Le Wrap Up de la semaine où le barrage de Kakhovka a été détruit (semaine du 5 juin 2023)
📺 : le casque d'Apple, 1ère Apple TV ? - 🌍 Canal fait son bilan carbone - 📣 : L’IA qui reproduit des voix célèbres - 🏆 : LVMH premiumise les NFTs - 🎭 : Médée à la Comédie Française
Au sommaire de cette semaine :
Audiovisuel 📺 : le casque Vision Pro est-il la première Apple TV?
Résonné 📣 : le troublant usage de l’IA pour reproduire des voix célèbres
⌛️: temps de lecture 6 min 28 sec
Audiovisuel 📺 : le casque Vision Pro est-il la première AppleTV?
⌛️: 1 min 44 sec
Apple n’a eu de cesse d’entretenir des rapports ambigus avec l’écran de TV du salon, en témoignent les mots de Steve Jobs recueillis par son biographe Walter Isaacson : “I have finally cracked the future of TV”. Des rumeurs répétées de sortie d’un nouvel écran TV révolutionnaire au lancement d’Apple+ à la stratégie de contenus très niche, Apple n’aura eu de cesse de tourner autour.
Au delà des effets d’annonce très tournés vers le public professionnel du nouveau device Vision Pro, The Verge en est persuadé : nous avons en fait en face de nous la première version de l’Apple TV.
Le Vision Pro peut diffuser films et émissions, avec des écrans de haute résolution et des capacités de vidéoconférence, sans oublier un “mode cinéma” pour une immersion plus importante (il assombrira artificiellement la zone de la pièce qui ne projette pas pour accentuer l’effet salle de cinéma).
High-resolution displays and video conferencing, in this case, turned out to be massive competitive advantages…
Thanks to the 4K screen in each eye, the low-latency eye tracking, and the much wider field of view, watching movies on Apple’s headset after trying the Quests and HoloLenses of the world is like going from a standard-def TV to a 4K set…
You might not get spatial audio from most content in the Vision Pro, but even the built-in stereo audio sounds pretty good.
Il est vrai, l'autonomie de deux petites heures (souvent moins longtemps qu’un film) et l'incompatibilité avec des appareils externes (par ex des consoles de jeux) peuvent d’emblée atténuer le caractère substituable de ce casque au grand écran de nos foyers (sans parler de la consommation collective).
A tel point que QZ persifle en indiquant que la Keynote d’Apple a plus fait pour le cours de bourse d’Unity qui fabrique une partie des microprocesseurs nécessaires pour la fluidité du Visio Pro que pour le cours d’Apple…
Stock for Unity Software, a 3D software and gaming company, rose by 17% following Apple’s announcement that Unity’s video gaming technology would be used in the Apple Vision Pro headset. It was the stock’s biggest single jump since it declared an IPO in 2020, and led to a brief halt in Unity trading.
D’autant que les producteurs de contenu ne vont pas dans l’immédiat fabriquer du contenu spécialement pour ce nouveau support (même si AppleTV pourrait aligner quelques gros titres pour servir la cause).
Cependant, cette capacité à se démarquer comme un écran polyvalent, capable de s'adapter à quasiment n'importe quel contenu et contexte, font de lui un sérieux concurrent à notre bon vieux poste cathodique.
Peut-être pour s’en convaincre, suffit-il de voir le trailer de Disney lors de cette fameuse keynote d’Apple.
Pour aller plus loin, je vous recommande cet article de Stratchery (TLDR;) qui rentre dans le détail de cette fantastique machine à story telling qu’est Apple (et aussi machine à façonner de nouvelles façons de décrire l’évolution des interfaces homme-machine) autour de l’idée du Spatial Computing.
Emprunté 🌍 : Canal fait son bilan carbone
⌛️: 1 min 18 sec
Mind Media ($) a eu l’occasion d’interroger Canal+ sur son plan pour alléger son bilan carbone.
Le groupe s’est fait auditer par un acteur extérieur pour affiner les calculs de son empreinte carbone totale : la consommation du service de Canal varierait entre 10 et 100 grammes par heure de contenu consommé, en fonction surtout du support de visionnage utilisé1, Le mobile consommant moins en bande passante et qu’en surface lumiscente qu’un reportage en 4K sur grand écran.
