Le Wrap Up de la semaine où la COP26 de Glasgow s'est ouverte (semaine du 1er novembre 2021)
5 bullet points : média, tech, NFTs et culture
Au sommaire cette (courte) semaine :
Toqué de littérature 📖 : quand Tiktok pousse les ventes de livres ?
Dépassés 👴🏻 : quand les 37 ans managent des 23 ans aujourd’hui
Echappés 👩🚀 : les milliardaires de la tech veulent fuir le monde qu’ils ont créé
Fongibilisés 🍄 : les médias à l’heure des NFTs
Kiffée 🎨 : l’exposition à Beaubourg de la grande Georgia
Toqué de littérature 📖 : quand Tiktok pousse les ventes de livres ?
Qui a dit que les écrans pleines de vidéos débiles pour adolescents (pas que évidemment) étaient les ennemis de la littérature ?
Pas Bloomsberry, une maison d’édition londonienne, qui d’après The Economist a connu une explosion de ses ventes et de ses profits (+220%) lorsque certains de ses titres ont été recommandés sur #BookTok, un nouveau hashtag en vogue sur Tiktok.
Les vidéos de recommandation de livres ou de ce qu’on pourrait appeler de bookreading vanity (montrer les piles de livres lus le dernier mois) y font florès et les compteurs de vente s’affolent. Rien à redire bien sûr mais les noiseurs trouveront à redire du fait que les livres recommandés sont plutôt du genre chick-lit1 au détriment d’une littérature sérieuse et adoubée par les garants de l’académisme littéraire. En France, le phénomène est à l’avenant où une Virginie Grimaldi s’est glissée en quelques années sur la plus haute marche du podium des auteurs français les plus achetés en librairie. On ne peut pas tout avoir et comme dirait Malraux2, la littérature est par ailleurs une industrie…
L’autre aspect intéressant de cette tendance est la capacité à faire revenir de l’oubli certains titres: c’est un fait établi que les listes de palmarès ont des durées de vie de plus en plus courtes et ont peu de chances d’être transmises aux générations suivantes : avec les backlists de #Booktok, c’est désormais un puissant moteur de prescription littéraire qui émerge, si toutefois les lecteurs en puissance arrivent à se détacher de l’écran et de l’algorithme addictif de Tiktok.
Pour illustration, cette vidéo vue à 4,5m de fois sur la plateforme chinoise.
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Dépassés 👴🏻 : quand les 37 ans managent des 23 ans aujourd’hui
L’article est un poil caricatural, concerne une minorité new-yorkaise plutôt dans la mode, le luxe, les médias ou la publicité, mais il dit quelque chose de notre époque… ou plutôt de toute éternité : on finit toujours pas être le vieux de quelqu’un.
L’article livre différents témoignages de managers de vingtenaires qui s’avouent légèrement dépassés ou ne plus comprendre les codes de ceux qui arrivent sur le marché du travail.
Mettez cela sur le compte d’un anniversaire passé récemment, mais j’ai été sensible à ce passage de relais, toujours involontaire, entre les générations, ce moment précis où le Jeune Turc est détrôné par celui qui vient derrière lui.
Que ce soit en termes de codes culturels, de références partagées, de connaître les dernières tendances émergentes, on se dit qu’il en a toujours été ainsi. Pourtant, ce que l’article veut souligner c’est à quel point, l’agenda woke (faute de meilleur raccourci) dans la politique de l’entreprise, la désocialiation induite par le travail à distance ou encore le retour à un marché de quasi-plein emploi provoquent un clivage avec cette nouvelle génération .
Echappés 👩🚀 : les milliardaires de la tech veulent fuir le monde qu’ils ont créé
C’est un billet d’humeur d’un journaliste du Guardian qui souligne cette similitude entre les grands patrons de la tech : de Musk à Bezos, en passant par Zuckerberg, on ne compte plus les grands patrons qui veulent non pas “changer la vie”, mais carrément aller la vivre ailleurs.
