Le Wrap Up de la semaine de la Riviera Gazaoui (semaine du 3 février 2025)
🧑🧒🧒 : Teads acquis par Outbrain - 🧬 : les tendances 2025 de l’ADN - 📺 : les streamers vs. Netflix - 🙏 : Tiktok et les religions - 😶 : L’intruse et les Aveugles au Vieux Colombier
Au sommaire de cette semaine :
Localisés 📺 : quelles stratégies des acteurs français face aux mastodontes du streaming
Evangélique 🙏 : comment Tiktok redonne des couleurs à la religion
⏳ Temps de lecture : 8 minutes 14 secondes
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Concentré 🧑🧒🧒 : Teads acquis par Outbrain, Chappaz raconte
⏳ : 1 min 42 sec
Pierre Chappaz est une figure marquante du numérique français, il revient dans MindMedia en détail sur le rachat de Teads par Outbrain, annoncée la semaine dernière sur une valorisation de 900 M€1.
L’entrepreneur, fondateur de Kelkoo (revendu à Yahoo au début des années 2000 pour 475 M€) et Teads (précédemment Wikio, Wikio-Overblog, eBuzzing, racheté par Altice) estime que cette fusion pourrait redéfinir le paysage publicitaire, en particulier en matière de qualité et de différenciation des offres.
Teads est un acteur connu pour son expertise dans la publicité vidéo, en particulier dans le segment de la publicité InRead aussi appelée Outstream2, apporte à Outbrain3 une crédibilité et une technologie de pointe qui lui manquaient.
Teads travaille aujourd’hui avec la grande majorité des médias du monde entier, et touche deux milliards de personnes chaque mois.
L'objectif annoncé est clair : offrir aux annonceurs une alternative réputée plus qualitative (car issues de la presse) face aux duopoles Google et Meta. Mais cette ambition repose sur plusieurs défis de taille : rationalisation des équipes, gestion des doublons entre les structures et intégration de deux cultures d'entreprise très différentes (Outbrain est clairement positionné sur le segment de la performance -ie : rémunération au clic ou à l’achat, quand Teads se concentre sur le branding et les “gros” annonceurs.)
Chappaz insiste notamment sur un point clé : le besoin de faire "le ménage" parmi les clients d'Outbrain, en particulier les arbitragistes, ces acteurs qui achètent du trafic pour le revendre plus cher, souvent via des publicités douteuses en bas d’articles. Selon lui, ce modèle est nuisible à l’image d’Outbrain et nuit à la confiance des éditeurs et annonceurs.
En toile de fond, c'est aussi l'évolution d’un des segments du marché publicitaire en ligne qui se joue. La montée en puissance des plateformes propriétaires (YouTube, TikTok, Amazon Ads) oblige les acteurs indépendants à se réinventer. Chappaz met en avant le rôle croissant de l'intelligence artificielle dans l’optimisation des campagnes et la personnalisation des contenus.
L'avenir de la publicité passera, selon lui, par des solutions technologiques capables de combiner branding et performance, en tenant compte des nouvelles attentes en matière de transparence des annonceurs et de respect de la vie privée des utilisateurs.
Mais comme toute opération de cette ampleur, elle comporte aussi son lot d’incertitudes et de défis stratégiques majeurs.
Pour aller plus loin :
Cette semaine était publié l’Observatoire de l’ePub par Oliver Wyman et le Syndicat des Régies Internet (SRI), parmi les faits saillants :
Le marché de la pub digitale enregistre en France une croissance de +14% sur l’année 2024;
La croissance du marché est tirée par le Social (+24%) et par le Display (+17%) ; la part du Search dans le marché total diminue (41%)4
La croissance du Display est captée presque exclusivement par les acteurs du streaming et les broadcasters.
Désoxyribo-nucléique 🧬 : les tendances 2025 de l’ADN (Sponso)
Disclaimer: ce billet est “sponsorisé” dans la mesure où j’ai été payé par un bel exemplaire physique de Tendances 2025 et un lien pour les lecteurs du Wrap Up..
⏳ : 1 min 08 sec
Chaque année, L’ADN scrute les signaux faibles et tendances émergentes pour décrypter les grandes mutations de notre société. Son Livre des Tendances 2025 explore un monde en pleine recomposition, où les frontières s’effacent : réel vs. virtuel, humain vs. machine, naturel vs. artificiel.