Sur ce sujet, on se souvient des fortes divergences entre les experts indépendants (Le Shift Project en l’occurance) et les propres calculs de Netflix sur ce genre d’estimation, ce premier estimant, après grossière erreur, que la consommation avoisinerait plutôt les 400g par heure de contenu consommé.
Canal+ s’est fixé en 2020 un objectif de réduction de 30 % de l’empreinte carbone d’une heure de visionnage à horizon 2023.
L’empreinte carbone a principalement deux postes :
En tant qu’opérateur, Canal+ fabrique des terminaux – souvent pointés comme le principal émetteur de carbone devant les serveurs et le réseau de distribution. Le groupe distribue depuis fin 2022 un boîtier éco-conçu – notamment avec du plastique recyclé – qui est 40 % moins émetteur de carbone - dans quelle proportion ? mystère.
Sur la diffusion, la principale initiative pour atteindre cet objectif a été technique. “Nous avons travaillé sur l’optimisation de nos codecs (H624 à HEVC, ndlr) servant à l’encodage et au décodage vidéo, de manière à mieux adapter le débit en fonction de la qualité de l’équipement de nos clients.
Sur cette dernière partie, pour éviter le multiformat et le multi-stockage, le groupe travaille sur l’optimisation des codecs pour s'adapter automatiquement aux équipements des clients.
Par ailleurs, l’empreinte des événements en direct, un des facteurs de différenciation sur la TV payante, est également une piste de travail: on imagine les multiplex extrêmement gourmands (les déplacements des équipes, les multiples caméras des multiples matchs).
Enfin, la filiale de Vivendi a prévu une campagne de sensibilisation de sa clientèle pour inciter ses abonnés à opter pour des vidéos de qualité inférieure, sans doute à la façon de la vitesse de 110 km/h sur autoroute (qui réduit pour rappel la consommation de carburant de 17% tout de même!).
Résonné 📣 : le troublant usage de l’IA pour reproduire des voix célèbres
⌛️: 1 min 30 sec
Depuis quelques semaines, une startup BanterAI lance des bots de conversation vocale live avec des célébrités.
Il est donc possible de converser avec des personnalités vivantes, Taylor Swift, Kanye West ou encore de personnalités décédées comme Steve Jobs, voire carrément imaginaire comme Darth Vader. Cela évidemment sans le consentement des intéressés (ou des auteurs des personnalités imaginaires!) - le fondateur de Banter reconnaissant son tort et indiquant qu’il retira la personnalité de son store à la première plainte d’une des stars préselectionnées (c’est touchant!).
In addition to the risk that false statements can pose to public figures and the public, there are legal questions surrounding their reliance on real people’s voices. Often generated from publicly available recordings of celebrities’ voices, the bots may violate a non-consenting person’s so-called publicity rights, according to legal experts.
Cette startup propose pour 5$ par mois d’avoir des conversations illimitées avec les personnalités disponibles. Pour parvenir à un résultat assez bluffant, le site s’appuie sur des outils dont le logiciel ElevenLabs qui peut cerner les caractéristiques vocales d’une personne à partir d’un extrait d’une minute d’interview disponible sur Youtube (et des LLMs - large language models- d’OpenAI bien sûr).
L’appréciation humaine n’est pas absente : les équipes font ensuite quelques ajustements pour reprendre au plus juste les traits de personnalité et les manières des figures publiques.
Banter AI revendique déjà 100 000 utilisateurs payants et plusieurs centaines de milliers d’appels déjà passés, mais n’est pas seul :
Another tool called Forever Voices AI recently introduced a $1-a-minute AI “girlfriend” chatbot called CarynAI, created in partnership with an influencer. It has also created audio chatbots for public figures including Taylor Swift, Kanye West and former presidents Barack Obama and Donald Trump, which are accessible on the messaging app Telegram for a fee of 60 cents a minute of incoming audio.
L’article du Wall Street Journal tente d’éclaircir les enjeux légaux autour de ces pratiques, en particulier le paravent du célèbre 1er Amendement de la Constitution des Etats-Unis qui protège la liberté d’expression (auquel sont opposés ici les “droits de publicité” (ou de non publicité) d’un individu).
Les cas récents de fausse collaboration entre Drake et The Weeknd dans le domaine musical ont fait couler beaucoup d’encre, mais des experts s’échinent actuellement à trouver les contre-mesures à ces faux virtuoses:
“It could be very deceptive,” said Lyu. He said this isn’t just a celebrity problem.
