Le Wrap Up de la semaine de la nouvelle inauguration de Lula en tant que président du Brésil (semaine du 3 janvier 2023)
5 bullet points médias, tech, NFTs avec une recommandation culturelle à la fin
⌛️ : temps de lecture 8 min 8 sec
Bienvenue à la centaine de nouveaux inscrits au Wrap Up, merci à Substack pour les suggestions pertinentes de son algorithme 🤗
Au sommaire de cette semaine du Wrap Up :
Matérialisés 🤑 : les influenceurs virtuels chinois toujours plus présents
Plateauisés 🎥 : les investissements en films et séries marquent une pause
Contre-attaqués 🕵️♂️ : les premiers détecteurs de ChatGPT arrivent
Matérialisés 🤑 : les influenceurs virtuels chinois toujours plus présents
⌛️ : 60 sec
Le Géant chinois Baidu a récemment communiqué sur le nombre de projets incluant des avatars virtuels pour ses clients annonceurs: un chiffre qui a doublé depuis 2021, avec une gamme de prix pour louer ces “services” à l’année s’étendant de 2 800 dollars (pour un avatar 2D) à 14 300 dollars (pour un 3D). Les secteurs les plus demandeurs sont le secteur financier et les offices de tourisme locaux.
Virtual people are a combination of animation, sound tech and machine learning that create digitized human beings who can sing and even interact on a livestream. While these digital beings have appeared on the fringes of the US internet, they’ve been popping up more and more in China’s cyberspace.
Pekin a annoncé en août dernier, un plan massif d’investissement pour devenir leader de cette industrie des “personnes virtuelles”, une industrie estimée à plus de 7 milliards d’euros en 2025.
Selon Kantar China, près de 45 % des annonceurs ont déclaré qu'ils pourraient sponsoriser la performance d'un influenceur virtuel ou inviter une personne virtuelle à participer à un événement de leur marque au cours de l’année 2023.
Sans surprise, un tel engouement est aussi le résultat des polémiques susctités par les influenceurs de chair et d’os, qui face à des perspectives de revenus faciles, ont pu céder aux sirènes d’annonceurs peu scrupuleux (notamment dans la crypto) ou se seraient encore rendus coupables d’évasion fiscale.
Une des figures de proue de ce phénomène d’influenceur virtuel en Chine est la chanteuse Luo Tianyi qui “existe” depuis 2012, compte près de 3 M de fans (surtout en Chine) et qui avait, fait notable, participé à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver l’an dernier en Chine.
Plateauisés 🎥 : les investissements en films et séries marquent une pause
⌛️ : 1 min 15 sec
Les Echos se penchent cette semaine sur la fin de l’opulence dans la production des studios US en particulier sous l’effet d’un ralentissement des commandes des plates-formes de streaming :
Le ralentissement est assez spectaculaire. Les investissements (tous contenus confondus : fictions, sport, divertissements, productions originales et acquisitions, etc.) n'avaient cessé de grimper ces dernières années (hors pandémie) passant de 128 milliards de dollars (120 milliards d'euros) en 2013 à autour de 242 milliards prévus en 2023.
« Les plates formes de streaming vont sans doute faire davantage de programmes moins onéreux, dans le divertissement, les reality shows notamment. Les ménages vont prendre moins d'abonnements compte tenu du contexte d'inflation dans de nombreux pays. » Hannah Welsch, analyste chez Ampere Analysis.
Pour faire simple : on continue les grosses productions type Seigneur des Anneaux, all-in pour les plates-formes stars pour marquer leur territoire et leur identité, mais tout le milieu de gamme, notamment américain, sera mis à la diète au profit d'un boost sur les productions locales avec un fort potentiel d’internationalisation (pensez Lupin, Squid Game1, …)
Côté abonnements, Morgan Stanley confirme voir de son côté un ralentissement de la croissance en 2023 avec moitié moins de nouveaux abonnés, et des pertes des grands acteurs du streaming de l’ordre de 10 Md$ ! (Netflix restant l’exception avec 5,5 Md$ de profits).
Il faut dire que les cadences tournaient à plein en Californie avec près de 1000 films et séries produites aux US, soit un triplement en 3 ans! Une course au volume qui avait suscité une sortie de Ben Affleck contre la “production à la chaîne” imposée par ce rythme infernal :
Affleck then said that there is “no committee big enough” to make 50 great movies in a year. “There aren’t enough — you just can’t do it,'” he said. The Accountant star said that it takes “attention and dedication and work” to make a movie and he is not interested in following the “assembly line process” as the streaming platforms.
