Le Wrap Up de la semaine où la Constitution Européenne a été jugée incompatible avec la loi polonaise (semaine du 11 octobre 2021)
5 bullet points média, tech, NFTs
Temps de lecture ⏳ : 6 min 59 sec.
Au sommaire cette semaine :
Mediat(ech)isée 🖥 : la tech de plus en plus présente en TV
Soutenus 🗣 : les lanceurs d’alerte épaulés par des fondations
Ignoré 😒 : Adobe le réinventeur de la Silicon Valley ?
Métaversante 🧝♀️ : le billet d’humeur de Benedict Evans sur les Métaverses
Ausculté 👨⚕️: des Airpods pour un diagnostic médical
Mediat(éch)isée 🖥 : la tech de plus en plus présente en TV
Temps de lecture ⏳ : 1 min 11 sec.
A l’occasion du Mipcom, le Figaro revient sur l’impact de la tech sur l’industrie des contenus audiovisuels en interrogeant Avril Blondelot, la directrice de la filiale de Médiamétrie dédiée aux formats, Glance. Elle note sans surprise que c’est le divertissement qui est le genre le plus pénétré par les possibilités technologiques.
Pourtant, l’adoption par le public de ces nouveaux formats est pour l’instant faible avec plutôt des sous-performances d’audience. Les émissions qui intègrent ces nouvelles possibilités en sont peut-être encore au stade de gadgets, qu’on en juge :
Une de ces utilisations tech est au coeur du talent show musical Alter Ego diffusé sur la Fox aux US.
La compétition musicale met en scène des avatars numériques de candidats bien réels, qui chantent et dansent en coulisses, sans affronter directement le regard des jurés.
Avastars, produit par Talpa, proposera aux Pays-Bas en avril 2022 de fusionner “deux talents”, un chanteur et un danseur, transformé en un seul artiste virtuel. (Arthur a en mai dernier signé un accord de distribution exclusif des formats Talpa pour la France).
Avouons-le : la technologie ne convainc pas encore tout à fait (à la différence de MetaCast dont nous parlions la semaine passée) car elle cumule pour l’instant deux inconvénients majeurs pour ce type d’émission :
Elle a plus de mal à faire passer l’émotion, ingrédient indispensable à un divertissement de prime time (par manque de réalisme?);
Elle rebute les publics plus âgés plus attachés à des narrations traditionnelles.
En France, c’est l’inoxydable Thierry Ardisson qui tentera d’utiliser la tech en interviewant dans L’hôtel du temps, des personnalités désormais disparues (Jean Gabin, Mitterrand, Princesse Diana), gênance…
En Chine, l’émission Super brain teens proposera un escape game survitaminé dans lequel les participants grâce à de l’IA et des big data, devront trouver quels sont les passagers infectés par un virus mortel sur un vol (toute ressemblance…). Signe des temps, les gagnants remporteront un stage de formation à la big data.
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Soutenus 🗣 : les lanceurs d’alerte épaulés par des fondations
Temps de lecture ⏳ : 2 min 18 sec.
Malheur de notre temps, il fallait non seulement que la Presse soit mal en point économiquement, mais qu’en plus les “puissances”, notamment de l’argent comme les appelaient naguère François Mitterrand, soient de plus en plus puissantes, notamment du côté de la tech : le nombre de professionnels de communication au sein des sociétés aurait connu un triplement des effectifs depuis 2008 alors que le nombre de journalistes étaient (aux US?) divisés par deux (source).
Pour que les médias conservent leur rôle de contre-pouvoir1, il semble nécessaire que des personnes qualifiées, au coeur des centres de décision, aiguillonnent les journalistes vers les manquements et les abus de leurs organisations, pour que livrés sur la place publique, les pouvoirs publics, notamment judiciaires, puissent se saisir de ces sujets, mais aussi pour que l’opinion publique s’affranchisse du discours lénifiant ambiant.
Long story short : il faut que les “lanceurs d’alerte” soient protégés2. Des lois sont venus le faire, mais l’arsenal juridique des corporates et des Etats autoritaires s’est considérablement renforcé3 pour faire taire ces ennemis de l’intérieur. Qu’on en juge par les révélations de Frances Haugen sur son ancien employeur Facebook.
