Le Wrap Up de la semaine de l'arrivée de la flamme olympique en France (semaine du 6 mai 2024)
💪 : Youtube superplateforme audiovisuelle - 🙁 : l’amitié en déclin ? -🧛♂️ : médias zombis, Disney et speedwatching - 🤖 : l’IA apporteur de trafic? - 🧙♀️ : Visions Chamaniques
Au sommaire de cette semaine :
⏳ Temps de lecture : 6 min 48 sec
⏱️ Si vous n’avez qu’une minute :
1. Domination de YouTube : YouTube se positionne de plus en plus comme une force majeure du temps d'écran (au moins 150m d’Américains regardent Youtube sur leur TV tous les mois, représentant un milliard d’heures par jour). Youtube Music décolle aussi avec 100m d’abonnés payants depuis début 2024.
2. Le déclin de l'amitié : Richard Reeves de la Brookings Institution met en lumière une "récession de l'amitié" qui est en train de devenir un problème majeur de santé public (et mental) : 15% des jeunes hommes déclarent aux US ne pas avoir d’amis proches.
3. Disney devient rentable dans le streaming : Pour la première fois depuis son lancement il y a cinq ans, la division streaming de Disney, qui inclut Disney+ et Hulu, affiche un bénéfice trimestriel.
4. Partenariat Presse-OpenAI : Dotdash Meredith a conclu un accord avec OpenAI pour fournir sa base de données d'articles en échange de citations dans les réponses de ChatGPT, anticipant une baisse du trafic de recherche organique due à l'émergence des moteurs de recherche alimentés par de l'IA.
5. Visions chamaniques au Quai Branly : L'exposition "Visions chamaniques" au Quai Branly se concentre sur l'ayahuasca et son rôle dans la créativité artistique, montrant des œuvres allant de l'iconographie des Shipibos-Konibos à des créations contemporaines.
⏳ Si vous avez 6 minutes 43 secondes :
Augmenté 💪 : Youtube la superplateforme audiovisuelle
⏳ : 2 min 26 sec
Deux éclairages différents ont retenu mon attention cette semaine sur le statut de mastodonte de Youtube, je pense que le monde est juste en train de réaliser à quel point YouTube est une force dominante du temps d’écran (TV, desktop ou mobile). YouTube Music est doucement mais sûrement en train de grignoter notre temps hors écran. En quelques années, Youtube est en train de devenir le plus puissant média jamais connu.
Le premier c’est la puissance affichée par Youtube avec sa chasse gardée de top creators telle que décrite par Business Insider et Hollywood Reporter
Lors des fameux upfronts (la présentation au marché publicitaire des prochains contenus marquants de chaque network et désormais chaque plateforme), Youtube s’est plus que jamais posé en acteur dominant du streaming.
Ca tombe bien les chiffres de Nielsen le plaçaient très haut sur la première place du podium du streaming en dominant sur les 12 derniers mois le temps de consommation de streaming :
In time watched on the big screen, the metric that matters to big-brand advertisers, Nielsen recently revealed that YouTube dominated streaming video viewing for 12 months straight, beating Netflix, Hulu, and others… Industry observers widely believe YouTube is taking in far less ad revenue than it should be, based on its share of view time. (Nielsen : 150 million people are watching Youtube on TV sets each month, totaling 1 billion hours daily!)
Lors des upfronts, la plateforme vidéo de Google mettra en avant ses youtubers stars qui réunissent des dizaines de millions de vues à chaque nouveau contenu. Le sport LIVE ne sera pas en reste : Youtube diffuse désormais le match phare du dimanche du football américain et semble lorgner du côté des droits de retransmission de la NBA en cours de négociation.
À titre d'exemple, lors du Super Bowl de cette année, les publicités diffusées sur YouTube ont cumulé plus de 90M de vues, et les vues sur le canal officiel de l'artiste de la mi-temps, Usher, ont quintuplé par rapport au dimanche précédent.
Cependant, cet exercice de démonstration de force se trouve confronté à :
la persistance des comportements de certains acheteurs médias qui continuent de différencier les canaux traditionnels comme la TV et les canaux digitaux par ailleurs…
Sans évoquer la différence d’appréciation entre un contenu produit à Hollywood et celui produit pour les plates-formes qui restent qualitativement (mais de moins en moins) inférieurs (le youtubeur star Mr. Beast avoue dépenser plus d’1,5M$ par épisode!). Khare la créatrice de Challenge Accepted dévoile que certains épisodes peuvent lui prendre jusqu’à un an entre l’idée et la diffusion sur sa chaîne.
