désormais accessibles directement sur le poste TV via une prise ethernet);
Les chaînes TV voient le cadre naturel de leur diffusion être de plus en plus concurrentiel;
Côté défensif, la riposte s’organise avec une saisie des pouvoirs publics pour que l’ARCOM (la fusion de l’ARCEP et du CSA) régule tout cela et garantisse une place dans les plans de service (la présentation et l’ordre des services audiovisuels) aux chaînes historiques.
Côté offensif, on peut facilement imaginer que les diffuseurs historiques vont élaborer des stratégies de distribution qui tiendront compte de cette évolution (donc en direct avec les constructeurs de TV), en particulier si celle-ci facilite le ciblage publicitaire grâce à la data collectée par la voie retour de l’IP, dont les chiffres US laissent entendre qu’il pourrait rapidement exploser en France :
Quoi qu’il en soit, si on observe l’évolution du marché publicitaire aux Etats-Unis, la publicité sur TV connectées représente 21,1 Milliards de $, soit près d’un tiers du marché de la TV linéaire, et fait jeu égal avec tout le marché de la vidéo…
Contrastés 🎢 : Disney annonce des baisses d’abonnés sur fond de bons résultats
⌛️ : 57 secondes
Disney a annoncé ses résultats pour le 1er trimestre 2023, avec une baisse surprise de son nombre d’abonnés à 157,8 M, alors que les analystes voyaient cet indicateur progresser au-delà de 163 M. En cause, la perte des droits sur le sport roi en Inde, le cricket, qui a provoqué un exode de 8 M d’abonnés dans le pays le plus peuplé du monde, ayant pour effet immédiat de faire remonter l’ARPU de la plateforme de Mickey. Ainsi, combiné avec un plan de réductions des coûts (près de 7 000 collaborateurs ont été invités à se rapprocher des grilles de la sortie) a eu pour effet de réduire les pertes du streaming; les parcs s’étant eux bien portés avec une fréquentation en forte hausse et un merchandising en recul notable.
Le géant californien du divertissement avait augmenté ses prix, une stratégie risquée dans un environnement économique incertain. Depuis le 8 décembre, un abonnement Disney+ coûte 11 dollars par mois au lieu de 8. Les abonnés peuvent continuer à payer 8 dollars à condition d'accepter des publicités. Les offres combinant des abonnements à Hulu, Disney+ et ESPN + sont aussi un peu plus chères (75 dollars au lieu de 70 aux Etats-Unis).
Hulu, tout en continuant à exister en standalone, devrait être disponible également dans l’app Disney+ pour élargir le périmètre des contenus gratuits avec pub, facilitant ainsi les abonnements couplés (et préparer 2024 quand Disney devrait selon toute vraisemblance acquérir les 33% manquants de Hulu, encore détenus par Comcast).
Couronnée 👑 : Linda Yaccarino prend la suite de Musk à la tête de Twitter
⌛️ : 1 min 8 sec
Elon Musk avait mis la presse tech en émoi en annonçant avant le week-end, avoir trouvé sa remplaçante à la tête de Twitter (on se souvient qu’il avait lancé un sondage sur Twitter pour demander s’il devait rester CEO).
Depuis ce week-end, on sait qu’il s’agit de Linda Yaccarino, l’actuelle patronne de la pub et des partenariats de NBC Universal.
J’avais eu la chance de faire connaissance de cette figure de la pub broadcast et digital aux US, à travers TF1 Publicité qui avait à plusieurs reprises échangé avec l’artisane du retournement de l’acteur US sur ces sujets de monétisation digitale.
Elle ne remplace pas totalement Musk (elle sera chargée des “business operations”, bien en souffrance avec la baisse des budgets pub et le départ bruyant de certains annonceurs) car ce dernier compte bien rester actif au sein du réseau social (en charge du “design produit” et des “nouvelles technologies”), tout en continuant à s’occupant en dilettante qu’il est du développement de ses autres activités (Tesla, NeuraLink, SpaceX).
