Le Wrap Up de la semaine où le président iranien s'est crashé (semaine du 13 mai 2024)
🕰️ : Tiktok allonge ses vidéos jusqu’à 60 min - 👴🏻 : les médias et les jeunes ? - ⚒️ : Netflix se dote d’un ad exchange - 🤑 : combien ça coûte un ami? - 📱 : les appstores menacés
Au sommaire de cette semaine :
⏱️ Si vous n’avez qu’une minute :
🕰️ Tiktok allonge ses vidéos jusqu’à 60 min et met même en place un visionnage ho-ri-zon-tal !
🧒 Conférence actu et jeunes : old media qui se sont adaptés aux réseaux sociaux pour tenter de faire revenir des jeunes vs. nouveaux médias qui y campent, avec leur technique propre de contenus et de monétisation (brand content);
🤑 : Netflix lancera son ad exchange en 2025. Le nombre d'abonnés sous publicité est de 40M. La connexion à des DSP (The Trade Desk, DV360, Magnite) et des instituts de mesure d’audience montrent l’ouverture du pure player streaming.
👯 : Entretenir des amitiés peut coûter cher, avec des dépenses pour des activités sociales atteignant plusieurs centaines de dollars par mois. Il faut environ 200 heures pour développer une amitié proche.
📱 Selon Sensor Tower, Apple a encaissé en 2023 près de 27 Md$ de revenus et Alphabet $13bn, et cela sans compter les revenus publicitaires provenant de la vente de pub intégrée (respectivement 80% et 66% de taux de marge).
⏳ Si vous avez 7 minutes 49 secondes :
Horaire 🕰️ : Tiktok allonge ses vidéos jusqu’à 60’
⏳ : 43 secondes
TikTok envisage désormais de jouer dans la cour des grands en testant la possibilité pour ses utilisateurs de charger des vidéos allant jusqu'à 60 minutes.
Cette fonctionnalité, encore en phase de test et disponible uniquement pour un groupe restreint d'utilisateurs dans certains marchés, représente un tournant radical par rapport au format original de l'application.
Souvenez-vous, à ses débuts, TikTok nous limitait à de mignons petits clips de 15 secondes. Mais avec le temps, la plateforme a progressivement augmenté cette limite, flirtant déjà avec les trois minutes, puis les dix minutes. Et maintenant, 60 minutes ! Une sérieuse tentative de marcher sur les plates-bandes de YouTube qui privilégie de plus en plus les formats longs… comme la TV.
La raison derrière cette audacieuse stratégie? le constat que les créateurs sérialisaient de plus en plus leurs vidéos avec des « part 2 ».
Pour rendre l'expérience encore plus agréable, la société teste un mode plein écran HORIZONTAL ! mais aussi des vignettes pour avancer rapidement dans les vidéos, et a même déployé une fonctionnalité permettant de faire avancer rapidement les vidéos en maintenant appuyé le côté droit de l'écran.
Dépassés 👴🏻 : les médias face au problème jeune ?
⏳ : 1 min 52 sec
La table ronde de jeudi soir organisée par le groupe Média & Entertainment (dont votre serviteur), intitulée "Les Jeunes et l'Actualité", a mis en lumière les défis auxquels les médias, traditionnels et modernes, sont confrontés pour capter l'attention des jeunes. Avec la participations d’intervenants en première ligne de ce challenge, Giuseppe de Martino (CEO de Loopsider), Lou Grasser (Directrice des Opérations Numériques au Monde) ou encore Wallerand Moullé-Berteaux (CEO du Crayon), cette conférence a mis l’accent sur plusieurs idées :
1. L'importance des réseaux sociaux : les invités ont tous reconnu la place prise désormais prise par les réseaux sociaux pour s'informer, plaçant ainsi les médias traditionnels face à un défi majeur pour rester pertinents. Loopsider et le Crayon soulignant que les réseaux sociaux servaient aussi à informer des jeunes qui étaient en rupture avec les médias traditionnels, notamment sur des évolutions sociétales qui n’étaient que peu représentées dans les supports traditionnels.
2. Priorité au numérique : le reverse-publishing est depuis quelques années désormais installé (donner la priorité au digital comme premier lieu de publication). Même si dans les grands médias, le média historique reste encore le cadre de référence de la production de contenus.
3. Stratégies de contenu : on a longuement débattu des nouvelles formes de contenus induits par cette publication sur le numérique en premier lieu sur les réseaux sociaux. Capturer l’attention dans les deux premières secondes, cultiver un ton informel avec les invités “comme si l’on parlait avec un copain”, culture du clash aussi pour que chacun se forme une opinion à partir des points de vue opposés.
Loopinsider n’hésitant pas à avoir recours à des arches narratives standardes pour maximiser le succès des vidéos postées.
Reste la question pour les médias traditionnels (dont le Monde) de la cohabitation entre contenu sérieux qu’ils doivent continuer de publier et les sujets légers qui doivent utiliser un ton plus badin, plus léger.