Même si les contenus créés sur Youtube ne sont pas éligibles pour les compétitions du type Emmy’s Awards ou Golden Globes, la qualité est de plus en plus au rendez-vous : Neal un des producteurs de Good Mythical Morning (18m d’abonnés) rectifie d’ailleurs :
“We’re not making user generated content. We’re making independent television… If you really look at the amount of engagement and the amount of cultural influence that what is happening on YouTube and how it’s influencing culture, well, this is where it’s at. This is where it’s moving and this is where it’s been for a while. And we feel like that should be celebrated.”
Le second c’est l’ambition renouvelée de Youtube pour s’imposer dans le monde du podcast (Business Insider)
Face à l’explosion de la consommation de podcasts video sur la plateforme, Youtube a dévoilé de nouveaux outils pour les créateurs.
L’intégration est désormais totale entre l’application Youtube Music (dont les chiffres d’abonnement (avec Youtube Premium) ont en janvier dernier été annoncés au delà de 100M d’abonnés !) et Youtube pour l’écoute des podcasts soit en audio en mobilité, soit directement sur l’écran de son ordinateur ou sur sa TV.
De nouvelles fonctionnalités sont dans les tuyaux :
YouTube also offers several tools and features that creators can't get on other podcast platforms to help grow their communities, including the ability to go live, respond to comments, and post clips to YouTube shorts.
Diminué 🙁 : l’amitié en déclin ?
⏳ : 1 min 13 sec
C’est une vidéo qui date un peu mais qui met à jour un phénomène qui se répand dans le monde occidental : le déclin de l’amitié.
Richard Reeves, un chercheur senior de la Brookings Institution, revient sur ce thème et tente de cerner les tenants et les aboutissants de cette récession amicale.
Il ouvre son propos par l’ampleur du mal qui touche nos sociétés avec une solitude qui causerait autant de mal sur la santé des esseulés du même ordre que la consommation de 15 cigarettes par jour !
La réprobation sociale rend difficile la libération de la parole autour de ce thème.
Le terme de "récession de l'amitié" désigne la baisse notable du nombre d'amis proches sur qui compter en temps de crise.
Cette tendance est exacerbée par des évolutions technologiques et économiques, voire plus récemment par l’impact du Covid 19. .
Historiquement, les amitiés se formaient dans des contextes physiques—écoles, lieux de travail, ou à travers des activités associatives (notamment sportives). Cependant, à l'ère numérique, une nouvelle forme d'amitié a pu se former en ligne, sans rencontre physique. Ces relations, bien que précieuses, diffèrent notablement des amitiés traditionnelles qui sont souvent basées sur des interactions en face à face et une égalité de conditions entre les protagonistes (si on s’en réfère à Aristote).
Le mode de vie contemporain présente plusieurs obstacles à la formation et au maintien d'amitiés profondes. La mobilité géographique accrue, une part croissante de la parentalité et de l’importance des carrières ainsi que la désintégration de structures traditionnelles telles que la famille et la communauté religieuse qui limitent les opportunités de nouer des liens amicaux.
En guise de conclusion, l’interview se termine sur la nécessité de repenser comment nous valorisons et cultivons les amitiés dans un monde moderne. Comprendre et agir contre la récession de l'amitié est crucial pour le bien-être collectif et individuel, nous rappelant que les amitiés, bien qu'elles requièrent effort et intention, sont fondamentales pour l'épanouissement personnel.
Pêle Mêle 🧛♂️ : médias zombis, Disney et speedwatching
⏳ : 1 min 13 sec
Trois nouvelles cette semaine sans trop de rapport si ça n’est qu’elles méritente de figurer dans le Wrap Up :
Notion intéressante qui émerge sous la plume de Simon Owens qui fait état des médias zombis, c’est à dire des médias qui ont été rachetés par des financiers en raison de leur notoriété historique ou de leur référencement et dont le business est exploité sans nouvelle injection d’argent frais, les rendant malgré eux à des “médias zombis”;
C’est le cas de l’annonce de Vice aux Etats-Unis avec le groupe Savage Ventures (les Barbares aux portes ne sont pas loin!); En France, on pensera à des groupes comme Reworld qui se sont fait une spécialité de racheter à la casse d’anciennes gloires de la presse pour leur faire subir une cure d’amaigrissement drastique.
The joint venture marks a shift in Vice Media's strategy to focus more on licensing content to other businesses, rather than monetizing content through advertising.
Disney a annoncé cette semaine que sa filiale de Streaming rassemblant Disney+ et Hulu affichait un résultat positif pour la première fois depuis son lancement il y a 5 ans.
