Le Wrap Up de la semaine de la marche contre l'antisémitisme (semaine du 6 novembre 2023)
🌟 : naissance de l’omni-star - 👩⚖️ : le procès Google - 📋 : les agences de presse en direct avec le consommateur - ✚ : TF1+ sur la rampe de lancement - 📸 Corps à Corps à Beaubourg
Au sommaire de cette semaine :
⌛️ Temps de lecture : 8 min 20 sec
Stellogénique 🌟 : la naissance de l’omni-star
⌛️ : 1 min 52 sec
The Economist dans son sujet de couverture cette semaine The dawn of the omnistar traite de l'impact de l'intelligence artificielle (IA) sur le monde du spectacle et la célébrité. Par un des aspects pas encore totalement identifiés, il souligne comment l'IA, après avoir transformé des emplois ordinaires, s'attaque désormais aux métiers les plus glamours, notamment à Hollywood et dans l'industrie musicale.
Les stars comme Scarlett Johansson et John Grisham poursuivent des entreprises technologiques pour utilisation non autorisée de leur image et de leurs mots, tandis que les studios de cinéma se sont mis d'accord pour offrir une protection aux syndicats d’acteurs contre les rivaux robotiques.
Cependant, loin de diluer le pouvoir des stars, l'IA va selon l’article, les rendre encore plus omniprésentes, leur permettant d'être présentes dans tous les marchés, dans tous les formats et à tout moment.
Far from diluting star power, AI will make the biggest celebrities bigger than ever, by allowing them to be in all markets, in all formats, at all times. Put your hands together—or insert your earplugs if you prefer—for the rise of the omnistar.
Dans une rapide rétrospective, l’article retrace les évolutions de la célébrité moderne à chaque époque de changements technologiques. Dès le XVIIIème siècle, la diffuse de la lecture dans la population a permis de faire grandir démesurément la renommée de son vivant. Plus tard, le cinéma, la radio et la télévision, initialement perçus comme des menaces, ont encore fait amplifié la renommée, créant des superstars et des mégastars.
Film and radio initially seemed like a threat to stars, who worried that their live performances would be devalued.
Aujourd'hui, même si des plateformes comme YouTube et TikTok ont considérablement diversifié le type de contenu consommé, en abaissant les barrières à l’entrée pour les petits producteurs de contenus, cependant les plus grands succès restent dominés par les plus grandes stars, comme l'illustre Taylor Swift avec sa tournée lucrative.
L'IA va intensifier cette tendance. Les mégastars pourront être omniprésentes grâce à des technologies comme le doublage IA et le “Botox numérique”, leur permettant même de faire montre de leurs talents post-mortem.
In a sea of choice audiences rely more on recommendations, both algorithmic and human, which funnel them towards the most popular content.
Les opportunités se multiplient avec des avatars comme ceux d'ABBA (le spectacle d’hologrammes) et des chatbots de célébrités sur les réseaux sociaux, ou encore le morceau des Beatles sorti cette semaine avec la voix de John Lennon…
Cela pose évidemment des questions sur les droits d'auteur et le paiement équitable des différents contributeurs (imaginons par exemple que Jean Dujardin crée un bot OSS117, qui devra être rémunéré ? Le réalisateur, l’acteur ou les héritiers de Gérald de Villiers?)
Cependant, l'IA pourrait également ennuyer. Bien qu'elle soit douée pour remixer et régurgiter du matériel ancien, elle semble moins efficace pour créer du contenu véritablement innovant et excitant (voir l’article sur la création musicale). L'industrie du divertissement, à la recherche d’une rentabilité facile, pourrait favoriser des idées déjà éprouvées et des franchises. Néanmoins, le marché du divertissement s’autocorrige également : les consommateurs continuent de valoriser le drame humain.
Terminal 👩⚖️ : le jugement dernier de Google est-il proche ?
⌛️ : 1 min 22 sec
La newsletter BIG de Matt Stroller traite de l’actualité des big techs aux Etats-Unis, cette semaine elle s’arrête sur le procès antitrust majeur contre Google, supervisé par le juge Amit Mehta à Washington D.C.
Ce procès est le résultat d'une pression politique et d'enquêtes menées par le gouvernement fédéral et des États, le Congrès et des organismes internationaux. Google est accusé de monopoliser trois marchés distincts liés à son moteur de recherche :
les services de recherche générale;
les publicités textuelles de recherche générale;
et les publicités de recherche.
La Division Antitrust du Département de la Justice soutient que Google détient un pouvoir monopolistique dans ces marchés et utilise des pratiques déloyales pour écraser la concurrence, plutôt que de simplement offrir un meilleur produit.
L'argumentation du gouvernement s'appuie sur des analyses d'experts et des témoignages affirmant que Google est le principal concurrent des autres moteurs de recherche générale. De plus, le gouvernement affirme que Google maintient son monopole par des accords par défaut coûteux avec des partenaires comme Apple et Samsung, empêchant ainsi la concurrence d'acquérir des utilisateurs et de se développer.