4. Le contenu de marque (aka brand content) continue également de faire débat : entre une nouvelle forme de publicité pleinement acceptée par les utilisateurs des réseaux et les limites déontologiques qui circonscrivaient le publi-rédac’ précédemment à des espaces clairement délimités (la loi sur les influenceurs votée l’an dernier vient redonner un cadre légal à ces pratiques) le torchon brûle.
Cependant, les nouveaux médias digitaux doivent avouer que c’est là l’un des leviers de monétisation les plus rentables pour eux. Giuseppe De Martino confiait que pour 100M de vues sur ses vidéos, Loopsider ne percevait que 800 euros !
5. Démocratisation de l'information : Inspirés par Marshall McLuhan qui décrivait le monde comme un "village planétaire", les réseaux sociaux ont démocratisé l'accès aux médias, en permettant à tous de partager leur voix. Cela impose aux médias le défi de rendre l'information non seulement accessible mais aussi engageante et compréhensible pour tous (et si possible rentable pour continuer de la produire!).
Pour aller plus loin, je vous recommande la lecture du rapport qu’avait rendu public le Financial Times pour comprendre et conquérir le lectorat jeune à horizon 2030.
Armé ⚒️ : Netflix se dote d’un ad exchange
⏳ : 1 min 58 sec
Comme lors des présentations précédentes, Netflix a utilisé sa session upfront pour balayer les doutes sur son efficacité en tant que canal publicitaire.
Depuis l'introduction de la pub fin 2022, les annonceurs ont de façon répétée, exprimé leur frustration face à l'augmentation modeste de l'audience publicitaire sur la plateforme. Ils se plaignaient déjà l'an dernier d'un ciblage et d'une mesure des performances insuffisante. Netflix reste droit dans ses bottes: la plateforme est bien décidé à prouver qu’elle se met aux standards de marché avec toutes les options d'achat et de mesure publicitaires que les acheteurs attendent.
Cette année, Netflix a annoncé que les abonnés sous publicité représentent désormais 40 millions d'utilisateurs actifs mensuels vs. 23 millions en janvier dernier. Au vu de cette importante progression, Netflix a annoncé vouloir lancer son propre ad exchange, en plus de se connecter à davantage de plateformes programmatiques et de d’instituts de mesure (fin du secret netflix donc).
Ce n'est pas la première fois que Netflix évoque le développement interne de sa technologie publicitaire. Mais contrairement aux fois précédentes où les détails étaient rares, Amy Reinhard, présidente de la publicité chez Netflix, a été plus transparente : la plateforme de technologie publicitaire propre à Netflix sera déployée l’an prochain. Des tests débuteront cette année au Canada, avec pour objectif un lancement aux États-Unis au deuxième trimestre 2025.
La plateforme devrait être disponible mondialement d'ici la fin de l'année prochaine. L'objectif est de permettre à Netflix de contrôler sa technologie publicitaire aussi fermement que sa technologie de streaming, a expliqué Reinhard aux acheteurs, tout en offrant plus de contrôle et de transparence aux agences sur leurs achats.
En attendant, le diffuseur a également annoncé que The Trade Desk, DV360 et Magnite rejoindront Microsoft en tant que principaux partenaires programmatiques de Netflix. Cette mise à disposition de l’inventaire devrait intervenir avant l’été.
L'élargissement de son répertoire programmatique pourrait signaler l'intention de Netflix de réduire sa dépendance à Microsoft tout en développant sa propre plateforme de technologie publicitaire.
Sur le front de la mesure des publicités, Netflix a dévoilé de nouveaux partenariats avec iSpot et TVision, semblables aux partenariats annoncés le mois dernier avec Kantar, Cint et NCSolutions. Netflix collabore également avec Nielsen, EDO, DoubleVerify et IntegralAdScience.
Pour illustrer davantage sa croissance, Netflix a partagé quelques statistiques démontrant l'engagement et l'attention des abonnés dans le cadre des abonnements avec publicité :
Plus de la moitié de ses membres regardent plus de 20 heures de programmation par mois,
et plus de 70% en regardent au moins 10 heures.
Comme de nombreux diffuseurs, Netflix envisage les événements en direct et les sports comme un moyen d'augmenter le temps de visionnage pour générer davantage de revenus publicitaires.
Bien que la diffusion en direct soit encore un nouveau domaine pour Netflix, la plateforme a conclu un accord pour diffuser les matchs de la NFL le jour de Noël pour les trois prochaines années (un cadeau à 150 M$ par an !). Cette addition à son éventail de programmation en direct suit l'annonce de Netflix en janvier de devenir le diffuseur de WWE Raw à partir de 2025.
Mais ce sont les négociations avec les annonceurs qui débutent cette semaine qui détermineront finalement si Netflix convainc.
Intéressé 🤑 : combien ça coûte un ami ?
⏳ : 1 min 27 sec
C’est vrai que c’était le dernier champ qui échappait à la monétisation : l’amitié. Mais la société la plus capitaliste ne pouvait pas ne pas calculer le coût de l’amitié et ce qu’elle en retire :
Annabelle Havill spends at least $500 a month maintaining the three close friendships she made since moving to a new town two years ago with her husband and two children. That covers parties, book clubs and casual wine nights, averaging about $170 a friend.
