Le Wrap Up de la semaine du cessez-le-feu fragile entre l'Iran et Israël (semaine du 23 juin 2025
📞 : les influencers Whatsapp - 🐐 : la fin du scraping IA ?- 🤑 : tout le monde veut sa régie pub - 🇨🇳 : les nouvelles marques sont chinoises - 🎨 : Eugène Boudin, père de l’Impressionnisme
Au sommaire de cette semaine :
⏳ Temps de lecture : 8 min 26 sec
PUB 🪖 Colonel Motor, vous connaissez ? 🧠
Le surnom de “Colonel Motor”, ce n’est pas qu’un clin d’œil au surnom de De Gaulle à Saint-Cyr (déjà partisan d’une guerre de mouvement motorisée), c’est aussi la structure de conseil en stratégie et levée de fonds que j’ai créée en 2020.
Je cherche une nouvelle mission stimulante dans mon domaine des industries créatives (médias, production, apps grand public, IA) pour la rentrée 2025.
🎯 Là où je peux vous aider :
clarifier une stratégie ou un positionnement encore flou;
ouvrir de nouvelles perspectives de revenus (diversification, offres, spin-off);
structurer et piloter votre projet digital ;
lever des fonds sur un projet ambitieux (deck, ambition, roadshow BAs, VCs, ou family offices, accord d’investissement, PMI).
📩 Vous vous reconnaissez — ou pensez à quelqu’un ? contactez-moi :
Insiders 📞 : les influencers cachés de Whatsapp
⏳ : 1 min 26 sec
Non, ce n’est plus TikTok, Insta ou YouTube qui font vibrer les collégiens et lycéens français…. C’est WhatsApp, oui, la messagerie que vous croyiez cantonnée aux discussions de famille ou à la logistique des anniversaires.
On apprend dans un article du Monde (rubrique Pixels) que depuis septembre 2023, grâce à la fonctionnalité « chaînes », des milliers de jeunes – dès la 6ème et les premiers smartphones – bâtissent dans l’ombre des micro-empires d’influence.
Pénélope, 14 ans, influenceuse à l’insu de ses parents, à la tête de « Conseils pour filles 💕 », suivie par… plus de 50 000 abonnées ! Sa mère, pas franchement à l’aise avec les réseaux, découvre sidérée que la gloire de sa fille ne s’est pas jouée sur TikTok, mais dans le discret onglet « Actus » de WhatsApp.
La particularité de ces chaînes ? Un modèle inspiré de Telegram : seuls les admins publient, les abonnés réagissent à coups d’emojis ou de sondages. Résultat : des communautés publiques, souvent féminines, où routines beauté, journaux intimes, mangas, tranches de vie ou militance soft (ex : « Stop à la maltraitance animale ! » pour 6 300 abonnées) prospèrent.
WhatsApp, un nouvel eldorado d’influence à l'écart de la surveillance parentale? Oui, car l’appli – officiellement interdite aux moins de 13 ans (en France les réseaux sociaux sont interdits au moins de 15 ans), mais validée par de nombreux parents dès le premier smartphone – n’a pas (encore) l’aura sulfureuse de TikTok ou Insta.
Même la commission d’enquête parlementaire sur l’impact des réseaux sur les mineurs l’a à peine évoquée. Résultat : des ados s’expriment librement, souvent par écrit (« je préfère écrire, je n’aime pas voir ma tête », résume Jake, 13 ans) et bricolent leur vie sociale numérique en mode Skyblog 3.0, moins la vidéo, plus le texte.
La course aux abonnés fait rage : challenges, concours, échanges de bons procédés entre chaînes… Et si beaucoup gèrent leur espace comme un journal intime public, d’autres traquent le Graal des 1 000 abonnés, s’entourant parfois de “co-admins” jamais rencontrés.
Les contenus ? Du très personnel : anecdotes, photos, conseils, même trajets scolaires, parfois jusqu’à la sur-exposition (ex : une ado qui avait laissé apparent ville et numéro, a fini, comme de bien entendu, menacée et a dû tout fermer).
Le revers de la médaille : modération défaillante, risques de harcèlement, de partage de données sensibles, apparition de chaînes toxiques ou de contenus choquants.
WhatsApp peine à réagir (pendant que la campagne sur l’importance de la prévention sur Instagram commence à prendre de l’ampleur après des années de laisser faire, on imagine en toute connaissance de cause par ceux qui ont la God’s view côté administrateurs), alors cette nouvelle génération d’adolescents s’auto-organisent, créant des groupes de signalement ou de protection, à l’ère du cyber-village où tout le monde peut tomber sur n’importe quoi.
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Scrapgoat 🐐 : la fin du scraping débridé des IA ?
⏳ : 1 min 26 sec
Cloudflare, le mastodonte des infrastructures web, prépare un outil censé stopper le scraping1 massif de contenus.
Son CEO, Matthew Prince, l’a annoncé en fanfare lors des Cannes Lions : « Tous les éditeurs que vous connaissez sont de notre côté. » Rien que ça.
Pourquoi c’est important ? Parce que le siphonage de contenus a pris des proportions absurdes.
