Le Wrap Up de la semaine où la France a connu un record de sécheresse en hiver (semaine du 19 février 2023)
5 bullet points média, tech avec une recommandation de sortie culturelle à la fin
Pour en savoir plus sur ce record inquiétant
En attendant, au sommaire de cette semaine pour le Wrap Up :
Syncopé 🎷 : Louis Vuitton Hommes se paie Pharrell Williams comme nouveau directeur artistique
Trilogique 📚 : un attelage incongru candidat à la reprise d’Editis
Suspendue ⚖️ : la Cour Suprême pourrait limiter l’impunité de l’IA
Begayé 📸 : les événements reconstruits/déconstruits par Thomas Demand
Reborn 🔄 : la TV va (encore) disparaître et renaître
L’ADN a sous la plume de David-Julien RAHMIL a synthétisé une douzaine d’interviews, disponibles sur le site de CNBC, à des dirigeants de l’audiovisuel US, au sujet de l’évolution du média TV d’ici trois ans.
En tout, une douzaine de dirigeants, depuis Jeff Zucker, ancien président de CNN à Richard Plepler, ancien CEO de HBO, en passant par les directeurs des programmes de Warner ou Netflix, ont donné leur analyse sur l'avenir à court terme de la télévision et la radio.
Il s’en dessine trois tendances :
la lente agonie du média (qui n’en finit pas de mourir)
On dirait une trilogie Die Hard à elle toute seule, la TV va mourir mais continue d’être MASSIVEMENT regardé. Cependant la hausse des coûts des programmes continue de se poursuivre et même si la baisse des revenus publicitaires ne suit pas linéairement la baisse des audiences, l’équation va devenir problématique.
Le sport est caricatural de ce point de vue : son “coût aux US double presque tous les ans” (sic), et pourtant cela reste un marqueur roi pour la TV, au risque d’assécher les autres genres de programmes en mobilisant une part toujours plus grande des coûts de grille.
les GAFAM continuent de tracer leur route;
Le Paysage Audiovisuel va continuer à subir des modifications de commercialisation, des rapprochements (peut être même en France, malgré les réticences des autorités de concurrence). Il se dégage un consensus également pour dire que les GAFAM vont poursuivre leurs efforts pour croquer de ce marché : Amazon, Google et Apple font consensus pour dire qu’ils représentent l’avenir du streaming.
Innovation et old media
Sur les innovations, les dirigeants font feu de toutes parts :
Jeff Zucker imagine la possibilité de faire des paris sportifs ou des jeux d'argent directement sur sa télévision en rapport avec les émissions proposées.
L'intégration de l'intelligence artificielle, comme outil de recommandation dans une jungle de contenus, mais aussi comme vecteur d'amélioration des programmes semble inévitable pour Byron Allen.
Quant à Ann Sarnoff, ancienne boss de Warner Bros, elle envisage une sorte de « métavers télévisuel » où il sera possible de regarder du contenu à plusieurs, de le commenter, mais aussi de jouer ou de faire des achats.
Syncopé 🎷 : Louis Vuitton Hommes se paie Pharrell Williams comme nouveau directeur artistique
La nomination de Pharrell Williams au poste de Directeur Artistique de Louis Vuitton Hommes en est encore une preuve éclatante : la musique envahit les autres arts majeurs ou mineurs.
En 2021, Bernard Arnault avait prévenu qu'il ne voyait pas son fleuron comme une « entreprise de mode » mais comme « une entreprise culturellement créative qui s'adresse à une clientèle très importante ». Dont acte.
Au delà de l'effet de communication pour la marque de luxe (à son paroxysme de désirabilité avec 20 Md€ de CA en 2022!) pour succéder à l'iconique Virgil Abloh, ce choix est aussi le signe que la musique dépasse le simple cadre du son (Pharrell a, excusez du peu, été récompensé de 13 Grammy Awards) et prend en compte les autres dimensions qui sont constitutifs du succès d’un artiste :
- une présence de l'artiste (retranscrite principalement en live mais pour Pharrell aussi pour sa allure fluette, voir cette masterclass toute en sensibilité) :
- une personnalité avec ses propres valeurs (voir les premières marques de Pharrell dans la mode “weird” avec son chapeau haut de forme, ou encore sa fondation Yellow pour l’égalité des chances, fondée en 2019) ;
- le ressenti personnel du fan lors de la découverte de l'artiste (le cadre, les amis présents, quel moment de sa vie, ...) qui a su aussi gagner ses galons avec un peu de rap chaud (écoutez Dirty Dog du groupe N.E.R.D.) qu’avec le titre Happy pour tout public (ayant notamment servi de bande son à Moi Moche et Méchant II) ;
- ses recommandations personnelles et ses influences d'artistes;
Autant de "plans de coupe" (trademark Emily Gonneau) qui justifient qu'une marque comme Louis Vuitton en fasse plus qu'un ambassadeur… un directeur artistique.
Trilogique 📚 : un attelage incongru candidat à la reprise d’Editis
Alors que Vivendi doit annoncer le 8 mars prochain lors de ses résultats annuels le repreneur d’Editis, l’annonce de la constitution d’une offre proposée par conjointement Stéphane Courbit (Banijay), Daniel Kretinsky (CMI1), Pierre-Edouard Sterin (le fondateur de Smartbox et directeur de son fonds d’investissement Otium Capital) crée autant la surprise par son assemblage hétéroclite, que par ses fortes chances de l’emporter.
