Le Wrap Up de la semaine où la Russie a détruit par missile un satellite dans l'espace (semaine du 15 novembre 2022)
5 bullet points : médias, tech, NFTs et culture
L’espace est censé être une zone démilitarisée, aussi quand la Russie détruit un de ses propres satellites, elle contrevient à cette convention et ouvre la voie à une militarisation grandissante. Compte tenu de la dépendance accrue de notre monde moderne aux satellites, une guerre spatiale aurait des répercussions colossales sur notre vie moderne.
Au sommaire cette semaine :
Coup Franc ⚽️ : Canal+ livre sa vision de la L1 aux Députés
Vidéoclippée 📹 : la place toujours grandissante de Youtube dans la musique
Cliché 📷 : comment Pinterest a trop bien réussi
Adoptés 🤖 : les sarcasmes autour des métaverses n’empêcheront pas leur adoption
Exposé 💃 : Thierry MUGLER au Musée des Arts Décoratifs
Coup Franc ⚽️ : Canal+ livre sa vision de la L1 aux Députés
Observateur attentif des médias, Jérôme Perani a déterré des profondeurs de Public Sénat/LCP, l’audience de Maxime Saada d’1h40 devant la commission d’enquête parlementaire sur les droits de retransmission du sport, qui tente d’éclaircir l’appel d’offres pour les droits de la L1 en 2018 remporté par MediaPro au nez et à la barbe de Canal+.
Dans cette conférence, Maxime Saada remet en cause avec verve et nombre d’indicateurs la qualité du championnat français de foot et la déstabilisation de l’écosystème français avec l’affaire MediaPro. En filigrane il pointe, tout en défendant les intérêts de Canal+, la cupidité des dirigeants du football français.
À l’étranger, les JT majeurs des premières chaînes traitent au moins dix minutes par jour des sujets foot. Combien sur TF1 ou France TV ? En France, on a un seul quotidien sportif, en Espagne on en a cinq. En France, le service public va déplacer les finales de coupes pour diffuser Fort Boyard. Au niveau du palmarès européen, on est comparable à l'Écosse, pas à l'Angleterre, l'Espagne ou l'Italie.
Il revient sur des épisodes méconnues de cette guerre de droits picrocholines, où Canal avait proposé de moderniser le format de retransmission des rencontres (un All Star Game, des caméras dans les vestiaires, micros sur les arbitres ..) et met en garde contre l’entrée d’Amazon dans le sport en France (Droits de Roland Garros et 7 meilleurs matchs de la L1) avec un risque d’invisibilisation du sport en étant réservé à une minorité.
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Vidéoclippée 📹 : la place toujours grandissante de Youtube dans la musique
Long papier dans les Echos Weekend sur l’OPA de Youtube dans la musique à la suite de l’interview de Lyor Cohen, le patron mondial de Youtube music.
La plateforme argue qu’elle représente une part croissante des revenus dans le secteur avec le partage d’une part du revenu publicitaire fait sur les clips et d’autre part, du produit des abonnements payants1 côté Youtube Music (50m d’abonnés en sept 2021 vs. 176 pour Spotify et 80 pour Apple Music). Bien que la plateforme n’ait rejoint que tardivement le quatuor de tête (complété d’Amazon Music), le service de Youtube a connu la plus forte croissance pendant les périodes de confinement et est le seul à offrir une diversité de mode de consommation avec le format vidéo à un clic du track audio.
Selon Audio Tech Lifestyles auteur d’une enquête auprès de 10 000 consommateurs de musique, Youtube est devant la radio et Tiktok le premier lieu pour découvrir de nouveaux artistes.
La plateforme pense être en bonne piste pour être la première contributrice à l’industrie musicale à horizon 2025 pour la partie quantitative, mais elle se targue aussi avec les Shorts ou les programmes locaux de soutien à de jeunes artistes pour qu’ils s’approprient la plateforme, d’être aussi aux côtés des artistes.
L’article manque un peu de contrepoint de la part de l’industrie ou des artistes sur le caractère incontournable de la plate-forme, mais a le mérite de mettre la lumière sur celui qui est plus souvent accusé de payer une misère les streams musicaux.
Cliché 📷 : comment Pinterest a trop bien réussi
Alors que Paypal a officiellement renoncé à acquérir pour un montant dépassant les 75 milliards de dollars, certaines voix se sont élevées pour critiquer à quel point Pinterest pervertit la recherche d’images sur internet :
Fort d’un référencement très efficace dans les moteurs de recherche, la plateforme truste à tel point les résultats de ses pages images, qu’elle entraîne les utilisateurs dans des abîmes de perplexité quant à la façon de se dépêtrer de ses résultats en référence circulaire.
