Le Wrap Up de la semaine où le vadrouilleur Perséverance s'est posé sur Mars (semaine du 15 février 2021)
5 bullet points : tech, médias, société
L’optimisme est de volonté, le pessimisme est d’humeur, disait le philosophe Alain. Par les temps qui courent, tournons donc notre regard vers ce qui va, vers les cimes où le génie humain nous porte et admirons ces images de Mars, prochaine station dans l’exploration spatiale.
Au sommaire de cette semaine du Wrap Up :
Désaccordé 🎶 : Bolloré se déleste d’Universal Music
Redécouvert 😲 : Roku TV, le vendeur de pelles de la guerre du streaming
Transformé 🗣️ : Spotify veut devenir une plateforme de la “création audio”
Cryptiques 🏺 : les NFTs et l’art digital
Margrittien 🤠 : les jeux de mots d’Anatol KNOTEK
Désaccordé 🎶 : Bolloré se déleste d’Universal Music
Le Figaro décrit la décision de Vivendi de “spin-offer” Universal Music (UMG) dans une nouvelle société détenue à 60% par les actionnaires de Vivendi (qui pourront céder leurs titres en bourse), 20% par le chinois Tencent, 20% par la famille Bolloré.
On connaît la réputation de fin arbitragiste de Vincent Bolloré, aussi il a sans doute songé que les 30 milliards d’euros de valorisation sur laquelle Tencent est passée de 10 à 20% du capital, était un bon prix (qui représente quasiment la même valorisation que le groupe Vivendi dans son ensemble, à 30,7 Md€, signifiant que les groupes Canal+ et Havas ne pèseraient pour trois fois rien).
Cependant on peut s’interroger sur le fait de se séparer de cet actif clé de l’empire médiatique, dont on peut penser qu’il a de beaux jours devant lui (voir les 5 relais de croissance que nous relevions en mai dernier), empire médiatique dont il a promis de remettre les clefs à ses enfants, dans un an, le 17 février 2022 prochain, lorsqu’il soufflera ses 70 bougies.
On restera attentif sur la capacité du “Mozart de la Finance” à faire des choix aussi judicieux qu’opportuniste de ce trésor de guerre de 22 milliards d’euros (les 6 milliards de Tencent, environ 10 milliards de ligne de crédit et ses propres 20% dans UMG valorisés 6 milliards). C’est que la crise a fait baissé la valeur de nombre d’actifs médias et qu’au delà des proies potentielles connues (Prisa en Espagne, Multichoice en Afrique du Sud, Mediaset en Italie ou encore M6 en France -interview de Tavernost à ce sujet- ), d’autres pourraient être dans le radar, pas nécessairement dans les nouvelles technologies, tant les mouvements vers les vieux médias continuent d’être au centre de ses attentions : dans la presse magazine avec Prisma Media et avant cela dans l’édition sur Editis, tout comme les intentions prêtées pour la radio Europe1 détenue par Lagardère au capital duquel Vincent Bolloré s’est invité à l’été dernier).
📆 Je continue mes expérimentations sur Clubhouse, avec ce soir lundi 22 février, une nouvelle session du Debrief du Wrap Up ce lundi 22 février à 19h.
Redécouvert 😲 : Roku TV, le vendeur de pelles de la guerre du streaming
Cela fait plusieurs années que je passe à côté de Roku TV, sans bien comprendre les tenants et les aboutissants de cet acteur qui se fait une place grandissante sur le marché disputé de la TV US.
Dans un écosystème US, où contrairement à la France où la relation TV avec le consommateur passe majoritairement par les boxes des FAI, il est difficile de qualifier ce “dongle” qui se branche à la façon d’un Google Chrome sur le port HDMI de la TV, s’appareille avec le wifi de la maison, pour offrir de la TV délinéarisée aux “cord cutters” (ceux qui s’affranchissent des offres, souvent chères -environ 100$-, de Pay TV de leur opérateur local de câble) et aux “cord never” (ceux qui ne souscriront jamais), qui à eux deux, représentent désormais plus du tiers des ménages américains ! ).
Avec près de 50m d’utilisateurs actifs aux US, Roku émerge comme l’un des grands gagnants de la guerre du streaming, désormais devant les autres cablo-opérateurs.
