Le Wrap Up de la semaine où Bayrou a dévoilé les orientations du budget 2026 (semaine du 14 juillet 2025)
📼 : le retour de l’analogique - 🚀 : Netflix crève l’écran - 🗣️ : Fox News se paie un podcast - 🧑🤝🧑 : comment l’IA modifie déjà notre langage - 🔨 : Saint Phalle et Tinguely au Grand Palais
Au sommaire de cette semaine :
Familier 🧑🤝🧑 : comment l’IA modifie déjà notre rapport au langage
Animés 🔨 : Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely au Grand Palais
⏳ Temps de lecture : 8 min 22 sec
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🎬 Colonel Motor, c’est la structure de conseil que j’ai fondée en 2020 à mon départ de TF1, avec une conviction simple : accompagner les acteurs des industries créatives (médias, production, apps B2C, IA) dans leurs projets stratégiques et leurs levées de fonds.
📆 Pour la rentrée 2025, je suis à la recherche de nouvelles missions autour de mes sujets de prédilection :
✅ (Re)clarifier une stratégie ou ajuster une ambition internationale
✅ Générer de nouveaux revenus (diversification, nouvelles offres, spin-off)
✅ Faire atterrir un nouveau projet digital, de l’idée au MVP
✅ Préparer une levée de fonds (deck, valorisation, mise en relation BAs, VCs, family offices)
📩 Si l’un de ces sujets vous parle — ou si vous pensez à une structure qui pourrait être concernée — je serais ravi d’en discuter !
Le groupe WhatsApp du Wrap Up (experimental) est disponible ici : News, sondages et coulisses, c’est là que ça se passe :
Analogique 📼 : le grand retour
⏳ : 1 min 44 sec
Rage against the machine : le retour inattendu du vinyle, de la pellicule, et du papier glacé
Oubliez l’IA qui compose des symphonies, écrit des poèmes ou vous refile un énième playlist “inspiré de vos goûts”.
Le vrai snobisme 2025 : écouter du jazz sur vinyle, appareil photo argentique à la main et magazine imprimé sous le bras. La “hype rétro” fait de la résistance.
Vinyle et K7 : le retour du palpable
Dans la ville de Chicago, c’est la ruée : les disquaires fleurissent, portés par un vent de nostalgie qui s’est transformé en business solide.
Les chiffres parlent d’eux mêmes : +7% de ventes de vinyles en 2024 aux US, 44 millions de galettes écoulées pour 1,4 Md$ – et Taylor Swift (who else?) en vend 2,2 millions sur son seul dernier album.
Même les cassettes font un come-back improbable, +200% au Royaume-Uni début 2025, dans un étrange revival du crayon HB1.
À deux pas des vinyles, le labo photo Bellows affiche complet : la demande de films a doublé en cinq ans, alors que le prix des pellicules Kodak a bondi de 50% depuis 2019.
Et dans les cinémas arty, les projections en 35mm affichent complet des semaines à l’avance. Pendant ce temps, les médias “morts” ressuscitent : Playboy imprime à nouveau, Life Magazine revient en kiosque, et des titres iconiques au UK comme NME (pour New Musical Express) ou Saveur (gastronomie) relancent les rotatives. Papier is the new cool.
Pourquoi cet engouement ?
On invoque la nostalgie. Mais la vraie cause est à chercher du côté d’un ras-le-bol généralisé du tout-algo. Selon The Economist, la génération TikTok, bombardée de playlists Spotify générées par IA et de photos où l’ex peut disparaître d’un clic, cherche une “authenticité” que le digital a totalement diluée.
“C’est comme le mouvement Slow Food contre le fast-food”, dit un artiste anglo-italien, Jack Savoretti, qui ne jure que par l’analogique2 : reprendre la main sur le choix, ralentir, s’impliquer. Prendre un vinyle, c’est faire un geste engageant, pas juste scroller d’un coup de pouce.