Petit chiffre qui pique (cf graphique ci-dessus): il y a dix ans, Google crawlait 2 pages pour chaque visite renvoyée à un éditeur. Aujourd’hui, c’est… 18 pages crawlées pour 1 seul clic réel.
Pour Anthropic ? 60 000 pages aspirées pour un visiteur !
OpenAI : 1 500 pour 1.
Autant dire que la valeur de l’attention s’est perdue en chemin.
Cloudflare a déjà lancé des options pour bloquer les bots qui ignorent les balises des éditeurs “no crawl”, mais la nouvelle solution vise à éradiquer les scrapers industriels.
Là où ça coince : Les moteurs de recherche et les IA renvoient bien des liens vers les sources originales, mais… encore faut-il que les lecteurs cliquent (rien n’est fait honnêtement pour nous y inciter).
Avec les résumés générés par l’IA, ce « click-through » devient de plus en plus (le taux de clic du Wrap Up qui tente de donner envie de lire les articles est inférieur à 10%).
Résultat : les médias voient s’effondrer leurs revenus publicitaires qui reposaient sur lesdites visites.
Pire encore, certaines IA comme Grok balancent carrément des liens inventés, même après avoir identifié le bon article source. Mauvaises citations, URLs bidons : le chaos règne.
Le point du CEO de Cloudflare, Matthew Prince : « Les gens font plus confiance à l’IA qu’aux sites originaux depuis six mois. Donc ils ne lisent plus les contenus, mais les résumés. » Bref, l’avenir du web ? Un immense digest, où l’original n’intéresse plus personne (et où les IA continuent d’inventer les citations, les URLs sources).
En résumé : Cloudflare veut se poser en sauveur des éditeurs qui n’avaient comme option que de négocier avec les IAs, leur faire des procès a posteriori, désormais ils peuvent les empêcher (mais qui ira prendre ce risque vs. le voisin qui cède aux sirènes…).
Une dernière question un peu désespérée : n’est-ce pas déjà trop tard pour le contenu d’origine ? L’ère des résumés automatiques s’installe, et le « scraping » n’a pas fini de faire des ravages.
Pubbé 🤑 : tout le monde veut sa régie pub
⏳ : 1 min 26 sec
Si vous pensiez que les Cannes Lions, c’était avant tout les paillettes du cinéma et la montée des marches, détrompez-vous. Le véritable blockbuster, c’est désormais le business de votre temps de cerveau disponible. Les Cannes Lions, temple planétaire de la créativité et de la pub, a confirmé cette année que TOUT ce qui compte (marques, agences, stars, sportifs, influenceurs, créatifs et, bien sûr, la Big Tech) veut une part du gâteau publicitaire… c’est-à-dire votre “temps de cerveau disponible”.
Pour planter le décor :
Le revenu pub mondial a doublé en dix ans pour atteindre 1 000 milliards de dollars… (pendant que les marchés pub traditionnels, en France, stagnaient ou régressaient…).
Les Cannes Lions ont réuni 13 000 représentants en 2024, à peine moins que le Saint des Saints, le Festival de Cannes (15 000).
Les plages privatisées par Spotify, Meta, Google ou Pinterest n’avaient rien à envier aux afters du Carlton : Cardi B en showcase sur le sable, Ryan Reynolds en guest, la ou encore Reese Witherspoon ou Serena Williams.
Côté influence, la nouvelle noblesse Gen Z dont vous n’avez jamais entendu parler — Alix Earle (4 M de Followers IG), Jake Shane (1M), Anna Sitar (1.5M) — était là, tout frais payés par la tech, pour garantir que le buzz (et l’engagement) était là.
Pendant ce temps, les « vieux » médias (Warner Bros. Discovery, NY Times) faisaient tapisserie sur des yachts en rade ou squattaient les restos du port, loin des scènes XXL du beach branding. La nouvelle hiérarchie de l’économie de l’attention n’a, d’après Axios, jamais été aussi visible.
La revanche des plateformes
Il y a dix ans, les rois de la pub s’appelaient Viacom, Fox ou Disney.
Aujourd’hui, c’est Google, Meta, Amazon, Alibaba, ByteDance qui donnent le ton.
Le smartphone a démultiplié les contacts, changeant chaque utilisateur en cible mouvante, chaque page en panneau d’affichage : même les compagnies aériennes, comme United Airlines, se muent en plateformes pub (174 M de passagers/an = audience captive garantie !), jugez en par les nouvelles régies pub montées ces dernières années par les “retail media” :
Moralité ? Cannes Lions n’est plus un salon de la pub, c’est la Fashion Week de l’attention, où tout le monde s’arrache le droit de meubler l’esprit du quidam — en espérant que l’IA laisse le peu qu’il reste aux vrais émetteurs de contenus (entendez sérieux) quelques miettes d’attention et donc de dollars pour produire ledit contenu.
Sinisées 🇨🇳 : les nouvelles marques retail sont chinoises
⏳ : 1 min 26 sec
Longtemps, le “made in China” évoquait surtout des usines anonymes2, des produits sans âme et, disons-le, quelques scandales sanitaires dignes d’un épisode de Black Mirror.
