Le Wrap Up de la semaine des 100 jours de Donald Trump II (semaine du 28 avril 2025)
💪 : Spotify monte le son - 💥 : une juge US challenge l'Apple Tax - ⚔️ : Zuckerberg veut désintermédier la pub - 🐦🔥: Fanatics avec Ticketmaster - 🖼️ : le Printemps de David Hockney
Au sommaire de cette semaine :
Ebréché 💥 : une juge US remet en cause l’Apple Tax, Epic jubile
Fanatisé 🐦🔥: Fanatics avec Ticketmaster complète le one-stop shop des fans
Persistant 🖼️ : le Printemps ne peut pas être annulé par David Hockney, à la Fondation LV
⏳ Temps de lecture : 7 min 17 sec
Goole Notebook LLM a annoncé cette semaine être disponible dans de nombreuses langues, dont le français. Je suis donc ravi d’étrenner avec vous le rendu de la version officielle de Google NotebookLM en 🇫🇷, les accents québécois se font plus discrets et la durée est plus resserrée (6 minutes) :
Confiant 💪 : Spotify monte le son
⏳ : 1 min 23 sec
Daniel Ek, CEO de Spotify, est à l’offensive : “2024 sera une année de croissance significative”, portée par les investissements dans la tech publicitaire et de nouveaux produits.
Et ce, malgré un climat économique globalement incertain. Son secret ? une dépendance modérée à la publicité, contrairement à d’autres acteurs du numérique comme Meta ou YouTube. L’abonnement reste le pilier du modèle de la firme suédoise. Cependant, ça n’est pas un abandon : la pub n’est pas morte selon lui, elle est juste en pause.
“C’est un levier d’avenir, pas une menace à court terme”, nuance Ek. Traduction : Spotify prépare le terrain pour une monétisation pub plus moderne, plus automatisée, plus rentable.
Objectif affiché : rattraper son retard dans l’univers programmatique. La plateforme a ainsi lancé en avril Spotify Ad Exchange, et dévoilé de nouveaux outils dopés à l’IA générative pour que les annonceurs combinent scripts et voix off en quelques clics, le tout sans studio ni micro.
Et pendant ce temps-là, les fondamentaux sont tous au vert :
268 M d’abonnés payants, un record depuis 2020;
678 millions d’utilisateurs actifs mensuels ;
509 M€ de résultat opérationnel, soit une marge de 12,1% (du jamais vu);
31,6% de marge brute au T1, également un record.
Même les podcasts, longtemps critiqués pour leur coût, commencent à payer : 7 millions sont disponibles sur la plateforme, contre 700 000 en 2019, et 270 M d’utilisateurs ont déjà consommé du podcast… vidéo (cf. notre débat de la semaine dernière).
Seul bémol : l’action a flanché de 4% après l’annonce, car les prévisions pour le T2 sont jugées trop prudentes vs. les attentes du marché. Les investisseurs restent nerveux, même face à une entreprise qui affiche enfin des bénéfices annuels pour la première fois de son histoire (février 2024) !
Le churn ? Il reste très très faible. Les hausses de prix ? Bien absorbées. Et Ek se voit déjà monter les tarifs encore, en invoquant un bon rapport qualité-prix. Des hausses sont d’ailleurs envisagées en Europe et en Amérique latine.
Spotify version 2024, c’est donc un mix d’austérité post-startup, d’innovation techno bien placée, et d’un retour à la rentabilité. Et s’il faut écouter les pubs… au moins, elles seront bien écrites.
Ebréché 💥 : une juge US remet en cause l’Apple Tax, Epic jubile
⏳ : 1 min 23 sec
C’est un coup de tonnerre dans la Silicon Valley : la juge Yvonne Gonzalez Rogers vient de porter un sérieux coup à l’hégémonie d’Apple sur son AppStore.
Dès l’énoncé du jugement, la firme à la pomme n’a plus le droit de prélever de commission sur les achats effectués en dehors de ses applications.
Plus encore, elle ne peut plus empêcher les développeurs de rediriger les utilisateurs vers des plateformes de paiement tierces, qu’il s’agisse de liens, de boutons ou de tout autre appel à l’action. Une révolution discrète mais potentiellement ex-plo-si-ve.
Cette décision s’inscrit dans le long feuilleton judiciaire Epic v. Apple, entamé en 2020 par l’éditeur de Fortnite, en croisade contre la "taxe Apple" de 30%.
Une première décision en 2021 avait déjà obligé Apple à assouplir sa position. Mais la firme avait flairé la parade : autoriser les redirections, tout en réclamant... 27% de commission quand même.
Une entourloupe qui n’a pas plu à la juge : Apple a, selon elle, “volontairement choisi de ne pas se conformer à l’injonction précédente”. Et la sentence est cinglante : elle renvoie même l’affaire au procureur pour “contempt of court”, une accusation de mépris judiciaire potentiellement pénale.
