Le Wrap Up de la semaine de la plus forte levée de fonds de l'histoire (semaine du 30 septembre 2024)
🙌: Amazon Video augmente les pubs - 💰 : la staglation des stars TV US - 🙈 : le démantèlement de Google - 🧠 : l’exposition au tableau IRL = mieux - 📸 Tina Barney au Jeu de Paume
Cette semaine, OpenAI a levé 6,6 milliards de dollars lors de son dernier tour de financement, lui conférant une valeur de 157 milliards de dollars. Pour rappel, la société devrait afficher près de 3,3 Md de CA cette année, pour 5 milliards de pertes.
Au sommaire de cette semaine :
Ambivalent 🙈 : le démantèlement de Google serait une mauvaise idée
Vivifiée 🧠 : l’exposition au tableau IRL plus intense cérébralement que face à un écran
⏳ Temps de lecture : 5 min 45 sec
Pour retrouver le Wrap Up à deux voix et en anglais, c’est ici (grâce à Google NotebookLLM) :
(Pour ceux que cela amuse, découvrez le désarroi des deux intervenants lorsqu’un petit malin leur fit prendre conscience de leur inexistance.)
Intensifié 🙌 : Amazon Video augmente le nombre de publicités
⏳ : 1 min 12 sec
Amazon renforce son offre de streaming en introduisant davantage de publicités sur Prime Video dès l'année prochaine.
Cette initiative vise à développer son service financé par la pub, tout en apaisant les craintes d'un exode massif d'abonnés.
Depuis que les publicités ont été intégrées à la plateforme il y a huit mois, Amazon n'a pas constaté de chute significative du nombre de ses utilisateurs, prouvant ainsi que la stratégie fonctionne mieux qu’attendu.
Kelly Day, vice-présidente de Prime Video International, a déclaré que le nombre d'espaces publicitaires augmenterait progressivement d'ici 2025, et Amazon espère séduire les marques avec des données démontrant une audience massive.
Au Royaume-Uni, Prime Video touche environ 19 millions de téléspectateurs chaque mois, soit près d'un tiers de la population, tandis que la portée publicitaire mondiale de la plateforme s’élève à 200 millions d'utilisateurs mensuels potentiels, dont plus de la moitié aux États-Unis.
L'approche initiale d'Amazon en matière de publicité était assez modérée, avec peu de coupures publicitaires et aucune interruption en plein milieu des programmes. Cela a été bien accueilli par les utilisateurs, dont le taux de désabonnement reste faible. Les abonnés sont tous automatiquement passés au service avec publicités, sauf s'ils choisissaient de payer plus pour une offre sans pub.
Amazon prévoit par ailleurs d’introduire des formats publicitaires interactifs, permettant aux téléspectateurs d'acheter des articles ou d'en savoir plus sur des marques directement via leur télécommande ou smartphone, sans quitter leur programme. Evidemment grâce à la marketplace, Amazon est très bien positionné pour convertir ces publicités en ventes.
Enfin, les revenus publicitaires d'Amazon continuent de croître, atteignant 12,8 milliards de dollars au deuxième trimestre de 2024.
Malgré certaines préoccupations sur les réductions de budget pour les nouvelles productions, Kelly Day a affirmé qu'Amazon avait augmenté ses dépenses en contenus, notamment dans les droits sportifs et les événements en direct, et prévoit une nouvelle série de productions originales et de films à succès pour l'année à venir.
Applaties 💰 : les rémunérations des stars TV US plafonnent
⏳ : 1 min 05 sec
Le monde des stars de la télévision est en émoi: l’article du Wall Street Journal détaille comment les présentateurs vedettes de chaînes comme ABC, NBC ou ESPN, qui ont longtemps bénéficié de contrats mirobolants, sont désormais en délicatesse.
Le climat actuel de réductions des coûts dans l'industrie des médias, conjugué à la difficile transition vers le streaming, met fin à l'âge d'or des icônes télévisuelles.
Des personnalités comme George Stephanopoulos, Robin Roberts et Michael Strahan de "Good Morning America" ou Hoda Kotb de "Today" doivent faire face à des baisses potentielles de leurs rémunérations, autrefois estimées à 20 ou 30 M$ par an.
Ce changement s'explique par plusieurs facteurs :
Les chaînes traditionnelles de télévision par câble et de diffusion souffrent de rendements décroissants, tandis que les services de streaming, loin d'être aussi rentables que prévu, peinent à compenser ces pertes.
Parallèlement, ces entreprises investissent massivement dans les droits sportifs, notamment pour des compétitions comme la NBA, laissant moins de place pour des budgets faramineux alloués aux talents télévisuels.
Le phénomène touche également le secteur du divertissement. Les studios revoient à la baisse leurs contrats de production pluriannuels, et même des producteurs réputés doivent accepter des baisses de salaires.
Les émissions de fin de soirée, comme celles de Jimmy Fallon ou Seth Meyers, ne sont pas épargnées, avec des coupes dans les coûts, notamment la suppression d'épisodes ou de groupes de musique.
Les experts de l'industrie confirment cette tendance : l'époque où les stars télévisées pouvaient prétendre à des salaires de 20 millions de dollars est révolue. Désormais, seuls quelques rares talents continueront à négocier des contrats à huit chiffres, tandis que les réseaux tentent de naviguer dans une industrie de plus en plus compétitive et en pleine transformation.
