Le Wrap Up de la semaine où Charles III fut couronné (semaine du 1er mai 2023)
📺 : 45% de Youtube sur la TV aux US - 🏰 : Time tombe le paywall - 📝 : le moratoire sur l’IA + sincère que prévu - 5️⃣x : Citi voit le marché crypto quintupler - ⚜️ : Ar(t)gent à la Monnaie de Paris
Au sommaire de cette semaine :
Pétitionné 📝 : le moratoire sur l’IA était peut être sincère
Redoré ⚜️ : la complexe relation entre art et argent décortiquée au Musée … de la Monnaie
⌛️ Temps de lecture : 6 minutes 53 secondes
Télévisé 📺 : 45% de consommation TV de YouTube aux US
⌛️ Temps de lecture : 1 min 22 sec
Longtemps, on a décrit par le menu toutes les tentatives de Youtube pour aller chercher le gâteau publicitaire de la TV (un marché de près de 70 Md$ aux US), il apparaît finalement beaucoup plus simple de rentrer dans l’abbaye plutôt que de l’assiéger :
L’article de The Information souligne à quel point Youtube est désormais consommé presque pour moitié (45%) sur le poste de TV, en très forte augmentation depuis 2020 (moins de 30%).
Certes, sa consommation est bien différente de celle d’une chaîne linéaire, mais on ne nous enlèvera pas de l’esprit que pour un acteur de l’ad tech, adopter des spots longs, en plein écran, non skippable, eh bien, c’est finalement tout à fait acceptable, voire cela permet d’aller beaucoup plus facilement capter les budgets pub TV, tout particulièrement si désormais le reach et le temps passé devant Youtube dépassent les métriques d’une chaîne de TV :
For a long time, YouTube suffered from people not considering them to be premium, said Stacey Stewart, U.S. chief marketplace officer at IPG-owned ad agency UM. That perception has changed, because the consumption on YouTube is so high and it’s such a mass-reach driver.
Ce résultat est également le fruit d’une réflexion sur la réinvention des codes télévisuels :
Since 2020, YouTube has launched a number of quality-of-life features to make the viewing and search experience on TV screens easy, such as allowing the YouTube mobile app to be used as a remote.1
Growth isn’t just being driven by YouTube TV, the company’s pay TV offering. In fact, the majority of TV user growth is coming from YouTube’s free, standard service.2
Tout cela en restant extrêmement léger sur ses coûts de programmes (certes grévés par les coûts de serveur et de bande passante), même si toutefois l’acquisition des droits du match phare du dimanche de la NFL pour 14 Md$ par an détonnent au royaume de l’UGC3 :
User acquisition is extremely costly for streaming services, requiring spending on original content. But that’s an expense YouTube doesn’t have to spare since it’s a user-generated content platform.
Sans oublier qu’avec la grève des scénaristes, il risque de s’installer une période (qu’on prédit longue) de disette de contenus premium qu’il faut anticiper pour toutes les plates-formes de streaming premium, risque qui ne guette pas YouTube.
Abattu 🏰 : Time Magazine fait tomber son pay-wall
⌛️ Temps de lecture : 59 sec
Time Magazine a décidé d’abattre son paywall (l’accès au contenu était conditionné à la souscription d’un abonnement, sa version plus soft : le metered paywall permet de lire un nombre fini d’articles avant de se voir proposer un abonnement).
Depuis le rachat du titre emblématique par Marc Benioff, CEO de Salesforce, le titre a les coudées franches pour faire des choix radicaux : le magazine a donc décidé de revenir à un modèle économique basé sur la publicité plutôt que sur les abonnements (le paywall de Time remonte à 2011), dans le but de toucher un public plus large, plus jeune et de générer par ce biais des revenus supplémentaires, en publicité bien sûr mais aussi sur les segments relais de croissance : les événements, la vente de licence de la marque ou encore la production de contenus.
Today, Time Studios, the company's TV and film division, brings in around 25% of its revenues. Last year, the company earned around $200 million in revenue.
Time avait jusqu’à présent 1,3m d’abonnés à la version imprimée (qui devrait subsister) et 250,000 abonnés numériques (qui devraient disparaître après le 27 avril).