D'autre part, Google se défend en contestant les définitions de marché du gouvernement et en affirmant qu'il fait face à une concurrence féroce dans chaque type de requête, notamment de la part d'entreprises comme Amazon et Expedia. Google conteste également l'unicité de ses publicités Adwords et soutient que si les annonceurs paient plus cher, c'est parce qu'ils reçoivent une valeur supérieure. En outre, Google argue que ses accords par défaut avec des équipementiers stimulent la concurrence sur d'autres marchés, comme les navigateurs internet et les appareils mobiles.
Le procès soulève des questions sur l'ouverture et la transparence des procédures judiciaires, en particulier en raison des fermetures fréquentes de la salle d'audience.
Cependant, grâce à la couverture médiatique, des mesures ont été prises pour rendre le procès plus accessible au public. Cette affaire est cruciale non seulement pour Google, mais aussi pour l'ensemble des entreprises américaines, car elle pourrait redéfinir la manière dont le pouvoir des entreprises est régulé aux États-Unis. Le jugement du juge Mehta (c’est son nom), quel qu'il soit, aura probablement des répercussions majeures et pourrait même atteindre la Cour Suprême en appel.
Désintermédiés 📋 : les agences de presse tentent le D2C
⌛️ : 2 min 27 sec
Axios Media souligne dans sa dernière livraison à quel point Bloomberg Media est un succès commercial et atteint désormais plus de 500 000 abonnés, selon Julia Beizer, directrice numérique du groupe initialement réputé dans les terminaux d’informations pour salles des marchés.
Lancé en 2018, l'abonnement numérique de Bloomberg dédié au secteur des médias, coûte la coquette somme de 34,99 $ par mois (420 dollars par an !). Ce succès s'explique par la stratégie de Bloomberg de cibler des audiences professionnelles très spécifiques (ici les médias) et de chercher une audience cible internationale, se démarquant ainsi d'autres médias nationaux américains qui se concentrent des sujets d’informations généralistes, comme la politique ou le lifestyle.
Beizer souligne dans son interview que Bloomberg réussit particulièrement bien auprès des décideurs d'affaires, notamment dans les domaines de la finance, de la technologie et des télécommunications. La firme cherche donc à attirer des décideurs d'autres secteurs, comme les ressources humaines, cibles traditionnellement assez éloignées des sujets de prédilection de Bloomberg.
En termes de répartition géographique, 60% des abonnés de Bloomberg Media sont américains, tandis que 20% se trouvent en Europe et au Moyen-Orient et 20% dans la région Asie-Pacifique. Cette répartition reflète les schémas de trafic de l'entreprise, qui s'est efforcée d'élargir son audience à l'international, même en dehors des principales capitales financières.
Bien que Beizer n'ait pas précisé le nombre d'abonnements d'entreprise, elle a indiqué que Bloomberg cherche à très fortement développer ce segment qui n'a débuté qu'en mai 2022.
Maintenant que le business d'abonnement de Bloomberg Media a atteint une masse critique, l'entreprise vise à travailler sur la stabilité de cette audience (on comprend qu’elle fut conquise à grand renfort d’efforts marketing pour aller chercher cette cible, l’enjeu étant vu le prix de l’abonnement d’augmenter la durée de vie des abonnés).
Pour cela, elle encourage les abonnements à long terme (comprendre gros rabais pour un engagement dans la durée) et améliore l'expérience utilisateur (qui serait contre? quand on a connu l’aridité d’un terminal Bloomberg), notamment en supprimant les publicités programmatiques, en optimisant les processus de paiement ou encore en ajustant son paywall pour fidéliser davantage les utilisateurs (A/B testing)
Concernant les prochaines étapes, Beizer ne donne pas de calendrier précis mais dit viser le million d'abonnés en moins de cinq ans.
Ce mouvement est très intéressant à l’heure où les agences de presse tentent de trouver leur place dans l’économie de l’information, c’est la disponibilité des fils d’infos, à peine transformés par les médias (ce qu’on appelle le bâtonnage de dépêches auquel tous les jeunes journalistes se sont adonnés comme rite initiatique), qui avait fait le succès initiale des agrégateurs type Google News et qui pour la première fois mettait quasiment à égalité journalistes professionnels et amateurs.
L’AFP en France, dont on souligne régulièrement les difficultés économiques, avait tenté il y a quelques années de monter une startup interne cherchant à aider les entreprises à communiquer avec le “savoir-faire journalistique” (je n’ai pas dit des journalistes), ce qui n’allait pas sans poser des questions déontologiques ou de muraille de Chine entre les services commerciaux et les services éditoriaux de la vénérable agence de presse française. Cette désintermédiation qui vise directement les professionnels de certains secteurs (au détriment avouons-le des magazines et journaux qui sont les principaux clients des agences de presse) est intéressante à suivre et peut sans doute devenir un modèle à répliquer sur d’autres niches (à 17 M$ de revenus annuels tout de même).
