Le Wrap Up de la semaine où E. Borne a évité la motion de censure (semaine du 20 mars 2023)
👀 Netflix > 1M d’abonnés pub - 👼 Tiktok casse la rentabilité publicitaire - 🗼Belmer esquisse sa stratégie pour TF1 - 👾 4 milliards de gamers - 🎩 Le Côté de Guermantes à la Comédie Française
Au sommaire de cette semaine tendue :
⌛️ temps de lecture : 5 minutes 49 secondes
🗞 Le Wrap Up est une newsletter hebdomadaire gratuite qui déniche 4 ou 5 actualités média, tech ou NFT, avec généralement une recommandation de sortie culturelle à la fin.
Si vous en appréciez le contenu, faites-la découvrir à une ou deux personnes de votre entourage qui aime les médias et la tech. Cela vous prend une minute et ça continue à me motiver dans cet exercice hbedomadaire :
Millionnaire 👀 : Netflix dépasse le million d’abonnés à l’offre minipay
⌛️ : 41 secondes
C’est Bloomberg qui nous l’apprend :
The company’s advertising-supported service reached about 1 million monthly active users in the US after its second month, according to internal data seen by Bloomberg. The user base grew by more than 500% in the first month from its launch and another 50% in its second month.
Ce million représente 20% des nouveaux abonnés aux US sur ces deux mois, et conformément aux attentes de Netflix, ce sont bien de nouveaux ou des anciens abonnés, pas des abonnés opportunistes qui saisiraient cette occasion pour changer leur abonnement trop onéreux (7$ pour l’offre avec pub vs. 15-20$ selon la formule payante).
A terme, les nouveaux abonnés via l’offre publicitaire pourraient représenter jusqu’à 30-40 millions de nouveaux abonnés (Netflix compte actuellement 74 M d’abonnés aux US), ce chiffre pourrait croître notamment à la suite du renforcement de la lutte contre le partage de mots de passe dont on comprend que le groupe use avec parcimonie.
Disney a adopté pour sa part une autre tactique : il avait profité de l’introduction de son offre publicitaire pour augmenter de 3 dollars les offres sans pub : mieux valait pour Mickey augmenter les revenus des abonnés existants que d’espérer en séduire de nouveaux (le churn a de plus diminué depuis l’introduction de cette hausse!).
Iconoclaste 👼 : Tiktok casse le modèle pub
⌛️ : 1 minute 22 secondes
The Economist se penche sur le dumping que fait subir Tiktok à l’ensemble du marché publicitaire en ligne :
TikTok monetises its American audience at a rate of just $0.31 for every hour the typical user spends on the app, a third the rate of Facebook and a fifth the rate of Instagram. This year it will make about $67 from each of its American users, while Instagram will make more than $200, estimates Insider Intelligence, a research firm.
En obligeant tous les réseaux sociaux à contrer la folle croissance de Tiktok aux US1, elle les a contraints aussi à en adopter le format qui monétise moins bien, notamment en raison d’une efficacité moins assuré.
Malgré le fait qu’un format publicitaire met du temps en général pour augmenter ses prix au fil de la preuve de son efficacité, pourtant de plus en plus d’experts doutent : cette fois, ils pensent que la capacité à remonter les prix sur ce format est entamée. Plusieurs raisons sont invoquées :
le taux de publicité est moins important dans un flux vidéo vs. un feed de texte et d’images :
Watch a five-minute YouTube clip and you might see three ads; scroll Instagram for five minutes and you could see dozens.
La vidéo est également plus passive : suivre les vidéos préparées par l’algorithme semble moins “fatiguant” d’un point de vue cognitif que de scroller et suivre le flux des actualités de nos amis (et s’adapter au message de chacun d’eux). Le taux de clic en dehors de l’appli est manifestement moins important aussi ;
La vidéo présente encore une barrière à l’entrée importante pour des tas de petits vendeurs, ainsi la longue traîne ne pousse pas à la compétition sur les enchères des prix des publicités (seuls 40% des annonceurs de Meta utiliseraient par exemple le format Reels);
Le ciblage est également moins qualitatif : là où un Facebook se construisait sur une montagne de données personnelles, l’algorithme de Tiktok est purement comportemental en fonction des likes et scrolls de vidéos. Ainsi les vidéos sur Tiktok (et ses compétiteurs ayant adopté le même format) seraient davantage tournées vers le “haut du funnel”, à savoir du branding, plus que la performance commerciale du last click;
Tiktok ne dispose pas aussi du social graph de ses utilisateurs et ne peut donc pas déployer la même publicité sur des profils similaires avec une efficacité identique, elle recommence pour ainsi dire à chaque fois au bas de la pyramide;
Dévoilée 🤧 : Rodolphe Belmer esquisse sa stratégie
⌛️ : 47 secondes
Lors du festival Series Mania, Rodolphe Belmer a donné une conférence sur la stratégie qu’il dessine pour TF1 :
Pour faire face aux plates-formes de streaming, l’acteur leader en France dans la TV gratuite devra redoubler d’efforts, en TV et en digital, pour accentuer les spécificités culturelles françaises de son offre de programmes, ceci pour maintenir un reach important. Il compte y parvenir en s’appuyant, mentionné à plusieurs reprises de son discours, sur les héros et les grandes figures françaises.
Au passage, il estime que les concurrents de Netflix sont retournés à leur vieille recette de produire des franchises et du contenu susceptibles de construire des catalogues de propriété intellectuelle pour compenser les pertes générées par le streaming. En outre, il pense que le marché de l’abonnement va continuer à ralentir dans les prochaines années.