Dans cette affaire, l’intérieur d’Apple n’est pas épargné : Phil Schiller, patron de l’AppStore, aurait plaidé pour suivre la décision judiciaire tandis que Tim Cook aurait préféré donner raison à son CFO, Luca Maestri. Résultat : un entêtement coûteux et un cinglant revers public.
Apple annonce qu’elle fera appel — no shit? — mais promet (elle n’a pas trop de choix) de respecter l’ordonnance pour l’instant.
Chez Epic, le CEO qui se bat dans le désert et un peu seul, Tim Sweeney savoure.
Fortnite fera donc son grand retour sur l’AppStore américain dès cette semaine. Et l’éditeur tend même la main : si Apple applique cette décision dans le monde entier, Epic abandonnera même toutes ses poursuites.
Le vrai enjeu dépasse Fortnite ou même Apple : c’est l’idée qu’un écosystème fermé, aussi lucratif soit-il (des milliards de dollars en jeu chaque année), peut être contraint à plus d’ouverture au nom de la concurrence.
La suite s’écrira peut-être à la Cour Suprême… ou dans la prochaine mise à jour iOS.
Sabré ⚔️ : Zuckerberg veut sabrer l’industrie pub
⏳ : 1 min 44 sec
Dans une interview fleuve accordée à Stratechery, Mark Zuckerberg a abandonné les détours habituels de la Silicon Valley pour asséner une déclaration de guerre en bonne et due forme à tout un secteur : celui de la publicité.
L’arme déployée on la connait à présent : L’IA générative.
La cible : tout l’écosystème de création publicitaire, des agences aux départements marketing, en passant par les créatifs humains, sommés de faire place à une armée de robots dopés aux datas.
Le patron de Meta y détaille sa vision avec un aplomb désarmant : demain, une entreprise n’aura qu’à « connecter son compte bancaire », dire ce qu’elle veut vendre, et Meta se chargera du reste.
Littéralement TOUT : la production des visuels et des vidéos via IA, la rédaction des textes, la génération d’une infinité de variantes, le ciblage des audiences, l’analyse des performances, et même l’acte d’achat média… sur les plateformes de Meta, évidemment. Bienvenue dans l’ère du "zero-friction marketing".
And the more they produce, the better. Because then, you can test it, see what works. Well, what if you could just produce an infinite number?
Zuckerberg: Yeah, or we just make it for them. I mean, obviously, it’ll always be the case that they can come with a suggestion or here’s the creative that they want, especially if they really want to dial it in. But in general, we’re going to get to a point where you’re a business, you come to us, you tell us what your objective is, you connect to your bank account, you don’t need any creative, you don’t need any targeting demographic, you don’t need any measurement, except to be able to read the results that we spit out. I think that’s going to be huge, I think it is a redefinition of the category of advertising.
Ce que Zuckerberg décrit ici, c’est la disparition pure et simple de la chaîne de valeur publicitaire telle qu’on la connaît. Plus besoin selon lui, de brief, de stratégie créa, de plan média : l’IA s’occupe de tout, mieux, plus vite, sans discussion.
Il parle d’un “renouveau de la catégorie même de la publicité” — comprenez : un bulldozer dans la fourmilière.
Évidemment, les réactions dans le milieu n’ont pas tardé, et elles sont acides.
Un CEO d’agence : « Brand safety is still a big issue… laisser Meta produire et optimiser les contenus, c’est flippant ».
Un autre dirigeant média ironise : « De la condescendance modérée à l’hostilité ouverte, jusqu’à ‘on va vous flinguer’ ».
Et surtout : qui acceptera de « lire les résultats qu’eux-mêmes génèrent » sans craindre un nouveau scandale de mesure bidonnée (référence aux nombreux scandales erreurs que Meta a pu commettre par le passé sur la mesure de sa performance).
Reste un angle mort : les PME.
Ces milliers d’annonceurs sans budgets pour une agence seront sans doute tentés de déléguer à Meta une pub efficace, bon marché et auto-générée.
En tuant les intermédiaires, Zuckerberg promet à ces petits une place dans la cour des grands. Mais à quel prix ? L’érosion de toute transparence, la dilution de l’identité de marque, et surtout, un paysage numérique saturé de contenus clonés.
Ce n’est plus de la disruption, c’est une prise de pouvoir. Meta ne veut plus vendre de la publicité. Il veut être la publicité (ce qu’il n’est déjà pas très loin d’être avec Google).
Et si ça marche, ce sera un tremblement de terre.
Pour ceux qui veulent se convaincre de la place de l’humain dans la création publicitaire, je vous laisse avec cette vidéo assez convaincante de la nécessité de sympathie toute humaine nécessaire pour faire un bon logo.