Deux initiatives intéressantes ont fait parler d’elles cette semaine et ont remis le projecteur sur la précarité de ces personnes qui décident de se saborder pour une certaine idée du bien commun.
La première émane de la Signals Network Fondation :
Après 4 ans et 4 enquêtes internationales menées avec 11 médias et 45 journalistes, et le soutien de lanceurs d'alerte célèbres tels qu’Edward Snowden ou d’Antoine Deltour (Lux Leaks), la fondation Signals Network dirigée par Gilles Raymond (fondateur d’In-Fusio, de News Republic revendu à Cheetah Mobile et plus récemment de Done pivoté en Letsmeet) a compilé l’expérience de différents lanceurs d'alerte et des enquêtes qu’ils ont déclenché pour éclairer les prochains candidats à la dénonciation.
The Signals Network enables whistleblowers and international journalists to work seamlessly together to hold powerful interests accountable… Whistleblowing can be a long and life-defining journey and it is important to know what your life may hold in the coming months and years and who you need to have on your side.
Signals publie donc le premier Tech Worker Handbook pour guider dans un monde de plus en plus juridique et complexe, la prise de conscience pour les acteurs notamment au coeur des écosystèmes tech, avec ces deux messages clés :
les considérations morales doivent rentrer en ligne de compte dans leurs actions quotidiennes;
et vous ne serez pas seuls.
Le dossier couvre quatre aspects : les aspects légaux, la compréhension des relations avec les médias (le contrat de confiance à tisser avec eux), la sécurité des lanceurs d’alerte (être vigilant sur la surveillance qui peut s’exercer sur eux) ainsi que le story telling.4
La seconde initiative combine un Prix Nobel de la Paix et l’ancien patron du New York Times :
Mark Thompson et la Prix Nobel de la Paix, Marie Ressa, journaliste aux Philippines, ont constitué un “fonds international pour soutenir des médias d’information d’intérêt public, dans les pays aux revenus modestes ou qui subissent des répressions du pouvoir.”
Dans ce cas-ci, le fonds cherchera à soutenir directement l’action des journalistes et concerne davantage les relations à l’information dans le cadre de pays autoritaires ou du moins où le pouvoir tente de museler la presse directement (petit rappel toujours vivifiant : La France et le Royaume Uni ne sont qu’aux rangs 34 et 33 des pays où la liberté de la presse est la plus protégée).
En outre, Thompson pointe du doigt aussi de nouvelles formes d’intimidation, en particulier celles qui se revendiquent du wokisme :
“Autour de débats sociétaux sur des sujets comme le genre, l’identité, le harcèlement sexuel ou la religion, il y a de plus en plus de pressions commerciales, sociales et culturelles, qui peuvent influencer la publication de certains contenus… Les postulats traditionnels sont remis en cause et il y a un désir profond chez certains citoyens d’imposer de nouvelles règles.”
Ignoré 😒 : Adobe le réinventeur de la Silicon Valley?
Temps de lecture ⏳ : 44 sec.
En dépit de son image légèrement ringarde, The Economist fait le portrait d’Adobe qui approche des 40 ans et loue sa discrète mais efficace adaptation au cloud computing.
Depuis 2007 et l’arrivée à sa tête de Shantanu Narayen, la capitalisation boursière de la société est tout de même passée de 24 à 276 Md$. Même depuis 10 ans, sa performance dépasse celle de Microsoft ou de Salesforce, deux rivaux dans le software B2B.
Les deux piliers de cette transformation réussie seraient selon le magazine anglais :
d’une part, la capacité à faire évoluer sa suite logicielle (avec pour point de départ le standard universel PDF et le logiciel de retouche Photoshop, devenu un verbe) en ne basculant pas complètement dans le cloud, mais en l’utilisant uniquement lorsque c’était pertinent;
et d’autre part, d’être sorti du seul secteur de l’écrit pour se projeter dans toutes les formes de création digitale, avec le web design, l’audio et la vidéo.
Le style de management de la société semble aussi une des clés de la réussite, avec une vraie culture de la délégation qui semble aller à rebours de la culture ambiante de la Silicon Valley. A l’image de la société, l’article, malgré sa tentative louable, peine tout de même à susciter l’engouement recherché :
Métaversante 🧝♀️ : le billet d’humeur de Benedict Evans sur les Métaverses
Temps de lecture ⏳ : 1 min 18 sec.
