Le Wrap Up de la semaine de l'attaque de la Nouvelle Orléans (semaine du 30 décembre 2024)
🧠 : Google contre-propose - 🔮 : journalisme optimiste? - 🎶 : Ces perleslibres de droits - 🎬 : Le cinéma en 🇫🇷 en hausse en 2024 - ⛓️💥 Vivendi splitté - 😂 Le Suicidé à la Comédie Française
Au sommaire de cette semaine :
Mitigé 🧠 : Google tente d’éviter le démantèlement avec des contre-propositions
Démocratisé 🎶 : Ces perles qui deviennent libres de droits en 2025
Haussière 🎬 : la fréquentation des salles de cinéma progresse en France en 2024
⏳ Temps de lecture : 7 minutes
Si vous préférez tester la version audio de cette newsletter, essayez le rendu de la moulinette Google NotebookLM (cette semaine en 🇫🇷), les deux voix sont cette fois masculines (je tenterais de modifier le prompt la prochaine fois) :
Mitigé 🧠 : Google tente d’éviter le démantèlement avec des contre-propositions
⏳ : 54 sec
Google fait face à une pression majeure de la justice américaine, qui souhaite démanteler le géant en raison de pratiques anticoncurrentielles, une des pistes évoquées est la séparation de Chrome de l’ensemble des autres activités d’Alphabet. En réponse, Google a soumis un document de 12 pages détaillant des contre-propositions pour éviter cette vente, tout en réinjectant de la concurrence.
Les principales propositions de Google
Permettre aux fabricants de dissocier les applications Google : par exemple, un appareil Android pourrait inclure Gmail et le Play Store, mais exclure Chrome et Google Search;
Autoriser les fabricants à précharger des moteurs de recherche alternatifs, offrant ainsi davantage de choix aux utilisateurs (on connaît les effets limités de ces propositions);
Éliminer l’obligation de placer les applications Google en évidence sur l’écran d’accueil des appareils (que personnellement j’ignorais);
Cependant, Google ne renonce pas entièrement à sa position concurrentielle et inclut des clauses permettant de sceller des accords particuliers avec certains fabricants. Ces arrangements pourraient inclure une rémunération pour la mise en avant de produits Google, garantissant à l’entreprise un certain contrôle stratégique.
Google propose également que les moteurs de recherche par défaut varient selon les plateformes (par exemple, l’iPad pourrait avoir un moteur différent de celui d’iOS). Ces ajustements visent à répondre aux critiques tout en minimisant l’impact sur son modèle économique.
Voyons si cela suffit à apaiser le courroux des autorités pour la protection des consommateurs.
Prédictions 2025🔮 : pour un journalisme optimiste?
⏳ : 2 min 8 sec
À l’aube de 2025, le paysage journalistique continue d’être chamboulé, poussé par la captation publicitaire des platesformes liés aux changements d’habitude des utilisateurs (une propension bien moindre à payer) . Plusieurs experts ont identifié plusieurs tendances clés qui façonneront selon l’année qui vient en journalisme :
L’essor des médias de niche
Lucy Kueng, consultante en stratégie, souligne que les créateurs viennent bouleverser les médias. La part du contenu de YouTube consommé sur les téléviseurs connectés ne cesse de croître avant même que les groupes de presse n’ait pu se mettre à la vidéo. Les podcasts de plus en plus audiovisuels élargissent ainsi aussi leur public (400 millions d’heures de podcast par mois visionnées).
Les médias de niche alliant newsletters, podcasts et événementiel, deviennent le modèle par défaut de ces nouvelles marques d’information, offrant une couverture approfondie sur des sujets spécifiques.
However, publishers have significant structural advantages assets in their brands and ability to drive discoverability and these need to be exploited.
Ensure strategies do not focus on last year’s world. The shifts that have taken place in the last 24 months are subtle but profound. Strategies need revising.
Most critical, take concrete steps to connect with the creator economy’s booming growth.
Collaboration accrue dans les rédactions
Martina Andretta, head of growth chez Metro, prédit une collaboration renforcée entre les équipes.
The responsibility of reaching audiences will not sit with audience teams alone, reporters will get embedded in new ways of connecting with people – be that through written word, video, Q&As and more… A new generation of digital-savvy users, who understand content cycles and are more attracted to personality than reliability, demand new rules of engagement.
Par ailleurs, la voie retour du journalisme semble encore largement ignorée alors qu’elle est une source majeure de croissance de la base d’audiences des médias sur les platesformes sociales :
Yes, qualitative research takes time. Speaking to people takes time. Replying to comments takes time and resources. But we just cannot – and should not – avoid it anymore.
