Le Wrap Up de la semaine où le Nouveau Front Populaire s'est constitué (semaine du 10 juin 2024)
🐭 : Apple Intelligence - 💸 : Amazon Prime casse les prix dans le streaming - 🧩 : la presse joue - 🍴 : la disparition des cuisines dans les appartements US - 🎨 : Un Soir avec les Impressionistes
Au sommaire de cette semaine :
⏳ temps de lecture : 6 min 36 sec
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Apple Intelligence : Scott Galloway analyse comment Apple avec son approche user friendly et design, peut revenir en force dans l'IA et monétiser très fortement l’accès pour l’IA à 1,6 Md de devices renfermant l’accès aux données personnelles des utilisateurs, inaugurant l’IA contextuel;
Amazon Prime casse les prix dans le streaming: Prime Video a basculé en pub partout, perturbant le marché du streaming et forçant Netflix à ajuster ses tarifs publicitaires et à faire preuve d’innovation;
La presse et les jeux : les médias intègrent des jeux pour augmenter l'engagement des utilisateurs. Apple et LinkedIn rejoignent des acteurs comme NYT en proposant des puzzles et des défis logiques pour fidéliser leur audience.
Détablé 🍴 : la disparition des salles à manger en dit long sur la sociabilité américaine, réduisant les opportunités de repas partagés et soulignant une tendance à l'individualisme
Un Soir avec les Impressionnistes en VR : revivre la 1ère exposition impressionniste de 1874 au Musée d’Orsay en complément de l’exposition monstre en cours.
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Rattrapé 🐭 : comment Apple va revenir dans la course à l’IA
Scott Galloway livre dans sa newsletter hebdo No Mercy No Malice une très intéressante analyse de l’annonce d’Apple sur l’IA à l’occasion de la WWDC de la semaine dernière et se permet un petit rappel historique : l’innovation de rupture, celle qui redéfinit nos usages, n’est pas toujours la meilleure amie de la création de valeur.
Un petit tour d’horizon de certaines entreprises innovantes comme Xerox PARC, Palm, ou Nokia montre qu’elles n’ont pas forcément transformé leur avance technologique en or massif. A l’opposé, Microsoft ou Apple ont su capitaliser sur ces innovations et affichent des capitalisations boursières astronomiques.
Dans cette jungle, Apple joue astucieusement son rôle de Second Mover advantage - celui, contrairement à l’adage, emporte souvent le morceau après que le premier a essayé les plâtres.
Alors que 2024 devenait l’année de l’intelligence artificielle sans présence notable d’Apple, avec sa nouvelle marque "Apple Intelligence", Galloway pense qu’elle peut revenir dans la course avec brio.
Au lieu de réinventer la roue, Apple peaufine, rendant en général les technologies existantes plus accessibles, plus simples, et surtout plus fiables. Un changement de marque qui pourrait bien être le coup de maître de l’année.
Certains diront que Siri était un échec patent montrant les impasses d’Apple. Ah, Siri… Disons que le pari initial d’Apple en 2011 n’a pas tout à fait tenu ses promesses (ça n’est qu’à présent que les taux de reconnaissance vocale deviennent acceptables). .
Ce qui nous amène à "Apple Intelligence". Plus qu'un simple changement de nom, c’est une stratégie embrassant l’intégration profonde de l’IA dans l’écosystème Apple, en tirant parti des informations déjà présentes sur nos appareils pour enrichir notre quotidien.
“Generative AI” has been the anodyne buzzword in tech since ChatGPT launched, but there’s something more powerful: Contextual AI.
Un bon exemple est la fonctionnalité "Memories" sur iPhone, qui illustre comment une intégration réussie peut toucher personnellement les utilisateurs, leur offrant des moments de nostalgie inattendus.
Integration into the Apple ecosystem was the theme of the Apple Intelligence announcement, giving the AI the context of our email and messages, calendar, browser history — the whole storehouse of information already on our device. Post-launch, Apple Intelligence will start to reach out to third-party apps and services beyond our devices.
Galloway mise sur le fait qu’Apple va laisser ChatGPT propulser Siri pour zéro fee initialement, mais va rendre ChatGPT dépendant de sa distribution, comme un Google qui continue de payer 20 Md$ de subvention annuelle pour être le moteur de recherche par défaut de Safari.