Télévisé ✚ : Rodolphe Belmer partage sa vision pour TF1
⌛️ : 1 min 25 sec
Rodolphe Belmer, PDG de TF1, a donné dans le Figaro ce weekend les détails de sa nouvelle stratégie pour le groupe, reposant en partie sur la nouvelle plateforme de streaming gratuit du groupe, baptisé TF1+ (on reconnaît l’enfant de Canal+) dont la date de lancement est prévue pour le 8 janvier sur les box et télévisions connectées.
Belmer souligne trois axes stratégiques majeurs pour le groupe :
le développement des revenus publicitaires sur la télévision linéaire, essentiellement par l’investissement dans les programmes;
la consolidation de leur leadership auprès de l'audience globale, tentant de faire adopter la perspective de la puissance cumulée TV + digital par rapport à des acteurs qui ne seraient que l’un ou l’autre;
enfin, l'innovation dans le streaming gratuit.
TF1+ se présente comme une réponse à la tendance croissante à la consommation de contenu longs consommés en ligne en France (comprendre que TF1 ne se pose pas en concurrent de plateforme de “snacking” à la YouTube).
Aujourd’hui en France, sur 100 heures de programmes longs consommés, 35 le sont à la demande. Ce changement d’usage, porté par les téléviseurs connectés, explose et donne naissance à un nouveau marché considérable pour la publicité digitale. L’attention du téléspectateur sur sa télévision est bien supérieure à celle sur son smartphone, et Netflix comme Disney l’ont bien pressenti en lançant des offres avec publicité.
Cette plateforme sera gratuite (RIP MyTF1 Max) et bénéficiera d’une distribution étendue sur Orange, SFR, Bouygues Telecom, et les principales marques de télévisions connectées. Belmer souligne que ce lancement sera à coût zéro grâce à un programme d'économies de 40 M€.
15 000 heures de programmes disponibles (y compris des saisons antérieures de séries populaires), environ 200 films familiaux et 200 séries ainsi qu’une offre d'information à la demande nommée Top Info (des formats courts et approfondis sur l'actualité, réalisés par la rédaction de TF1 et sans doute de LCI).
Une innovation notable de TF1+ est la fonctionnalité Top Chrono, qui permettra de créer des résumés personnalisés de matchs ou d'événements sportifs, ainsi qu'un algorithme de recommandation unique pour “l'écoute conjointe”1, tenant compte des profils de chacun des spectateurs alors devant la TV.
Belmer ambitionne d'atteindre une part de marché à deux chiffres d'ici trois ans, soit avec les chiffres d’aujourd’hui un doublement du CA passant de 90 à environ 200+ M€, ce qui à CPM constant, représente ni plus ni moins le doublement de la consommation de programmes de l’actuelle MYTF1 (qui a vocation à s’estomper au profit de cette nouvelle plateforme).
La gratuité de TF1+ et sa distribution nous permettront de proposer des inventaires massifs. Même si cela accélère l’érosion de la consommation de la télévision en direct, ce dont je doute, cela reste positif. Grâce à la personnalisation, les tarifs publicitaires sur TF1+ seront trois fois supérieurs à celui de la publicité sur le linéaire.
Vu 📷 : Corps à Corps à Beaubourg
⌛️ : 54 sec
L'exposition "Corps à corps - Histoire(s) de la photographie” actuellement au Centre Pompidou à Beaubourg, sort des grandes catégories traditionnelles de la photo (le portrait, l'autoportrait, le nu, ou la photographie humaniste) pour offrir une perspective thématique par le sujet abordé.
En explorant des visions uniques de la photographie (c’est un croisement entre les collections du Musée et la collection privée du cinéaste Marin Karmitz), la très longue exposition met en lumière les similitudes entre artistes, leurs obsessions communes tant dans la façon d’envisager le sujet, que la technique appliquée.
Les différents thèmes abordés sont :
Les premiers visages
Automatisme ?
Fulgurances
Fragments
En soi
Intérieurs
Spectres
Deux oeuvres qui m’ont particulièrement marquées :
La fresque de Hans Eijlkelbaum : 10 ans après avoir terminé le lycée, le photographe demande à son assistant d’aller interviewer différentes personnes alors fréquentées pendant ces années, sans les avoir revues depuis, il se photographie ainsi dans l’accoutrement de l’imaginaire de ses camarades de lycée.
Le travail de Lewis Hine qui milita au début du XXème siècle aux US pour témoigner de la violente réalité du travail des enfants. L’usage de méthodes variées pour diffuser ces images à un large public: projection de diapositives, reproduction dans des revues aux convictions progressistes (comme The Survey) ou encore production de panneaux d'exposition à partir de photomontages, qui rendent compte de l'engagement politique de ce pionnier de la photographie documentaire.
Quand on regarde à plusieurs comme le nom ne l’indique pas.