Les jeunes constituent désormais la garde montante dans les rédactions
Khalil A. Cassimally, en charge des projets spéciaux à The Conversation avance que les jeunes dans les rédactions sont beaucoup plus proches culturellement d’un segment de plus en plus large du public, et il les situe également à l’avant-garde des fonctions critiques telles que l’analyse de data, de l’audience et l’IA dans les rédactions
L’intégration de l’IA dans les processus quotidiens
L’intelligence artificielle prendra évidemment une place plus prépondérante dans les workflows et transformera la pratique journalistique. Les talents capables d’exploiter ces technologies innovantes (NDT : de façon originale) deviendront essentiels pour différencier les contenus dans un marché saturé.
Leaders will need to revise job descriptions so that teams focus on the most complex and original stories that require critical thinking, ingenuity, a sense nuance and and other exclusively human journalistic traits.
Lutte contre l’épuisement et le bruit médiatique
Rozina Breen du Bureau of Investigative Journalism appelle à une approche collective face à la désinformation et aux pressions politiques croissantes. Elle insiste sur la nécessité de renforcer la confiance du public tout en soutenant la santé mentale des journalistes, notamment via des formations sur le journalisme informé par les traumatismes et des initiatives de soutien psychologique, peut être collectivisées.
Démocratisé 🎶 : Ces perles qui deviennent libres de droits en 2025
⏳ : 1 min 1 sec
Chaque année, des œuvres musicales tombent dans le domaine public, permettant à quiconque de les interpréter, les enregistrer ou les diffuser sans autorisation préalable. En 2025, des compositions de 1924 célèbrent leur centenaire et deviennent ainsi libres de droits.
Parmi ces œuvres, on retrouve des pièces emblématiques qui ont marqué l’histoire de la musique. Leur entrée dans le domaine public offre une opportunité unique de redécouvrir et de réinterpréter ces chefs-d’œuvre.
En France, cette protection court ainsi légalement durant une période de 70 ans suivant le décès de l’auteur, après quoi ses œuvres entrent mécaniquement dans le domaine public et deviennent dès lors libres de droits… Les œuvres de Colette glisser mécaniquement dans le domaine public français, de même que les toiles d’Henri Matisse ou encore les photographies de Robert Capa, autant de grands artistes tous disparus en 1954.
Aux Etats-Unis, la situation se complique puisque la durée de protection de toutes les œuvres a été prolongée à 95 ans par le Congrès à la fin du XXème siècle, notamment sous la pression de Disney.
Parmi les œuvres musicales qui entreront dans le domaine public en 2025, on retrouve:
Le Boléro de Maurice Ravel, d’abord, qui entre dans le domaine public américain huit ans après avoir été triomphalement libéré en France;
Outre-Atlantique, les partitions de nombreux standards populaires deviennent libres de droits dont celle du fameux Singin’ In The Rain coécrit en 1929 par Arthur Freed pour les paroles et Nacio Herb Brown pour la musique;
Les Américains pourront également s’emparer à partir de cette année de nouvelles partitions de leur compatriote George Gershwin (c’est déjà le cas en France pour toute son œuvre).
Haussière 🎬 : la fréquentation des salles de cinéma progresse en France en 2024
⏳ : 57 sec
En 2024, la France se distingue en enregistrant une hausse de la fréquentation de ses salles de cinéma, une performance unique au niveau mondial. Selon Olivier Henrard, président par intérim du CNC, le pays a accueilli 181,3 M de spectateurs, contre 180,4 millions en 2023.
Cette progression est largement attribuée au succès des productions nationales, qui représentent 44,4 % des entrées de l’année. Trois films français se hissent ainsi dans le top 5 des box-offices :
• Un p’tit truc en plus d’Artus : 10,8 M de spectateurs, faisant de lui le plus grand succès de l’année.
• Le Comte de Monte-Cristo : 9,3 M d’entrées.
• L’Amour Ouf de Gilles Lellouche : 4,8 M de billets vendus à ce jour, le film étant encore en salles.
Les films d’animation Vice-Versa 2 et Vaiana 2 occupent respectivement les troisième et quatrième places, avec 8,4 et 6 M d’entrées.
Une diversité cinématographique saluée
Cette réussite est également portée par des œuvres à plus petit budget : 10 longs métrages, dont le budget est inférieur à 4 M€, ont attiré plus de 200 000 spectateurs chacun. Pour le CNC, il y a de l’autocongratulation en soulignant la capacité du cinéma français à proposer des films de tous genres et pour tous les publics, contribuant ainsi à cette dynamique positive.
Un retour progressif aux niveaux pré-pandémie
Malgré cette performance notable, la fréquentation reste inférieure de 12,8 % par rapport à la moyenne d’avant la pandémie de Covid-19. En 2019, les salles françaises avaient enregistré 209,4 millions d’entrées. Le CNC anticipe une augmentation pour 2025.