Une niche… mais prescriptrice
Attention, la résistance reste (très) minoritaire : le vinyle pèse à peine 8% du marché musical US, Kodak ne rejoue pas encore I Will Survive. Mais ces “early adopters du rétro” forcent les plateformes à réintégrer une part d’humain : Fuji propose des filtres “simulation film”, Qobuz mise sur une recommandation 100% humaine. Le label alimentaire “sans exhausteurs de goûts” s’étend désormais à la pop culture.
L’artificiel algorithmé fait vendre plus, mais ces derniers temps, l’humain revient à la mode. Demain, acheter un disque ou un tirage photo “sans IA ajoutée” deviendra-t-il le nec plus ultrat ?
La prochaine frontière de la hype n’est pas technologique : elle est dans la poussière, le grain, la trace de doigts, les ratés, les pages collées, les photos mal imprimées, … (liste sans fin).
Si vous préférez tester la version audio de cette newsletter, essayez le rendu de NotebookLM :
Explosé 🚀 : Netflix crève l’écran une fois de plus
⏳ : 1 min 57 sec
Netflix vient d’afficher un trimestre dantesque : avec 11,1 Md$ de revenus et 3,1 Mds de profits nets, la société de Los Gatos explose les attentes des analystes financiers de Wall Street.
Les abonnés ont regardé plus de 95 milliards d’heures de programmes au premier semestre 2025 (+1 % sur un an), boostés notamment par le film d’action « Back in Action » (Cameron Diaz, Jamie Foxx) et la série britannique « Adolescence », qui rafle au passage 13 nominations aux Emmy, dont meilleure mini-série.
Côté hits, on retrouve les nouveaux volets de « Ginny & Georgia » et « Squid Game », mais aussi des nouveautés comme « Sirens », « The Four Seasons », le Perryverse avec « Straw », et le feel-good transalpin « Nonnas » avec Vince Vaughn.
La branche animation cartonne avec « KPop Demon Hunters » (80 millions de vues), nouveau chouchou du genre.
L’offensive Netflix sur le direct s’intensifie : reboot annoncé de « Star Search » pour 2026, un match de box Canelo Alvarez vs. Terence Crawford sur le ring cette année, et une soirée 100 % boxe féminine (Katie Taylor vs. Amanda Serrano) qui a tout de même rassemblé 6 M de spectateurs dans le monde entier— un record absolu pour un sport féminin en 2025, même si Mike Tyson vs. Jake Paul reste hors d’attente côté audiences.
Ambiance chaîne télé : Netflix ressemble de plus en plus à une généraliste, selon Forrester.
La plateforme engrange aussi 120 nominations aux Emmy3 sur 44 titres (seule HBO Max fait mieux avec 142).
La deuxième moitié de l’année s’annonce tout aussi forte : saison finale pour « Stranger Things », retour de « Wednesday », Frankenstein version Guillermo del Toro, « A House of Dynamite » par Kathryn Bigelow, et une suite à une fameuse série US « Happy Gilmore » , quitte à doper les coûts marketing et par conséquent inquiéter les marchés et faire baisser le titre de 5% après clotûre.
En juin, Netflix pèse 8,3 % de l’usage télé total aux États-Unis, en hausse d’1 point, mais toujours derrière YouTube (12,8 %). L’abonnement avec pub est passé à 7,99 $, Netflix anticipant un doublement de ses recettes pubs pour l’année, même si ce levier reste minoritaire.
Comme le titre le Wall Street Journal, Netflix est en mal de nouveaux mondes à conquérir pour soutenir sa valorisation (le titre a pris 50% en 6 mois pour atteindre 540 Md$ de valorisation).
The Wall Street Journal reported this year that Netflix has internal targets to double its annual revenue by 2030, and have its market cap hit $1 trillion by that point.
Un des enjeux majeurs concerne la diversification des revenus : si Netflix affiche vouloir doubler la taille de son activité pub cette année, les recettes pubs ne représentent encore qu’une petite part : moins de 9 % du CA annuel projeté.
Face à des concurrents comme YouTube, qui engrange près de 37 milliards de dollars de revenus publicitaires par an, certains analystes estiment que Netflix devra aller plus loin et peut-être ouvrir sa plateforme aux créateurs de contenus pour élargir son audience et ses sources de revenus (on avait parlé de son attention aux podcasteurs ici).
