Le Wrap Up flash de la semaine où Joe Bidden a sauvé ses mid-terms (semaine du 7 novembre 2022)
5 bullet points "flash" sur les médias, la tech, les NFTs et avec un nuage de culture à la fin
Semaine de pont oblige, et ne voulant pas reproduire à deux semaines d’intervalle, un manquement à ma publication hebdomadaire (voir sur ce point la stratégie de Jerry Seinfeld), voici donc que je triche avec une version abrégée du Wrap Up, semaine prochaine promis, on reprend le cours normal des choses :
Frontal 🤜🥊 : les majors musicales contre tiktok
Tik Tok qui va faire progresser ses revenus publicitaires de 4 Md en 2021 à 12 Md$ en 2022, payait jusqu’à présent un montant fixe pour accéder aux catalogues des majors.
C’est fini : Universal, Sony et Warner Music (70% de pdm dans le marché de la musique) veulent désormais que leur rémunération (et celles de leurs artistes sous contrat) soit indexée sur les revenus publicitaires dégagés par le réseau social.
One exec says TikTok should be paying 2x-10x more, based on similar agreements with other platforms, per Bloomberg. For example, YouTube paid the music industry $6B+ between July 2021 and June 2022.
En embuscade : Tik Tok qui connaît le poids de la musique dans sa consommation (75% des ados US découvriraient leurs nouveaux artistes préférés sur la plateforme) a dans les cartons une app dédiée à la musique.
Contre-productif 🖼 : les éco-activistes desservent-ils leur cause?
Développement intéressant de Bon Pote (alias Thomas Wagner, ancien trader haute fréquence reconverti depuis 5 ans dans l’édition d’un média dédié à l’information sur la catastrophe climatique).
En substance (je vous encourage à lire l’article) :
Ce fut le cas avec la vidéo de la soupe jetée “sur” un Van Gogh, avec des millions de vues dès la publication et une couverture internationale immédiate. La couverture n’est en revanche pas du tout la même lorsque des scientifiques manifestent, s’allongent sur des routes ou se collent les mains à des voitures pour alerter sur le changement climatique. En effet, nous sommes très loin d’avoir des milliers de réactions lorsque ces scientifiques participent à ce type d’actions non-violentes.
Même si les actions radicales remportent moins l’adhésion du grand public, la couverture médiatique est tellement plus importante que l’impact finit par être quoi qu’il arrive plus important.
Mais quel impact, et dans quel but? … Le but recherché est celui de tout flanc radical depuis des décennies : accroître le soutien aux actions perçues comme plus modérées.
Un intéressant développement qui voudrait que dans une société horizontalisée et sans corps intermédiaires, qui servent aussi à refroidir le débat, les causes qui buzzent le plus, progressent aussi le plus dans l’agenda politique.
Nivelé ⬇️ : quand Amazon Music dégrade son service
Peut-être que les récentes aventures de Twitter ont achevé de convaincre les décideurs d’Amazon que pour améliorer la monétisation d’un service, il fallait à la fois augmenter l’offre disponible ET dégrader la version basique pour inciter les utilisateurs (gratuits ou peu rentables) à passer à la version payante :
Amazon Music, which counts 68 M users worldwide, recently added 98 million songs to the platform to capitalize on an increase in demand. But Prime members can only play individual songs if they upgrade to Amazon Music Unlimited for $9 a month.
Before the music catalog expansion, Amazon Prime members could access up to two million songs to stream through a simple search, and download songs for offline listening with no internet service.
Multipolaire 🌎 : la culture populaire se globalise
C’est un fait établi : plus les plates-formes de contenus (surtout américaines, à l’exception de Spotify ou de Tik Tok) accroissent leur pénétration à l’échelle internationale (et avec elles accroissent l’influence d’un mode de vie US), plus elles deviennent de plus en plus des vecteurs de mondialisation de cultures locales : la K-Pop en est une illustration saisissante, mais aussi l’Afro-Beat, Bollywood, Nollywood ou encore dans une moindre mesure Arsène Lupin sur Netflix.
Le paradoxe résiderait dans cette étude de l’OMC et de l’OCDE :
Their data suggest that, across the oecd, imports from America were 25% of the total in 2020, down from almost 40% a decade earlier. America’s cultural imports (in “audio-visual services”: which includes films, radio and television), meanwhile, have risen almost six-fold, and are coming from all over the world.
Plusieurs phénomènes viendraient expliquer, selon The Economist, ce phénomène de “glocalisation” :
les effets du développement économique, permettant à des pays de faire émerger une classe créative et donc de pouvoir exporter leur production culturelle;
l’internet en desserrant le joug des médias traditionnels sous influence de gouvernements nationaux, a permis de créer une culture pop mondiale et d’en diffuser les codes; codes susceptibles d’être réinterprétés et réutilisés pour l’exportation de cultures locales. Les coûts de distribution ont aussi été ramenés à zéro.
The biggest account on TikTok, for instance, belongs to Khaby Lame, a Senegalese-Italian. His light-hearted posts, which mock social-media trends and generally have no words, have an international appeal that has won him over 150m followers. It is hard to imagine Mr Lame, who was laid off from a factory job in 2020, achieving that sort of success in the old-media world.
Avec une dernière incidence (peut être particulièrement vrai pour le principal fournisseur de soft power) :
The more consumers in one country are exposed to culture from other countries, the more adventurous they get. Young people today, accustomed to scrolling through posts produced across the globe on social media, are not put off by subtitles, says Brian Graden, a former head of programming at mtv, a music channel, who now runs his own production company. Nor do they expect a uniform style across the videos they watch. Much of the entertainment industry, he says, realised this only after “Squid Game”, a Korean-language drama with a largely Korean cast, became one of the most watched shows on Netflix last year.
Vu 👩🎨 : Gérard Garouste à Pompidou
C’est une rétrospective d’envergure que le Centre Pompidou consacre à Gérard Garouste, l’un des plus importants peintres contemporains français (né en 1946) adepte d’une figuration relativement difficile d’accès, maniériste, qu’il qualifie lui-même d’intranquille, à mi-chemin entre l’étude érudite (les textes religieux et mythologiques) et la figuration du rêve, de la folie (le peintre souffre de bipolarité).
Pour ma part, c’est touffu, comme les Echos, j’ai trouvé qu’elle souffrait “d'un trop-plein d'images agitées.”
Le peintre jubile, exulte, omniprésent dans ses représentations avec des personnages un coude dans la bouche, le sexe coupé, les mains à la place des pieds et le plus souvent déformés. On y danse, on grimace, on gesticule. Un foisonnement tous azimuts, difficilement soutenable dans une telle intensité. Trop d'images tuent l'image.