Présente sur le marché depuis 2007 où à l’époque Netflix a spin-offé cette activité pour devenir “agnostique” en termes de distribution, l’entreprise s’est développé à travers ses accords avec les constructeurs. En 2020, elle a particulièrement bénéficié du Covid19 qui aura boosté son chiffre d’affaires à près de 1,8 Md$ en hausse de 58%.
Là où cela devient intéressant, c’est que Roku n’est pas seulement le distributeur neutre des autres services d’OTT et de SVOD (Hulu+, Netflix et tous les autres, profitant de l’intensité concurrentielle des platesformes pour prélever sa dime sur tous les abonnements souscrits via sa plateforme), mais aussi des chaînes TV gratuites, qui rétribuent la plateforme pour les distribuer. Louée pour sa facilité d’utilisation, la plateforme a depuis longtemps mis en place sa propre solution de paiement, Roku Pay, pour faciliter l’abonnement à des offres ou de la VOD transactionnelle…
En outre, la société s’est lancé depuis 2017 dans sa propre édition de chaîne (avec The Roku Channel constituée de catalogues des grandes majors), la production d’un catalogue propre (Roku vient de racheter pour 100 M$ le catalogue du défunt service de SVOD mobile, Quibi) et la mise en oeuvre de sa propre plateforme de publicité depuis 2017 également, avec OneView (il est courant que les chaînes US de TV retrocèdent une partie de leur inventaire publicitaire à leur distributeur pour que ce dernier y place de la publicité locale), sans compter qu’avec une part croissante de la consommation en délinéaire, Roku serait capable de connaître les comportements de consommation média des utilisateurs, même là où il n’y a pas de publicité, rendant son propre inventaire publicitaire d’autant plus intéressant pour les annonceurs traditionnels en mal d’atteinte de certaines cibles médias (typiquement CSP+, cible à fort pouvoir d’achat et sous-consommateurs de TV live pubée), sans parler de la capacité avec ce marketing de précision, d’attirer des annonceurs non présents en TV qui auraient investi en search ou en social media, accroissant conjointement la demande (et donc les prix) pour ce type de publicité OTT (over-the-top).
Son principal concurrent aux US, est l’onglet développé par Amazon, le Fire, enrichi depuis quelques semaines de la chaîne IMDB TV.
En France, peut-être que le service le plus approchant aurait été Molotov si toutefois le service s’était lancé dans le hardware (bien que disponible partout) et avait prêt pendant des années à subventionner cet équipement, mais la compétitivité des offres triple play a sans doute rendu le terrain de jeu moins favorable.
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Transformé 🗣️ : Spotify veut devenir une plateforme de la “création audio”
Pour ceux qui se passionnent pour ce qui se passe dans le “social audio” notamment avec l’arrivée de Clubhouse et sa rapide ascension (déjà plus de 12m d'‘utilisateurs actifs), les platesformes sociales déjà installées tentent traditionnellement de répondre en empruntant les “features” de la nouvelle plateforme émergente et en utilisant la force de leur base installée pour se défendre.
On a déjà vu comment Facebook s’est “défendu” avec Instagram, en empruntant des fonctionnalités à Snapchat et à Tiktok (récemmment, la percée des Reels sur Instagram en est la preuve flagrante).
Ainsi concernant Clubhouse, les concurrents avancent :
Twitter a lancé Spaces;
Facebook travaillerait sur son propre copycat;
La Chine aurait vu un meetoo, MeetClub, apparaître juste après le bannissement de Clubhouse sur le territoire de la République Populaire (sans compter sur des modèles proches, deux services préexistants : Tiya et Yalla)
La surprise pourrait venir de Spotify qui pourrait être tentée de rendre sa plateforme davantage sociale. Spotify s’est déjà éloigné du pure modèle de streaming musical pour devenir une plateforme de streaming audio avec ses avancées dans le podcast.
Ce lundi, la plateforme suédoise annonce une conférence exceptionnelle pour exposer sa vision du futur. Le cabinet d’analyste LightShed anticipe 6 annonces intéressantes :
Spotify met en place la possibilité de s’abonner à /payer des contenus premium de ses artistes préférés, contre une contribution modeste, en intégrant les briques d’OnlyFans ou de Patreon, permettant ainsi une meilleure rémunération des artistes (donc si on résume : par rapport à ce que Spotify le reverse par l’intermédiaire de leur maison de disque…)
un service à la ClubHouse ?