Don’t expect that to last, as Apple is likely erecting a toll booth — and it will surely take its usual cut from premium chatbot subscriptions bought via iPhone.. Apple Intelligence, by any other name, could be this decade’s Apple monopoly tax.
En conclusion, Apple, avec son approche de late comer, minimise les risques et maximise les bénéfices, prouvant encore une fois que dans la course à l’innovation, il n’est pas toujours nécessaire de franchir le Rubicon en premier.
Discounté 💸 : Amazon Prime casse les prix dans le streaming
Le streaming est un vaudeville moderne : chaque acteur redouble d'astuces pour capter l'attention du spectateur, tout en remplissant ses poches.
Amazon, toujours prompt à jouer les perturbateurs, vient de renverser la table dans le petit monde des publicités en streaming. Avec malice, Amazon a transformé Prime Video en une version avec pub, faisant miroiter à ses abonnés la possibilité de revenir à un service sans pub pour 2.99 dollars additionnels par mois.
The ad-supported tier of Prime Video has an average reach of 115 million monthly viewers in the U.S. By contrast, Netflix told advertisers at its star-studded presentation last month in New York City that its ad tier reaches 40 million global monthly active users.
Face à cette annonce, Netflix a dû baisser ses tarifs publicitaires précipitamment de 39-45 dollars à 29-35$ du CPM, tout en introduisant des innovations comme les placements de produits dans ses émissions.
Prime Video’s large ad-supported subscriber base means it has a significant amount of ad inventory that is affecting the negotiations that Netflix, YouTube, TV networks and other streamers are having with advertisers as they commit to buying billions of dollars in commercial time for the coming TV season.
Le grand charme de Netflix, c'est sa capacité à créer des émissions qui s'incrustent dans la culture populaire, lui donnant un avantage, malgré une audience moins large vs. celle d'Amazon.
Dans cette guerre des écrans, la stratégie est reine. Netflix mise gros lors des "upfronts", ces grandes messes annuelles où les chaînes et plateformes vendent leur espace publicitaire aux enchères. Netflix propose des mises en avant publicitaires haut de gamme incluant même du sponsoring d'événements en direct ou encore des rencontres en personne liées à ses programmes.
Ad executives say that advertising is even more effective when viewers see a product within a show and then see a commercial for that very product shortly afterward.
Mais Amazon n'est pas en reste. Avec son offre immense et variée allant des séries captivantes au sport en direct, il peut cibler les publicités de manière chirurgicale, et même vous fournir les analytics pour voir si l'article vanté a été acheté suite à la pub.
Un espion bien trop efficace dans nos salons ! Cette capacité à fournir un retour direct sur l'investissement publicitaire rend Amazon particulièrement redoutable.
Et pendant que ces titans du streaming orchestrent leurs stratégies publicitaires, les agences de publicité mènent leur propre combat, chacune cherchant à remporter le budget d'Amazon comme annonceur (20 Md$ par an dans le monde!), promettant fléchert une part significative de ses autres budgets clients en termes d'achats pub sur la plateforme…
Gamifiée 🧩 : la presse prend les jeux très au sérieux
Dans un monde où chaque clic est un combat, les éditeurs de nouvelles et les sites technologiques redoublent d'ingéniosité pour captiver et fidéliser leurs audiences. Le mot du jour ? les Jeux. Les jeux sous toutes leurs formes s'infiltrent avec une étonnante subtilité dans nos sources d'informations et plateformes préférées.
Apple et LinkedIn, géants de leurs secteurs, ont récemment enrichi leurs services d'abonnement de puzzles et défis logiques, rejoignant ainsi une tradition déjà bien établie par des acteurs comme The New York Times ou The Washington Post (ou en France les Mots Croisés du Figaro). Cette stratégie n’est pas nouvelle, mais elle connaît une résurgence notable, surtout dans le contexte actuel où les géants du web comme Google ou Meta, embêtés sur les droits voisins, réduisent leur mise en avant des actualités.
Pourquoi cet engouement pour les jeux ? La réponse tient en un mot : l’engagement. Les jeux sont un moyen efficace d'attirer les visiteurs sur un site et de les y maintenir, transformant un simple lecteur en un participant actif. Ce n’est pas seulement un divertissement ; c'est un défi intellectuel qui renforce la connivence entre le média et son audience.