Il a également appelé à développer la croissance organique du bras armé du groupe dans les contenus, le groupe de production Newen, qui atteint désormais avec une dernière salve de producteurs rachetés, les 50 sociétés de production :
“We have achieved acquisitions-based growth,” he said. “The size is now efficient so we’re going to focus on organic growth — developing as many productions as we can, attracting young talent and producers who enrich our growth.”
Gamifiés 👾 : 4 milliards de joueurs
⌛️ : 1 minute 50 secondes
Un gros dossier dans le special report de The Economist (TLDR;) sur le gaming pour prendre acte de sa massification, et par la même occasion, de phénomènes analogues à celui des autres grands médias.
Last year some 3.2bn people played video games, about four in ten people worldwide. The number has risen by about 100m a year, with a big jump during covid lockdowns in 2020. In rich countries two-thirds of people play, nearly half of them women. And though gaming is disproportionately a young person’s hobby (nine out of ten British 16- to 24-year-olds play games) older folk are picking up the habit, including half those aged 55-64. Worldwide, there are more console owners aged 35-44 than aged 16-24, says Karol Severin of midia Research, an entertainment advisory firm.
Le principal moteur de cette croissance est le smartphone et son corollaire, un taux d’équipement important favorisant la distribution : on accède ainsi à des milliers de jeux à travers les App stores, la plupart selon un mode de consommation freemium.
Avec cette importance nouvelle, le secteur a attiré des gros acteurs : 7 des plus 10 grosses sociétés tech sont actives dans le gaming.
Microsoft qui a lancé la Xbox en 2001 a racheté la société Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars;
Apple et Google sont à présent deux géants de la distribution de jeux (les ventes de leur store sont à 60% des jeux);
Amazon et le fabricant de puces Nvidia streament des jeux en ligne;
Le chinois Tencent a fait du jeu, notamment par des rachats, son cœur d’activité;
Le pivot de Meta de réseau social à acteur de la réalité virtuelle est aussi une façon de coller aux usages de gaming.
Le jeu est ainsi devenu dominant devant les autres catégories de divertissement :
Gaming is likely to expand faster than any other broad entertainment category. Its value has already surpassed that of books, music or the cinema. It now vies with television to be the largest media business.
et intéresse nécessairement les autres acteurs médias :
dans la distribution, Netflix tente de voir si ce qui a fait son succès dans la vidéo, peut être dupliqué ou adapté aux jeux vidéos;
dans la production, les budgets des principaux jeux approchent ceux des films spectaculaires.
Le parallèle ne s’arrête pas là : de même que la TV a connu une concurrence nouvelle avec l’UGC, le jeu vidéo développe des briques qui permettent, dans Roblox, Minecraft ou Fortnite, de construire ses propres jeux à l’intérieur de ces univers. Il en va de même des casse-têtes de la modération :
As games rely more on input from other users, developers are grappling with the same content-moderation dilemmas that social networks found when they invited hundreds of millions of people to mix anonymously online.
Enfin, le dossier s’ouvre sur cette interrogation cruciale : de même que le cinéma et la TV ont façonné culturellement le XXème siècle, est-ce que le jeu vidéo va devenir le phénomène culturel dominant de ce XXIème siècle ?
Recherché 🎭 : le Côté des Guermantes
⌛️ : 59 secondes
Jusqu’à la fin du mois de mai (et évidemment à guichets fermés), la Comédie Française reprend l’adaptation du réalisateur, metteur en scène, Christophe Honoré : le Côté de Guermantes, adapté de l’ouvrage de Marcel Proust.
La pièce dont les répétitions avaient démarré pendant le confinement a fait l’objet d’un film documentaire fiction du même Honoré pour retranscrire le “temps suspendu” et le métier de comédien pendant cette période pleine d’incertitude.
Pour en revenir à la pièce, elle raconte l'histoire du narrateur de la Recherche qui emménage avec sa famille à Paris, dans un appartement de l'hôtel de Guermantes dont il rêve de fréquenter le salon. Les Guermantes possèdent un château près de Combray où il a déjà pu admirer la Duchesse Oriane en tableau, qu’il se met à admirer sans la connaître.
Les comédiens sont comme à chaque fois admirables : Varupenne dans le rôle du jeune Marcel dénote par sa bonhomie et sa carrure pour camper l’auteur cacochyme depuis son jeune âge, mais arrive sans problème à nous montrer un impétrant plein d’admiration pour cette haute société de la Belle Epoque (quelques allusions à l’Affaire Dreyfus égrènent le texte), qu’il observe et qui n’est pas sans provoquer en lui, une forme de désenchantement comme lorsqu’on accède à un monde défendu et qui perd de ses mystères. Laurent Lafitte en Bazin de Guermantes est comme à chaque fois sublime et Mme la Duchesse, Oriane, ensorcelle son monde. Dominique Blanc, Serge Bagdassarian et tous les autres comédiens ajoutent leur art au succès de la pièce.
Facebook et Instagram ont ajouté le moteur de découverte à la tiktok et ont lancé Reels. Puis ont suivi : Pinterest avec Watch, Snapchat avec Spotlight, YouTube avec Shorts et même Netflix avec Fast Laughs sur l’humour. Le dernier mouvement est celui de Spotify qui a adopté une navigation similaire sur sa home.
Merci pour cette news passionnante, riche et éclectique...comme toi 😉 Un peu trop de jargon technique que je ne connais pas mais une bonne raison de creuser pour en savoir plus !