Le Wrap Up de la semaine de la présentation du budget du gouvernement Barnier (semaine du 7 octobre 2024)
🇲🇽 : Fox News tente une version espagnole de ses news - 🎤 : conf sur l’IA et la production TV/ciné - 🧐 : Lionsgate signe avec Runway ML - 🔥 : Tiktok inquiété aux US - ♟️ : Rematch sur Arte.tv
Au sommaire de cette semaine :
Localisé 🇲🇽 : Fox News tente une version latina de ses news
Résumé 🎤 : conférence sur l’IA et la production TV/ciné
Précurseur 🧐 : Lionsgate signe avec Runway ML
Roussi 🔥 : Tiktok inquiété aux US sur ses “mensonges”
Rejoué ♟️ : Rematch, série sur les prémices de l’IA
⌛️ Temps de lecture : 7 minutes 17 secondes
Si vous préférez tester la version audio de cette newsletter, essayez le rendu de la moulinette Google NotebookLLM (en anglais), le résultat est toujours remarquable :
Localisé 🇲🇽 : Fox News tente une version latina de ses news
⌛️ : 1 min 46 sec
Fox News se lance dans le journalisme en langue espagnole avec "Fox Noticias," une émission quotidienne diffusée sur Fox Deportes dès le 15 octobre.
Cette initiative comprend également un site web en espagnol, visant les électeurs hispaniques, le groupe démographique à la croissance la plus rapide aux États-Unis.
La présentatrice Rachel Campos-Duffy, elle-même d'origine mexicaine, se concentrera sur des sujets qui intéressent particulièrement cette communauté, notamment la politique, l'économie et l'immigration.
En plus d'une diffusion télévisée, le programme sera accessible via diverses plateformes numériques, incluant une version podcast et des réseaux sociaux tels qu’Instagram et TikTok.
Fox n’est pas un novice dans le domaine hispanique, Fox Deportes étant la première chaîne sportive en langue espagnole du pays, lancée en 1993. Cette nouvelle offre, selon Fox, est motivée par une augmentation notable de son audience hispanique, avec une croissance marquée dans la tranche des 25-54 ans. Contrairement à des tentatives antérieures plus modestes, Fox s'appuie désormais sur des infrastructures solides pour séduire cette population qui va de plus en plus politiquements sur des positions conservatrices.
Dans un contexte où des acteurs comme CNN en Español et Telemundo sont établis depuis des décennies, Fox Noticias s'inscrit dans une stratégie plus large de diversification, notamment avec du contenu sur la religion, la météo et même un label de livres. Le lancement de ce service en espagnol intervient alors que Fox investit aussi dans son service de streaming Fox Nation, qui s'étend vers des thèmes de style de vie, comme la spiritualité.
Reste à voir si "Fox Noticias" saura s’imposer dans un paysage déjà bien occupé et capter cette audience en pleine évolution politique.
Et en France ?
Si l’on tente de faire un parallèle avec la France, l’idée serait de lancer des émissions en langue arabe en France (3 millions de locuteurs arabophones selon les estimations) pourrait combler un vide médiatique. En offrant des programmes d'actualité, de débat et de culture dans cette langue, est-ce que ce serait une autre façon d’intégrer ou au contraire d’acter d’une fracture au sein de la population française?
France24 émet depuis 2007 sur un canal en langue arabe, initialement avec 4 heures de programmes par jour (aujourd’hui de 24/24). Mais le projet initial vise une diffusion vers les pays du Maghreb et du Proche et Moyen-Orient, se voulant une façon de faire entendre la voix de la France à l’international. De 2014 à 2021, la chaîne était diffusée en version française sur la TNT Ile de France, malgré des rumeurs évoquant une fenêtre en langue arabe, mais cette diffusion s’est interrompue à la suite du non-renouvellement de sa convention par le CSA (elle reste néanmoins disponible sur le cable et le satellite).
Toutefois, le projet public reste délicat à manier tant les polémiques ont été nombreuses, que ce soit de la mise en cause par des pouvoirs arabes de l’impartialité de la chaîne ou de la tenue d’une ligne éditoriale impossible dans le conflit israelo-palestinien.
Résumée 🎤 : L’IA et la production TV/ciné (conf)
⌛️ : 1 min 49 sec
Cette semaine, c’était la rentrée de notre groupe Média et Entertainment de l'ESCP, coorganisée avec ESSEC en partenariat avec HEC Alumni et Sciences Po Médias & Journalisme.
Nous avons, grâce à un superbe casting, mis en lumière l'impact de l'intelligence artificielle sur la production TV/cinématographique.
