Le Wrap Up de la semaine où le Conseil Constitutionnel a validé la loi sur les retraites (semaine du 10 avril 2023)
🧲 : Netflix se concentre sur la rétention - 🍕 : Spotify Advertising toujours plus d’audio - 🤤 : la fatigue informationnelle > 50% des Français - 🌱 : la presse vs l'IA - 🖼 Degas Manet à Orsay
🗞 Le Wrap Up est une newsletter hebdomadaire gratuite qui déniche 5 actualités média, tech ou NFT toutes les semaines avec généralement une recommandation de sortie culturelle à la fin.
🥰 Si vous en appréciez le contenu, faites-la découvrir à 1 ou 2 personnes de votre entourage qui aime les médias et la tech. Cela vous prend une minute et continuera à faire la communauté :
Au sommaire de cette double semaine1 :
Retenu 🧲 : la rétention, la nouvelle métrique star de Netflix
Gavés 🤤 : la fatigue informationnelle touche près de 50% des Français
⌛️ Temps de lecture : 7 minutes 30 secondes
Retenu 🧲 : la rétention, la nouvelle métrique star de Netflix
⌛️ Temps de lecture : 1 min 52 sec
Avec le changement de management de Netflix, débute une nouvelle ère, et qui dit nouvelle ère, dit nouveaux indicateurs clés (car ce qui ne se mesure pas n’existe pas).
D’après Ashwin Navin dans les colonnes de Fierce Video, place au… taux de rétention.
Certains diront que c’est vieux comme un abonnement Canal de 1984, mais dans la phase de conquête enfiévrée de la planète par Netflix, ce qui comptait c’était le nombre de nouveaux abonnés. L’offre était tellement différente que l’essayer c’était l’adopter.
Fin de partie : avec la multiplication des services de streaming et la concurrence féroce qui en découle, l'avenir est un peu plus incertain pour Netflix.
Le comportement du “cycling” (fait de ne s’abonner que pour consommer une série en particulier et à résilier dès la fin du visionnage) se généralise :
The Harris Polling company shows that 29% of Connected TV viewers have cycled in the past six months, and 69% plan to cycle within the next six. Surprisingly, the number one reason audiences give for cycling is not related to cost. It is that they simply couldn’t find anything else to watch on the service.
Herein lies the opportunity for Netflix, as the streamer is already faring better than every other platform when it comes to this challenge. Of all the services analyzed, Netflix has the lowest percentage of viewers watching only one program in their top 50, which is one of the key indicators of platform health necessary to stave off churn.
La bataille pour attirer et fidéliser les clients s'intensifie, et les nouveaux co-CEO, Greg Peters et Ted Sarandos, sont bien déterminés à ne pas se laisser dépasser.
Pour retenir le consommateur, il faut :
Évidemment le contenu le plus original et le plus exclusif ;
Renforcer les liens entre les abonnés et leurs créateurs de contenu préférés, en leur offrant un accès privilégié à des événements spéciaux ou à des avant-premières exclusives;
Faire de l’appartenance à Netflix un must have générationnel en tentant de créer des références culturelles qui débordent le seul cadre des abonnés;
Aller plus loin dans la personnalisation de l'expérience utilisateur, afin de proposer des recommandations toujours plus pertinentes et adaptées aux goûts de chacun;
Donner à voir la diversité du catalogue (pub d’autopromo dans les programmes);
Enrichir l’offre avec d’autres types de contenu (voir la diversification amorcée sur le jeu vidéo) et demain du sport live / du betting (rappelons que Netflix est le seul à n’avoir que ses charmes à proposer à ses clients, vs. Apple / Amazon / Disney);
Lancer des Bundles : grouper l’abonnement de Netflix à d’autres offres qui pourraient contenter d’autres parties prenantes du foyer;
Adapter la tarification (notamment au compte qui continue de partager leurs comptes) pour éviter le churn de cette catégorie de spectateurs qui vont grandir et avoir les moyens de se payer son propre abonnement);
Lancer des fonctionnalités supplémentaires : le “watch-together” ? la 4K ? le dolby surround ? le partage de sa watch list avec son réseau d’amis ?
Gourmand 🍕 : Spotify veut toujours plus d’audio pour sa pub
⌛️ Temps de lecture : 1 min 41 sec
Deux sujets cette quinzaine qui montre que Spotify a faim de pub.
On avait déjà vu l’app décidée à sortir de son pré carré du streaming musical et tentée de se distinguer le plus possible de la concurrence (voir ce billet du Wrap Up)
Cette semaine on apprend que :
1. Spotify regarde le sujet de la pub dans les … audiobooks
Dans Marketing Brew, il est indiqué qu’Audible (Amazon) teste la pub dans les audiolivres et que Spotify contemple cette idée2.
Les annonceurs cherchent constamment de nouveaux espaces d’attention pour diffuser leurs messages ;
les audiolivres représentent un marché en expansion, avec une audience relativement captive (bien qu’en multitâches?) :
According to a survey that the Audio Publishers Association released last year, publishers’ audiobook revenue grew 25% in 2021, marking the “tenth straight year of double-digit growth.”