Vocal 🗣️ : Fox News se paie un podcast conservateur
⏳ : 1 min 26 sec
Fox News s’offre "Ruthless", un podcast d’opinion à la sauce républicaine et revendiqué comme du divertissement (a variety progrum), mené par des vétérans de la communication politique, Josh Holmes, Michael Duncan, John Ashbrook et Shashank Tripathi.
Objectif affiché : muscler sa division "new media", nouvel écrin pour podcasts d’opinion et autres contenus non-informatifs, sous la houlette du président de Fox News Digital, désormais aussi patron du social media.
Première du genre chez Fox : l’acquisition d’un podcast externe, alors même que la chaîne avait, plus tôt dans l’année, racheté Red Seat Ventures (Megyn Kelly, Tucker Carlson…), preuve d’un appétit soudain pour ces formats audio conservateurs, mais Red Seat les gardait en silo — Red Seat reste indépendant de la "new media unit" de Fox News digital.
Cette nouvelle structure ambitionne désormais d’accueillir d’autres podcasts d’opinion à l’avenir, sur le modèle de "Ruthless", qui a trouvé son public auprès d’un auditoire conservateur avide de talk-show mordant et digeste, façon "Pod Save America" pour la droite américaine.
Les animateurs de "Ruthless" endosseront aussi la casquette de contributeurs réguliers sur l’antenne de Fox News.
Fox News affiche l’ambition de faire du show la "plus grosse machine" possible dans le paysage podcast. La stratégie ? Doper l’offre audio au-delà de la télé, avec des formats maison à succès (comme "Will Cain Country") et désormais des deals de licensing.
Ce virage podcast n’est pas qu’un caprice : Fox News, confronté au plafonnement de la rente du câble, accélère sa diversification.
La présidente de la chaîne depuis 7 ans continue de miser gros sur les contenus numériques pour la chaîne avec des thématiques lifestyle, streaming et livres : le hors-câble pèserait déjà 500 M$ de chiffre d’affaires en 2025, selon Axios.
L’ambition reste la même : capter l’attention et augmenter la fidélité d’un public qui migre massivement vers l’audio et le digital, sans pour autant renoncer à l’ADN qui a fait le succès de l’antenne celui des "opinion makers" de la maison-mère.
La présidente vante cette extension comme la suite logique d’une marque "puissante", capable de s’imposer dans les nouveaux usages média :
Engagement profond;
Fidélité d’audience;
Casting de personnalités hors pair, à même de performer sur les plateformes d’aujourd’hui.
Un nouveau chef d’orchestre pour mener cette galaxie de “créateurs” devra montrer que l’alliance des deux formats, vidéo et podcast, pourra se faire sans que chacun des médias ne perdent son mordant.
Familier 🧑🤝🧑 : comment l’IA modifie déjà notre rapport au langage
⏳ : 2 min
&Sur Zoom, dans les amphis ou sur YouTube, la voix IA modifie nos échanges : certains mots naguère rares — l’article mentionne les mots anglais “prowess”, “tapestry”, “meticulous”, “realm”, “adept” — explosent jusqu’à +51% en fréquence d’usage chez les universitaires depuis 18 mois.
L’équipe de l’institut de recherche allemand Max Planck a passé au tamis 280 000 vidéos “pédagogiques” : le mot “delve”4, un des favoris de ChatGPT, s’y promène désormais comme un signe secret de reconnaissance.
Les intervenants ne s’en rendent même pas compte. Voilà le tour de magie : le lexique de l’IA devient la nouvelle norme à bas bruit.
Mais le ver est dans la syntaxe : il semblerait que ça soit aussi le ton, l’allure et la structure de nos propos qui basculent.
Les discours s’allongent, s’organisent à l’excès, les affects s’estompent. Cette standardisation va encore plus loin via les outils de “smart reply” et d’autocorrection, qui dopent la “positivité et la coopération” dans les conversations… à condition de ne pas soupçonner son interlocuteur d’être une machine : car dès que la méfiance s’installe (“tu utilises ChatGPT ?”), le lien humain est fragilisé.