Les intervenants de renom étaient Ardavan Safaee (Pathé Films), Marianne Carpentier (TF1/Newen) et Serge Hayat (Federation Studios). Le public a ainsi pu découvrir comment l’IA transforme la création et ouvre de nouvelles perspectives pour le secteur audiovisuel, vu de la part de professionnels qui ont déjà plongé dans le grand bain.
Un accélérateur de transformation et de créativité
L’IA joue aujourd’hui un rôle de plus en plus important dans le cinéma et les séries, de la prévisualisation des scènes à la post-production. Pour Ardavan Safaee, l’adoption rapide d’outils comme ChatGPT et MidJourney a déjà permis de produire des teasers (comme celui des Tuche 4) et d’expérimenter de nouvelles façons de pitcher des projets en cours en produisant des visuels pour venir accompagner une simple idée de scénario.
De son côté, Marianne Carpentier a partagé comment Newen a intégré les deepfakes dans "Plus Belle La Vie" dès 2020, permettant ainsi de contourner des imprévus sans interrompre le tournage.
Outil d'efficacité, mais pas de remplacement pour les talents
Si l’IA peut automatiser des tâches répétitives (sous-titrage, redimensionnement, etc.), les intervenants ont souligné qu’elle reste un outil, et non un substitut à l'instinct créatif humain. Serge Hayat voit l’IA comme un assistant précieux pour les scénaristes, facilitant le brainstorming et la conceptualisation, tout en restant convaincu de la valeur irremplaçable de la touche humaine dans les œuvres finales. Il travaille d’ailleurs en interne à un outil propriétaire d’aide aux scénaristes.
Des défis juridiques et un Star System à redéfinir ?
L'utilisation de l'IA soulève toutefois des questions de propriété intellectuelle et d'éthique, notamment sur les droits d'auteur des contenus générés. Un autre débat a porté sur l'avenir du star system, avec des exemples comme Tom Hanks qui aurait cédé ses droits de reproduction numérique post-mortem (l’info était un peu fausse, elle part du prochain film de Robert Zemeckis Here qui fait jouer le jeune Tom Hanks et le vieil acteur, et par ailleurs, une interview donnée par Hanks laissant entendre que cette évolution est inévitable). Les influenceurs virtuels et les avatars numériques annoncent ainsi une nouvelle ère pour la célébrité du futur.
En somme, une belle soirée qui a permis d’esquisser l’impact de l'IA dans le cinéma, en soulevant aussi les défis, mais surtout en ouvrant un champ d'expérimentations inédites. La soirée a témoigné d'un enthousiasme partagé et chacun a voulu se rassurer en avançant que, malgré les avancées technologiques, l'humain restera toujours au cœur de la création.
Précurseur 🧐 : Lionsgate signe avec Runway ML
⌛️ : 1 min 51 sec
C’est une nouvelle qui j’avais laissé passer début septembre mais rappelé par Ardavan Safaee lors de la conférence citée ci-dessus : Runway, une startup AI de New York soutenue entre autres par Google, Nvidia et Salesforce, se rapproche d’Hollywood en signant un accord cadre avec Lionsgate, le studio derrière John Wick et Hunger Games.
Bien que Runway ait déjà été utilisée dans le cinéma, notamment pour Everything, Everywhere, All at Once, ce partenariat marque la première collaboration directe entre un grand studio et un fournisseur d'IA vidéo, dans un secteur secoué par les grèves des acteurs et scénaristes de 2023, en partie motivées par l’incertitude de l'usage de l'IA dans la profession.
Cet accord permettra, dit le communiqué, à Runway de former un modèle d’IA personnalisé basé sur les 20 000 films et émissions de Lionsgate, en se concentrant sur la prévisualisation, la création d'arrière-plans et les effets spéciaux pour les scènes d'action. Laissant entendre que cette IA ne sera pas utilisable par le grand public, mais uniquement pour les besoins propres de Lionsgate, ou sous réserve d’autorisation par le Studio à travers des licences d’utilisation. Cela témoigne d'une ambition à long terme de la part de Runway et de Lionsgate : c’est l’émergence d’un marché B2B2P permettant à des détenteurs de vidéos de modéliser et de commercialiser ses IPs auprès de tiers créateurs, tout en touchant des droits dérivés sur ces nouvelles créations.
La technologie de Runway, qui peut générer des clips courts de quelques secondes avec des effets (très) réalistes, est bien adaptée pour réduire les coûts et les risques associés à certaines scènes délicates qui ne souffriraient pas budgétairement d’être retournée.