En effet, Vivendi, propriété de Vincent Bolloré, qui veut faire l’acquisition du groupe Hachette via sa prise de participation dans le groupe Lagardère (OPA de 2021), a opté pour contenter les autorités de concurrence, de se défaire du groupe d’édition Editis : cette opération se fera par un spin-off dont les actions seront distribuées aux actionnaires existants de Vivendi. La holding de Bolloré restera un actionnaire de poids à hauteur de 32% du groupe.
Le nouvel attelage d’investisseurs détiendrait à parts égales, le contrôle du groupe avec une participation de seulement 37% du capital. Ils pensent ainsi offrir suffisamment de garanties pour son indépendance quotidienne en nommant à sa tête un dirigeant ou une dirigeante qui a fait ses preuves dans l'édition.
Suspendue ⚖️ : la Cour Suprême pourrait limiter l’impunité de l’IA
La Cour Suprême des Etats-Unis est sur le point de revoir la loi dite Section230 qui offrait une forme d’impunité concernant les contenus hébergés sur les plates-formes sociales pour peu que ces dernières fournissent la preuve qu’elles ont entrepris des efforts pour filtrer les contenus qu’elles diffusent.
D’après le site en ligne The Verge, le propos n’est pas là : cette révision pourrait avoir de lourdes conséquences sur le développement naissant de l’intelligence artificielle.
L’enjeu examiné est de savoir si les recommandations algorithmiques de Youtube (en l’occurrence en recommandant des contenus faisant l’apologie du terrorisme) sont de la responsabilité de l’entreprise ou non.
Par extension de ce procès, une autre partie est en train de se jouer : les nouvelles versions de recherche par chat (Bard pour Google ou Bing musclé à ChatGPT pour Microsoft), synthétisent, par construction, les contenus disponibles sur la toile (y compris les contenus les moins ragoûtants). Si la responsabilité des moteurs de recherche, dans leur nouvel incarnation, était mise en cause dans les réponses qu’elles restituent, c’est toute cette industrie naissante qui s’en trouverait altérée en raison du risque judiciaire qui pèserait sur les entreprises du secteur.
If Section 230 remains mostly unchanged, many hypothetical future cases will hinge on whether an AI search engine was repeating somebody else’s unlawful speech or producing its own. Web services can claim Section 230 protections even if they’re lightly changing the language of a user’s original content…
The heart of the case is whether a web service can lose Section 230 protections by organizing user-generated content in a way that promotes or highlights it. Courts might not be eager to go back and apply this to ubiquitous services like old-school search engines, and Gonzalez’s plaintiffs have tried to establish that this won’t happen.
Par le passé, la Section 230 a été une très forte protection pour permettre l’émergence d’acteurs tech qui pouvaient souffler quant à leur responsabilité éditoriale, en n’étant pas sous la menace permanente d’un procès pour avoir diffusé des propos tombant sous le coup de la loi.
Mais ça, c’était avant : désormais, le climat a changé, on le sait. Les réseaux sociaux (et les algorithmes qui les rendent si addictifs) diffusent des messages de haine, de fausses informations qui viennent considérablement perturber l’ordre public (ils font aussi des choses bien!).
L’appréciation est toutefois, avec ChatGPT et ses imitateurs, encore plus difficile: la nature des réponses de ses IA est très fortement connotée en fonction de la formulation de la question2. D'autant que la ligne de démarcation entre search traditionnel et ChatGPT est tenue, les moteurs traditionnels incorporent désormais des boîtes alimentées par de l'IA, ainsi l'utilisateur a le choix de choisir la typologie de réponses à laquelle il souhaite s'exposer...
Begayé 📸 : les événements historiques reconstruits/déconstruits par Thomas Demand
A l’occasion de la première rétrospective de Thomas DEMAND, artiste allemand au croisement de la sculpture et de la photographie, le Jeu de Paume donne une très grande part à au questionnement porté par l’artiste sur nos représentations historiques et médiatiques.
En reconstituant des visuels connus et moins connus en papier à petite échelle et en les photographiant avec un rendu semi-réaliste (on voit sur nombre de clichés le caractère factice la photo), l’artiste veut nous faire nous interroger sur nos représentations symboliques et notre rapport à l’image.
Après avoir choisi ses images sources, il utilise du papier et du carton de couleur pour reconstituer méticuleusement des espaces réels, en trois dimensions et à la vraie grandeur. Ensuite, il photographie ces maquettes et les détruit, ne laissant donc subsister que leur double ou leur spectre photographique. Le bégaiement de l’histoire réside dans cet étrange écart entre le monde que nous habitons et le monde de papier et de carton que l’artiste recrée dans son atelier.
L’exposition est un brin conceptuelle mais le recours à des grands formats permet également de souligner l’esthétisme de ses clichés. (jusqu’au 28 mai).
Elle et Marianne, et d’autres anciens titres de Lagardère, il détient aussi 49% du Nouveau Monde, groupe éditeur du journal Le Monde.
Ainsi en est-il pour l’instant de Google Bard auquel il suffit de demander de façon insistante si telle ou telle personnalité a commis un meurtre, pour voir l’IA répondre de façon de plus en plus positive à une telle question, indépendamment de la vérité.