On le voit bien : les médias continuent de chercher le juste équilibre avec des mouvements de balancier régulier entre le gratuit (la couverture la plus large, la monétisation par la pub) et le payant (la connaissance fine du client, l’affinité publicitaire et la rétention). Pourtant avec les annonces récentes de l'arrêt de BuzzFeed News et de la mise en faillite de Vice Media, on pensait que le mouvement publicitaire s'inversait vers le payant, que nenni :
Quartz dropped its paywall last year. Spotify is dropping paywalls on some of its podcasts. Netflix, Disney+ and other streamers have debuted cheaper, ad-supported subscription plans.
Balle au centre !
Pétitionné 📝 : le moratoire sur l’IA était peut être sincère
⌛️ Temps de lecture : 1 min 26 sec
C’est une tribune parue dans Le Monde qui a retenu notre attention sur le sujet de l’IA.
Elle émane d’une spécialiste de la data : Jean-Baptiste Bouzige, fondateur et président d’Ekimetrics, une société qui navigue dans la data science en général et dans le domaine des médias en mesurant la performance commerciale des différents canaux de communication en particulier.
Que dit Bouzige dans sa tribune ? Il croit détecter dans la demande d’un moratoire de 6 mois de la part d’éminences de la tech (on en parlait ici), une vraie rupture idéologique avec ce qui prévalait jusqu’alors dans la Silicon Valley, à savoir : le culte de la performance (à tout prix) et le parasitisme de l’Etat dans la marche du progrès.
La régulation est, en effet, le seul levier ayant la puissance nécessaire pour cadrer l’IA générative. Si la prise de conscience doit, par définition, être interne au monde de la tech, l’encadrement ne saurait lui être confié, comme le suggèrent les coupes récentes au sein des départements éthiques de certaines grandes entreprises du secteur.
Il est vrai qu’assez inhabituellement, les signataires en appellent à des « systèmes robustes de gouvernance », ce que seuls des pays démocratiques comme les US ou l’Europe sont en capacité de proposer et de faire adopter comme standard mondial.
Qu’est-ce qui justifierait “pour une fois” cette réglementation précoce dans le développement de cette technologie ? Au-delà de son incroyable rapide adoption, c’est sans doute la magnitude des changements qu’elle est susceptible de provoquer, quand bien même ces réflexions sur la place de l’IA sont des réflexions aussi anciennes que les années 1950, date des premiers travaux prospectifs sur le sujet (la fameuse conférence de Dartmouth de 1956).
Bouzige rappelle les différentes approches de régulation, entre un acteur public qui encadre à l'européenne ou qui préfère récompenser le comportement vertueux à l'américaine (liberty to / liberty from de nos vieux cours de philosophie politique).
On peut toutefois demeurer un peu sceptique sur l'honnêteté de cette démarche de la part des signataires et se rappeler la prégnance de la méfiance qu'ont les Américains vis à vis de tout ce qui est fédéral et qui vient d'en haut, peut-être la plus grande différence culturelle entre nos approches de la régulation.
Il n’en conclue pas moins avec optimisme :
Toutefois, par la qualité de ses signataires et la force de son propos, cette lettre ouverte peut créer les conditions d’un nouvel ordre mondial de l’IA.
Quintuplé 5️⃣ : Citigroup voit le marché de la crypto croître sous l’effet de la tokenisation des actifs
⌛️ Temps de lecture : 1 min 24 sec
Dans un gros rapport qui vient d’être publié, intitulé “Money, Tokens, and Games: Blockchain’s Next Billion Users and Trillions in Value” (j’admets TLDR;), les analystes banque américaine Citigroup explique que la prochaine vague d’adoption du Web3 va venir de la “tokenisation” des actifs.
Ils citent en particulier le cas des stablecoins et des actifs réels tokenisés4 (en particulier dans le domaine immobilier, mais aussi par le gaming et des rémunérations qui vont s’introduire dans les médias sociaux).
