Le Wrap Up de la semaine des 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz (semaine du 27 janvier 2025)
🤝 : le NY Times croit au bundle - 💏: Tinder + Instagram - 💥 : 21e édition du Comptoir IA - ✍️ : un premier label de livre garanti sans IA - 👩🎨 : Suzanne Valadon à Beaubourg
Au sommaire de cette semaine :
⏳ Temps de lecture : 6 min 47 sec
Conférence Media : Face à Netflix, quels modèles gagnants?
C’est ce mercredi !
En 2025, Toute la Gaule est dominée par un géant du streaming nommé Netflix.
Toute la Gaule? Non ! Car quelques irréductibles plateformes résistent encore et toujours à l’envahisseur…
C’est la première conférence du groupe Médias de l’ESCP Business School de la rentrée et elle va se pencher sur les stratégies des acteurs alternatifs avec
Claire Basini (DGA du Groupe TF1) qui évoquera les 1 ans de TF1+;
Philippe Larribau (DG Paramount France) qui édite une plateforme gratuite (Pluto) et une plateforme payante : Paramount+;
Enfin, Rémi Tereszkiewicz, CSO de BetaSeries, éclairera nos lanternes sur le comportements des Gaulois en termes de consommation vidéo.
Pour s’inscrire, c’est sur le site de l’ESCP.
Couplé 🤝 : le NY Times s’associe pour croître
⏳ : 1 min 14 sec
Le New York Times (NYT) explore une nouvelle stratégie pour étoffer sa base d’abonnés aux États-Unis : nouer des partenariats d’abonnement groupé avec des éditeurs plus modestes ou plus spécialisés. Une approche déjà éprouvée à l’international, notamment avec El País en Espagne, le Corriere della Sera en Italie et Politiken au Danemark.
Une approche par les services lifestyle
L’idée ? Offrir aux abonnés de ces médias un accès à des contenus premium mais tiers du NY Times, au-delà de l’actualité : Jeux, cuisine, sport : ces segments attirent des abonnés plus fidèles et plus rentables que le simple accès aux articles d’actualité. Donc l’idée est de faire bénéficier des publications tierces de cette diversification, en contre-partie également d’offres pour croître les abonnés à l’actualité du New York Times.
Quoi de mieux que des abonnés à des publications pour s’abonner au roi des quotidiens ? (disclaimer : je suis abonné au NY Times au tarif international imbattable de 2$ par mois!)
D’ailleurs, 46% des abonnés du NYT ont déjà souscrit à des offres multi-produits. Selon les chiffres du journal, ces abonnés génèrent en moyenne 7,5% de revenus supplémentaires par utilisateur.
Un modèle de croissance multi-produits
Avec 11 millions d’abonnés, dont 10,5 millions en digital-only, le NYT ambitionne d’atteindre 15 millions d’abonnés d’ici 2027. Pour cela, il continue de bâtir un écosystème d’abonnements, combinant acquisitions (The Athletic en 2022, Wirecutter en 2016) et offres groupées. Cette diversification permet de réduire la dépendance au journalisme d’actualité, marché de plus en plus saturé.
Une tendance qui s’accélère dans les médias
D’autres groupes expérimentent ces abonnements croisés. Reuters et Gannett testent une offre mixte globale-locale, tandis que Bloomberg et The Information avaient envisagé un bundle alliant tech et finance.
Le NYT semble donc miser sur un journalisme-service, où les jeux et les recettes de cuisine deviennent des produits d’appel aussi importants que les grands reportages. Une stratégie à suivre, surtout dans un contexte où les abonnements numériques deviennent le nerf de la guerre des médias.
Matché 🤳: Tinder ❤️ Instagram
⏳ : 1 min 22 sec
Tinder muscle son jeu et s’acoquine avec Instagram dans sa dernière mise à jour.
L’application de rencontres permet désormais de consulter directement le profil Instagram d’un potentiel match, offrant ainsi une plongée plus immersive dans la vie (ou la mise en scène c’est selon) de l’autre.
Les utilisateurs pourront voir les 34 (?) dernières photos publiées, sans même quitter l’application Tinder, et cliquer pour accéder au profil complet, y compris les likes et les commentaires.
Pour ceux qui ont un compte Instagram privé, l’option de le rendre visible sur Tinder uniquement est proposée.
Autre nouveauté : les connexions communes.
Désormais, Tinder affiche les relations de premier et de second degré, un peu à la mode de LinkedIn. En clair, si vous partagez un ami avec un match, c’est une connexion de premier degré ; si vous avez chacun un ami qui, lui, se connaît, c’est une connexion de second degré.