Cependant, l’auditoire des audiolivres est encore limité du fait en particulier du prix d’accès;
Sous couvert d'innovation, on assiste à une incursion audacieuse du marketing dans un domaine traditionnellement épargné par la publicité.
Certains pourraient applaudir cette avancée. Cependant, gardons à l'esprit que les livres en général et le livre audio par conséquent ont été, jusqu'à présent, épargner par la publicitarisation du monde3 pour les auditeurs qui souhaitent justement s'évader dans un monde sans interruption.
La question est de savoir si cette nouvelle frontière publicitaire sera franchie avec respect pour l'expérience des auditeurs ou s’ils seront bombarder de messages.
Ironiquement, cette incursion dans l'univers littéraire pourrait bien transformer un espace autrefois “préservé” en une véritable foire aux annonces.
2. Spotify drague les radios pour podcastiser ses émissions
Dans l'article récent du Hollywood Reporter, il est question d'une nouvelle initiative de Spotify visant à transformer les émissions de radio traditionnelles en podcasts. Appelée "Broadcast to Podcast", cette fonctionnalité permet aux stations de radio de donner facilement une seconde vie à leurs émissions (Fox Radio Network vient de signer).
The “broadcast-to-podcast” tech will identify ad marker locations, giving publishers the opportunity to remove the ads that were originally aired on the live version of the program and dynamically insert new ad spots in their place, resulting in more revenue.
Avec un certain sens de l'ironie, on peut observer que Spotify cherche à redonner vie aux médias traditionnels vieillissants en leur offrant une nouvelle jeunesse numérique.4
The executive also noted that converting radio programming into podcasts could give radio broadcasters a better chance at expanding their reach to Gen-Z listeners.
Le pari de Spotify est ici d’ouvrir son public aux émissions radio à travers les podcasts. Cette situation peut paraître relativement cocasse pour un public français, mais le marché radio US est très éclaté et très syndiqué (les émissions nationales tournent sur des stations de radios locales).
Gavés 🤤 : la fatigue informationnelle touche près de 50% des Français
⌛️ Temps de lecture : 1 min 34 sec
David Medioni et Guénaëlle Gault l'ont étudiée la fatigue informationnelle (d'autres parlent de “charge mentale de l'info”) et décortiquée dans un ouvrage Quand l'info épuise .
Il ressort que 53% des Français disent souffrir de fatigue informationnelle, dont 38% confessent "beaucoup" en souffrir.
Bien sûr, cette fatigue n'est pas uniforme. 5 segments de la population sont distingués :
1️⃣ Les Hyperconnectés informés, surconsommateurs de médias et de réseaux sociaux (17% de la population) (si vous lisez cette newsletter, vous êtes probablement dans ce sous-groupe).
2️⃣ Les Défiants oppressés (35%) : ils s'informent, mais ont du mal à se faire une opinion dans un brouhaha médiatique. Ils recherchent souvent des alternatives succinctes (fact-checking), ils éprouvent une fatigue "intense" et une forte défiance vis-à-vis des médias mainstream.
3️⃣ Les Hyperinformés en contrôle (11%): ils ont une pratique informationnelle intense, notamment de médias traditionnels, très en contrôle et non exposées à la fatigue (ils sont souvent retraités).
4️⃣ Les Défiants Distants (18%): un engagement assez moyen dans l'info. Ils sont en défiance vis-à-vis des médias comme des politiques. Ils sont très négatifs sur la situation du monde, de la société, de la démocratie. Ils ont une forte impression de subir;
5️⃣ Les Non Concernés (20%) : plutôt habitant de la "France Périphérique", actifs occupés d’âge intermédiaire avec enfants. Ils consomment peu d’informations, mènent leur vie de leur côté et en sont relativement satisfaits. Ils ne sont pas du tout intéressés par la politique, ne se sentent pas représentés sans être pour autant défiants.
Mais tout n'est pas perdu ! Les auteurs du livre proposent que les citoyens, les entreprises de médias et les pouvoirs publics se resaississent :
Pour les médias un nouveau contrat de lecture "fini" : des contenus à plusieurs niveaux de lecture qui n’incitent pas nécessairement à consommer toujours plus…
Pour les citoyens peut-être une forme de sobriété de l'information en se protégeant, avec un moindre recours aux notifications ou une modération de son exposition (La Matinale du Monde ou Le 1 sont cités en exemple, le premier par son contenu fini le second comme réussite de la slow news);5
Pour les pouvoirs publics :
Une éducation aux médias tout au long de la scolarité (et pas seulement une semaine de la presse par an, sans parler de l’échec du Pass Culture ou de l’abonnement en Terminal à un journal - il est souvent trop tard);
Une régulation des algorithmes de recommandation pour limiter les contenus les plus trash et endiguer la négativité générale diffusée sur les réseaux6.
Artificialisée 🌱 : la presse face aux enjeux de l’IA
⌛️ Temps de lecture : 1 min 38 sec
Nous avons eu le privilège avec mon comparse Eric Lentulo, d’animer la semaine passée une table ronde pour l’ESCP Alumni Médias & Entertainment, avec Pierre Louette (CEO du Groupe Les Echos-Le Parisien), Laurence Devillers (professeure et chercheuse en IA à la Sorbonne) et Laurent Frisch (le patron du digital et de la production de Radio France).