Ils reconnaissent qu’en raison de sa complexité, l’adoption par le grand public se fait… lentement :
“The potential for tokenization via blockchain has been talked about as being transformative for the past few years but we are not quite at the point of mass adoption. Unlike automobiles or more recent innovations like ChatGPT or the Metaverse, blockchain is a back-end infrastructure technology without a prominent consumer interface, making it harder to visibly see how it could be innovative.”
Le marché des cryptomonnaies représente actuellement un peu plus de 1 000 milliards de dollars (ce qui en fait une toute petite classe d’actifs, moins de 1%). Il était monté à 3 000 milliards de dollars en 2021, lorsque le bitcoin avait frôlé son ATH (all time hight) à 70 000 dollars.
Selon Citi, la tokenisation des actifs pourrait faire grimper le marché des seuls stablecoins à près de 5 000 milliards de dollars dans les années qui viennent :
But we believe we are approaching an inflection point, where the promised potential of blockchain will be realized and be measured in billions of users and trillions of dollars in value.
Successful adoption will be when blockchain has a billion-plus users who do not even realize they are using the technology. This is likely to be driven by the adoption of central bank digital currencies (CBDCs) by large central banks as well as tokenized assets in gaming and blockchain-based payments on social media.
By 2030, up to $5 trillion of CBDCs could be circulating in major economies in the world, half of which could be linked to distributed ledger technology. Tokenization of financial and real-world assets could be the killer use case driving blockchain breakthrough with tokenization expected to grow by a factor of 80x in private markets and reach up to almost $4 trillion in value by 2030.”
Just wait donc…
Redoré ⚜️ : la complexe relation entre art et argent au Musée … de la Monnaie
⌛️ Temps de lecture : 53 sec
L'exposition "L'Argent dans l'Art" au Musée de la Monnaie de Paris explore les rapports étroits entre l'art et l'argent depuis l'Antiquité.
200 “riches” œuvres qui questionnent la valeur de l’art et son corollaire diabolique, la marchandisation, la thématique est large et polysémique : l'imaginaire produit par les artistes à propos de l’argent a été de toute éternité, cependant l’accélération du mouvement remonterait à la naissance de l’impressionnisme et au rôle prépondérant du marchand d’art Paul Durand-Ruel.
Marcel Duchamp fut l’un des premiers qui à défaut de combattre la marchandisation de l’art, tenta l’artification de toute marchandise, notamment avec ses ready-made.
La contre-culture des années 60 y ait également bien représentée, elle qui dénonce l’accaparement de l’art, instrument de libération et moyen d’échapper à sa finitude, par le capitalisme.
Finalement, poussé à l’extrême, Salvador Dali (cinglé par l’anagramme d’André Breton: “Avida Dollars”) mais plus encore l’ancien publicitaire Andy Warhol (dont on reparlera de l’exposition A Quatre Mains au sein de la fondation de l’homme le plus riche du monde (tiens, tiens)) pousse la fascination pour l’argent à son paroxysme :
Business art is the step that comes after Art. I started as a commercial artist, and I want to finish as a business artist.
Les NFTs et l’essor de l’art digital soutenu par celui des cryptomonnaies sont également de la partie avec un espace en toute fin d’exposition sur l’amplification de la virtualisation de l’art en même temps qu’un degré supplémentaire de financiarisation.
Innovations pour lesquelles YouTube vient de gagner son premier Emmy Award technique pour son innovation “Views” qui permet de revoir les actions clés durant une retransmission sportive live (“Key Plays”), ainsi que d’avoir accès à toutes les statistiques de la rencontre, un savant mélange de d’AI et de Machine Learning.
Autre intégration intéressante, peut être également intéressante pour un SoRare : “In addition to Stats, Key Plays and Scores View, there’s also Fantasy Football View, which is a mobile-only feature and lets users link their existing fantasy football account. That way, when a user is watching NFL games on YouTube TV, the feature allows them to see how their team is performing in real time.”
Le produit de croissance de Youtube à savoir Shorts, son anti-Tiktok, est déployé depuis novembre 2022 sur les TVs.
UGC pour user generated content
la tokenisation est le fait de représenter sous la forme de tokens, de crypto monnaires (coins) ou de NFTs, des actifs physiques, leur permettant ainsi notamment une bien plus grande liquidité.