Ben Thompson, l’éditeur de la newsletter Stratechery, croit beaucoup à Clubhouse comme 3ème étape de la transformation de la radio, comme il l’illustre en comparant la transmutation des médias avec internet :
Clubhouse doesn’t simply further democratize audio publishing, but also transforms it… Clubhouse, which centralizes creation and consumption into a feedback loop, will do for audio what Twitter, IG Stories and TikTok did for text, images, and video.
Ce mouvement pourrait traduire effectivement, une volonté de Spotify d’aller au-delà des goûts musicaux de ses 325 M d’utilisateurs, ce qu’il fait déjà partiellement avec les podcasts (25% des utilisateurs mensuels en écouteraient sur la plateforme) pour mieux cerner le graph d’intérêt de ses utilisateurs.
Des fonctionnalités plus sociales pour Spotify (un nouveau retour de MySpace?), en témoigne la diffusion du bilan annuel d’écoute de ses utilisateurs, le Wrapped, qui s’est répandu sur les différentes platesformes sociales;
Une stratégie podcast qui évolue vers davantage de talks ? la publicité a été un fort levier de progression du CA du groupe cette année, avec ce mérite que le podcast est pubable et pourrait représenter une part décroissante de reversement des abonnements aux maisons de disque. Une des motivations serait de capturer une portion du marché US du drive radio, estimé à 15 milliards de dollars ;
Vers une augmentation du prix de l’abonnement ? Netflix l’a fait à plusieurs reprises dans la vidéo, pourquoi Spotify ne le ferait pas ? surtout qu’il l’a déjà fait dans plus de 25 de ses marchés hors US. L’idée d’un forfait spécial podcast serait une autre piste;
Une réponse à Tiktok ? la puissance de l’ancien Musical.ly est telle qu’elle propulse désormais des artistes peu connus en tête des morceaux les plus consommés sur les platesformes de streaming. Tiktok n’a pas fait montre pour l’instant de volonté de lancer un service d’abonnement musical mais Sun Tzu pourrait convaincre Daniel EK, le CEO de Spotify, de préparer la guerre s’il veut la paix …
Cryptiques 🏺 : les NFTs et l’art digital
Littéralement, les NFTs sont des non-fungible tokens, c’est à dire des jetons non fongibles (non interchangeables au sens d’une monnaie, là où un billet de 10€ est interchangeable avec un autre billet de 10€).
Ces NFTs émis dans la blockchain profitent ainsi de ses propriétés : non seulement ces NFTs peuvent être échangés, mais ils conservent leur historique de transaction.
Ce qui devient intéressant c’est l’application qu’on en fait dans le domaine de l’art : selon les spécialistes qui travaillent sur les crypto-monnaies, les NFTs permettent donc de faire de l’art numérique, en théorie, reproductible à l’infini, un produit fini et unique.
NFTs allow us to completely transcend the supposed conflict between scarcity and abundance. We can now truly have our cake and eat it too. Content now gets to be both scarce and abundant.
Ainsi, partant de là, revendiquer la propriété d’une oeuvre numérique devient possible pour peu que l’artiste l’ait enregistrée dans la blockchain et on peut assister en fonction de critères esthétiques mais aussi de popularité à la variation de la valeur d’une “oeuvre numérique”, quand bien même cette dernière serait reproductible (au même titre qu’un tableau est reproductible).
Ce fil twitter résume bien les possibilités et les doutes qui subsistent réellement :
In fine, on peut avoir des doutes comme l’expérience de visionnage d’une oeuvre et sa possession sont similaires. Les partisans des NFTs prétendent que pourtant la conscience de la détention de l’oeuvre fait que ces expériences sont de nature différente…
En attendant, les professionnels commencent à accréditer le processus : la maison d’enchères Christie’s vient d’accepter de mettre aux enchères (réelles) une oeuvre (virtuelle) de Beeple intitulée “5000 days” que je reproduis donc allègrement ci-dessous.
Margrittien 🤠 : les jeux de mots d’Anatol KNOTEK
Une récente découverte au gré de la sérendipité sur internet : Anatol KNOTEK. Artiste autrichien né en 1977, son travail artistique se concentre sur des installations d’art conceptuel, avec un rendu visuel et poétique.
Ca n’est pas encore du grand art, et je ne pense pas que ces oeuvres soient NFTisables, mais elles vous arracheront sans doute un sourire.
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