Splitté ⛓️💥 : les entités de Vivendi dévalorisées ?
⏳ : 1 min 28 sec
Vivendi a récemment annoncé sa décision de se scinder en plusieurs entités distinctes, une opération stratégique visant à maximiser la valeur de ses actifs : Canal+, Havas, Louis Hachette Group (détenant 66 % de Lagardère) et un nouveau Vivendi (regroupant Gameloft et des participations dont celle dans Universal Music).
Cependant, cette restructuration s’est accompagné de coûts significatifs qui s’élèvent selon les informations de L’Informé, à 80 M€ essentiellement en conseils juridiques et bancaires, employant 4 cabinets d’avocats et 19 banques.
Sous les projecteurs de la Bourse, la scission s’est avérée une désillusion pour ses actionnaires qui avaient approuvé l’opération à 97% des droits de vote exprimés. L’objectif affiché par Yannick Bolloré était d’éliminer la décote de holding qui pesait sur le groupe (de 45% selon ses dires) et de maximiser la valeur des actifs. Pourtant, dès le premier jour de cotation, le succès n’a pas été au rendez-vous : la somme des parts était équivalente à l’ancien Vivendi, et même diminuée par des impôts et d’autres handicaps.
Le nouveau Canal+, valorisé à 3,5 milliards d’euros lors de son introduction à la Bourse de Londres, a clôturé à 2,7 milliards, soit bien en dessous des estimations et de sa valeur passée. Les analystes ont souligné une communication lacunaire sur les performances, aggravée par une cotation sur une place étrangère moins protectrice des actionnaires minoritaires.
Havas, coté à Amsterdam, a également déçu : acquis par Vivendi pour 3,9 milliards d’euros en 2017, sa capitalisation boursière n’était plus que de 1,77 Md€ lors de son introduction. L’agence a été pénalisée par des performances historiques en deçà des attentes, avec une croissance organique et une rentabilité en chute depuis quelques années.
Quant au “nouveau” Louis Hachette Group, regroupant Prisma et une participation majoritaire dans Lagardère, il a vu sa valeur réduite de 2,1 Md€ dans les comptes 2023 à seulement 1,1 Md€ à l’introduction sur Euronext Growth.
Le nouveau Vivendi, quant à lui, ne reflèterait que la moitié de la valeur de ses participations dans Universal Music et Telecom Italia.
Cette débâcle s’expliquerait, selon la lettre d’informations, par des choix de cotation qui favorisent principalement les intérêts de contrôle de la famille Bolloré. En optant pour des places comme Amsterdam ou Londres, le groupe bénéficie de droits renforcés tout en échappant à des règles contraignantes d’OPA. De plus, l’absence de ces sociétés dans les indices majeurs limite leur attractivité pour les grands investisseurs internationaux ou français.
Burlesque 😂 : Le Suicidé à la Comédie Française

⏳ : 53 sec
Rien de tel pour commencer l’année qu’un peu d’humour (noir).
Sémione (Jérémy Lopez) est un chômeur en URSS, cette situation le plonge en pleine dépression, au point que sa femme et sa belle-mère sur un malentendu lui prêtent des idées suicidaires. Sémione les dissuade mollement.
Là où la pièce va prendre toute son ampleur et sa résonnance historique, c’est lorsque la rumeur de son envie de suicide se répand et que défilent auprès de lui religieux, intellectuel, artiste, boucher qui vont tenter de récupérer politiquement cette envie de suicide.
Une citation résume bien la morale de cette histoire: "À l’époque où l’on vit, seuls les morts peuvent dire tout haut ce que les vivants pensent tout bas".
Les comédiens et musiciens de la Comédie Française (mention spéciale à Serge Bagdassarian) sont réunis ce vaudeville tragi-comique executés avec jubiliation et qui donne à dire en cette rentrée ombrageuse.
La pièce est de l’auteur soviétique Nicolaï Erdman et on a du mal rétrospectivement à se dire qu’il aurait pu en être autrement que d’être censuré pour un tel affront à l’égard du Parti et de la critique de la société bienheureuse soviétique. La scénographie d’Eric Ruf et la mise en scène de Stéphane Varupenne sont désopilantes et atteignent leur summum dans la scène du banquet qui précède l’heure du suicide programmé.
A voir d’urgence jusqu’au 2 février (le Masque et la Plume n’a pas aimé).
«Leaders will need to revise job descriptions so that teams focus on the most complex and original stories that require critical thinking, ingenuity, a sense nuance and and other exclusively human journalistic traits.» 🙏 Christian.