Contre-attaqués 🕵️♂️ : les premiers détecteurs de ChatGPT arrivent
⌛️ : 1 min 37 sec
C’est l’histoire d’Edward Tian, étudiant Princeton, qui pendant ses vacances de Noël, s’ennuie et se met à essayer d’élaborer le premier filtre à ChatGPT afin de dire si un essai est le fruit d’un humain ou de l’IA.
L’application dénommée GPTZero analyse de courts textes qui lui sont soumis en le faisant passer au tamis de plusieurs critères révélateurs de la façon dont les humains rédigent :
le caractère aléatoire d’un texte (sa “perplexité”), une intelligence artificielle (en l’occurrence GPT-2) apprécierait à quel point elle aime le texte d’un point de vue algorithmique : plus elle aime votre texte, moins elle relève d’irrégularités, plus il y a des chances qu’il soit l’émanation d’une IA;
La longueur du texte : plus les textes sont longs, plus ils permettent de réduire le caractère aléatoire et donc permette de se faire une meilleure idée sur la perplexité.
Enfin la “Burstiness”, l’effet de surgissement : le fait de faire apparaître des éléments peu communs dans des groupes de mots (ou des associations assez improbables de mots). Par contraste, une IA a une “perplexité” assez uniformément distribuée et “peu surprenante” pour des textes générés par ordinateur.
La puissance de ChatGPT fait, on le voit, craindre à la plupart des métiers d’édition (de l’écrivain au marketing opérationnel, en passant par le professeur d’université) que l’on rentre dans une ère du plagIAt (en anglais AIgiarism).
Pour contrer les éventuels luddites, les créateurs d’OpenAI ont pris les devants et indiqué qu’ils allaient prochainement publier une sorte de watermark sur les textes ainsi générés :
In a lecture at the University of Texas, OpenAI guest researcher Scott Aaronson said that the company was working on a system for countering cheating by “statistically watermarking the outputs”. The technology would work by subtly tweaking the specific choice of words selected by ChatGPT, Aaronson said, in a way that wouldn’t be noticeable to a reader, but would be statistically predictable to anyone looking for signs of machine-generated text.
Une démarche très similaire dans la philosophie à celle d’Edward Tian qui croule sous les demandes de VCs désireux d’investir dans les éventuelles applications commerciales de son anti-ChatGPT, même si Tian se défend d’être sectaire et anti-Intelligence Artificielle :
“Humans deserve to know when the writing isn’t human,” Tian said. “There’s so much hype around ChatGPT and AI generation lately, that humans deserve to know the truth.”
Qu’on se rassure : de l’aveu des experts en AI (et quelques enseignants aussi, ChatGPT serait un “pipoteur” en puissance, il masque certains sujets qu’ il ne maîtrise pas très bien et cache cela sous une logorrhée plutôt convaincante mais dépourvue de sens, comme un étudiant qui aurait fait l’impasse sur des parties du programme. Cependant, les correcteurs de copie auront-ils la même efficacité que GPTZero ?
Prédictions 2023 🔮 (2/4) : les élucubrations de TV Rev
⌛️ : 3 min 10 sec
2ème épisode de notre série des prédictions 2023, cette semaine celles du site d’informations média TV Rev qui s’apesentit sur les évolutions du secteur audiovisuel:
Les 2 maux de l’industrie TV resteront non résolus :
Le premier orienté consommateurs : le search. Aucune interface n’a à ce jour une bonne compréhension de nos pratiques médias et de nos abonnements (ceux souscrits via votre opérateur ou en direct ou encore via l’appstore), aucun en tout cas n’a de connaissances suffisantes pour véritablement vous offrir de la pertinence;
Le second B2B : la question insolvable des droits de reprise entre les cablo et les diffuseurs dont la dernière bataille Canal - TF1 a été encore une illustration : comment développer une base de services en lien direct avec le consommateur si une partie de votre modèle économique (encore plus frappant aux US) dépend de la rémunération de la part d’agrégateur comme les FAI ou cablo-opérateurs;
Le debundling crée de nouvelles opportunités de… bundle : en clair, le fait que le cord-cutting (là encore un sujet plutôt US) dégroupe les offres d’internet, de télévision et de téléphonie, va amener les différents acteurs à recomposer de “nouvelles offres de bundle” pour attirer les consommateurs qui ne veulent pas nécessairement gérer 25 abonnements à la fois ou à la carte. Ce qui explique d’ailleurs en grande partie, les repositionnements de Canal+ ou encore d’Amazon Vidéo comme nouveaux portails de services de télévision, proposant même les offres de leurs concurrents. A surveiller : les équipementiers en embuscade qui proposent des offres découvertes à des services payants en lien avec l’achat de leurs nouveaux écrans (et une rétrocommission pour eux);
La TV traditionnelle ne va toujours pas mourir : certes les chiffres du live sont en baisse, certes la consommation délinéarisée va progresser, mais la TV va continuer de rassembler des masses considérables pour une consommation en instantanée autour d’un seul programme. En France, TF1 continuera de sortir chaque année une série événement comme HPI qui tout à coup étonne tout le monde et dépasse les 10M de téléspectateurs!