On a déjà parlé et des métaverses (MV) et des brillantes analyses de Benedict Evans, mais c’est la première fois qu’on parle ici des deux en même temps;
Cette semaine, celui qui fait figure d’oracle dans l’industrie se penche sur l’engouement autour du terme de métaverse, pour démystifier la fièvre qui l’entoure mais soutenir également que les briques nécessaires pour son avènement sont bien présentes.
Avec humour, il compare la probabilité d’avènement des MV à celui des autoroutes de l’information pour parler de l’internet : une probabilité dont la forme définitive est finalement très différente des premières projections.
Benedict Evans s’attache à relativiser la fièvre autour des derniers concepts à la mode :
pour la crypto, la comparaison avec l’essor du Web 2.0, renommée Web3 pour évoquer la « vraie » décentralisation du web (là, certaines briques sont bien présentes)
pour la creator economy, une compassion malaisée avec l’essor auquel nous avions assisté avec les blogs et toutes les promesses de désintermédiation qu’ils contenaient.
Cependant, les métaverses semblent les dernières semaines, dépassés toutes les courbes de hype technologique :
Like all the best buzzwords, ‘metaverse’ tries to link together lots of interesting things - in this case, VR, AR, games and crypto, and a few other things besides. But, all of these are questions.
Il s’applique ensuite à relever pour chacun de ses composants des facteurs d’incertitude face à l’avènement tant annoncé :
Le faible équipement en AR/VR actuel et probablement futur ;
la relative faible pénétration des jeux en général vs. par exemple les réseaux sociaux (“more people use Snapchat than games consoles - games are not universal.”);
l’incertitude qui pèse sur les NFTs pour qu’ils soient le véhicule de ce métaverse (comme l’a été Netscape pour l’internet grand public).
La conclusion nous invite effectivement à plus de modestie sur la description de l’avenir :
‘Metaverse’ today is again a label for a bunch of words on a whiteboard, some of which are more real than others, and which might well all end up combined, but not necessarily like that. It can also mean whatever you want it to mean - I’m sure other people have definitions that don’t entirely overlap with mine.
Ausculté 👨⚕️: des Airpods pour un diagnostic médical
Temps de lecture ⏳ : 32 sec.
On savait les Airpods pouvaient être un potentiel écosystème à lui tout seul5 mais ce qu’on ignorait c’est que des perspectives pouvaient s’ouvrir aussi dans la santé. Une équipe de chercheurs de Cupertino s’est rendue compte que les Airpods pouvaient mesurer finement l’amplitude du souffle respiratoire et détecter également si le sujet est en extérieur ou en intérieur, ouvrant la voie à détecter ainsi les potentiels accidents respiratoires en cours de survenance.
D’autres pistes médicales pour les AirPods sont à l’étude (article du WSJ) : la prise de température par voie auditive, la correction de posture (à travers la spacialisation de la tête fournie par les deux écouteurs ?), la possibilité de devenir de véritables aides auditives (l’autonomie des airpods devrait alors significativement s’améliorer, actuellement 3 heures et demi de conversation ou 4 heures et demi de réduction du bruit environnant).
On verra avec plaisir dans quelques jours le relativisme de cette notion avec l’adaptation cinématographique du chef d’oeuvre de Balzac, Les Illusions Perdues.
revoir à ce sujet un Russel Crowe magistral avec Al Pacino dans The Insider (1999 quand même!)
La Chine a promulgué en juin dernier, une loi anti-sanction économique qui poursuit toute entité ou personne étrangère qui porterait atteinte aux intérêts chinois (par exemple en mettant en oeuvre les sanctions décidées par les Etats-Unis ou d’autres pays). Les sanctions vont du gel des actifs en Chine à l’arrestation potentielle des personnes si elle venait à se trouver sur le sol national. L’application de ces mesures à Hong Kong ont toutefois été repoussé sine die.
aussi surprenant que cela puisse paraître, pour contrer les bataillons d’attachés de presse, il faut aussi que le/la lanceur/se d’alerte soigne sa communication : clarté des propos et synthèse percutante des problématiques en jeu, etc…
La dernière mise à jour de l’OS d’Apple permet de vous prévenir si par mégarde vous avez oublié vos AirPods, si vous vous éloignez avec votre téléphone de votre précieux étui blanc…