Mor Naaman de l’univerisité de Cornell regarde de plus près l’évolution sur la confiance : en déléguant une partie de notre langage à l’IA, on abandonne, selon lui, trois signaux essentiels :
notre humanité (avec toutes ces caractéristiques humaines : fragilité, humour, singularité),
notre sens de l’effort (“j’ai pris la peine d’écrire ce message” et donc mon message a de l’importance pour moi vis à vis de toi);
et notre compétence (la vraie, pas celle d’un automate), comme dans cet exemple fourni dans l’article de The Verge : “Je suis désolé que tu sois vexé” vs. “Hey, désolé d’avoir vrillé au dîner, je n’aurais pas dû zapper ma séance de psy cette semaine.” L’un est clean certes mais l’autre est vivant !
L’uniformisation avance aussi en sous-main : ChatGPT privilégie un langage standardisé, gomme les accents (bon sauf en Français avec sa base d’entraînement canadienne), caricature les dialectes (essayez de faire parler jeune à une IA…)
Une IA qui “corrige” la diversité linguistique ne fait pas que trahir une communauté : elle décrète ce qui est “légitime”, et ce qui ne l’est plus. Résultat : moins de bafouillements, de tournure idiomatiques, moins de ces aspérités qui signalent la vulnérabilité et la sincérité — et donc quelque part : la confiance.
On approche un point de bascule entre deux pôles : standardisation molle (mails parfaits, PowerPoint lissés) ou authenticité préservée (langage brut, émotions non filtrées). Déjà, certains académiciens évitent les mots maudits comme “delve”.
Il est fort à parier que l’IA va s’adapter pour mieux mimer la diversité (d’où mon pari que OpenAI lance un service mail pour comprendre comment ses utilisateurs corrigent les brouillons de ChatGPT, nous ne sommes peut être que dans une phase transitoire, mais c’est presque pire : demain, ces petites scories seront encore mieux gommées et nous ne nous en rendrons même plus compte.
Ca n’est pas tant la crainte d’un langage uniforme que la perte d’une pensée propre qui nous guette : si l’IA choisit les mots, façonne les idées, alors à qui appartiendra encore les idées ?
Animés 🔨 : Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely au Grand Palais
⏳ : 55 sec
Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely ont formé un couple incandescent de l’art contemporain, défiant ensemble une forme de bienséance créative (vous me direz pas très original pour des artistes contemporains) : assemblages explosifs, sculptures animées, happenings monumentaux, chaque œuvre fut une tentative de s’extraire davantage des “carcans” artistiques.
Dans cette tentative soixante-huitarde, Pontus Hulten, directeur inaugural du Centre Pompidou, devient leur complice et mécène. Il a offert à leurs expérimentations un terrain de jeu à la mesure de leurs ambitions, du choc de la "Nana" géante de la Hon Katedral à Stockholm (1966)5 à l’installation insolente du Crocrodrome de Zig & Puce (1977) sur le Forum du Centre Pompidou.
L’exposition au Grand Palais fraîchement renové (et pas encore tout à fait fini) déroule la saga de cette alliance créatrice : Niki, pionnère de la révolution des couleurs, plasticienne des "Nanas" et des tirs à la carabine sur des pots de peinture; Jean Tinguely, poète du mouvement et de la mécanique absurde (il fut durablement marqué par le machinisme mortifère de la Seconde Guerre Mondiale).
Ensemble, ils inventèrent une forme d’’art total, participatif, transgressif, célébrant l’amitié, la folie douce et la provocation joyeuse.
Leurs trajectoires croisent sans cesse celle de Hulten qui fait exploser les frontières du musée classique pour embrasser leur vision de la fête, de l’utopie et de la subversion.
À travers de (trop?) nombreux chefs-d’œuvre, archives et prêts exceptionnels, le parcours (un peu trop historiographique?) exalte l’alchimie unique de ce trio : un manifeste pour un art libre, collectif, et en perpétuelle invention, où chaque exposition fut un terrain d’expérimentation.
message pour les plus jeunes : pour rembobiner, évidemment
les récompenses TV américaines
Creuser un sujet, plonger dans
par laquelle les visiteurs entraient par l’entrejambe de la Nana