La mort du partage de mot de passe : Canal avait pris le parti d’en rire, mais il semble qu’en 2023, le filet se resserre encore un peu plus sur le partage de codes. Que ça soit à travers le transfert de l’historique de consommation vers un nouveau compte ou la possibilité de rester sur le compte parent mais à un prix légèrement supérieur, les plates-formes d’abonnement ont décidé qu’elles allaient amener doucement les profiteurs à passer à la caisse;
La mesure de l’audience du streaming rentre dans les mœurs : les instituts de mesure, les agences médias et les annonceurs (Médiamétrie, l’UDECAM et l’Union des Marques (UDM) en France) ont gagné la partie contre Netflix. En effet, l’industrie publicitaire traditionnelle a réussi à lui faire entendre raison et à la faire passer sous les fourches caudines de la mesure d’audience unifiée pour satisfaire les annonceurs, sourcilleux de mesure de leur budget marketing.
Les adblockeurs se font désirer : les petits consommateurs de TV et ceux qui bloquent activement les publicités sont en général des populations éduquées à fort pouvoir d’achat, deux bonnes raisons pour que les annonceurs cherchent à leur “parler” plus et pourtant cette population est réfractaire à la publicité, ce qui rendra cette dernière d’autant plus désireuse de toucher cette cible.
Le sport va continuer son exode vers le streaming (et le streaming de ressembler à la TV tradi), quitte à ce que chaque sport soit tenté de construire son propre service de streaming;
la qualité des programmes va remplacer la quantité : les plates-formes à la recherche d’économies vont réduire la voilure sur le nombre de nouvelles séries et films (voir ci-dessus).
La relinéarisation des chaînes en SVOD toujours à l’œuvre : le succès des FAST (free ad-supported TV) comme Pluto TV, se poursuit avec l’envie de réduire le choix des consommateurs sur une verticale de contenus désignées. Paramount+, Peacock et Discovery+ ont déjà opté pour la création de chaînes de TV au sein de leur univers à la demande.
They can be a way for the programming team to show off their chops, creating the TV equivalent of mix tapes. (Or Spotify playlists, depending on your generational reference point.) Which creates fans and gives viewers the feeling that the service “gets” them.
That, and people like not having to worry about making a decision every time they turn on the TV.
la guerre des OS va s’intensifier : trois blocs vont s’affronter pour contrôler, sans y parvenir totalement, la façon dont le consommateur va accéder au contenu (et son corollaire la collecte de la précieuse data), d’abord le camp des Constructeurs (Samsung, LG), la team Internet (Google avec Android TV, et les streamers) et aussi en France, le groupe des FAI bien sûr, qui ont tout de même laisser pour une large partie Google prendre la main sur leurs boxes.
Rhabillée 🖼 : Frida Kahlo et les apparences ?
⌛️ : 50 sec
C’est une des expositions à succès de l’automne et de l’hiver, “Frida Kahlo au delà des apparences” au Palais Galliera, musée consacré à la mode.
L’exposition s’attache à rentrer dans l’intimité de l’artiste mexicaine, dont la fièvre révolutionnaire communiste, la vie de souffrance liée à la maladie (et à un accident tragique de tramway), l’ambiguïté de ses orientations sexuelles, sans bien sûr négliger sa libération du joug conjugal, notamment de l’ombre de son mari Diego Rivera, et enfin sa mort précoce, rassemblent tous les ingrédients pour faire de Frida Kahlo, la Che Guevarra des nouvelles générations (et ce que cela suppose aussi d’exploitation commerciale).
Qu’on me pardonne cette légère ironie mais l’exposition est aussi riche en corsets et robes traditionnelles mexicaines dont elle fera son apanage (le style Tehuana), qu’elle est pauvre en œuvres picturales de la madone mexicaine.
L’exposition s’appuie sur une montagne de documents retrouvée dans la maison bleue (la Casa Azul à Mexico), seulement récemment (en 2004)2 pour documenter la vie plus que l’œuvre de Frida.
Pour creuser la Fridamania, je vous recommande en revanche ce podcast de Jean Lebrun, le Vif de l’Histoire.
Netflix avait à l’époque annoncé vouloir investir 500 M$ dans les productions coréennes et a diffusé près de 25 productions coréennes en 2022.
On comprend que Diego Rivera avait fait condamner certaines des pièces dans lesquelles avait vécu Frida Kahlo.