But Yaccarino’s extensive advertising background could help repair the damaged relationships between Twitter and advertisers that left the platform following Musk’s chaotic takeover. Since acquiring Twitter last year, Musk has been desperate to find ways for the platform to make money to pay off a mountain of debt, and at one point, said that bankruptcy is a possibility. That’s part of the reason why Twitter has rolled out a revamped $8 per month Blue subscription and started charging developers to use its API.
Reste que la finalité du projet (et donc de la nomination de Yaccarino) reste de transformer Twitter en SuperApp à la WeChat, d’où le récent changement de nom impulsé par l’impulsif Elon Musk, en “X Corp” pour préparer l’Everything App.
Par ailleurs, Yaccarino a à son actif plusieurs programmes ambitions de lutte contre les discriminations en interne chez NBCU, sans doute une figure de responsabilité plus en phase avec les aspirations des annonceurs US que les tweets intempestifs et alternatifs du libertarien Musk.
Surenchérie 🧑⚖️ : quelle technologie pour maîtriser l’IA ?
⌛️ : 58 secondes
La tribune de Gilles Babinet (entrepreneur et encore il y a quelques mois, “digital champion” de l’Union Européenne) dans les Echos ($) aborde la question de savoir quelle technologie pourrait supplanter2 l'intelligence artificielle (IA).
Il établit d’entrée le distinguo que l'IA n'est pas une technologie unique, mais plutôt une combinaison de plusieurs technologies comme le machine learning (ML), la reconnaissance d'image et la compréhension du langage naturel (NLP ou encore LLM)3.
Babinet souligne également que l'IA actuel connaît des limitations. Il suggère que la technologie qui pourrait “encadrer” l'IA serait finalement celle(s) qui permettrai(en)t aux humains de garder la main et le final cut :
Une force est cependant capable d'aider puissamment à limiter les risques à l'échelle où ils se présenteront : la multitude, ou encore l'ensemble des utilisateurs du numérique, c'est-à-dire progressivement l'ensemble de l'humanité... car tout comme l'intelligence artificielle a besoin de dialoguer avec nous pour progresser, elle aura aussi besoin de nous pour éviter d'empiéter sur nos libertés.
Cette prééminence humaine souhaitable ne va pas sans se heurter à la recherche d’optimisation permanente que promet la machine artificielle, sans la prise de responsabilité nécessaire :
Quelqu'un qui véhicule des infox à répétition devra-t-il être sanctionné d'un casier numérique ? Quid de l'anonymat sur Internet ? Devrait-on discriminer les services d'IA qui refusent de jouer le jeu, de se soumettre à la régulation et à un contrôle humain ? Ces questions sont moins anecdotiques qu'il y paraît et pourraient bien se trouver au cœur de nombreux débats dans un futur proche.
Collaboratif 🖼️ : Warhol x Basquiat à 4 mains à la Fondation LV
⌛️ : 43 secondes
De 1984 à 1985, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Andy Warhol (1928-1987) réalisent environ 160 toiles ensemble, « à quatre mains », dont certaines parmi les plus grandes de leurs carrières respectives. Témoin de leur amitié et de cette production commune, Keith Haring (1958-1990) parlera d'une « conversation advenant par la peinture, à la place des mots », et de deux esprits fusionnant pour en créer un « troisième, séparé et unique ».
Pendant ces années, les deux artistes s’approvoiseront, se compléteront, s’imiteront et finiront par fusionner artistiquement au point que les éléments caractéristiques de l’un ou l’autre de ces artistes ne pourront pas être reconnus.
Toutes les toiles ne sont pas de grandes réussites et ne sont pas nécessairement achevées (les grands formats sont nombreux), comme le sont malheureusement souvent les concepts un peu répétitifs du pop-artist Warhol venu en critique de la société de consommation. En revanche, Basquiat continue de souffler un air de fraîcheur qui vient sublimer les relents pestilentiels du New York des années 80 coincés entre décadence, ascension vertigineuse de l’argent et pandémie du Sida (voir Angels in America dans le même registre).
Téléphone + internet + TV
En fait il s’agit davantage d’encadrer que de supplanter comme le laisse entendre la tribune.
On pourrait ajouter : que c’est une interface avec le chat, et aussi déjà une autorégulation avec l’établissement de blacklist d’usages, dont les hackers se font un malin plaisir de contourner les interdictions.