Parmi les bouleversements analysés finement et volumineusement (l’ouvrage fait 325 pages), on trouve pas moins de 6 thématiques (Terre, Corps, Habitat & Ville, Culture, Services, Tech), regroupant 17 secteurs clés.
Chaque chapitre piste signaux faibles et interviews d’experts reconnus. Parmi ces chapitres, trois ont particulièrement retenu mon attention :
BEAUTE : L’essor de l’"ageless beauty", où la jeunesse éternelle cède le pas à une beauté intemporelle (et non moins anecdotique comment le recours aux injections plastiques figent nos traits et … notre libido);
MÉDIAS : Deep doubt, news influenceurs et IA partout, ou la montée des "news influenceurs", une nouvelle génération de créateurs de contenus journalistiques issus des réseaux sociaux.
ENTERTAINMENT : Middle class pop stars (Charli XCX, Sabrina Carpenter ou encore Chappell Roan) et algorithmes : le nouveau visage de l’industrie musicale.
L’ouvrage s’intéresse aussi à des secteurs plus inattendus mais bien dans l’air du temps, comme l’impact des intelligences artificielles génératives sur l’art et la création. Dans un monde où la personnalisation algorithmique devient omniprésente, il explore les défis éthiques et économiques que cela implique.
Véritable guide stratégique, ce livre s’adresse à tous ceux qui veulent comprendre les mutations en cours et anticiper les disruptions à venir.
Je recommande vivement.
Offre spéciale Abonnés du Wrap Up : utilisez le code ldtb25promo pour obtenir 20€ de réduction sur votre commande de votre Tendances 2025 (98 € —> 78 euros).
Localisés 📺 : quelles stratégies des acteurs français face aux mastodontes du streaming
⏳ : 2 min 37 sec
Mercredi dernier, nous rassemblions sous la bannière des alumnis de l’ESCP et de l’ESSEC, trois experts de l’industrie du streaming vidéo en France, avec Claire Basini, DGA B2C du groupe TF1, Philippe Larribau, DG de Paramount France (Pluto et Paramount+) ainsi que Rémi Tereskiewicz, CSO de BetaSéries, services pour les amoureux des séries. Voici un court résumé de la conférence :
Un marché fragmenté et en mutation
Le paysage du streaming s’est considérablement transformé ces dernières années. Si Netflix reste un leader incontesté, la montée en puissance des plateformes concurrentes et la multiplication des offres ont rendu le marché plus complexe. L’offre SVOD (vidéo à la demande par abonnement) s'est étoffée avec l’arrivée de Disney+, Paramount+ ou encore Amazon Prime Video. En parallèle, des modèles alternatifs comme l’AVOD (vidéo financée par la publicité) et le FAST (chaînes gratuites en streaming) se développent rapidement.
Les chiffres sont clairs : la moitié de la consommation vidéo des 18-64 ans se fait désormais en non-linéaire. Chez les plus jeunes, cette tendance est encore plus marquée, certains n’ayant même plus accès à une télévision classique. Cependant, la TV linéaire conserve un rôle clé, notamment chez les 55 ans et plus.
Les stratégies pour se différencier
Face à cette fragmentation, plusieurs stratégies émergent :
TF1+ mise sur le “gratuit premium”, avec une offre de contenus forts (séries, divertissements, sport) financée par la publicité. L’objectif est de concurrencer YouTube en proposant une alternative plus qualitative, avec plus de formats longs, avec une publicité mieux intégrée dans l’expérience de visionnage.
Paramount+ joue sur la complémentarité entre son offre payante (Paramount+) et son service FAST, Pluto TV, qui propose une quarantaine de chaînes linéaires gratuites (confectionnés par des experts de la programmation). L’objectif est de capter un public large, en combinant des franchises connues et un catalogue riche, tout cela sous le couvert de la gratuité. Une des voies privilégiées d’accès étant les portails des Smart TVs.
La fidélisation, un enjeu clé : le churn (désabonnement) est un problème majeur pour les plateformes payantes qui voit de plus en plus ses utilisateurs adopter le comportement de cherry picking dans ses abonnements. Netflix parvient à limiter ce phénomène grâce à une offre renouvelée en permanence (près de 20md$ de coût de grille annuel mondialement), mais d’autres plateformes adoptent des stratégies alternatives, comme la diffusion épisodique hebdomadaire au lieu du binge-watching.