Cependant, quelque soit les progrès de l'IA, il est encore peu probable qu'un film complet soit réalisé uniquement avec cette technologie dans l'immédiat (je vous laisse néanmoins vous faire une idée de l’upgrade IA réalisé avec Runway sur les images du jeu vidéo GTA 4).
Pour Runway, c'est un coup de maître dans une compétition intense, où des rivaux comme Luma AI, Pika Labs ou OpenAI peinent à suivre le rythme.
Récemment, Runway a lancé une API pour son modèle vidéo Gen-3 Alpha Turbo et ajouté des fonctionnalités de transformation vidéo pour améliorer l'expérience créative. Ce partenariat souligne l'attrait croissant des studios pour l'IA, malgré les préoccupations permanentes sur les droits d'auteur.
Runway, comme d'autres, fait face à des critiques quant à l'utilisation d'images et de vidéos potentiellement soumises aux droits d'auteur, pour entraîner ses modèles, mais pour l’heure, ni le studio ni la startup ne semblent s'en inquiéter.
Dans une déclaration, le PDG de Runway, Cristóbal Valenzuela, insiste sur l'importance de l'innovation technologique pour l'expression artistique, soulignant que les modèles d'IA de Runway visent à transformer le processus créatif.
Pour Lionsgate, cette collaboration représente une nouvelle ère où l'IA pourrait bien devenir un acteur incontournable de la production cinéma, ouvrant des perspectives nouvelles pour les réalisateurs et les créateurs de contenu, tout en s'inscrivant dans une dynamique d'adaptation aux changements technologiques rapides de l'industrie.
Roussi 🔥 : Tiktok inquiété aux US sur ses “mensonges”
⌛️ : 48 sec
Cette fois la tempérture monte d’un cran pour Titkok : les procureurs généraux de plus d'une douzaine d'États américains ont décidé de passer à l'offensive contre TikTok, accusé de tirer profit de la jeunesse avec des fonctionnalités addictives pour générer des revenus publicitaires.
Les accusations portent sur des pratiques jugées "manipulatrices", comme l'utilisation de filtres de beauté, le scroll infini ou encore les notifications poussées.
Le point d’achoppement ici, c’est que TikTok fort de ses 170 millions d’utilisateurs aux US, affirme que ces fonctionnalités sont sans danger pour les jeunes.
Les procureurs généraux rappellent que l’application est très utilisée par des enfants de moins de 13 ans, dont les données sont collectées et utilisées sans le consentement des parents. En clair, on parle d'un manque flagrant de transparence et d’une volonté de maximiser le profit aux dépens de la jeunesse.
Cette accusation intervient à un moment délicat pour Tiktok toujours sous la menace d’une interdiction de territoire aux US d’ici janvier prochain pour cause d’atteinte à la sécurité nationale (toujours la crainte de potentiels backdoors au profit du Parti Communiste Chinois) : un panel de 3 juges doit prochainement décider de la constitutionnalité de la loi passé par le Congrès US dite de “vente ou de bannissement”.
Rejoué ♟️ : Rematch, série sur les prémices de l’IA
⌛️ : 46 sec
J’ai bingé ce weekend la série d’Arte sur le match Deep Blue - Garry Kasparov, Rematch.
Le pitch est simple mais les plus jeunes ne s’en souviennent peut être pas : en 1997, IBM alors au pinnacle de l’informatique, convainc le champion du monde d’échecs Garry Kasparov, vainqueur une première fois du super-calculateur Deep Blue, de jouer un match retour plus événementialisé à NYC.
La série en 6 épisodes, captivante, repart de ce duel entre l’homme et la machine, qu’on n’appelait pas encore IA, pour en faire, en prenant quelques libertés, un thriller psychologique aux résonances très actuelles sur les limites intellectuelles de l’être humain.
Parmi les quelques libertés prises, l’invention de la directrice du marketing d’IBM pour incarner les enjeux pour “Big Blue” (le surnom d’IBM à l’époque), Helen Brock et le soupçon de tricherie de la part d’IBM que les scénaristes entretiennent volontiers. L’orgueil et l’intelligence de Kasparov ajoutent pour beaucoup à la dramaturgie des différents épisodes (on revient notamment sur le duel d’anthologie entre Kasparov et Karpov au milieu des années 1980).
Après le Gambit de la Reine sur Netflix qui avait réussi la prouesse de rendre les échecs “télévisables”, on a ici un nouvel épisode pour rendre ce sport1 encore plus populaire chez les plus jeunes.
Rematch a reçu du festival Séries Mania 2024, le Grand Prix du Jury.
La fédération française des échecs, qui revendique 55.000 licenciés, est depuis 2022 reconnue comme une fédération sportive à part entière.