“Our digital presence, our images, voices, videos of ourselves—everyone is becoming an asset we share with commercial companies,” he said, “and they’re making a profit.”
Trophéisé 🏆 : LVMH premiumise les NFTs
⌛️: 1 min 03 sec
Changement de cap dans le luxe Web3 : plutôt de s’appuyer sur des communautés gamifiées, Louis Vuitton a dévoilé une toute nouvelle initiative, positionnée très haut de gamme dans le domaine des NFTs.
Mettant en vedette l'une de ses malles emblématiques, les globetrotters accomplis pourront acheter un “NFT de la Malle aux Trésors” pour près de 39 000 €.
Comme souvent le NFT promet de débloquer une gamme de bénéfices de luxe, restant encore à définir. Cependant, la confiance établie par la marque iconique dans le monde physique peut laisser supposer (a contrario de certaines célébrités ayant participé à des ventes bidons) que les livraisons futures devraient bien être au rendez-vous et de qualité.
Les acheteurs recevront un jumeau physique du coffre fait sur mesure, ainsi qu'une gamme de futurs avantages.
Pour participer, les fans de la marque situés dans les régions participantes (USA, UK, Canada, France, Japon, Australie et Allemagne) peuvent s’inscrire sur la white list sur le site officiel depuis le 8 juin. Ensuite, le 14 juin prochain, Louis Vuitton invitera les candidats sélectionnés à accéder à un site privé où ils pourront acheter l'un des NFTs le 16 juin.
Montrant que la marque au monogramme maîtrise tous les codes du Web3, Louis Vuitton imposera un statut de 'Soul-Bound' sur les NFTs de la Malle aux Trésors, rendant le NFT incessible.
Les arguments (très centralisateurs) invoqués mettent en avant une volonté de garder un certain contrôle sur la collection et d'aider davantage sa communauté avec un niveau de service après-vente, indisponible dans le modèle décentralisé (argument discutable).
Même absente, la recherche de plus value initiale revient par la fenêtre car les avantages numériques qui naîtront de la détention de cette malle numérique, sous forme de clés et d’avantages associés seront, pour le coup, entièrement vendables sur le marché secondaire.
Rescapée 🎭 : Médée à la Comédie Française
⌛️: 55 sec
Puissante pièce d’Euripide, Médée, montée à la Comédie Française (encore et toujours) par la metteuse en scène belge, Lisaboa Houbrechts, dont c’est la première dans ce vénérable théâtre.
Elle s’ouvre par le long cri de Médée (l’actrice Sephora Pondi), qui apprend que celui pour lequel elle a renié par amour sa patrie et ses pères, que Jason, touchant aux rives de Corinthe, consent à en épouser la princesse, malgré les voeux prononcés avec Médée et leurs enfants en commun (évocation évanescente tout au long de la pièce).
Médée finira, par folie meurtrière et vengeresse, par tuer la future promise, son père, le roi Créon, et les deux enfants qu’elle eut avec le capitaine des Argonautes.
Malgré quelques partis pris de mise en scène discutables (notamment le choix de donner le rôle de Jason à une femme ou encore l’intervention d’Aphrodite, arachnéenne, qui finira, elle aussi, étranglée des mains de Médée), la pièce donne à réfléchir par son horreur absolue sur l’infanticide dont la représentation se fait heureusement ici subtile : la présence des enfants est suggérée par des vêtements suspendus à un fil, à des ballons gonflés d’helium. Le rôle de la nourrice, jouée par un homme, Bakay Sangaré, dépasse le cadre du texte, et c’est plutôt heureux: comme une incarnation d’Euripide, faisant office de truchement, alors le choeur traditionnel a du mal à trouver sa place (notamment avec le sous emploi des toujours épatants Bagdassarian et Marina Hands).
étant entendu que la plateforme de streaming vise à toujours davantage engager ses consommateurs dans un usage accru de la plateforme au global. Pour mémoire, Canal au global, diffuse pour 2 milliards de vidéos par an (sans préjuger du temps de visionnage), et avec 120 000 contenus disponibles en France et 200 chaînes live, tout cela n’est pas anodin. Le groupe dit investir pour près de 100 M€ par an dans la plateforme.