De quoi rassurer les plus frileux et rencontrer les amis d’amis.
Enfin, TOUTES les pages aimées sur Facebook apparaissent également sur votre profil Tinder (de quoi contrarier l’ancien patron d’EBRA on imagine). L’objectif ? Faciliter l’amorce de conversation en mettant en avant des centres d’intérêt communs. Une tentative de rendre les discussions moins basiques que le traditionnel « Salut, ça va ? ».
Sean Rad, cofondateur et président de Tinder, vend cette mise à jour comme une avancée majeure : « Plus nous fournissons d’informations pertinentes, plus nous facilitons l’interaction ». Reste à voir si afficher son Instagram et ses likes Facebook suffira à éviter les ghostings en série dont est victime la plateforme.
Cette évolution s’inscrit dans la stratégie d’expansion de Tinder, qui a récemment lancé Tinder Plus, une version premium facturée entre 10 et 20 dollars selon l’âge. Celle-ci inclut des options comme PassPort (matcher à l’international) et Rewind (revenir sur un swipe à gauche (=poubelle) malencontreux).
Cependant, cette mise à jour Instagram reste accessible à tous, abonnés ou non.
Tinder devient donc un peu plus qu’un simple jeu de swipes : une plateforme où l’on scanne la vie digitale de l’autre avant même d’échanger un mot. Reste à savoir si cette transparence accrue enrichira les échanges… ou accentuera encore la superficialité des rencontres en ligne.
Si vous préférez tester la version audio de cette newsletter, essayez le rendu de l’IA Google NotebookLM (cette semaine en 🇫🇷), les deux voix sont plus claires et le podcast plus court :
Ebullutive 💦 : la dernière édition du Comptoir IA
⏳ : 1 min 29 sec
L’année 2025 a démarré sur les chapeaux de roues pour la communauté IA parisienne avec la 21e édition du Comptoir IA, toujours animée par Nicolas Guyon, cette fois, dans les locaux de Malt.
Plusieurs interventions mais voici les trois plus marquantes (pardon pour les autres) :
Luc Ferry : IA, grand remplacement ou complémentarité ?
L’invité d’honneur, Luc Ferry, dont on peut parfois s’agacer de la capacité à parler de tout en pontifiant, a, je trouve, montré qu’on peut connaître deux ou trois choses à la philosophie (pour les Nuls objecteront les plus avertis) et s’intéresser aux questions de notre temps (surtout lorsqu’il s’agit de la santé, l’âge aidant sans doute mais je digresse). Il a notamment battu en brèche trois idées lénifiantes sur l’impact de l’IA sur l’emploi :
Non, l’IA ne se contentera pas d’automatiser les métiers répétitifs : elle affectera sans aucun doute, aussi les professions créatives. Cette révolution industrielle (mais le terme semble presque trop faible) impactera aussi les cols blancs.
Non, elle ne va pas comme pour les révolutions précédentes, permettre des déversements de population d’un secteur à un autre, ou remplacer arithmétiquement les jobs “peu qualifiés” par des postes “plus qualifiés”, Brace! Brace!
Evidemment, les gains de productivité ne sont pas une chimère : les machines travaillent 24 heures sur 24, 7/7.1
Une prise de position tranchée qui a lancé la soirée sur une note stimulante.
Démonstrations : le futur en action
Quatre interventions ont marqué la soirée, illustrant des avancées concrètes en IA :
1. Pierre-Louis Biojout (Phospho, YC W24) a dévoilé un bras robotique piloté par mimétisme en passant par ChatGPT, ouvrant sans doute un nouveau front pour la robotique (je ne suis pas expert pour dire si c’est vraiment une novation).
2. Denis Brûlé de la société Finegrain a présenté une technologie d’édition d’image par prompt textuel : remplacer un élément dans une photo sans logiciel graphique devient enfin accessible à tous les allergiques de Photoshop.
3. Stanislas de Livonnière (Le Parisien) a montré comment l’IA peut transformer le journalisme, de l’animation d’images d’archives à la création de documentaires vidéo sur un Prix Albert Londres de 1973
4. Alexandre Cormeraie a fait la démonstration d’Operator sur le site de réservation de billets de train Oui.sncf, où il a organisé un voyage de quelques jours (transports et sorties) par simple commande vocale à ChatGPT.
Humanisé ✍️ : un premier label de livre garanti sans IA
⏳ : 1 min 19 sec
Emily Turrettini dans son très bon billet quotidien sur l’IA relève que le 30 janvier 2025, la plus grande association d’auteurs américains, The Authors Guild, a annoncé le lancement d'une certification "Human Authored" pour distinguer les livres écrits par des humains, sans recours à l'intelligence artificielle.