Ambivalent 🙈 : le démantèlement de Google serait une mauvaise idée
⏳ : 1 min 05 sec
C’est un vrai parti pris que dévoile The Economist cette semaine : il conteste l’effort des autorités antitrust visant à démanteler Google.
Il s’appuie sur l’histoire du procès contre Microsoft en 1999 pour illustrer les similitudes avec la situation actuelle. À l’époque, le gouvernement américain accusait Microsoft d’abus de monopole, mais l’innovation technologique restait rapide et l’émergence de nouveaux acteurs avaient finalement rendu cette intervention moins pertinente.
Aujourd’hui, la Justice américaine reproche à Google d’avoir abusé de sa position dominante dans la recherche en ligne, en verrouillant les utilisateurs via des accords de "moteur de recherche par défaut", notamment avec Apple et Mozilla, pour un montant de 26 milliards de dollars en 2021.
Toutefois, pour le journal pourtant libéral, le démantèlement de Google – par exemple en séparant Chrome ou Android – ne résoudrait pas le problème central : même séparées, ces entités pourraient encore être payées pour conserver Google comme moteur de recherche par défaut, ce qui annulerait l’argument principal formulé contre Google. Le problème central réside dans la suppression du choix pour les utilisateurs.
Au lieu de démanteler Google, l’article propose de limiter sa capacité à établir des accords de recherche par défaut, permettant plus facilement aux consommateurs de choisir parmi plusieurs moteurs de recherche.
Les régulateurs européens ont déjà adopté cette approche. En parallèle, le partage de certaines technologies de Google, comme son index de pages web, pourrait favoriser une concurrence plus saine en réduisant les coûts de développement pour les rivaux.
Un autre argument contre le démantèlement est la rapidité avec laquelle la technologie évolue : des outils tels que ChatGPT commencent à gagner du terrain, menaçant la domination de Google.
Une telle dynamique pourrait rendre une intervention antitrust obsolète avant même qu’elle ne prenne effet.
Vivifiée 🧠 : l’exposition au tableau IRL plus intense cérébralement que face à un écran
⏳ : 1 min 1 sec
Des scientifiques néerlandais viennent de confirmer ce que Marvin Gaye et Tammi Terrell chantaient déjà en 1968 : there really ain’t nothing like the real thing.
Une étude neurologique menée par le Mauritshuis Museum à La Haye révèle que les œuvres d'art originales stimulent le cerveau dix fois plus que des reproductions. En utilisant la technologie de suivi oculaire et des IRM, les chercheurs ont observé l’activité cérébrale de 20 volontaires âgés de 21 à 65 ans, exposés à des peintures réelles et à des affiches.
Les résultats sont frappants : face à des œuvres authentiques, le cerveau des participants a montré une réponse dix fois plus intense qu’en observant des reproductions. Martine Gosselink, directrice du musée, était convaincue de ce pouvoir de l'art original mais a voulu prouver cela scientifiquement.
You become mentally richer when you see things, whether you are conscious of it or not, because you make connections in your brain.”
L'étude a montré que le célèbre tableau "La Jeune Fille à la perle" de Vermeer captait une attention soutenue des spectateurs, créant une boucle entre l’œil de la jeune fille, sa bouche et la perle qu’elle porte.
Les chercheurs ont également mesuré les effets neurologiques des œuvres exposées par rapport à leurs posters, constatant une différence flagrante.
Par exemple, "Le Joueur de violon" de Gerrit van Honthorst a produit un stimulus positif significatif lorsqu'il était vu en vrai (0,41 sur 1), contre seulement 0,05 sous forme d’affiche.
Selon les chercheurs, les œuvres d'art originales activent le précuneus, une partie du cerveau liée à la conscience, à l'introspection et aux souvenirs personnels.
Privilégiée 📸 : l’exposition Tina Barney au Jeu de Paume
⏳ : 1 min 8 sec
L’exposition "Family Ties" de Tina Barney au Jeu de Paume (jusqu’au 19 janvier 2025), offre une rétrospective de 40 ans de carrière de cette photographe américaine peu connue en France.
Barney est célèbre pour ses photographies de famille de la high society dont elle est issue. Même si elle se défend de faire une radiographie de ce milieu, en précisant que c’était surtout le matériau des relations familiales qui l’intéressait.
On n’en ressort tout de même avec un sentiment de voyeurisme de la haute société américaine, assez peu mise à son avantage, relativement mise en scène, donnant à la plupart des portraits, à la fois un aspect intime et théâtral (à ma connaissance aucuns ne sont des commandes).
Tina Barney a commencé par photographier sa propre famille et ses amis à la fin des années 1970, explorant les relations entre générations dans un cadre intime. Elle conduira une série sur des portraits de famille européens, The Europeans, dans lesquels en raison des sujets photographiés, elle mettra plus en relief la perpétuation du classique portrait de cours ou domestique.
Ses portraits de groupe en grand format, aux couleurs vives, mêlent des instantanés et également des arrangements, sans que la démarcation soit très claire.
La notoriété venant, Barney va également s’illustrer avec des portraits de célébrités pour des magazines de mode ou des marques de luxe, pas très loin du nid donc, même si la patte de l’intime demeure.
In fine, l’œuvre de Barney ne m’a pas touché, trouvant que son sujet et son traitement n’apportaient pas de grandes novations. Même l’ironie dont elle fait preuve pour dépeindre son milieu, à la manière d’un Martin Parr à l’encontre des classes populaires, semble assez feutrée, comme ces grandes bourgeoises qu’on dit un peu fofolles mais qui sont in fine très caractéristiques de leur milieu.