Introduits par des "fake audios" fabriqués pour l’occasion par Radio France pour sa journée spéciale IA sur France Inter, nous avons eu l’occasion de débroussailler le sujet avec les thèmes suivants :
1️⃣ Ce qu'est l'IA générative ?
Laurence Devillers après avoir rappelé le principe de la Loi d'Amara sur la fascination que nous avons pour les innovations (“nous surestimons les effets à court terme et sous-estimons les effets à long terme”), a pris le soin de décrire l'IA comme une illusion / une imitation artificielle.
Pierre Louette faisant de son côté le distinguo entre IA interprétative (texte à trou + base de données) que les Echos le Parisien pratiquent déjà allègrement et l'IA générative en tant que tel, que la prudence juridique commande de ne pas utiliser tout de suite à l’état brut.
2️⃣ Comment l’IA est ou va-t-elle être utilisée par les médias?
On comprend que les questions de propriété intellectuelle et de vérification des sources sont encore au coeur de ce qui retient les groupes médias de déployer davantage ce qui restent des OUTILS.
D’autres groupes médias, audiovisuels, en particulier ont eu la bonne idée de demander … à ses plus jeunes collaborateurs, rapides à l’adoption, pas toujours dans les clous, ses meilleurs cas d’usage.
3️⃣ Comment accompagner le changement pour les journalistes?
Tous en coeur : former, démystifier, accompagner, … même si comme à chaque génération d’innovation, la rapidité ne sera pas la même pour tous.
Avec une conséquence directe sur les évolutions du métier, puisqu’on se rassure à dire qu’elle ne va pas REMPLACER les journalistes : plus de temps pour enquêter sur le terrain, mener l'enquête et corroborer ses sources.
J’en suis assez certain c’est aussi une occasion de redorer les lettres de noblesse des grandes marques médias qui pourraient se poser en rempart de la vérification ou de l’information vérifiée (un comme ces marques ont été mises à contribution pour alimenter le fact checking des plates-formes sociales).
4️⃣ Quels impacts sociétaux ?
Tout le panel est allé dans le sens d’une explosion de la production de contenus, mais avec toujours aussi peu de temps pour le consommer (voir ci dessus : la fatigue informationnelle ne va pas mieux se porter).
A tout prendre, il va bientôt nous falloir une IA pour nous synthétiser toute cette production accrue par l’IA…
Vue 🖼 : Degas Manet au musée d’Orsay
⌛️ Temps de lecture : 46 sec
Annoncée comme le blockbuster du printemps, l’exposition Degas-Manet s’est ouverte au Musée d’Orsay (réservez ici).
Le privilège c’est d’y voir de belles toiles de Manet (Olympiaaa) qui refusa de suivre la pente de ses contemporains vers l’Impressionisme (peut être également une question de génération pour Manet, né comme Degas, dans les années 1830 et dont la carrière a connu un franc succès plus tôt).
Pour le reste, on reste un peu sur sa faim sur la relation symbiotique entre les deux artistes dont on a l’impression qu’on nous l’a un peu surjouée : certes les deux artistes se connaissaient7, fréquentaient les mêmes lieux, les mêmes mécènes, ont laissé de-ci de-là des phrases sur l’un et l’autre, mais aucune trace de correspondance ou d’influences croisées au fil de ces nombreuses pièces du Musée d’Orsay complètement bondées (on recommandera sans doute une visite nocturne).
Pour ce qui est de Degas, peu de danseuses, peu de sculptures (alors que quelques étages plus haut on a le sublime Petite Danseuse)., des toiles intéressantes et chamarrées mais peu de chefs d’œuvre.
Qu’on me pardonne ce jugement un peu dur, les circonstances de visite n’étaient pas optimales, j’y regarderais à deux fois promis, mais allez-y!
on ne va pas le crier sur les toits, mais oui j’ai manqué l’édition de la semaine dernière, pan sur les doigts 😖
L’été dernier Spotify avait racheté pour 119 M$ le distributeur d’audiolivres Findaway.
On mettra de côté les marques qui émaillent les SAS de Gérard de Villiers pour lesquelles il y avait bel et bien des contrats de “placement produit”.
en témoignent les beaux succès d’audience des groupes radios françaises en matière de vidéos sur youtube.
Medioni prend l’exemple de la réussite de l’éducation au bien manger (les 5 fruits&légumes par jour) pour trouver des raisons d’espérer dans le bien s’informer.
sur ce sujet suivre l’algorithme de Radio France qui propose non pas more of the same mais justement d’exposer à des nouveautés hors de notre bulle de filtre;
La légende veut qu'ils se soient rencontrés au Louvre devant un Velasquez.
Me voilà du coup des "non concernées" alors 😉 Merci pour ces news hyper claires, j'ai tout compris même le churn ! Côté expo je suis davantage tentée par Matisse, l'as tu vue ?