Cette initiative vise à offrir aux auteurs un moyen de se démarquer dans un marché de plus en plus saturé de contenus générés par des IA.
Actuellement, cette certification est réservée aux membres de l'Authors Guild et concerne les ouvrages rédigés par un seul auteur.
L’organisation prévoit d'étendre ce programme à l'avenir pour inclure les livres coécrits et ceux d'auteurs non membres.
Pour être éligible, le texte doit être principalement écrit par un humain, permettant toutefois l'utilisation minimale d'outils numériques comme la vérification orthographique, grammaticale ou la recherche sont tolérés.
Les auteurs certifiés pourront apposer un label "Human Authored" sur leurs ouvrages, et une base de données publique permettra à quiconque de vérifier l'origine humaine d'un livre en consultant son numéro de certification.
Cette démarche vise évidemment à renforcer la transparence et à affirmer l'importance de la créativité humaine dans la littérature dans un contexte où les œuvres générées par l'IA se (dé)multiplient2, cette certification offre aux auteurs une opportunité de valoriser leur travail et aux lecteurs la possibilité de choisir des livres issus de la plume humaine.
Dans le même temps, le bureau US des copyrights précisait sa politique de défense des droits d’auteurs en fonction du recours à l’IA. Globalement, elle reste cohérente sur le sujet : dès lors qu’il y a invention humaine avec ou sans IA, le contenu est protégeable. Comme le résume Cassie Kozyrkov, la toute première Chief Decision Officer (?) de Google :
Your Prompts = ✅ Copyrightable
Your Edits = ✅ Copyrightable
Your Edits + AI Output = ✅ Copyrightable
Unedited AI Output = ❌ Not Copyrightable
Your Prompts + Unedited AI Output = ❌ Not Copyrightable
Cette position est, on le suppute, encore susceptible d’évoluer à l’avenir.
Faudra-t’il in fine, que les vrais auteurs soient ceux qui certifient avoir écrit le manuscrit de leurs oeuvres à la plume d’oie?
Indomptée 👩🎨 : Suzanne Valadon à Beaubourg
⏳ : 1 min
Le Centre Pompidou consacre cette année (fermeture à la fin de l’année) une monographie ambitieuse à Suzanne Valadon (1865-1938), figure audacieuse de la peinture française. Trop longtemps restée dans l’ombre des avant-gardes masculines qui l’ont en partie fait posée puis formée (Degas, Toulouse-Lautrec), elle s’impose aujourd’hui comme une artiste majeure de cette époque à cheval entre le post-impressionisme et la modernité des années 20.
Alors que le cubisme et l’abstraction naissent, Valadon défend une peinture ancrée dans le réel, où le nu – masculin comme féminin – occupe une place centrale, représenté avec une sincérité dénuée d’artifice et de voyeurisme.
La dernière monographie parisienne dédiée à Valadon remontait à 1967, au Musée national d’art moderne. L’exposition actuelle, initialement conçue en 2023 au Centre Pompidou-Metz, a ensuite voyagé avant d’arriver enrichie à Paris.
A Paris, l’exposition s’attache à mieux montrer sa singularité. Elle n’exprime pas de virtuosité technique ou un désir de création de belles choses, ses peintures sont relativement brutes : les silhouettes charnues, les plus nombreuses voire répétitives, sont cerclées d'un (disgracieux) trait noir qui trahit l’origine de son apprentissage dans le dessin (de remarquables dessins sont également exposés). Certaines peintures des 200 peintures exposées sont franchement ratées.









Sa palette acide est plus intéressante : les couleurs sont souvent crues, les corps sont verts et roses comme des chairs en putréfaction, les joues bien rouges.
Les natures mortes sont remarquables et font penser à celles de Cézanne par moments, notamment avec une même distorsion graphique et un souci de réalisme, loin du canon hollandais.
Peindre le monde tel qu’il est, avec une approche franche et sans compromis, voilà le crédo de Suzanne Valadon, une artiste libre.
Pour en savoir plus sur les gains de productivité macro, voir cette étude de l’OCDE qui tente de les chiffrer entre 0,25 et 0,6 point de PIB: Its main estimates for annual aggregate total-factor productivity growth due to AI range between 0.25-0.6 percentage points (0.4-0.9 pp. for labour productivity). The paper discusses the role of various channels in shaping these macro-level gains and highlights several policy levers to support AI's growth-enhancing effects. —>
De nombreux auteurs se sont plaints qu’au jour du lancement de leur dernier ouvrage, des versions de résumé du livre soient déjà disponibles et cannibalisent les ventes.