Fortunately, they reciprocate. “It’s a lot more expensive to have friends than it is to not have friends,” said Havill, who is 42 years old and lives in Fauquier County, Va.
Pourtant, notre époque connaît une réduction sensible des liens proches, un phénomène exacerbé par l'isolement social dû à la pandémie.
Le coût de la socialisation aurait augmenté, notamment en raison de la hausse des prix dans les bars et restaurants, et des frais liés aux activités comme les cours d'art ou les abonnements aux salles de sport, considérés comme des moyens relativement onéreux mais efficaces pour se faire des amis.
D'après Jeffrey Hall, professeur à l'Université du Kansas, il faut environ 200 heures pour développer une amitié proche.
Les données de Statista de 2021 révèlent que près d'un tiers des nouveaux membres des clubs de gym y adhèrent pour rencontrer de nouvelles personnes, tandis que plus de la moitié des Américains disent avoir au moins un ami avec qui ils partagent des activités ou des loisirs (ce qui signifie que l’autre moitié n’a pas cette possibilité).
La pandémie a également rendu les rencontres professionnelles et les événements de networking plus orientés vers le fait de créer des liens personnels plutôt que la recherche d'emploi, bien que ces rencontres soient souvent moins fructueuses pour développer des amitiés disons proches.
La tendance générale à la baisse de la socialisation dans les espaces publics est confirmée par Dan Cox de l'American Entreprise Institute.
Copeland has been spending about $500 a month on glass-blowing lessons, golf, tennis and YMCA lessons. He is still hoping a friendship will click.
Dans un contexte où les travailleurs hybrides et les étudiants universitaires ressentent une solitude accrue, des entrepreneurs ont entrepris de créer des tiers lieux abordables pour leur permettre de socialiser à base d’événements payants, une tendance qui se répand de plus en plus.
Démantelés 📱 : les AppStores en danger
⏳ : 1 min 49 sec
Pour donner la mesure de leur importance, il faut revenir à quelques chiffres :
The mobile devices on which they run now account for two-thirds of global internet traffic. Inhabitants of rich countries spend about five hours a day staring at apps—roughly a third of their waking lives. Around the world some 3.5bn people use them each month.
Le succès insolent de Google PlayStore et de l’AppStore d’Apple et les très lucratives marges qu’ils dégagent chacune année pour les deux mastodontes mobiles, ont attiré à eux l’attention des autorités de régulation de nombreux gouvernements.
La première source de revenus est évident la commission de 30% prise sur la distribution d’apps (15% pour les éditeurs qui font moins d’1 M$ par an), la commission serait également moindre sur les abonnements (15%).
Selon Sensor Tower, Apple a encaissé en 2023 près de 27 Md$ de revenus et Alphabet $13bn, et cela sans compter les revenus publicitaires provenant de la vente d’emplacement publicitaire intégrée dans leur stores pour … des apps.
Bien ce que ces revenus puissent paraître ridicules aux yeux d’un chiffre d’affaires combiné de 700 Md$, ces revenus sont quasiment que de la marge contributive dans les comptes de résultat des groupes (respectivement 80% et 66% de taux de marge).
Il était temps que les gouvernements se saisissent de la question :
d’une part en demandant de retirer des apps des stores pour différents motifs (troubles à l’ordre public, infractions de propriété intellectuelle, …) : une poignée de 1500 demandes pour chacun des stores, même si la plupart émanent des autorités chinoises1 ;
d’autre part pour des motifs de concurrence, c’est le cas du DMA en Europe, prochainement imité au Japon : l’objectif est d’ouvrir à la concurrence ces stores.
Les (gros) développeurs ne peuvent que voir d’un œil favorable cette fièvre régulatrice : Spotify avait demandé l’intervention de la Commission Européenne, lorsqu’Apple lui avait interdit de faire la promotion d’un forfait moins cher si souscrit en dehors du store.
In March the eu slapped Apple with a €1.8bn ($2bn) fine after concluding its investigation into the matter. Epic Games, a video-game developer, has sued Apple and Alphabet in America on antitrust grounds.
Microsoft, comme Epic (l’éditeur de Fortnite) a fait savoir que le DMA (Digital Markets Act) représentait une belle opportunité et que la firme envisageait de lancer ses stores concurrents sur iOs et Android prochainement.
Ce serait également négligé que les stores rendent des services utiles à la communauté, en particulier pour les petits développeurs : la publication sur la plateforme est un premier niveau de rassurance pour les consommateurs sur l’absence de bugs et de malwares contenus dans ces apps, la praticité d’une telle intégration en est un autre.
The Economist conclue sur un avis plutôt négatif sur la capacité d’un nouvel acteur à s’imposer (Amazon avait tenté en 2011 de s’attaquer au marché android sans succès), et semble plutôt attendre l’émergence d’un nouveau device à même de rendre les smartphones obsolètes.
In April China’s government demanded that Apple remove messaging apps including WhatsApp and Telegram from the local version of its app store.