Entre ceux qui utilisent de plus en plus un plugin pour expurger d’emblée les résultats de Pinterest de Google Images, et ceux qui se détournent de Google pour la recherche d’images en utilisant le très peu ergonomique Internet Archive pour naviguer dans un monde pré-Pinterest, il est curieux de voir comment un site qui a trop bien réussi génère un backlash aussi violent (lire le drôlatique Pinterest must die sur Gizmodo, qui remonte déjà un peu).
Whenever I google something and I see Pinterest in the search results that wave of dull loathing washes over me. Pinterest is the most useless form of social media available—remarkable when you consider Twitter exists. It is not informative. It does not gather people together. It is just a monster lurking in your search results, it’s rosy hued maw preparing to gorge itself on your clicks. Because you will never find what you seek on Pinterest.
Adoptés 🤖 : les sarcasmes autour des métaverses n’empêcheront pas leur adoption
The Economist revient dans un édito plein d’esprit sur le caractère un peu ridicule des métaverses (en citant la parodie du IcelandVerse notée par le Wrap Up il y a deux semaines) mais pour mieux en souligner les raisons de les prendre au sérieux.
Premièrement, The Economist souligne que Facebook n’est pas la seuleBig Tech à avoir embrassé le Métavers comme horizon stratégique : à la suite de l’annonce de Zuckerberg, c’est d’un côté Microsoft avec une version très professionnelle et un poil boring et de l’autre, Nvidia qui fournit déjà les cartes graphiques indispensables aux prouesses de jeux 3D, qui ont fait leur coming out.
Deuxièmement, la progression des interfaces graphiques depuis les prémices de l’internet est un fait indéniable et nul ne doute que dans quelques mois ou années, le réalisme aura encore progressé.
Troisièmement, les métaverses n’en sont pas à leur coup d’essai et la part de la population qui y participe est sans cesse croissante : d’Everquest en 19992 qui revendiquait 500K abonnés à son pic, à World of Warcraft qui était à son apogée à 12 millions, on arrive rapidement au succès d’un Roblox et ses 200M de visiteurs mensuels, qui démontrent une adoption de plus en plus massive.
Enfin, la moquerie ne fait rien à l'affaire, voire est la preuve que nous avons besoin collectivement de catharsis pour en quelque sorte accepter de modifier par la technologie notre usage du monde :
Finally, mockery is an unreliable guide to the future. When YouTube was launched in 2005, commentators wondered why anyone would want to watch spotty teenagers filming themselves in their bedrooms when the delights of cable tv were a button-push away. In two decades, online dating has gone from being furtive and embarrassing to take its place as a perfectly normal way to meet people. Smartphones are some of the bestselling devices ever built. In the 1990s their brick-sized predecessors were mocked as crass status symbols for insecure investment bankers.
Exposé 💃 : Thierry MUGLER au Musée des Arts Décoratifs
Exposition dingue au Musée des Arts Décoratifs, pleine de monde (c’était personnellement ma première fois, donc difficile de savoir qu’elle est l’affluence habituelle de ce musée jouxtant le Louvre) qui retrace à travers 140 costumes la carrière du créateur de mode, Thierry Mugler (qui se fait appeler à présent Manfred, à la suite d’une totale réinvention de son corps et de son esthétique, notamment réinvention chirurgicale).
La scénographie (l’exposition est à l’origine du Musée des Beaux Arts de Montréal) est admirable et permet d’admirer les pièces de la collection à travers différentes thèmes et temporalités.
Le génie et la folie du créateur percent à chaque tableau, exaltant sans cesse une femme très 80s : glamour, conquérante et sensuelle.
En pleine révolution hippie, flower power et folklorique, Mugler défie les tendances dès le début des années 1970 en inventant la « glamazone » : une femme moderne, chic, urbaine et fantaisiste.
Il sera aussi dans les années 90 l’un des instigateurs des défilés conçus comme spectacle total, participant à la starification des top models (le clip de Too Funky de George Michael est l’un des points d’orgue de cette tendance). Dès ses premières années, il sera aussi l’auteur de clichés grandioses pour mettre en avant ses créations. Il participera aux côtés des Jean-Paul Gautier et de Azzedine Alaïa au renouveau de Paris sur la scène internationale de la mode.
Mugler tourne en 2012 la page de la mode en ayant ouvert pour la haute couture la permission des créations les plus folles.
11,99 euros par mois pour pouvoir lire les contenus de la plateforme sans pub et également offline.
sans même évoqué l’initiative de Second Monde de Canal Plus en 1997.