Ils ont généré 47 millions de dollars de bénéfices au premier trimestre, contre 587 millions de dollars de pertes sur la même période l’an dernier. Avec 153,6 millions d'abonnés tous services confondus à fin mars,… le portefeuille d'abonnés est en croissance de 6%, soutenu par le dynamisme de l'Amérique du Nord (+17% sur un an). Le CA de la branche streaming a progressé de 13% sur un an [notamment grâce à la publicité!]
Cette semaine on apprenait que l’accélération des médias et de notre époque touchent massivement notre consommation des contenus médias en ligne : 30% des consommateurs de ces plates-formes auraient recours au speedwatching.
YouTube mais aussi Netflix offrent à leurs utilisateurs la possibilité de choisir, dans les paramètres, une vitesse de lecture de 1,25 à 2x plus rapide. Aujourd’hui, 30 % des utilisateurs y auraient recours !
AIndexé 🤖 : l’IA comme apporteur de trafic pour les médias?
⏳ : 1 min 1 sec
Axios nous apprend cette semaine que le groupe Dot Dash Meredith vient de signer un accord avec OpenAi pour lui fournir sa base de données d’articles en échange de citations dans les réponses de ChatGPT liant les articles, notamment ceux qui ont trait à l’actualité, dont s’inspire le LLM pour formuler ses réponses.
Ce qui est intéressant ce sont les raisons invoquées pour la passation d’un tel accord :
Search referral traffic to web publishers is expected to decline by at least 25% by 2026, thanks to generative AI-powered search engines. Some publishers could see their organic Google search traffic decline by up to 60%.
Ainsi ces anticipations de la baisse de trafic provenant des moteurs de recherche seraient l’une des causes qui poussent les titres de presse à miser sur l’importance croissante des moteurs d’IA comme relais de croissance de trafic.
Par ailleurs, le communiqué indique que Dot Dash Meredith enrichira D/Cipher un outil qui permet aux annonceurs de cibler les consommateurs en raison du contenu des articles : OpenAI va donc renforcer D/Cipher avec sa technologie IA “offrant des possibilités de ciblage et d’améliorer de la performance publicitaire dans un monde appelé à se passer de cookie”.
Particulièrement marquant dans le cas de Meredith c’est son actionnaire IAC qui avait tenté en vain de monter une coalition de groupes médias contre OpenAI pour faire respecter son droit d’auteur. Enfin, le PDG de Dotdash Meredith, Neil Vogel, avait été très affirmatif lorsqu’il avait indiqué il y quelques semaines qu’aucun article de ses publications ne serait généré par une intelligence artificielle !
Planant 🧙♀️ : Visions Chamaniques au Quai Branly
⏳ : 51 sec
Profitant du weekend de l’Ascension à Paris, j’ai plongé dans les méandres de l’exposition "Visions chamaniques", un peu attiré par le titre dont le sous-entendu au Quai Branly, était qu’on allait voir comment ce mysticisme se retrouvait dans de multiples cultures à travers le monde.
Eh! bien pas du tout, le sous-titre était très explicitement centré sur la culture amazonienne et plus particulièrement sur l’usage, popularisé dans la culture occidentale new-age, de l’ayahuasca et son application dans le champ de la production artistique.
L'ayahuasca, surnommée la "liane des morts" par les peuples Quechua, est au cœur des pratiques spirituelles de nombreuses communautés autochtones de l'Amazonie occidentale. Ce breuvage hallucinogène, qui fascine l'Occident depuis son introduction par la Beat Generation (en particulier William S. Burroughs), est consommé dans des contextes chamaniques, pour ses propriétés thérapeutiques ou divinatoires.
Ici, c'est son rôle dans la créativité artistique qui est mis en avant, approche que j’ai trouvé moins intéressante que l’idée initiale que je m’en faisais.
L’expo montre ainsi une variété d'expressions artistiques, allant de l'iconographie géométrique des Shipibos-Konibos (les plus belles, les “Kéné”) à des œuvres plus contemporaines de figures littéraires telles que William S. Burroughs et Allen Ginsberg, ainsi que les films visionnaires de Jan Kounen (totalement indigeste à mon goût). On notera au passage les intéressantes sculptures sur bois “paréidoliques”1 de l’école ONANYATI.
Paréidolie : Type d'illusion qui fait qu'un stimulus vague ou ambigu est perçu comme clair et distinct par un individu. Autrement dit, tendance instinctive à trouver des formes familières dans des images désordonnées (dans les nuages, les constellations…).
Comme chaque semaine, merci beaucoup Christian pour cette newsletter riche en information! Quelle est la source de la note au sujet du speedwatching? Merci beaucoup!