Fanatisé 🐦🔥: Fanatics avec Ticketmaster complète le one-stop shop des fans
⏳ : 1 min 18 sec
J’avais laissé passer cette info de taille, qu’Amélie Ebongué dans son excellente newsletter The Entertainment Shake a déterré :
Fanatics, le géant américain du merchandising sportif, vient de faire son entrée fracassante sur le marché de la billetterie.
En partenariat avec Ticketmaster (Live Nation), il lance le Fanatics Ticket Marketplace, une plateforme de revente de billets directement intégrée à son application ecommerce pour les Fans.
Désormais, on pourra acheter un maillot, une carte collector… et son billet pour le match, le tout au même endroit.
Ce partenariat marque un tournant : d’un simple vendeur de goodies, Fanatics devient un écosystème tentaculaire, centré sur l’expérience fan.
En coulisse, la société avait un temps envisagé de développer sa propre plateforme de ticketing, mais a finalement préféré s’allier au mastodonte du secteur.
Et ce ne semble n’être qu’une première étape : Tucker Kain, CEO de Fanatics, évoque un partenariat plus large avec Live Nation à venir, notamment pour la distribution croisée de merchandising et de billets.
Concrètement, pour les fans, l’offre Fanatics devient une sorte de parcours sans couture :
Tu portes le maillot de ton joueur préféré,
Tu collectionnes sa carte ou son autographe,
Tu paries sur son match,
Et maintenant… tu vas au match.
Un modèle 100% centré sur la dépense directe du fan, à l’opposé du modèle média.
Fanatics est devenu incontournable sur ce marché et a généré plus de 8 Md$ de chiffre d’affaires en 2024, en hausse de 15% par rapport à 2023.
Mais Fanatics ne veut pas s’arrêter là :
Avec Fanatics Events, la société veut transformer l’expérience événementielle en “Comic-Con du sport” — en témoigne le Fanatics Fest, prévu à New York en juin, sponsorisé par le Qatar pour cinq ans.
En avril, elle orchestrera WWE World à Las Vegas, pendant Wrestlemania 41.
Et avec Fanatics Live, elle tâte le terrain des contenus vidéo live autour du collectible.
L’acquisition de droits sportifs en direct ? Pour l’instant, non. Mais elle en a clairement les moyens.
Chaque achat, chaque expérience, chaque match devient une occasion d’interagir (et de dépenser) via son empire intégré.
Persistant 🖼️ : le Printemps ne peut pas être annulé par David Hockney, à la Fondation LV
⏳ : 1 min 29 sec
25 salles pour 70 ans d’audace visuelle
la Fondation Louis Vuitton consacre ses 11 galeries à une grande rétrospective de David Hockney, l’un des rares artistes à avoir traversé 70 ans de création sans (trop) se répéter.
Comme toujours c’est la profusion qui prévaut à la Fondation LV, avec plus de 400 œuvres (c’est beaucoup), issues de son atelier, de sa fondation et de prêts internationaux, dans une scénographie que Hockney a lui-même peaufinée, salle par salle, en particulier la dernière où une projection vidéo autour de l’opéra vaut le détour.
Le titre de l’exposition, David Hockney 25, est un clin d’œil à cette plongée dans ses 25 dernières années, période centrale de l'exposition, mais aussi à la fraîcheur intacte d’un artiste de 87 ans qui continue à peindre sur iPad comme d'autres font des stories Instagram.
Avant d'entrer dans ce présent créatif, on commence par une mise en contexte : ses chefs-d'œuvre iconiques, de Portrait of My Father (1955) à A Bigger Splash (1967) et Portrait of an Artist (Pool with Two Figures) (1972), convoquent l'âge d’or californien, la sensualité de la lumière et l’ironie britannique.
Mais le cœur du projet, c’est bien l’invention permanente : paysages du Yorkshire, bocages normands, ciels vibrants façon Van Gogh, grands panoramas – tout y passe, souvent dessiné sur iPad, imprimé, et encadré comme une aquarelle classique sans trop de déperdition (les puristes vont détester). Le tout forme un grand dialogue vertigineux entre tradition picturale européenne (plusieurs murs au second étage montre les influences artistiques du petit David qui s’étalent sur 10 siècles de peinture européenbe) et une esthétique numérique contemporaine.








La Normandie, notamment, se taille la part belle avec la série 220 for 2020, capturant la lumière au fil des saisons (les peintures d’Hockney en pays d’Auge pendant le confirnement). L’exposition se transforme alors en journal intime du temps qui passe.
Le final, plus intime, bascule dans une dimension spirituelle, avec des œuvres récentes peintes à Londres. Hockney y convoque William Blake (un peintre anglais du XVIIème sicèle opposé au rationnalisme des Lumières et en faveur d’un mysticisme, symbolisé par cette coupure de journal : “We know less than we think”), Edvard Munch, l’astronomie et la mélancolie, comme un pied de nez final à ceux qui croiraient que le printemps peut être annuler, et que le vieux peintre (87 printemps) a fini de chercher.