Le retour des grandes franchises : plutôt que de miser exclusivement sur des créations originales coûteuses, de nombreux acteurs exploitent leurs licences historiques (Zorro, Plus Belle La Vie, Star Academy, etc.) pour fidéliser le public ou les faire redécouvrir à la génération suivante ;
L'essor de la publicité : la SVOD s'hybride de plus en plus avec des modèles publicitaires. Netflix et Disney+ ont lancé des offres avec pub, et Prime Video suit cette tendance. Cependant, ces offres restent limitées en volume d’inventaire, contrairement aux plateformes 100% gratuites comme TF1+ et Pluto TV.
Le défi de la découvrabilité
Si l’offre est pléthorique, le principal frein des consommateurs reste le choix du programme. Les utilisateurs passent en moyenne 12 à 30 minutes à chercher un contenu à regarder, ce qui conduit parfois à l’abandon pur et simple. Betaséries avance même que lorsqu’on finit une série, près de 30% des utilisateurs met plus de 30 minutes à choisir la suivante. Pour répondre à cette problématique :
TF1+ a développé Synchro, un moteur de recommandation optimisé pour la consommation en groupe.
Paramount+ investit dans l'IA pour affiner les recommandations de son portail.
Le contenu, un levier d’acquisition pour les marques
Les marques cherchent de plus en plus à devenir elles-mêmes des producteurs de contenu pour contourner la publicité classique. TF1+ explore déjà ces nouvelles formes de partenariat, intégrant les marques dans son offre sans dénaturer l’expérience utilisateur. Cependant, le coût de production reste un frein pour de nombreuses entreprises, sans compter qu’ensuite il faut remettre la main au portemonnaie pour assurer la diffusion.
En conclusion
Le marché du streaming évolue vers un modèle hybride où contenus exclusifs, publicité ciblée et stratégies de fidélisation sont les clés du succès. Si Netflix reste dominant, la diversité des offres et l’évolution des usages ouvrent de nouvelles opportunités pour les plateformes qui sauront s’adapter aux attentes du public.
Spirituel 🙏 : TikTok, nouvelle chaire religieuse ?
⏳ : 1 min 29 sec
TikTok dont le sort aux Etats-Unis est toujours suspendu à un repreneur de la majorité du capital de l’entité américaine, devient au gré de son plasticité une plateforme ecommerce, éditeur de livres, ou encore un moteur de recherche.
Avec le nombre de fêlés présents sur la plateforme et se créant au passage des communautés impressionnantes, il ne fallait pas longtemps avant que la religion s’en empare pour en faire un espace privilégié pour les prêches religieux et la diffusion de messages spirituels.
The Economist analyse comment ce phénomène transforme l’engagement religieux, et parfois même la perception de la foi dans une société où l’attention est (très) éphémère et dictée par des algorithmes.
Sur TikTok, les figures religieuses traditionnelles – prêtres, imams, rabbins – adoptent de nouveaux codes pour s’adresser aux générations connectées. Ils condensent en quelques secondes des sermons autrefois diffusés dans des lieux de culte, usant d’effets visuels et de sons engageants pour maximiser leur portée. Mais au-delà des figures officielles, ce sont aussi des créateurs indépendants qui se muent en guides spirituels, réinterprétant parfois les dogmes à leur manière.
Videos with the top five holy hashtags, including #Jesus and #Islam, have been viewed more than 1.2trn times.
L’algorithme de TikTok joue un rôle central dans cette mutation. En mettant en avant les contenus qui suscitent le plus d’interactions, il favorise une approche plus émotionnelle que théologique. Cette dynamique entraîne des effets contrastés : d’un côté, une démocratisation de l’accès aux messages religieux ; de l’autre, une prolifération de croyances hybrides et parfois de désinformation.
Certaines tendances inquiètent les experts : le raccourcissement des discours spirituels risque de simplifier à l’extrême des concepts religieux complexes. De plus, certains créateurs exploitent la crédulité de leur audience pour promouvoir des idées radicales ou vendre des produits prétendument miraculeux.