Par exemple : Apple qui, avec ses puzzles journaliers, promet de fidéliser ses abonnés tout en attirant de nouveaux curieux.
LinkedIn, de son côté, ne déroge pas à sa vocation première et propose des jeux qui encouragent le partage de connaissances professionnelles tout en stimulant l'interaction entre utilisateurs.
L'efficacité de cette stratégie n'est plus à prouver. Le New York Times connaît une hausse des abonnements pour ses produits non liés aux actualités, surpassant même ses abonnements classiques aux news.
Historiquement, les jeux ont toujours fait partie de l’offre des journaux : en 1913, le premier mot croisé fut publié, marquant le début d'une longue tradition de puzzles dans les médias. Aujourd’hui, cette tradition se perpétue dans le numérique, prouvant que même les plus anciennes méthodes peuvent trouver leur place dans notre ère technologique.
Enfin, il est crucial de noter que, malgré leur aspect ludique, ces jeux ont un rôle bien sérieux. Dans un monde où les nouvelles peuvent souvent sembler sombres et sans issue, les puzzles offrent une bouffée d'oxygène, un rappel que chaque problème a sa solution.
Détablé 🍴 : la disparition des salles à manger en dit long sur la sociabilité américaine
La salle à manger, cette pièce autrefois omniprésente dans les foyers américains, est en train de devenir une rareté. Considérée comme l'appendice de la maison américaine, son utilité semble s'estomper, reléguée à un usage sporadique lors des grandes occasions comme à Pâques ou Thanksgiving.
La tendance actuelle dans les nouvelles constructions de maisons individuelles est donc à la disparition des salles à manger classiques et cloisonnées, sans que cela ne semble déranger grand monde. Les Américains préfèrent désormais des espaces qui font double emploi avec la cuisine ou le salon, optimisant ainsi chaque mètre carré de leur habitation.
Dans les nouveaux appartements, le constat est encore plus frappant : il manque souvent même un espace suffisant pour placer une table et des chaises. Les repas se prennent sur le canapé ou dans les chambres, et l'idée même de recevoir pour un repas devient pratiquement impensable. Ce phénomène n'est pas seulement une réponse aux préférences des consommateurs. Il est également exacerbé par une crise du logement et des réglementations arbitraires qui contribuent à éliminer les espaces destinés à manger, intégrant une forme de solitude dans les plans d'architecture américaine.
Si cette tendance se poursuit, les États-Unis pourraient bien perdre définitivement ces espaces dédiés à la convivialité des repas partagés. Ce changement de paradigme dans l'aménagement des espaces intérieurs souligne une transformation culturelle et sociale, où l'individualisme et l'optimisation de l'espace priment sur les lieux de rencontre et d'échange. La salle à manger, symbole de convivialité et de partage, pourrait bien ne pas survivre à cette évolution, laissant place à une nouvelle norme où la fonctionnalité l'emporte sur la tradition.
Impressionné 🎨 : l’ouverture des Impressionnistes à Orsay
Au crépuscule du 15 avril 1874, les murs familiers de l'ancien atelier de Nadar, situé Boulevard des Capucines à Paris, ont connu une effervescence particulière.
Les espaces, autrefois consacrés à la photographie, se sont métamorphosé en une galerie vivante où la jeunesse artistique parisienne défia l'establishment culturel. Une trentaine de peintres, parmi lesquels des noms désormais légendaires comme Monet, Renoir, et Cézanne, y ont inauguré la toute première exposition impressionniste.
Ce moment charnière revit aujourd'hui en réalité virtuelle. Le projet, piloté par Excurio et Gédéon Experiences sous la direction scientifique du Musée d'Orsay, nous offre une plongée dans cette soirée historique avec les moyens modernes.
Munis d'un casque VR, on peut non seulement explorer les salons de Nadar, mais aussi l'atelier de Frédéric Bazille, berceau du mouvement, à l'île de la Grenouillère, théâtre de collaboration entre Monet et Renoir, jusqu'au Havre où fut peint le tableau de Monet, "Impression, Soleil Levant".
L'expérience VR permet une belle illustration de l’ambiance qui régnait au sein de ce groupe d'avant-garde. Elle dépeint le contexte et les dynamiques de l’époque qui ont catalysé l'avènement de l'impressionnisme. Tout y est assez bien rendu, rendant hommage à ces visionnaires qui ont redéfini les contours de l'art moderne.