Mais ce scénario bien huilé est en train de change : la nouvelle vague de marques chinoises ne se contente plus de fabriquer pour les autres, elle débarque, conquérante, sur tous les continents – et assume fièrement ses origines.
Oubliez la contrefaçon, voici venue l’ère du “Designed in China”3 :
Mixue (glaces et boissons fraîches) détrône McDonald’s : plus grand nombre de points de vente au monde (40 000 !);
Chagee (salons de thé) vise 1 300 boutiques hors de Chine d’ici 2027 (vs. quasi aucune actuellement);
Pop Mart et ses poupées Labubus (fan-club : Rihanna + Beckham), affolent les rayons, parfois jusqu’à 835 $ la figurine, déjà présent en France;
Les voitures électriques chinoises BYD ou Lynk&Co hantent déjà les rues des capitales occidentales;
Les plateformes Shein et Temu avaient déjà ouvert la voie avec du low-cost ultra fast fashion qui cachait (mal) son passeport chinois;
La nouvelle génération est plus assumée :
New firms are now overturning those old assumptions. Many happily advertise their roots. The logo of Chagee shows a Peking Opera singer in full headdress. (The firm’s name derives from “Farewell, My Concubine”, a traditional Chinese opera.)
“Black Myth: Wukong”, one of the most successful video games ever, features the Monkey King from “Journey to the West”, a 16th-century novel.
Many brands now compete on quality as well as price. Chagee’s drinks can be as costly as Starbucks’. Chinese EVs offer dazzling entertainment systems as well as low prices.
Et côté innovation, on ne copie plus : on dépose ses propres brevets, on crée du buzz mondial, parfois sans même l’aide de l’État (sauf dans la voiture électrique, où Pékin continue d’alimenter la pompe à subventions).
Le marché sourit aux audacieux. Chagee a levé plus de 400 M$ lors de son introduction en bourse à New York, pendant que la guerre commerciale fait rage. Certes, les technologies stratégiques restent fermées aux investisseurs étrangers (TikTok ou DeepSeek peuvent en témoigner), mais le grand public se rue sur les sacs à main, jouets et thés made in China.
Le “premium à l’occidentale” ne fait plus recette chez les jeunes urbains chinois. Pour rester dans la course, il va falloir s’inspirer (voire s’acoquiner) avec cette nouvelle vague créative venue de l’Est. À défaut, il ne restera plus qu’à contempler, comme Disney ou Mattel, l’irrésistible montée en puissance d’une concurrence.
Vue 🎨 : Eugène Boudin, inspirateur et non aligné de l’Impressionnisme
⏳ : 1 min 26 sec
Jusqu’au 31 août 2025, le musée Marmottan Monet remet dans la lumière celui que Monet appelait son maître : Eugène Boudin, le vrai « père de l’impressionnisme ».
Grâce au travail de l’historien Laurent Manœuvre, l’exposition rassemble plus de 80 œuvres issues de la collection Yann Guyonvarc’h, enrichies de 10 toiles du musée Marmottan et de prêts d’Agen ou du Havre.
La visite découpe en huit étapes comme autant d’escales dans la vie du peintre : de la Normandie originelle (où Boudin a commencé comme encadreur de tableaux) jusqu’aux marines baignées de lumière du Midi ou de Venise qu’il découvrira à la fin de sa vie , en passant par la Bretagne, Bordeaux, le Nord, la Belgique, ou les Pays-Bas.
Boudin est l’un des premiers peintres à planter son chevalet dehors, qui lui permettront de produire des instanées de peinture avant la diffusion de la photographie, comme des toiles ambitieuses, reprises de ces premières esquisses pour le très officiel Salon.








Le cœur de l’expo ? Le dialogue entre Boudin et son élève le plus célèbre, Claude Monet, qui permet de cerner où est-ce que Boudin commence le fil et où est-ce que ses audaces s’arrêtent (bien qu’il participe à la première exposition impressionniste, il ne souhaitera pas être en rupture de bans avec la peinture officielle de l’époque). Monet prolongera le geste et donnera cette vaporeuse impression autour de l’eau, de l’air, des nuages au gré des variations du soleil, Boudin ne voudra pas aller dans l’à peu près.
Pourquoi ce retour de flamme ? Parce que Boudin, souvent résumé à ses plages normandes et ses ciels pelotonneux de nuages, reste un pionnier : il traque la lumière et les effets atmosphériques avec une liberté qui préfigure tout de l’impressionnisme. Monet qui passera ses premières années de peintre de plein air après une enfance marquée par ses talents de caricaturiste, lui rendra un vibrant hommage : « Je dois tout à Boudin. »
un lecteur attentif nous éclaire sur le verbe anglais “to scrape” qui donne skyscraper sans doublement de la consomme finale, donc on parle de scraper et non de scrapper…
Le regretté Erik Izraelewicz avait écrit un ouvrage “Quand la Chine change le monde” pour indiquer cette bascule du pays communiste en Usine du monde.
pour reprendre le “Design in California” d’Apple (qui a longtemps délégué complètement sa production à la Chine)