Ce phénomène soulève une question essentielle : la foi peut-elle s’épanouir sur une plateforme conçue pour maximiser l’engagement instantané ? Alors que certains y voient une opportunité d’adaptation aux usages modernes, d’autres alertent sur les dérives possibles d’une religion à la carte, façonnée par des logiques virales plus que par une réflexion théologique profonde (l’exemple le plus caricaturale étant cet influenceur religieux proposant des formations pour former sa propre micro-église pour la modique somme de … 8 000 dollars.)
L’article de The Economist est truffé d’exemples plus hallucinants les uns que les autres, je recommande :
Evitables 😶 : L’intruse et les Aveugles au Vieux Colombier
⏳ : 1 min 18 sec
Tommy Milliot propose une mise en scène épurée mais intense de "L’Intruse" et "Les Aveugles"5 de l’auteur belge de la fin du XIXème siècle, Maurice Maeterlinck à la Comédie-Française. Ces deux pièces, emblématiques du courant symboliste, jouent sur la perception et l’inconnu, le non-dit et l’attente pour créer une tension dramatique particulière.
Un théâtre d’atmosphère
Les œuvres de Maeterlinck reposent sur la suggestion plus que sur l’action (les Aveugles mettent en scène une dizaine d’entre eux assis sur des marches en gradin, laissant à l’abandon par leur guide). Dans "L’Intruse", une famille attend en silence autour d’une table, la mort d’un proche tandis qu’une présence invisible semble rôder.
Milliot accentue cette ambiance énigmatique par un jeu subtil de lumières tamisées et de sons lointains, créant un univers onirique. Une musique faite de bruits sourds et de silences pesants ajoute une dimension immersive à la mise en scène.
Un parti pris exigeant
Si l’approche de Milliot séduira les amateurs de théâtre expérimental, elle risque d’en déconcerter certains par sa lenteur et sa dimension répétitive. Le texte, volontairement incantatoire, peut sembler pesant, malgré l’excellence des comédiens, notamment Thierry Godot, connu pour son rôle de Gillou dans "Engrenages", qui débute ici à la Comédie-Française comme pensionnaire.
Le spectacle oscille ainsi entre fascination et frustration : d’un côté, une immersion sensorielle maîtrisée ; de l’autre, un rythme qui peut provoquer l’ennui. Le public se retrouve face à une expérience introspective, où la mise en scène repose davantage sur le ressenti des spectateurs que sur le contenu du récit.
Un théâtre pour initiés ?
"L’Intruse" et "Les Aveugles" ne sont pas des pièces accessibles au grand public, et à dire vrai, je m’y suis profondément ennuyé. Elles s’adressent à un spectateur prêt à accepter l’ambiguïté et la lenteur comme des composantes essentielles de l’expérience scénique.
Cette proposition audacieuse illustre la volonté de la Comédie-Française d’explorer des formes de théâtre exigeantes, quitte à diviser. Pour les passionnés de dramaturgie symboliste, cette mise en scène offre une plongée fascinante dans l’univers de Maeterlinck. Pour les autres, elle pourrait bien être une épreuve de patience.
Après l’IPO ratée au Nasdaq durant l’été 2021, Chappaz a cédé ses actions à Altice et a tourné la page Teads. Si la fourchette haute avait été atteinte alors, le groupe aurait pu lever 809 M$ ; ce qui aurait valorisé l'entreprise française près de 5 Md$.
le fait d’insérer de la vidéo contextuel (ou non) dans un article de presse écrite online : cette invention assez géniale et servie par de grands talents commerciaux, a permis de développer l’inventaire vidéo de nombreux titres de presse qui étaient en train de subir le déclin de la publicité display ou le recours de moins en moins efficace à AdSense (Adwords pour les tiers).
Pour mémoire, Outbrain ce sont toutes les suggestions de “poursuite de lecture” à la fin de vos articles de presse, mélangeant recommandations pertinentes au sein du même titre, si l’éditeur le permet au sein d’autres titres de presse, ou encore de liens vers des offres d’annonceurs (pub).
elle croit tout de même de 10% cette année, partant d’une base de … 4 milliards d’euros !!!
La parabole des Aveugles de Bosch l’Ancien a inspiré ce texte à Maeterlinck.