On ne reviendra pas sur la légende urbaine (plus ou moins étayée) de la Nouvelle Zélande, paradis pour barons de la Silicon Valley préparant l’apocalypse dans des cottages en auto-suffisance, mais force est de constater qu’entre la conquête spatiale et la virtualisation complète de notre vie sociale dans le Métaverse de Facebook, il y a à l’oeuvre une furieuse tendance à l’escapisme.
Fongibilisés 🍄 : les news à l’heure des NFTs
L’heure est grave : à l’heure où les crypto-monnaies restent sur des niveaux de valorisation très élevées et où les projets se multiplient tous les jours dans la blockchain, chaque industrie commence à se demander comment profiter de la manne et intégrer les usages des cryptos ou des NFTs dans son business existant.
L’INMA vient de publier un document de 35 pages tentant d’esquisser l’impact pour les organisations news médias des NFTs.
L’ouvrage qui se veut un ouvrage didactique propose d’aborder les thèmes suivants :
Blockchain and content rights management ;
Democratising content creator revenue;
Redefining the media supply chain;
Enabling new monetisation options;
Optimising advertising revenue;
Using blockchain to boost audience engagement;
Pour illustrer ces propos, l’INMA s’appuie sur les tentatives de plusieurs organisations médias qui ont déjà faites des incursions dans le domaine, principalement sous la forme de commercialisation de leurs Unes passées ou imaginaires :
The Economist a vendu des couvertures existantes ;
Le Gratuit 20 Minutes en France a vendu des couvertures qui n’ont jamais existé en tant qu’oeuvres d’art;
Time Magazine a cédé sa fameuse couverture : Is God Dead ? de 1966 et des versions dérivées ;
Le New York Times a vendu son premier article sous forme de NFT (adjugé 549 K$) avec ce teasing hors norme de Kevin Roose :
The biggest perk of all, of course, is owning a piece of history. This is the first article in the almost 170-year history of The Times to be distributed as an NFT, and if this technology proves to be as transformational as its fans predict, owning it might be tantamount to owning NBC’s first TV broadcast or AOL’s first email address.
De façon plus prospective, une des idées qui tient la corde est que les NFTs vont pouvoir par la traçabilité qu’ils offrent et le fait de coder les versements ultérieurs vont profondément modifier la chaîne de rémunération des contributeurs à la création d’un contenu.
Kiffée 🎨 : l’exposition à Beaubourg de la grande Georgia
Le Centre Pompidou présente la première rétrospective en France de Georgia O’Keeffe (1887 – 1986), l’une des plus grandes figures de l’art nord-américain du XXème siècle. Avec plus d’une centaine de peintures, dessins et photographies, l'exposition propose un parcours complet à travers sa carrière artistique.
Un petit reproche : la muséographie est confuse (les périodes, les localisations s’enchevêtrent sur le plateau, sans sens bien défini), pardonnez à l’amateur qui aime bien suivre un parcours fléché.
Disparue à 98 ans, Georgia O’Keeffe aura cherché son style à les différentes aventures esthétiques du siècle précédent : dans les années 1920, elle appartient au cercle restreint des inventeurs du modernisme américain, notamment par le Blow Art et les gros plans qu’elle accomplit sur les fleurs, dans un aller-retour permanent avec les organes sexuelles des fleurs et des humains. Elle participe, dans les années 1930 et son exode dans le Nouveau Mexique à la recherche identitaire des États-Unis avec de nombreux paysages, qu’on va gentiment qualifié d’intéressant, mais qui m’ont laissé un peu de marbre.
Dans les années 1960, elle devient une pionnière de la peinture abstraite dite « hard edge ». Abstraite certes mais très inspirée par les formes présente dans la nature encore une fois (elle n’aimait d’ailleurs pas renvoyer l’abstraction et la figuration dos à dos).
littéralement "littérature de poulettes", généralement écrit par des femmes pour des femmes, où les histoires d’amour à l’eau de rose rivalisent de bons sentiments. On dirait des romans de gare en bon français.
je paraphrase, il parlait dans Dans L'Esquisse d'une psychologie du cinéma : “Le cinéma est un art ; et par ailleurs, c'est aussi une industrie.”